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| La solitude était son unique compagne [Pv] | |
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| Sujet: La solitude était son unique compagne [Pv] Mar 16 Juin - 12:56 | |
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La solitude. Cette si fidèle amie, qui ne l'avait plus quittée depuis tant d'années. Mais également une redoutable ennemie, qui l'empêchait de se lier autant qu'elle l'aurait souhaité. Elle aurait tant aimé pourtant, être de ces personnes qui n'éprouvent aucun mal à se mêler au reste du monde. Comme s'ils en étaient une partie intégrante, alors qu'elle même se sentait en dehors de tout. Les seuls moments où elle éprouvait un quelconque sentiment d'appartenance, c'était au sein de sa famille, bien que sa sœur semble persister à l'exclure de son cercle. Elle aurait aimé que toutes deux soient rapprochées par le sang, les épreuves qu'elles avaient traversées. Et pourtant, le contraire c'était produit. Les années qui défilaient n'avaient fait que les éloigner l'une de l'autre, à tel point qu'elles agissaient davantage telles deux étrangères, possédant pourtant le même visage. Et la situation semblait figée. Elles étaient si différentes à présent. Et pourtant, leur lien de gémellité les empêchait de rompre tout à fait. Et peu importe ce que le destin leur réserverait. Elles conserveraient ce fameux lien, quoiqu'il puisse arriver. Toutes deux en étaient conscientes, mais aucune ne semblait vouloir faire le premier pas. L'une par rancune et orgueil, la seconde par crainte de découvrir qu'elle serait définitivement seule.
Elle était sortie de la demeure des deux familles russes. Elle n'éprouvait pas la moindre envie de se rendre à ses cours. C'était quelque chose qui lui arrivait très fréquemment depuis quelques temps, davantage depuis sa confrontation au Spirit, en Inde. Et elle éprouvait de plus en plus le besoin d'être seule. Elle était une élève studieuse à qui l'on avait rien à reprocher du point de vue de son assiduité. Et pourtant, elle ne se rendit pas aux enseignements qu'elle aurait dû suivre cet après-midi là. Elle prit des vêtements chauds. Le climat était bien différent de celui qu'ils avaient connu lors de leur escale précédente. Elle n'aurait sans doute pas dû sortir seule ainsi, sans arme, surtout par les temps qui couraient. Et pourtant, elle se dirigea malgré tout vers les étendues désertes et enneigées. Elle ne savait ce qui la poussait ainsi à marcher dans cette direction. Et pourtant, elle ne pouvait détacher son regard de ces arbres, de ces lieux qui semblaient emprunts à la fois de mystère et de beauté. Il y avait quelque chose de solennel, voire même presque effrayant, dans cette blancheur paisible, que rien ne semblait pouvoir troubler.
Elle s'avança d'un pas prudent. Elle savait parfaitement ce qui arriverait si elle se trouvait nez à nez avec le Spirit. Elle n'avait que trop bien compris ce qu'il lui ferait lors de leur dernière rencontre. Et cette fois-ci, elle était seule. Nulle Charlotte ou autre vampire pour lui venir en aide. Et pourtant, elle continuait d'avancer. Au risque de se perdre, ou de rencontrer le danger, même la mort sur sa route. Que cherchait-elle exactement? Se mettait-elle délibérément en péril? Désirait-elle prouver quelque chose? Elle-même avait du mal à le savoir. Mais ces derniers temps, il lui semblait que dans son esprit, tout allait de travers. Elle éprouvait des difficultés à rassembler ses pensées, à réfléchir correctement. Besoin de se perdre, pour mieux se retrouver sans doute. Elle continuait, malgré la morsure du froid hivernal. Cependant, le blizzard russe correspondait davantage à son teint pâle que le soleil indien. Elle frissonna. La température commençait à se faire sentir. Elle regarda le ciel. Elle avait oublié que la nuit tombait bien plus tôt ici. Elle réalisa alors réellement ce qu'elle était en train de faire, ou plutôt, dans quelle situation elle risquait de se trouver. Elle était seule, nul ne savait où elle pouvait se trouver. Elle n'avait ni pouvoir, ni arme sur elle. Et elle se rendit compte qu'elle aurait sans doute du mal à retrouver sa route.
