Inglorious Basterd. [Yuliya :) ]

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Furieux, Thomas se laissa choir sur la chaise en bois. Sa mallette gisait pitoyablement à côté de sa jambe, contre le mur. Le bar était vide et sa mine renfrognée en décourageait plus d'un. Cependant, le barman connaissait son habitué, et ne s'en étonnait plus. Il s'approcha, avec un scotch, double, servit dans un verre de cristal simple et sobre. Il le posa sur la table, guetta quelques instants un signe du Hunter, puis hocha la tête et retourna vaquer à ses occupations. C'était un bar pittoresque des bas quartiers de Soho (s'il pouvait exister des bas quartiers dans les bas quartiers). La moyenne de client par soir était très faible mais, on ne savait comment, le bar rentrait sans problèmes dans ses frais. Officiellement, le tenancier avait un pécule sur lequel se reposer. Officieusement, ce dernier comptait sur les réunions régulières de Hunters qui se déroulaient dans son sous sol. Vous croyiez sincèrement que ce sont les quatre pauvres alcooliques qui allaient faire tourner l'établissement en se soûlant tous les soirs ?

Il était vingt deux heures passées et Morgan en était à son troisième double scotch. Près de trente minutes qu'il était là, à ruminer ce qu'il venait de se passer et à masser son bras endoloris. Quelques heures plus tôt, après avoir croisé la fille Vladmitrova, il s'était empressé de se rendre à son rendez vous, pour le contrat du jour. Quelque chose de classique... Des stryges, race vampirique la plus proche possible de l'animal, bien qu'ils le soient tous. Thomas y était allé et ça ne changeait en rien ses habitudes. Sauf qu'ils avaient été mal renseignés, là bas, les ordures étaient plus que prévu. Et lui firent la peau, au sens strict du terme. Le bandage ensanglanté sur son avant bras gauche était là pour le témoigner. Un des stryges avait profité d'une situation où le Hunter avait plaqué une bestiole au mur, pour le griffer sur l'avant bras. Par chance, aucune transformation n'allait avoir lieu, car il était nécessaire de mordre la victime pour que ce soit le cas. Une simple griffure, aussi profonde soit-elle, ne fait qu'atrocement souffrir. Thomas avait enfoncé l'entrée de Ste Mangouste en beuglant. Son bras pissait le sang depuis déjà une demie douzaine de rues, et dans le taxi avant ça. Quand l'infirmière lui a demandé s'il était bien au courant qu'il s'agissait d'un hôpital pour sorciers, le chasseurs lui avait répondu avec hargne qu'il ne s'était pas fait griffer par son chat, et que si elle ne voulait pas qu'il lui claque dans les bras, elle ferait mieux de le prendre en charge en vitesse. Ce qui s'était passé... A retardement.

Morgan était censé dormir à l'hôpital cette nuit. A quoi bon ? Il pouvait marcher, alors son sommeil se déroulerait aussi bien dans son lit ou dans les bras d'une pute que sur un plumard déprimant d'hospice. Pour la énième fois, il se passa la main dans les cheveux. Et renifla avant de vider son verre et de claquer des doigts pour en commander un autre. La mauvaise humeur qu'il ruminait depuis le milieu de l'après midi était contagieuse, alors le barman s'approcha avec retenue. Il remplit le verre et s'en retourna derrière le comptoir. Thomas se prit la tête entre les mains et soupira ostensiblement. 'Quelle vie de merde...' pensa-t-il intérieurement. Puis de relever le regard vers la pendule qui affichait désormais les onze heures passées. Combien de verres déjà ? 'Nan... En fait c'est pas une vie.' reprit-il alors dans son impressionnant cheminement psychique et intellectuel. Un client rentra. Un habitué, qui posa son cul sur un fauteuil. Celui là, Morgan ne l'avait jamais aimé. Alors que le gars se retournait plusieurs fois pour jeter des coups d'oeils au Hunter (en les dissimulant parmi de vagues regards dans toute la pièce), Thomas posa son L-Hawk à côté de son verre, sur la table, de façon bien ostentatoire. L'air de dire au gars que s'il le cherchait, il repeindrait les murs avec ses morceaux de cervelles.

