(c)Paperback

« Quelqu‘un m’a dit un jour qu‘il fallait toujours viser la lune, à défaut de l‘atteindre, on pourra toujours décrocher une étoile. Cette philosophie m‘émerveilla un temps, avant que je ne comprenne à quel point elle manquait de profondeur. Pourquoi se donner la peine de viser la lune lorsqu'on sait pertinemment qu’on ne pourra jamais l‘atteindre? Mieux vaut encore se donner des buts plus modestes et les mener à bien plutôt que de chercher désespérément à décrocher la lune. Je ne suis pas une rêveuse et j‘ai cessé de me réfugier maladroitement dans des mondes inexistants. Aujourd'hui, je vis comme je le ressens sans jamais perdre de vue ce qui est réalisable et ce qui ne l‘est pas. »  

Pseudo : Criquy
Age : 19 ans
Avatar : Evan Rachel Wood
Le forum & moi : J’avoue que ma première réaction a été de me révolter contre ce blanc (a). Mais le contexte est intéressant, le pré-déf’ sur lequel je suis tombée m’a inspiré et le forum m’a l’air bien tenu et pleins de membres dynamiques, donc forcément j’ai pas pu résister à m’inscrire. Et si vous voulez vous plaindre, faut voir ça avec la postulante au rôle de Viktor, c’est elle qui m’a passé le lien et qui a pas eu la présence d’esprit de m’empêcher de m’inscrire! (vilaine, si j’loupe mes partiels, c’est de ta faute!)
Code du règlement : Raising Hope (et j‘ai tout lu, amen!)

Il se trouvait là, quelque part. Et pourtant, j’avais beau chercher, je n’arrivais pas à lui mettre la main dessus. Mes doigts balayaient le désordre du bureau, je tirai un tiroir puis un autre, sans même prendre la peine de refermer le précédent. Je savais l’avoir placé ici, il ne pouvait pas s’être volatilisé. Mes mains s’agitaient et mes nerfs commençaient à me lâcher. J’en avais besoin maintenant, il fallait que je le retrouve. Sans lui, je n’oserais pas sortir, ou du moins je ne quitterais pas l’appartement l’esprit tranquille. J’explorai avidement le dernier tiroir du bureau, mais son intérêt se révéla aussi pauvre que les autres. Pourtant, je pris cette fois le temps de le refermer, sans doute un peu trop fort.

« C’est ça que tu cherches? »

Je connaissais sa voix par cœur, à force de n’avoir pratiquement entendue qu’elle ces derniers mois. De toute façon, ces mots ne pouvait venir que de lui, nous étions les seuls à connaître l’appartement. Nous n’étions pas seulement ses uniques locataires, nous étions aussi et surtout les seuls à y mettre les pieds. Nous ne recevions jamais personne ici, trop risqué selon lui. J’adhérais à ses opinions sans la moindre résistance. Il était intelligent et parfaitement capable d’assurer ma protection, j’aurais été stupide de renâcler à suivre ses conseils. Quand bien même j’aurais souhaité invité quiconque chez nous, je n’avais pas le moindre ami. Pas que je sois insupportable, certes j’avais connu une période un peu sombre, comme tout un chacun, mais jamais je ne m'étais montrée particulièrement ingrate. Disons plutôt que je n’avais jamais pris le temps de connaître vraiment les gens qui m’entouraient. Pour moi l’amitié tenait davantage du concept que d’un véritable état de fait. On pouvait très bien aimer et faire confiance à quelqu’un qui ne se disait pas prétentieusement notre ami tout en se méfiant farouchement de certains de nos amis. Pour éviter le dilemme, je m'étais toujours gardée de lier réellement amitié. Par manque d’enthousiasme autant que par manque d’intérêt.

« Donne le moi ! »

J’avais plissé les yeux sans réellement m’en rendre compte. Mon visage était sujet à toutes sortes d’expressions visibles dans ce genre de circonstances. Certains prétendaient que je sur jouais tandis que d’autres me pensaient assez stupide pour les laisser lire en moi comme dans un livre ouvert. A la vérité, mon passé me rattrapait tout simplement. J’avais tellement bien appris à me servir de mon visage pour concocter tout un tas d’expressions faciales de rigueur que je me surprenais encore à jouer la comédie dans certains moments ne s’y prêtant pourtant pas.