Elle tenta de rebrousser chemin, de se repérer, de rentrer avant qu'il ne fasse nuit noire. Elle ne paniquait pas, étrangement. Elle aurait dû pourtant. Mais il valait mieux qu'elle conserve son calme. C'est alors que, dans le silence, elle entendit comme un craquement. La jeune humaine se retourna brutalement. Elle entendit de légers bruits de pas, des pas qui semblaient se rendre dans sa direction. |
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| Sujet: Re: La solitude était son unique compagne [Pv] Mer 17 Juin - 21:06 | |
| Une belle nuit sans lune s’annonce ce soir. Une belle nuit profondément sombre et effrayante étendra bientôt son noir manteau sur la Russie et elle habillera chaque artère de sa capitale chère à mon cœur. D’antan, les enfants des ténèbres se dérobaient alors de leur cachette mais les temps ont bien changés. Comme je regrette aujourd’hui mes silencieux échanges avec l’astre du soir et ses étoiles. Elles me confiaient leurs secrets intimes et leurs serments inachevés. J’écoutais avec intérêt et mon ensorcelante beauté atteignait alors son paroxysme. Je ne fus jamais plus aussi belle que le soir de mon anniversaire.
Etendue à demi-nue dans la neige du désert blanc, la toundra honorait ses promesses. Mon corps diaphane faiblement éclairé par la lune et ses compagnes, se fondait au paysage blanchi dont seuls mes yeux rubiconds et mes cheveux couleur charbon se détachaient. Emerveillée par les sons et les odeurs, je jouissais de mes dons enfin maîtrisés. Je fêtais ma troisième année d’immortelle et j’appris que la vie nocturne se distingue aussi selon ses heures. J’écoutais, humais et contemplais donc avec passion. J’écoutais la lancinante mélodie du vent virtuose remuant la faible végétation alentour, l’hypnotique hululement des chouettes animant de peurs les petits rongeurs, le précipité galop des rennes fuyant les loups comme j’humais l’air chargé de miasme indéfinissable à mon nez apprenti, la saveur boisée des arbres forestiers et la peur des bêtes en fuite….J'tais bien, me sentais bien, à l'aise contrôlable et surtout, je ne craignais rien ni personne. J’apprivoisais ma liberté nouvelle, ne répondant d’autres règles que celle de mon espèce. Je demeurais couchée au milieu de ses terres jusqu’à l’aurore qui m’offrait le plus beaux des tableaux.
Dieu que je regrette ces nuits somnambules où le sommeil, la soif et la faim n’étaient que les vestiges d’un passé volé et révolu. Aujourd’hui, je dors, mange et bois comme le commun des mortels. Si mes sens sont aiguisés, ils sont loin de leur réelle capacité. Mon autonomie hors-norme me fut dérobée avec cette médecine immonde inhibant tout mon être. Répondrais-je à cette vieille règle : « On ne désire jamais que ce que l’on ne possède pas » ?
Au commencement de ma nouvelle vie, j’avoue, je pleurais mon humanité : « Que sont devenues mes valeurs de chaque jour ? Ma notion de temps ? Sans cœur, me serait-il possible d’abandonner mon être à de sentiments nobles ? Connaîtrais-je l’amour ? Survivrais-je à ses déboires ? »…Petit panel de ses questions pour la plupart restées sans réponse, j’éduquai mon âme à ne plus penser mais bien profiter de ma chance. J’étais immunisée. Je n’avais plus à craindre sécheresse, guerre ou famine. Mon monde n’abritait plus de maladie ou de mort foudroyante. Je ne connaitrais plus la souffrance de la mort lente… et par-dessus tout, j’étais immortelle. Le monde m’appartenait. Moi qui redoutais me voir vieillir, me voir rider, je jouissais de ma jeunesse pour l’éternité. Moi qui appréhendais le tiquetés des horloges et l’érosion du temps, il devenait mon allié à jamais…..Ah. Il me reste au moins cela. L’immortalité. Nul ne peut l’emprisonner dans un flacon… Je prie qu’il en demeure ainsi…à jamais.