Quelle vie pourrie. Il se reprit la tête entre les mains. Sa cravate noire, dénouée, froissée, jonchait péniblement la table, à l'instar de ses gants, de son écharpe toute aussi noire et de son manteau. Vie de merde. Pourquoi est-ce qu'il était là ? Il aurait pu aller se faire une toile, ça lui aurait changé les idées. Y'avait aussi ce groupe, là, en ville, ce soir. De jeunes rockeurs, cons et frappés. Ca aurait pu être bien aussi, il connaissait suffisamment de monde pour avoir ses entrées n'importe où. Mais non, il avait préféré venir là, boire comme un gros porc jusqu'à ne plus pouvoir se souvenir comment on fait des lacets. Il était là, comme une loque, comme un rien, à se poser des questions existentielles sur une existence qui n'en vaut pas la peine. Saloperie de conscience. Et il ruminait, il repensait à tous ces meurtres qu'il avait commis, l'innombrable quantité de vampires qu'il avait envoyé Ad Patres, sans parler des baffes que lui même avait prises. Les dommages collatéraux aussi... Cette femme, dans le métro de Paris, qui avait fait les frais de son combat contre une Lamhiane, des vampires femelles aux pouvoirs de séduction sur-développés. Il but une nouvelle rasade. Se rendit compte que le barman avait laissé là la bouteille. Vie de merde. Et ce gosse, à Valence, prit en otage par un jeune vampire qui ne comprenait pas ce qui lui arrivait ? Ce pauvre gamin qui s'était fait bouffer la moitié du coup par cette ordure qui ne savait même pas se nourrir convenablement.

Chasser des vampires n'était plus que ce fut par le passé. Aujourd'hui, les vampires contaminent, mais n'éduquent plus. Et les merdes qui en résultent... C'était à lui, Morgan, Hunter, de les nettoyer par le vide et les flammes.

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Encore une de ces longues journées où tout ce que vous souhaitez, c'est de trouver quelqu'un avec qui parler car vous vous sentez trop seuls dans ce monde ou les méchants rodent, cachés, et qui peuvent se réveler être dans votre famille ou même pire, quelqu'un d'encore plus proche comme un petit ami ou bien votre meilleure amie. Bref, Yuliya ne faisait que penser au Spirit et ses cauchemars oscillaient entre ce fameux ''être''-si on peut l'appeler ainsi- et les journées franchement difficiles de son enfance peu normale. Il faut dire que malgré ses apparences de jeune femme normale, elle était une sorcière abandonnée par ces parents, qui l'avaient battus de nombreuses fois, passant de la lampe de chevet aller jusqu'à à peu près tout ce qui pouvait leur passer par la main, cela a même été une chaise un jour... C'est douloureux, elle peut en témoigner, mais ce qui l'est plus, c'est de se sentir seul au monde, sans personne pour nous aider. Bien sur, elle avait été adoptée, après avoir passé des années dans les ruelles, par un charmant homme qui s'occupait des orphelins. Mais il était arrivé plein de choses toutes plus compliquées les unes que les autres, et maintenant, c'était reparti pour les cauchemars et la solitude. La jeune sorcière de 18 ans avait touefois quelques amis, mais elle pouvait facilement les compter sur les doigts d'une de ses mains...

Bref, après avoir passé toute une journée seule, encore une de plus et elle pètait les plombs... Yuliya avait donc décidée d'aller se promener dans la civilisation, peut-être y retrouverait-elle une personne qu'elle avait jadis rencontrée à Reikjavik ? Ne sachant pas trop où se rendre, elle se laissa guider par ses jambes, et atterrit dans un endroit, comment dire, spécial, pour ne pas dire miteux... C'était plutôt un endroit de débauche, pour les gens qui n'étaient pas trop aisés, ou bien un endroit où aller si vous être recherché ou connu et que vous désirez passer inaperçu... Elle aperçu un endroit qui semblait peu animé, un petit bar et décida d'y entrer.

La jeune demoiselle avait eu raison sur un point, il était très peu animé, ne comptant que quelques clients. À peu près tous des hommes... Elle décida d'aller s'assoir sur une chaise en bois, au petit comptoir qui comptait déjà quelques-uns qui semblaient assez déprimés. Elle était assise près d'un homme, qui avait un bandage ensanglanté assez voyant sur le bras. La brunette fixa cette blessure un instant, se demandant qu'est-ce qu'elle pouvait bien cacher, avant de commander un verre. Elle fit un petit sourire à son voisin, ne sachant trop quoi dire, ni quoi faire... Puis, elle fini par parler, s'étant lasser de cette solitude.