« Arrête de jouer avec et file le moi, je dois sortir ! »

Il me taquinait, je le savais bien, et pourtant cela avait le don de me mettre en rogne. Avait-il vraiment besoin de le balancer au bout de ses doigts comme un vulgaire pendule? Était-ce nécessaire de me servir cette petite moue boudeuse qui lui allait si mal? D’autant qu’il avait beau faire l’innocent, je savais pertinemment ce qu’il avait derrière la tête.

« Allons, tu n’as pas besoin de ça pour sortir. Encore, je ne dis pas, si tu tombais par hasard sur un vampire, ça pourrait te sauver la mise, mais une jeune fille de ta trempe est suffisamment intelligente pour éviter les ennuis, n’est-ce pas? »

Je l’avais sentie arrivé avec ses gros sabots à des kilomètres à la ronde. Il était parfois aussi subtil qu’un éléphant dans une magasin de porcelaine. Mais comment lui en vouloir? Au fond, je savais que son manège n’avait pas d’autre but que celui de me protéger. Il était prévoyant, prudent et attentionné; il ne lâchait pas facilement le morceau quant il s’agissait de ma protection. Et je n’étais pas moins déterminée lorsque la sienne venait sur le tapis. Nous fonctionnions ainsi, nous protégeant mutuellement afin d’éviter les ennuis.

« Tu insinues que j’irais me jeter dans la gueule du loup? Voyons, ce n’est vraiment pas mon genre. »

Ma pose théâtrale lui mit la puce à l’oreille. Il cessa son jeu et m’appesantit d’un regard sombre. Il laissa un silence gênant s’installer entre nous, mais je ne baissai pas les yeux. En quelques pas, il se retrouva suffisamment près de moi pour que je sente son souffle sur mon visage. Il me prit les mains sans me quitter des yeux, l’air grave.

« - Je fais de mon mieux pour qu’il ne t’arrive rien, mais si tu t’obstines à courir après de trop grosses pointures, je fonce droit dans le mur.
- Mais, les vampires …
- Ne sont pas ton problème! Pourquoi ne peux-tu pas te contenter de ta vie d’humaine bien sous tous rapports ?!
- Bien sous tous rapports? Mais de qui tu parles là?! … Une vie banale c’est bon pour les abrutis. Moi je veux me battre, parce que c’est ce que j’ai de mieux à offrir! »

Je le repoussai après m’être réapproprié mon bien. Le fil d’argent brillait dans mes paumes. Avec un sourire satisfait, je le passai autour de mon cou, puis dégageai mes cheveux de son étreinte. Mes doigts s’intéressèrent au pendentif par habitude, soulagés de pouvoir à nouveau profiter de son contact. Il s’agissait d’une simple petite fée en argent, arc-boutée autour d’une perle transparente. Je le tenais de ma grand-mère, sans doute la seule personne à avoir jamais vraiment compté pour moi. Elle avait pris soin de moi à une période où j’enchainais les problèmes et une parcelle de son amour émanait de ce collier.

« Je n’avais pas remarqué … Tu as l’air si douce et calme, à caresser ce collier du bout des doigts. Il représente vraiment quelque chose pour toi. »

Mes yeux allèrent lentement à la rencontre des siens. Lionel était trop réfléchi pour moi, il semblait capable de remarquer n’importe quoi. Bien sûr, je me savais intelligente, mais je ne cherchais jamais à comprendre les gens, je me contentais simplement de les juger. Alors que lui possédait une toute autre forme d’intelligence, quelque chose que je ne connaîtrais jamais. Je l’enviais sans doute un peu pour ça, mais j’étais trop arrogante pour le reconnaître.

« Tu réfléchis trop mon pauvre. Je suis juste contente d’avoir retrouvé ce qui m'appartient. Ça veut dire que je peux désormais sortir sans trop de risque pour aller casser du vampire! »

Je ne lui laissai pas l’occasion de répondre en me précipitant sur la porte et en le bousculant au passage. Victorieuse, j’ouvris la porte à la volée en songeant déjà aux actions diaboliques que j’allais commettre. Mais cela ne m’empêcha pas de faire preuve de discrétion en quittant l’immeuble. Notre cache ne devait pas être découverte, d’autant que je n’ignorais pas être pourchassée par une envoûtée. Mais cette faible d’esprit ne m’aurait pas, j’étais trop forte et astucieuse pour me laisser surprendre. Je faisais de mon mieux pour avoir toujours plusieurs coups d’avance et j’étais plutôt douée en la matière.

