« Si vous souhaitez sortir, frappez à la porte. »

Le gardien ouvrit la porte qui me séparait de la cage où vivait ma tante. Pauvre Jaeleah… Après la mort de mes parents, elle se retrouva enfermée ici suite à de nombreuses crises de démences, qui auraient pu lui donner la mort. Seule dans une chambre large et profonde, blanche mais terne et peu éclairée. Elle passe ses journées sur cette chaise, à attendre. Je n’ai jamais pu comprendre quoi exactement. Son mari est devenu alcoolique et ses enfants complètement givrés. C’est la seule personne à qui je rends visite. Elle, au moins, ne me demande pas où est passé mon héritage en me frappant à coup de canne. Elle se contente, à chaque fois, de me regarder lorsque je m’assois, puis de me sourire avant de reposer son regard sur cette vue… triste. Je comprends qu’elle ne puisse pas guérir. Comme à chaque fois je m’assois près d’elle et attends. Je lui pose deux ou trois questions, sans réponses. Elle ne parle plus, ni à moi, ni à personne d’ailleurs. Pourtant ce n’est pas faute d’essayer. Les infirmiers ont tout tenter.

« Tante Jaeleah, c’est moi. Bellone. Ta niece. »

Elle ne me regarda pas, comme à chaque fois. Les médecins disent qu’elle ne se souvient de rien, même pas d’elle-même. Mais honnêtement j’en doute. Elle me sourit, c’est bien qu’elle me reconnait, non ? Elle garde toujours près d’elle le médaillon de ma mère, cela n’est pas anodin, mais les médecins s’entête à me dire le contraire. Après quelques secondes le regard de ma tante se détacha et se posa sur moi. Elle me fixa, ce qui au départ me rendit perplexe. Sa main s’approcha de moi, et j’eu comme reflexe de me lever et de reculer. Normal non ? Toute la journée sous cachés, le cerveau doit être aussi troué que du gruyère après tout ce temps. Jaeleah me regardait encore et me tendit le médaillon de ma mère. Je ne le saisit qu’après quelques secondes.

Une belle chaîne en or, un cœur assez usé aujourd’hui, mais je me souviens que ma mère refusait de me le laisser, par peur que je ne le perde. J’ouvris le pendentif en ayant un pincement au cœur. Moi, et mon père. Basique, beaucoup de personnes ont ce genre de collier. Mais les souvenirs commencèrent à se mélanger dans ma tête et les larmes à monter. Je refermai le médaillon en regardant ma tante, qui avec un sourire, se rassise sur sa chaise en bois usé, devant cette même fenêtre. Elle ne me dira rien, ni aujourd’hui, ni demain. J’inspira longuement avant de me retourner vers la porte.

« Je repasserai te voir mercredi, d’accord? »

Ma main heurta trois fois la porte métallique, et un garde vint m’ouvrir.

J’envie ceux qui ne sont pas de cette époque, ou même ceux qui ignorent…