« Bonjour! Je m'appelle Yuliya. Je ne voudrais pas trop être indiscrète, mais qu'est-ce que vous vous êtes fait sur le bras? »

Bon ok, ce n'était pas du tout son genre de se mêler des affaires des autres, mais elle devait parler, sinon elle allait se rendre folle. Il fallait qu'elle se change les idées, et cet homme était le malheureux qui allait devoir lui répondre... Puis elle remarqua qu'il était armé, elle regretta de s'être ainsi imposée... Il avait un énorme fusil juste à côté de lui et semblait un peu comme un tueur à gage, dans ce costume très chic. Trop chic même pour ce genre d'endroit si vous voulez l'avis de Yuli...

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Tout se mettait à tourner dans la tête de Morgan. Tout vacillait. Tout semblait vouloir prendre le large, la mer, et voguer dans un océan de tempêtes. C'était comme si son esprit voulait s'amuser à tourner sur lui même, à l'instar d'une toupie, d'un enfant qui se roule dans l'herbe pour descendre une colline. Thomas ressentait ce mal de crâne au plus profond de son être, et chaque fois que le sang battait à ces tempes, il avait cette impression qu'on lui martelait la tête entre un marteau et une enclume. Il ferma les yeux et chercha à se concentrer, tout en fouillant à tâtons, à l'aveuglette, une boîte de comprimés contre les gueules de bois carabinées. Il la trouva. Pendant quelques secondes, le Hunter fixa bêtement l'étiquette qui recommandait de ne pas avaler ces cachets tout en consommant de l'alcool. Un risque à prendre, c'était ça ou continuer à souffrir. Il décapsula le flacon et avala trois médicaments ovales et blanchâtres, sans liquide pour le faire passer. Il se laissa aller en arrière et ses bras tombèrent. Il fixa le plafond. La lumière, pourtant faiblarde et tamisée, agressait son regard enivré. Thomas ferma à nouveau les yeux pour tenter de les reposer. Et la porte s'ouvrit.

Le froid rentra dans la pièce en même temps qu'une jeune femme au charme étrange. Elle ne devait pas avoir vingt ans et, pourtant, elle avait déjà cet air volontaire, ce regard dur et cette expression mature sur le visage. Thomas plissa des yeux et la fixa quelques instants pendant qu'elle balayait la salle du regard. Il baissa les yeux vers son scotch et se sentit d'un seul coup profondément stupide. Puis il renifla l'air. Aucun relent de mort, pas une once de côté de vampire en elle. Alors quoi ? Ça l'intriguait. Elle était trop jeune pour avoir sa carte de membre à ce club de Hunters, sans compter qu'il l'aurait forcément croisée, ces derniers mois. Il était plutôt d'avis qu'elle ait été une cliente. Le fait qu'elle s'asseye à sa table le conforta dans cette idée. Néanmoins, il n'était pas en état. Pendant un temps qui lui parut une éternité, il sentit qu'elle le regardait. Morgan était pitoyable car, outre son bras blessé, sa cravate défaite et son air harassé, il avait aussi une chemise froissée, des cheveux en bataille et plusieurs ecchymoses sur le visage. Il n'était pas présentable, et cette jeune femme le regardait avec cet air interrogateur. La vache, pour une gamine elle était sacrément jolie. Elle donnait pourtant l'impression d'être arrivée là par hasard, et Thomas se mit à douter de sa théorie de la cliente. Peut-être était-ce sa première fois. Sa première demande. Et elle l'espérait peut-être, mais aussi sa dernière. Beaucoup de gens viennent trouver un Hunter dans l'espoir qu'ils règleront leur problème, que ce soit pour délivrer un proche ou bien se venger ; ils pensent qu'ils boucleront l'affaire une bonne fois pour toute. Mais ça ne marche pas ainsi : l'être humain a soif de sang. Il est faible et ne résiste pas à l'envie de demander la mort d'un autre éternel. C'est pourquoi les Hunters auront toujours du travail tant qu'il y aura des monstres à vaincre. Et tant qu'il y aura des humains pour les payer. Les gens reviennent toujours, même s'ils disent adieu après le premier rendez vous. C'était ainsi.