J’allais m’enfoncer dans le dédale du métro londonien lorsque je le vis. Cela dura à peine quelques secondes avant qu’il ne soit masqué par le passage d’un véhicule et que je ne le perde de vue. Mais je savais ce que j’avais vu. Mon regard s’affola, il ne pouvait pas s’être envolé. Partout où mes yeux se posaient, pourtant, je ne constatais pas la moindre trace de son passage. Il m’avait surpris puis s’était tout bonnement évaporé. N’importe qui aurait cru à une hallucination à mettre sur le compte du surmenage, mais pas moins. J’avais connu de vraies hallucinations, cette expérience n’avait rien à voir. Mon esprit ne m’avait pas bluffé, je l’avais réellement vu … Un frisson me désarma. Je ne pensais pas le revoir un jour, je ne voulais pas le revoir un jour. Il représentait tout ce qui était le plus noir dans mon passé. Dans mes rêves, je le revoyais parfois comme l’écho de cette sombre période de perdition. Il symbolisait mes pires craintes, mais faisait aussi partie intégrante de moi même. Je l’avais aimé et détesté mais ce soir, à l’avoir revu quelques instants à peine, cela m’avait valu des sueurs froides.

Finalement, je n’étais plus vraiment décidée à emprunter le métro. Mieux valait encore que je marche avec prudence plutôt que de m’enfermer dans un wagon lugubre. En marge du centre de la ville, je ne risquais pas de rencontrer trop d’envoûtés. Tout ce que j’espérais, c’était tomber sur un vampire. Je me doutais qu’obtenir du sang de l’une de ces créatures n’avait rien d’une partie de plaisir, mais je ne comptais pas pour autant baisser les bras. Je suivais un vampire depuis un certain temps déjà, mais il brouillait plutôt bien les pistes. Quoiqu'il en soit, on ne faisait pas l’armée sans s’en tirer avec un minimum de bagages. Bien sûr, je n’étais pas une chasseuse et je ne prétendais pas avoir de méthode miracle, mais je me débrouillais plutôt bien.
Des bruits de pas me poussèrent à me cacher derrière un mur. J’aurais pu rester à découvert, n’importe qui avait encore le droit d’arpenter les rues de Londres, mais je détestais me faire surprendre. J’avais besoin de contrôler un minimum mon univers.

« Tu n’as jamais été très douée à cache-cache, pourquoi t’obstiner? »

Sa voix était plus douce que dans mes souvenirs, elle m’appelait irrésistiblement à lui. Je quittai lentement ma cachette, de toute évidence j’avais manqué de prudence. Son regard me happa immédiatement et je ressentis le besoin de faire encore un pas dans sa direction. Il m’observait avec curiosité tandis que la méfiance se peignait sur mes traits.

« Ravi de te revoir, Jess’ »

Je ne pouvais pas dire que le plaisir était partagé. J’avais depuis longtemps relégué son souvenir dans un coin sombre de mon esprit, évitant d’y penser. Seuls mes songes le faisaient parfois réapparaître. Quoiqu’il en soit, je n’avais pas rêvé, je l’avais bel et bien vu à l’entrée du métro.

« Tu me suis? »

Je ne voulais pas passer pour une paranoïaque, mais je trouvais son comportement des plus étranges. Tous mes sens me criaient de me méfier et j’étais bien décidée à les écouter. Je plissai les yeux alors qu’il faisait mine de réfléchir innocemment. A l’époque où je l’avais connu, il bénéficiait déjà d’un certain charisme, mais en l’occurrence cela tenait plus d’une prestance envoûtante. Il y avait dans son maintien, dans ses gestes calculés et dans son regard une justesse qui relevait de la perfection. Comment ne pas laisser sa mâchoire faiblir et ouvrir béatement la bouche dans un tel moment? Seule ma vigilance exacerbée me permettait encore de tenir. Pourtant mon cœur vibra lorsqu’il m’offrit un sourire soudain contagieux et que ses yeux se mirent à briller d'un éclat intense.