Une belle nuit sans lune s’annonce ce soir et je veillerai autant que faire se peut. Je quitterai le manoir, pèlerine en main et dompterai la nuit comme le soir de mes vingt et un ans.
***
Je m’allonge dans la neige, les bras tendus et respirant les arômes que m’apportent le vent. Quelle exquise sensation. Ma peau de marbre supporte tous les climats et la morsure du froid m'est bien égale. J'oterais volontiers mes vêtements mais le souffle éolien apporte à mes narines un parfum familier; Le parfum d'une mortelle : Imogen. Imogen Lancaster. Musicienne émérite, tout comme moi, je me plais à croire qu’elle ressemble à l’humaine que je fus et je brûle de lui faire don d’une vie comme la mienne. Je brûle d’en faire un vampire. Je suis certaine qu’elle se plairait mieux dans ma peau.
Ma curiosité mise à l’épreuve, l’excitation m’arrache un frisson. Je quitte le manteau blanc de la neige et à la hâte, rejoins la tatillonne jeune femme. Elle se presse ? A quoi bon….Ne sait-elle pas qu’elle s’égare ? Qu'elle est déjà perdue ? Ne sait-elle pas que le chemin qu’elle emprunte l’enfoncera plus allant dans la sylve russe ? Foulant le sol de ma démarche vaporeuse, je m'approche discrètement quand mon pied brise une branche dans un craquement sonore répété en écho. Son effroi prend possession de mon cœur. Elle me fait brusquement face mais ne m'aperçoit pas.
I : Imogen. Ma chère amie. Serais-tu déjà de mon espèce pour braver les dangers de la Toundra aux prémisses de l’obscurité profonde du soir ? Emprunter cette route seule n’est plus curiosité mais inconscience….
L’aigu timbre de ma voix monocorde l’avertissait de sa périlleuse course et pourtant, dissimulée contre mon gré par le rapide levé d’un nébuleux brouillard, j’espérais qu’elle ignore encore mon nom. Peut-être lui ferais-je peur ? Egoïstement, je le souhaite. Ne me serait-il pas plus facile d’en faire ma cause acquise ?
I: Aimerais-tu que je t'accompagne ? Je serais ton bouclier et ton rempart. Je te protègerai si, intrépide, tu souhaites découvrir les mystères de la Toundra.
Ils sont nombreux, bien cachés et surtout attrayant. Seuls vampires et sorciers osent les chercher et s'y perdre. Pourtant, seuls ceux de mon espèce se targuent de les découvrir sans ruse. Quoiqu'ils nous imposent, nous sommes plus prédateurs nomades qu'hommes sédentaires. Qui d'autres qu'un vampire peut prétendre sans prétention vivre en communion avec la nature. J'ajoute quelques pas en sa direction, me dévoilant, souriante et rasurrante. |
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| Sujet: Re: La solitude était son unique compagne [Pv] Ven 19 Juin - 13:54 | |
| L'air du soir, si frais, si paisible. Purifié par la neige de toute intervention humaine. Il aurait été difficilement pensable d'imaginer la mort survenir en ces lieux. Ou une mort paisible et douce. Ni violence, ni hurlement. Un doux sommeil enveloppé par l'étendue blanche. Le sublime semblait y prendre un sens différent. C'était sans doute pour cela que cet endroit attirait la jeune fille d'une telle force. Issue de la ville de Londres, elle n'avait que rarement eu l'occasion de connaître une telle sérénité. Elle se sentait hors du temps et de l'espace. Un lieu idéal afin de tenter de mettre de l'ordre dans ses pensées entremêlées. Tout se bousculait, une question revenait sans cesse. Aimait-elle? L'aimait-elle? Lui, qui avait su toucher son petit cœur entourée par autant de neiges que les étendues qui l'entouraient. Elle avait toujours été la plus sensible. Et pourtant, elle ne parvenait pas ne serait-ce qu'à identifier un simple sentiment.
