© WONDERGIRL




Mickey parcourait à vive allure les rues de Londres. Il était las pourtant. Son visage foncé était gelé, ses mains fourrées dans ses poches semblaient sur le point de se détacher de ses poignets, ses yeux étaient mis-fermés, preuve de sa fatigue. Ses pas restaient marqués sur la neige, épaisse et blanche. Il avait besoin d'être seul. Il était toujours seul. Mais il avait besoin d'être encore plus seul que seul. Sans personne autour, dans un petit coin, et sombrer, peu à peu, dans un sommeil éternel ou dans la folie, c'était au choix. Il n'arrivait plus à survivre. Sans sa sœur, sans Gemma, sans Saskia. Probablement les seules femmes qui aient comptés dans sa vie. Il renaîtrait plus tard, dans un monde meilleur, avec des parents unis et une famille géniale et grande. Ouais, c'était bien de ça qu'il rêvait dès son enfance. Mais il n'avait plus le temps de rêver. Il n'était qu'un simple mortel après tout, et passer sa vie entouré d'illusions ne l'avancerait en rien.

C'était drôle. Quelques années plus tôt, quand il était encore à Hogwarts, avec tous ses amis, il n'avait été que très rarement seul. Il y avait toujours quelqu'un avec lui, pour rire et pour parler. Ou simplement pour être. Il ne savait pas que le délire ne venait pas de quelques joints mais du fait d'avoir perdu des proches, d'avoir vu des regards s'éteindre et d'avoir effacé toute joie de vivre, tout espoir. Mickey ne pensait pas qu'un jour, il aurait à vivre ça. Non, il ne l'avait jamais. Et à présent, il savait, et était dépassé. Et à présent, il était aveuglé. Et à présent, il ne voulait pas, il ne voulait plus.

Mickey se faufilait silencieusement entre les allées du cimetière, qui étaient totalement blanches. Le jour déclinait, mais peu importe, ça ne changeait rien, car qu'il fasse nuit ou jour, il n'y avait plus d'importance. Il était même difficile de faire la différence entre le béton et le ciel à présent ; à croire que le Spirit était tellement puissant qu'il savait masquer la lumière du jour pour attirer les éternels. Et le comble, il neigeait. Cependant, il ne faisait pas si froid. Il y avait seulement un peu de buée qui s'échappait entre les lèvres de l'indien, qui créait une volute de fumée blanche légère et qui s'évanouissait rapidement dans l'atmosphère.
Le jeune homme trouva enfin la tombe d'Agathe. Elle était pleine de mauvaises herbes et de mousse – personne n'était venu l'entretenir, ni même lui, cependant, il avait tout de même tenu à ce qu'elle ne soit pas laissée sous les décombres de la guerre en Russie. Il serait alors resté avec elle, jusqu'à la fin des temps.

L'indien se laissa tomber contre la stèle, dont le haut était couvert de neige.

Agathe Saya Rajiv
2072 ▬ 2091.
Maudite soit la guerre.
Ne nous reposons pas sur nos acquis, mais efforçons-nous de construire la paix, qu'elle soit dans le cœur et dans l'esprit de chacun.

Il sourit. C'était lui qui avait dicté ces phrases, quelques années plus tôt, lors de l'enterrement de sa sœur. Il était fier d'avoir trouvé quelque chose d'assui beau, qui sonnait aussi bien. Il y croyait encore. Il était terrassé, mais y croyait encore. Il était encore idiot mais ne le savait pas.

Mickey passa ses doigts rouges et congelés sur la gravure. Il les caressa longuement et regretta de ne pas pouvoir les gratter avec ses ongles. Il détestait ces mots, tous combinés ensemble. Surtout le mot paix. Il devenait peut-être mysantrope. Encore une chose qu'il n'aurait jamais envisagé quelques temps plus tôt.

Il ferma les yeux, puis attendit. Quoi ? Lui-même l'ignorait. Il sombrait lentement dans ses songes, les flocons de neige fondant doucement sur sa peau pâle. On l'aurait cru mort.
Il entendit des pas lointains dans la neige. Peut-être que c'était son imagination. Peut-être pas. Enfin, tant que l'individu ne s'approchait pas de lui, tout allait bien. Sinon, cela dépendrait. Si c'était un vampire, il lui demanderait de lui servir de dîner. Si c'était un hunter, il lui réclamerait seulement de l'achever. Si c'était un humain, il le prierait de le laisser en paix. Et si c'était un envoûté, il le sommerait de le tuer ou tout simplement le transformer, ainsi, il n'aurait plus de conscience. Et tout cela se ferait si la personne l'accostait – bien sûr.