« Disons que j’étais curieux de te revoir. Tu n’as pas vraiment changé … Mis à part que tu me parais moins perdue et plus belle encore que quand nous nous sommes quittés. »

J’avais envie de lui jeter au visage que ça n’était certainement pas grâce à lui. C’était vrai, j’allais bien mieux depuis que j’avais été éloignée de lui et de son mode de vie dépravé. Les premiers temps que j’avais passé à Salem, je m’étais accrochée à lui et son souvenir comme à une bouée. Puis j’avais pris conscience de l’abysse dans lequel il m’avait entraînée. Je m’étais alors débattue et j’avais enfoui son image au plus profond de mon esprit pour que jamais elle ne revienne me hanter. Je ne pensais pas qu’il viendrait un jour s’imposer à nouveau à moi. Car il s’imposait bel et bien. Il se tenait devant moi, fier et mystérieux, m’écrasant sous la perfection de son état comparé au mien. Et je ne pouvais pas m’énerver contre lui, je n’arrivais pas à retranscrire avec des mots la colère que m’inspirait ces retrouvailles. J’étais trop intimidée, si faible … Je me sentais redevenue cette ado’ stupide et influençable qu’il avait fait sombrer dans les affres de l’addiction et du vol.

« On t’as coupé la langue? C’est moi qui t’intimide comme ça? Je ne pensais pas avoir ce pouvoir sur toi à l’époque, tu avais même plutôt la langue bien pendue. »

Il s’était approché de moi, je ne m’en étais même pas aperçue qu’il me saisissait déjà le menton et forçait mon regard à affronter le sien. Mais je n’étais pas décidée à lui apparaître pathétique. Il devait constater, une fois de plus, combien j’avais fleuri sans son ombre noir déployée sur moi pour me soustraire au soleil. Mes traits s’affirmèrent et mon regard s’illumina d’une once d’arrogance.

« Parle moi encore avec ce petit air suffisant et c’est ta langue que je vais couper. »

Saisissant son poignet, je dégageai sa main de mon menton et le repoussai sans la moindre clémence. Il n’était qu’une ombre de mon passé, je n’avais pas à avoir peur d’une ombre ou à être intimidée par elle. J’étais désormais suffisamment forte pour lui résister, lui rire au nez et lui cracher au visage. Il ne m’aurait pas cette fois. L’amusement que je lis dans son regard ne me plut pas. Je l’attrapai à la gorge sans lui laisser le temps de lâcher une réplique que je sentais d’ors-et-déjà exaspérante. Le regard noir, je laissai mon venin se répandre.

« Tu crois que je n’attendais que toi tout ce temps? Désolée de te décevoir, mais je me suis construite une nouvelle vie, loin du pathétique de celle que tu m’as fait mener, et j’en suis très heureuse. Alors maintenant laisse moi tranquille pour de bon! »

Je fis volte face et revins sur mes pas. Il m’avait finalement coupé toute envie de pister mon vampire ce soir. Il ne me suivit pas, sans doute ruminait-il déjà sa vengeance. Il n’était pas de ceux que l’on pouvait laisser en plan impunément. Je le savais et pourtant cela ne m’avait pas empêché de m’éloigner de lui à grand pas, trop fière de ma sortie théâtrale pour penser aux conséquences. Tant pis pour moi. J’avais déjà une envoûtée aux basques, je pouvais bien essuyer aussi les foudres d’un camé. J’en avais suffisamment fait pour un soir, mieux valait que je rentre rapidement à l’appartement. Mon réconfort serait d’y retrouver Lionel, qui me protégeait avec application. Tant que j’étais avec lui, j’osais prétendre ne rien risquer. Tant qu’il était avec moi, il évitait aussi les ennuis de son côté. Notre alliance fonctionnait plutôt bien, je n’avais aucun soucis à me faire tant que je jouissais de notre refuge.

Mais Lionel n’était plus là quand je revins à l’appartement. Il avait bon dos de me répéter de faire attention à moi, de ne pas me frotter à trop forte partie. De son côté, il ne se gênait pas pour faire de longues escapades nocturnes. A la réflexion, j’en connaissais très peu sur lui; je savais l’essentiel et cela devait me suffire. Tout ce qui importait, c’était que nous puissions compter l’un sur l’autre pour voir chaque matin le soleil se lever une nouvelle fois.

Merci à tous !
Voilà, je pense avoir fini ... Je m'étonne moi même, Jessica m'a pas mal inspiré pour que j'aille aussi vite xD

J'avais cru comprendre. Va falloir que je retouche ma fiche pour modifier ça alors !
En tous cas, merci !