Consciente de l'éventualité d'une agression, elle n'avait cependant pas rebroussé chemin. Aveuglée par la sérénité de la toundra, elle était envahit d'une sensation de sécurité, entourée d'une bulle protectrice, issue malheureusement tout droit de son imagination. Elle ne craignait rien. Et pourtant, contre un adversaire, elle seule ne ferait pas le poids. Elle n'était qu'une petite humaine, sans le moindre pouvoir, sans la moindre possibilité de se défendre contre un adversaire plus fort qu'elle. Pauvre petite fille, seule et perdue au milieu des arbres. Une légère brise fit bruisser leurs branches, avant de s'engouffrer dans sa gorge et ses poumons. L'air était de plus-en-plus glacial, mais étrangement, elle ne le réalisait pas totalement. Elle se sentait comme hypnotisée, au point d'en avoir oublié la moindre de ses préoccupation. Tout cela était si dérisoire face à tant de beauté. Et la nuit qui tombait peu à peu sur l'étendue enneigée ne faisait qu'accentuer cette atmosphère enchanteresse.
Des pas, si léger qu'il aurait pu être aisé de les confondre avec le doux bruissement du vent dans les arbres. Et pourtant ce craquement, ce léger craquement fit rompit le silence, faisant éclater la bulle dans laquelle s'était enfermée Imogen. Disparus la bienveillante chaleur et le sentiment de sécurité. Ne restaient plus que le froid, et l'angoisse d'un possible danger qui la guettait certainement. Son regard tourné dans la direction du son perçu par son oreille, elle tenta de percevoir quelle pouvait être son origine. Ses deux yeux verts finirent par percevoir une silhouette, frêle et légère silhouette, qui se découpait dans l'obscurité. Elle n'eut aucunement besoin de deviner de qui il s'agissait. La silhouette, rompant le silence par ses paroles, mit fin à ses craintes. Irina. Une vampire, à la présence étrange et enchanteresse, avec qui elle partageait son amour de la musique.
- Imogen. Ma chère amie. Serais-tu déjà de mon espèce pour braver les dangers de la Toundra aux prémisses de l’obscurité profonde du soir ? Emprunter cette route seule n’est plus curiosité mais inconscience…. - J'ignore la raison exacte qui m'a poussé à me réfugier si loin. Sans le savoir, j'ai perdu toute conscience du danger. Je suis heureuse de te voir. Humaine. Elle était simplement humaine. Elle avait vécu une existence sans aucun doute d'une banalité affligeante, mais les peines qu'elle avait pu connaître, ses fardeaux étaient pour elle loin d'être anodins. Ce n'était pas une simple vie parmi tant d'autres. C'était la sienne. Elle avait longtemps existé dans l'ignorance des vampires et des sorciers, ainsi que tout le monde magique. Il était étrange de se réveiller un jour et de découvrir que le monde dans lequel elle évoluait, n'était qu'un mensonge. Comme les autres humains, elle avait vu s'écrouler certaines de ses convictions les plus profondes. Mais, aux sein de ceux de son espèce, elle restait une exclue, marginalisée. Elle appréciait la compagnie d'Irina, davantage que celle de bien d'autres. Et pourtant, elle ne pouvait accepter ce que la jeune vampire désirait tant. Elle craignait ce qu'elle pourrait y perdre. Il lui semblait qu'elle ne saurait que faire d'une éternité à vivre. Les sentiments, les sensations ne s'émoussaient-ils pas tant on avait l'habitude de les éprouver? Ce qui nous avait paru merveilleux auparavant ne deviendrait-il pas à nos yeux d'une banalité affligeante après l'avoir contemplé durant plusieurs siècles?