Morgan tiqua. La voilà qui se mettait à parler. Les bras en croix depuis cinq bonnes minutes, il regardait le liquide ambré dans son verre avec insistance. Rien n'y faisait. Il voulut dissimuler son bras meurtri, mais se rendit compte que de toute façon, un pistolet était posé sur la table près de lui. Ce n'était jamais évident d'entamer la discussion avec un Hunter. Comme pour un chasseur de prime, ou un tueur à gage, je suppose. Imaginez un peu, vous rencontrez un gars que vous chargez d'assassiner quelqu'un... C'était sûrement sa façon à elle d'engager la conversation. Néanmoins, il n'était pas d'humeur pour ce genre de mondanités, alors il tourna lentement la tête vers elle.

"E... Ecoute, Princesse..." balbutia-t-il péniblement, tentant de se dégager de l'alcool, "si tu cherches... Un chasseur... Chui pas en état. Vois avec un autre, y'en a plein dans ce bar."

Immédiatement, il se sentit mal d'avoir réagit et répondu ainsi. C'est vrai qu'elle avait des airs de princesse. Mais pas dans le sens péjoratif du terme, non. Dans le sens douce et agréable. Dans le sens où même en étant peu maquillée, elle restait charmante à regarder. Et Morgan se sentit alors encore plus pitoyable. Dans le genre roi des abrutis. Elle ne faisait que s'intéresser gentiment à ce qui lui était arrivé, rien de plus. Et puis il y avait ce prénom... Yuliya. C'était joli. Ca coulait sous la langue, comme lorsque, enfant, vous goûtez la neige et la laissez fondre dans votre bouche. Froid... Oui. Elle devait venir de l'est, ce n'était pas un prénom courant par ici. Encore une, encore une jeune femme d'Europe de l'est ; deux dans la même journée, ça faisait beaucoup de coïncidences, même pour lui. Mais cela était sûrement explicable logiquement par des faits avérés. Ceci étant, elle avait peut-être fait tout ce chemin pour venir ici et trouver un chasseur efficace pour régler ses problèmes, qu'en savait-il ? Peut-être même - et là, il se mettait à extrapoler de façon bien trop importante - qu'elle n'était venue que pour ses services à lui. Et encore une fois, son côté sale con je m'en foutiste avait prit le dessus, l'empêchant de rester humain et courtois. Il ferma les yeux et inspira profondément pour recommencer.

"Je suis désolé," commença-t-il, "mais j'ai... A mon avis... Trop bu. Aujourd'hui un stryge, un vampire bestial, m'a griffé au bras et c'est assez profond. Mais je vais bien, ne vous en faites pas."

Il tendit la main vers elle, et ajouta :

"Je m'appelle... Thomas Morgan... Je suis un Chasseur de Vampires."

[Ca se sent que j'ai un petit faible pour Emma ? ^^ ]

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L'homme que Yuliya regardait depuis un instant ne semblait pas être en très bon état. Outre sa blessure et son arme d'une grosseur impressionnante, il avait l'air plus déprimé et découragé que jamais, avec son costume et chemis tous froissés, sa cravate à moitié défaite et ses cheveux dépeignés. De plus, la jeune fille remarqua qu'il avait plusieurs ecchymoses au visage, il était dans un piteux état. Qu'avait-il donc fait, ce mystérieux garçon, pour être dans un état pareil? Bon, il avait bu, ça se voyait... Il fixait son verre depuis un moment déjà, les bras croisés et le regard fixe. Lorsqu'il sembla avoir entendu la brunette, il tenta de cacher sa blessure, en vain. Puis, il tourna lentement la tête vers elle, comme s'il avait peur que de faire un mouvement brusque ça lui fasse mal, avant de lui répondre, en l'appelant princesse, qu'il n'était pas en état de chasser et d'aller voir un des autres qui étaient dans le bar en question. Il semblait avoir beaucoup bu, donc elle ne perdit pas son sang froid, mais le regarda, un peu dépitée.