Londres.

Premier pas dans cette grande ville. Saskia croyait avec tort qu’elle quittait Moscou pour s’en allée vers un endroit où le spirit n’avait pas de point d’attache. Eh bien elle remarqua rapidement qu’elle se trompait, décidément les choses avaient bien changé depuis son départ, elle devrait se l’avouer, tout était différent. Elle mourrait d’envie de voir un visage familier, Alexey, Irina, Mickey. Elle voulait voir un des êtres les plus chers à ses yeux. À chaque pas qu’elle faisait qui la rapprochait de la ville, Saskia utilisait à capacité maximal son don vampirique lui permettant de reconnaitre des odeurs encore lointaines. Pour l’instant il n’y avait rien, mais cela ne l’étonnait pas vraiment, après tout elle n’était pas encore arrivée à l’endroit où sa famille habitait, où du moins où elle croyait que sa famille habitait.

Saskia se demandait si Irina allait bien. C’était surtout à elle qu’elle pensait, sa petite sœur, sa perle. Si quelqu’un lui avait fait le moindre mal, il ne survivrait pas très longtemps. Après tout, avec le voyage Saskia n’avait pas eu l’occasion de se battre depuis un petit moment, alors ce n’était pas vraiment le moment d’être le prochain sur sa liste. Les flocons de neiges venaient se poser sur sa chevelure blonde, presque blanches. Saskia savait que la neige était très froide, mais il y avait de cela plus de trois cents ans qu’elle n’avait pas eu de sensation en lien avec la température. Son humanité lui avait longtemps manqué, mais maintenant elle n’y accordait plus d’importance. Elle était si heureuse d’être une immortelle que les petits plaisirs humains lui semblaient plus essentiels. Son créateur avait aidé de beaucoup dans ce cheminement, il avait grandement contribué à faire ce qu’elle est devenue aujourd’hui. Elle se demandait s’il serait fier de voir qu’elle était plus forte que jamais, plus froide que jamais aussi. Elle espérait que son créateur lui fasse à nouveau confiance et ne lui reproche pas d’avoir prit deux années pour passer à autres chose.

Alors que ces pensées étaient toutes tournées vers son créateur, une odeur vient l’éveiller et elle devint plus alerte. Elle le savait, elle connaissait si bien cette odeur qu’il serait impossible qu’elle se trompe. Saskia se mit à marcher rapidement en direction d’où lui venait cette odeur familière. Lorsqu’elle arriva devant les grandes portes en cuivre du cimetière, elle s’arrêta quelques instants avant de recommencer à suivre l’odeur, beaucoup plus doucement cette fois-ci. Il serait la première personne qu’elle verrait à Londres et cela ne la laissait pas indifférente. Elle ne savait pas comment il réagirait, c’est pourquoi elle prenait le temps d’avancer doucement jusqu’à lui. Elle était maintenant rendu assez proche de lui et, de ce qu’elle savait être la tombe de sa sœur. La vampire attendit quelque temps, voir s’il semblait avoir remarqué sa présence. Elle fut surprise de voir qu’il ne se retournait pas, peut-être est-ce qu’il se disait qu’il s’agissait d’un visiteur comme les autres ? S’était bien possible après tout, quoi que le cimetière n’était pas très fréquenté…Saskia fini par prononcer les premiers mots de sa voix chaleureuse, un ton qu’elle n’utilise qu’avec de rares personnes. Elle avait prononcée ces deux mots très doucement…

« Bonsoir Mickey. »