Le ton de sa voix avait trahi une certaine préoccupation. Et pourtant, tout cela semblait d'une telle futilité en comparaison de l'horreur qui se déroulait. Le Spirit était plus présent que jamais, se répandant plus rapidement qu'une épidémie de peste. Et pourtant, ce qui torturait son esprit n'était rien d'autre qu'une banale affaire de sentiments. Un sourire se dessina sur son visage. La présence de son amie, l'une de ses seules amies, apaisait ses tourments.
- Aimerais-tu que je t'accompagne ? Je serais ton bouclier et ton rempart. Je te protègerai si, intrépide, tu souhaites découvrir les mystères de la Toundra. - Ces lieux sont pour moi source d'apaisement, et ta présence à mes côtés me serait d'un grand réconfort. Avoir Irina à ses côtés lui procurait une assurance nouvelle. Le tableau de cette vampire marchant doucement dans la neige, au milieu de cette nature sauvage, dégageait une sensation d'harmonie. Elle semblait appartenir à cette étendue déserte, au même titre que les arbres, le vent, le voile obscure de la nuit. La peur l'avait quittée.
- Quelles raisons, quelles pensées ont mené tes pas au milieu des arbres dans cette nuit glaciale? |
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| Sujet: Re: La solitude était son unique compagne [Pv] Mar 23 Juin - 14:37 | |
| Plus robuste que le vent, ma nostalgie m’entraîne dans les bras obscurs de cette étendue désertique qui, un soir d’hiver, m’offrit mil promesses et surtout, mes premières heures de liberté. Ma liberté ; celle-là même qui s’abîme avec le temps, s’érode avec le vent et me glisse entre les doigts comme une savonnette humide. Ô ma colombe, chaque heure je te pleure. Je me lamente de jour comme de nuit. Comment puis-je vivre éternellement si tu m’échappes, si tu me fuis Moi, qui t’aime tant ? Ô ma colombe, sache qu’il n’est d’occasion manquée. J’implore Alexei afin qu’il m’autorise d’être une hors-la-loi. Je le prie qu’il me guérisse enfin de cette maudite pharmacie et je m’hasarde à le convaincre que nul ne connaîtra notre secret si demain, j’étanche ma soif au cou d’une biche ou d’un cygne. Ô ma colombe, sache que mes efforts sont vains, oiseaux, inutiles. J’habille mes arguments de passion mais à quoi bon ? Alexei n’en démord pas. Il me répète sans cesse que je me dois d’accepter les normes sociales de ce nouveau monde et éviter plus particulièrement de jeter discrédit sur l’honneur de notre famille. Ô ma Colombe, le souvenir seul de cet entretien me fait soupirer. Le débat demeure stérile. Alors, j’obéis mais sache que je n’abandonne pas. Je ne t’abandonne pas. Jamais. Ce soir, je t’embrasserai du bout des lèvres. Aux diables seringues et pilules, faim et soif, fatigue et somnolence. Je quitte ma chambre pour la toundra, le cœur battant et les pupilles dilatées. Ce soir, je quitte mes appartements pour les retrouver, bien plus tard encore, qu’au crépuscule. Délivrée de mes quatre murs, seule une longue désobéissance m’absoudra des desseins du syndrôme. Qu’à cela ne tienne, me promener au hasard de ma moscovite terre plane ne m’est pas encore prohibé. Me tromperais-je ?