<< Princesse?! Ah! Parce qu'on ne peut pas parler à des gens sans avoir à leur demander d'aller tuer quelqu'un maintenant?! >>

Yuliya n'était pas méchante, elle avait parlé d'une façon plutôt sarcastique. Mais cet homme était rongé par l'alcool à cette heure-ci, donc il lui faudrait encore quelques heures avant d'être totalement lui-même, et dans ce quelques heures, ils ne seraient surement plus dans ce bar. Tant qu'à parler à un mur, la Moscovitch préférait tout de même parler à ce chasseur. Celui-ci ferma les yeux puis inspira profondément avant d'ajouter qu'il était désolé. Yuli comprenait, vu son état, qu'il pouvait être plus sec avec elle. Il avait même avoué avoir trop bu. C'était plutôt rare des hommes qu'il l'avouait, la plupart du temps trop machos et l'orgueil les empâchait de le faire. Il dit ensuite que son bras, c'était un stryge qui lui avait fait ça. Ce vampire bestial ne l'avait apparemment pas manqué, voyant la grosseur de la blessure. Mais ce devait être les '' risques du travail'' dans ce métier...

<< Au moins, vous allez bien! Vous avez eu de la chance! >>

Il lui tendit la main en ajoutant qu'il se nommait Thomas Morgan, et qu'il était chasseur de vampires. Yuliya, s'était déjà présentée, lui tendit la main elle aussi, mais eu un petit mouvement de recul quand elle comprit qu'il tuait des vampires. Cela lui avait pris du temps avant que vraiment elle comprenne le sens de ses mots. Il faut dire que la jeune fille était du côté des vampires, à cause de la famille Andropov. Mais Thomas était toujours mieux que ceux qui l'envoyaient tuer des vampires non ? Mais ce n'était pas censé être les chasseurs qu'elle détestait, ce sont les sorciers russes. Donc, elle sourit à son interlocuteur. Il faut dire qu'à cause de ces sorciers, la jeune fille avait fait plus d'un séjour à l'hôpital, plâtrée d'à peu près partout... C'est ça la guerre quand on défend des vampires, contre des sorciers...

<< Alors, euh, vous en avez tués beaucoup? >>

Elle s'était décidée à engagée la conversation quand même. Il ne semblait pas si méchant que ça quand même...

[Un peu oui ;P]

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Par chance, les comprimés que Thomas avait ingérés commençaient à faire effet, et son mal de crâne s'évaporait peu à peu, fondant comme neige au soleil. Il reprit ses esprits et se félicita d'avoir prit les cachets à temps. Maintenant, il pouvait à nouveau voir clairement, et plus ou moins parler normalement. De plus, sa tête le faisait moins souffrir - cela s'améliorerait avec le temps. Il ne tint compte des remarques sarcastiques qu'elle émit, préférant se taire plutôt que de perdre le temps de lui expliquer clairement que oui, il était chasseur de vampire, qu'il tuait ces saloperies par dizaines et qu'il s'en bouffait quatre au petit dèj'. Le problème était que, d'un seul coup, il en était bien moins fier. Elle avait un regard instigateur qu'elle avait voulu discret, mais il en avait bien trop l'habitude. Thomas baissa à nouveau les yeux, se forçant à ne pas la regarder. Pourquoi ? Il n'en avait habituellement rien à faire, et puis elle n'était qu'une gamine. Elle eut la considération de lui dire qu'il avait eu de la chance. Oui, c'était vrai. Il avait eu beaucoup de chance. Son bras n'était qu'entaillé - certes, profondément - mais pas arraché. De plus, plutôt que les crocs du stryge, ce n'étaient que ces griffes qui l'avaient frappé. En réalité, la douleur lancinante avait été stoppée par la dose de morphine et autres opiacés que le jeune homme avait ingurgités pour s'éviter d'avoir mal. Néanmoins, il avait eu beaucoup de chance. Même s'il n'y croyait pas. Morgan regarda à nouveau son bras. Le bandage, blanchâtre, empêchait sa manche de chemise et de veste d'être baissée jusqu'au poignet. Sur trois lignes rougeâtres qui avaient filtré à travers les bandes du pansement, on devinait l'endroit où le stryge avait frappé. Les entailles, longues chacune d'un peu plus d'une dizaine de centimètres, faisaient presque peur à voir. Mais elle était toujours là, et elle l'avait regardé de haut en bas pourtant.