La vampire aurait bien voulue pouvoir s’avancer et le prendre dans ses bras, lui dire qu’il lui avait manqué, mais elle n’osait pas. Elle devait lui laisser libre cours pour réagir à sa propre façon, elle ne voulait respecter sa réaction. Après tout il pouvait lui en vouloir, et elle respecterait aussi cette décision. Elle ne pouvait rien faire d’autre qu’attendre, attendre avant de dire quoi que ce soit ou de faire quoi que ce soit. Il y avait tellement d’autre raison qui pourrait le faire mal réagir, il s’était peut-être passé d’autre évènement depuis la dernière fois qu’ils s’étaient vus, son opinion sur les vampires aussi avait peut-être changé. Il y avait tellement de conflit entre les sorciers et les vampires. Mais Saskia espérait qu’il réagisse bien, après tout, le lien qui les unissaient allait au-delà de tout ces conflits. La vampire n’avait pas un amour particulier pour les sorciers, la majorité figurant dans sa liste noir, mais elle savait que certain n’était pas près à tout pour vendre son sang. Ce fut alors que ces pensées divaguait que son attention revint, il était maintenant venu le temps de voir sa réaction…

Saskia attendait. Elle ne pouvait prévoir comment il allait réagir, après tout, même si elle était resté proche de quelques humains, les sentiments que ressentent ceux-ci était beaucoup plus difficile à deviner. Avec son ouïe développée, elle put entendre le questionnement de Mickey. Il se demandait où elle était. Elle le voyait dans sa voix, il était déçu d’elle, lui en voulait de ce qu’elle l’avait fait endurer. Saskia ne savait cependant pas quoi répondre, après tout, elle était restée à Moscou seule, mis-à-part l’année où elle s’était décidée à se trouver de la compagnie en transformant un humain, Mais quand même, elle ne pouvait lui répondre que c’était voulu. C’était la vérité, mais elle savait que son côté humain pourrait lui empêcher de comprendre. Les émotions qu’il vivait étaient surement beaucoup plus accentuées que celle de la vampire. Elle l’avait entendu appeler son nom, mais était restée cachée. C’était un acte égoïste et elle le savait très bien. Elle avait besoin de se retrouver elle-même, elle ne reconnaissait plus la Saskia qu’elle était devenue. Avant son départ elle avait été si proche de lui. Après tout, son humanité lui rappelait celle de son amour défunt et cela lui faisait du bien d’être en sa présence. Avec le temps un lien fort s’était forgée et Saskia tenait à lui, elle s’était ennuyé de sa présence et les premiers moi sans lui avait été particulièrement difficile. Mais dans cette absence de tout ceux qui lui était chère, elle avait grandit et était devenue plus forte.

Il lui redemanda où elle était, cette fois il l’avait dit beaucoup plus fort. Pourtant, elle ne pouvait toujours pas lui répondre. Comprendrait-il ? Après tout, elle ne voulait surtout pas le blessé. Elle se résolu à lui dire quelques mots, peut-être ne voudrait-il plus jamais la voir. Si c’était le cas, elle en serait blesser, mais respecterais sa décision, elle ne pouvait le forcer à endurer son caractère vampirique. Alors qu’elle ouvrait doucement les lèvres pour lui répondre, il lui dit qu’il l’avait cherché et lui demanda de façon indirecte si elle le savait. Laissant échapper un leger soupir, elle répondit doucement.

« Oui je le savais. »

Elle marqua une pause avant de parler d’avantage. Devait-elle lui en dire plus ? Surement, après tout si elle ne complétait pas ses pensées cela ne ferait peut-être qu’aggraver la situation. Elle voulait essayer de la garder près d’elle. Elle avait toujours ce besoin d’être en sa présence malgré tout. Elle savait que tout ce qu’il avait enduré était beaucoup plus difficile à oublier lorsqu’on était humain, mais elle souhaitait vraiment qu’ils réussissent à passer par-dessus, ainsi il pourrait voir de lui-même pourquoi son besoin d’être en sa présence avait légèrement diminué et que maintenant si elle était près de lui s’était par envie de le voir plutôt que par nécessité. Il était son meilleur ami, un frère et bien plus encore. Ce qu’elle ressentait pour lui était inexplicable et allait toujours le rester. Mais le vampirisme voyait ces liens d’une façon différente des humains… Ses pensées était confuse en ce moment, le voir faisait en sorte que tout se mélangeait dans sa tête. Quoi qu’il en soit, ce qui la préoccupait surtout était cette question : Allait-il le lui pardonner…

« Je te demande pardon. Je devais être seule, me retrouver moi-même et de faire le point. J’ai changée depuis… et j’espère que tu sauras me pardonner et que tu m’apprécieras encore. »