Le vent dans le ramage touffu des arbres siffle à mon oreille. Pour peu, je me rappelai les frissons d’un corps tremblant de froid mais n’y songeai pas. Imogen tardait au coucher du soleil dans le désert. Je reconnaissais son parfum fleuri et sucré. L’adolescence était encore si proche pour elle. Moi, je n’en possédais que le corps, mon insouciance s’est envolée. Je l’envierais presque d’être inconsciente du danger. Certes, je n’en crains plus mais je le devine. N’est- ce pas pire ? Flairant l’un d’entre eux, l’étendue tranquille me semble vierge de tout risque… sauf peut-être… Bon sang. Puis-je encore me fier à mon instinct léthargique ? Je décidai de me dévoiler aux regards jades quand le brouillard s’est levé. Je m’en réjouis. L’idée qu’elle craigne ma voix m’amènerait peut-être à la convaincre qu’il n’existe plus rassurante nature que la mienne. Foutaise. Sa perspicacité m’échappe et m’étonne. Je la salue. Elle est heureuse de me voir. J’avoue, moi aussi, et je lui souris faiblement bien que sincèrement. Je suis inquiète. Ce brouillard tôt levé m’étonne. Il m’angoisse. Je crains une tempête en préparation mais plus j’inspire, moins l’atmosphère se révèle. Intérieurement, je bougonne. Ma confiance en moi souffre de cette situation je me raisonne. Aucune tentative de persuasion pour moi aujourd’hui. Je me dois de veiller à sa sécurité quand une bourrasque violente se prépare peut-être. Je me dévoile alors et de mots savamment choisi invite ma compagnie à ses explorations nocturnes. Mon seul but est l’abriter derrière les troncs centenaires des sapins de la sylve ? N’existe-t-il meilleur rempart contre les colères de la nature ?
Instinctivement, je m’enquiers de ses souhaits et lui cède ma compagnie. Comme moi, elle aime la toundra et ma présence la ravit. Obéissante, j’hoche donc la tête, saisit sa main fine et abandonne la lisière odorante de ses bois flous loin derrière nous jusqu’à la cîme d’un arbre mort écrasé sur le sol humide de neige. L’assise me paraît confortable et j’invite l’hôte de ces bois à prendre place à mes côtés. Muette et aveugle, je m’imprègne avec délectation de l’ambiance de cette contrée inconnue aux yeux humains. J’aimerais tant lui décrire avec précision chaque arbre, chaque animal et chaque fleur s’enchevêtrant savamment dans cette contrée inexplorée. Inutile. La belle humaine rompt le silence. Elle me questionne et j’ouïs avec attention son vœu. Mes paupières closes s’animent et je reste coïte. Comment ai-je pu oublier d’abattre cette carte ?
« N’ai-je donc jamais pris le temps de te confier l’accomplissement de ma nouvelle vie ? Mon histoire humaine et l’apostrophe que tu lui connais ? Comment ai-je pu ? »
Mon esprit agité brasse les mémoires de nos rencontres. Les images s’entremêlent, les mots se mélangent mais d’aucun ne traite de ma cruelle et passionnante histoire. Suis-je bête ? Quel humain ne rêve pas d’aventures palpitantes, d’expériences uniques et aussi périlleuses qu’effrayantes ? Quel humain n’espère pas traverser les âges les âges sans perdre en charme et en beauté pour connaître mil fois la peur et l’amour ? Quel humain n’aspire à une vie de roman ? Moi. Je n’ai jamais rencontré l’amour mais, dois-je le préciser. Je frémis d’impatience à l’idée de conter mes chroniques et les dernières lueurs du soleil se noient dans mes iris. Mon regard illuminé d’impatience s’animent et je babille quelques mots. Je ne veux pas l’assommer mais de conter à la lune naissante mon derme pierreux s’endimanche de joie. Tant pis. Je m’avance à tâtons et m’arrêtera la douce enfant si mon récit est morne :
« Pour répondre à ta question, sache simplement que cette terre m’a vue naître une seconde fois. Elle m’a fait sienne à jamais. Je suis sa confidente…Vois-tu ce petit animal à seulement quelques mètres de nous ? Vois-tu comme il m’ignore quand partout ailleurs, les chiens aboient, les chats feulent et les oiseaux piaillent en ma présence. En général, leur instinct fuit mon odeur de prédateur mais ici, je fais partie des lieux. Je serais malheureuse si j’avais à quitter la Russie et ce froid…que tu désignes …glacial. Ma tombe fut creusée non loin d’ici. Souhaites-tu entendre relatée mon histoire ce soir ?»