Elle eut ce petit mouvement de recul lorsqu'il lui dit clairement pour la première fois qu'il était chasseur de vampire. Etrange, car il avait déjà parlé de stryge avant, et de chasser... Il est difficile à notre époque, lorsqu'on parle d'un Hunter, d'imaginer autre chose que des cadavres de vampires sur son mur ou de superbes peaux de garous devant sa cheminé. Après tout, c'était un peu leur fond de commerce - un boulot comme un autre. Néanmoins, il sentit comme un sentiment de culpabilité monter en lui. Il s'en voulait presque, à cet instant, de partir tous les soirs pour aller buter des monstres. Et avec cette sensation qui l'envahissait, il préféra regarder fixement son bras, à nouveau.

Pendant un moment il espérait presque avoir quelque chose à dire, mais il se rendit compte que la façon dont il présentait ne le rendait pas extrêmement avenant. Il prit sur lui de repousser le verre de scotch que le barman lui avait servit avant qu'elle n'entre, et auquel il n'avait pas touché. Il claqua des doigts et demanda un café, noir, serré, sans sucre. Ca le réveillerai. Il tendit ensuite le bras pour attraper son pistolet et le rangea dans son holster à la ceinture. Puis il s'alluma une clope. Il tira la première bouffée avec délectation. Et se sentait déjà plus à l'aise - même s'il aurait préféré rencontrer cette jeune femme dans un superbe restaurant, alors qu'il était dans un costar super classe et qu'il était entouré par une bande d'amis qu'il ferait rire aux éclats. Mais ce n'était pas comme ça que ça marchait. Il ne faisait pas partie de ce genre là de personnes. Non, il était là, miséreux et pitoyable, dans un costume qui avait prit des coups, avec un bandage énorme sur l'avant bras, des bleus et des lésions partout sur le corps, suites aux baffes que le stryge lui avait collées ; il était soûl et pas près de décuver entièrement ; il devait sentir l'alcool et maintenant la cigarette, mais, malgré tout ça, il était conscient de n'être qu'un pauvre naze. Et c'est alors qu'elle posa la question fatidique, celle qui ne se pose jamais à un Hunter. Cela portait malheur de demander à un chasseur à combien de proies il en était. Néanmoins, la plupart d'entre eux répondaient quand même, transportés par la vanité de leur égo. Morgan, lui, savait que cette Yuliya ne le féliciterai pas, ni le flatterai, pour une telle performance. Ce n'était pas ce qui l'impressionnerai - du moins, pas dans le bon sens. Alors, après s'être tut quelques instants, il vérifia que personne n'avait entendu la question de la demoiselle. Loupé. Les deux chasseurs au bar avaient tourné la tête et le barman prêtait une oreille attentionnée à ce que Morgan allait dire. Thomas soupira et murmura à l'encontre de Yuliya, la regardant presque à la dérobée :

"Oh, euh, vous savez, pas beaucoup... Même pas une cinquantaine..."

Sous la table, il croisa les bras de sa main valide pour espérer qu'aucun homme assit là-bas n'irait contredire ce que Thomas venait d'avouer. Malheureusement, le barman ne put s'empêcher de dire que si ses calculs étaient bons, Morgan était plus près de six cent soixante-quinze vampires tués que d'une misérable cinquantaine. Et là, le Hunter se mit à prier pour qu'elle ne paraisse pas trop choquée. Le problème, c'était que d'après ses estimations logiques et le décompte qu'il avait fait depuis l'âge de neuf ans, la réalité était plutôt plus proche du double de ce que le barman avait annoncé. Néanmoins elle avait eu ce mouvement de recul avant de poser cette question. Quelque chose l'avait gêné, et pourtant les humains sont assez ouverts à cette notion de chasse au vampires, car elle permet de guérir du Spirit - ce dont Morgan n'avait, soit dit en passant, strictement rien à faire. Mais la plupart des gens n'était pas aussi coincés face à cette idée. Néanmoins, voilà, il y avait quelque chose qui la gênait, et il semblait incapable de savoir quoi. De plus, une nouvelle évidence venait de se poser clairement.

"Je suppose donc que ... Mademoiselle Yuliya... Vous n'êtes pas venue pour me proposer un contrat ?"

[Oui mais c'est pas ma faute hein...]

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