Je respecterai son refus. Je me plierai à ses désirs oubliant mes caprices. Elle ne verrait naître aucune déception. Je la tairai comme disparaîtra ma joie. Je m’avancerai à l’interroger sur le pouvoir exercé par la toundra sur sa raison. Comment peut-être être en sécurité quand humain et sorcier craignent le spirit…. ? Fait-elle exception ? |
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| Sujet: Re: La solitude était son unique compagne [Pv] Lun 29 Juin - 12:49 | |
| Le vent formait une douce caresse sur son visage, mais également glacée et vivifiante, faisant voler ses sombres cheveux. Ces lieux l'emplissaient d'une paix intérieure qui lui avait au combien manquée. Elle était si préoccupée. Tout en elle n'était que lutte intérieure. Le combat contre le Spirit tout d'abord, et puis, la venue de sentiment nouveaux en elle, dont elle se surprenait à être emprunte comme d'une drogue. Elle sentait son cœur se serrer, jusqu'à la faire indéniablement souffrir, et pourtant elle n'aurait su se détacher de cette sensation qui lui paraissait si délicieuse au regard de son état précédent. Son âme, qui se laissait autrefois glisser sur des flots lisses et tranquilles, naviguait à présent sur une eau remuante, tentant de ne pas faire naufrage ou même se laisser emporter par le large. Il lui semblait que tout échappait à son contrôle, alors qu'elle avait fait tant d'efforts pour le conserver sur son existence. En effet, elle avait toujours tout fait pour ne plus souffrir. Elle ne savait que trop bien la douleur qu'impliquait un abandon par un être cher. La femme qui était supposée l'aimer le plus au monde l'avait laissée sur le bord de la route. Puis, ce fut sa jumelle, qui par un acte crucial marqua sa volonté de ne plus être une part de sa vie. Elles étaient supposées être liées par le sang, et par davantage encore. Les jumeaux possédaient une connexion spéciale à ce que l'on disait. Ce lien avait été rompu le jour où Eden avait choisi de ne plus faire partie de son univers. Oui, des sentiments tout-à-fait contradictoires bataillaient en elle et la torturait, au point qu'elle ne parvenait plus à trouver le sommeil. Or, au milieu de cette paisible étendue, elle parvenait pour la première fois depuis longtemps à se sentir apaiser, ses pensées semblant aussi vierges et épurées que la neige qui l'entourait.
La présence d'un autre être qu'elle aurait sans aucun doute pu l'oppresser. Étant une jeune fille solitaire, elle ne trouvait que peu de consolation en compagnie des autres, et était par ailleurs très souvent écartée. Elle ne passait pas pour « ordinaire », et le fait d'être humaine sans le moindre pouvoir ne l'aidait pas à être plus acceptée parmi ses camarades. Pourtant, elle avait choisi de partir avec eux, malgré le danger dont elle était la cible. Elle avait du mal à cerner les raisons qui l'y avaient poussée. Elle avait simplement eu la certitude de devoir le faire. Irina, étrangement, n'était pas de ces personnes qui lui inspiraient un sentiment de malaise, bien au contraire. Sa présence avait quelque chose de paisible et rassurant, au point qu'Imogen se surprenait à rechercher parfois sa compagnie. La vampire était différente, et toujours de bon conseil, bien qu'elle réclame de la part de la jeune humaine quelque chose qu'elle ne pouvait lui donner, qu'elle ne désirait nullement donner. Il aurait été si facile d'accepter pourtant. La vie immortelle, celle dont tant rêvaient. Mais quelque chose la retenait. Tout cela était bine trop beau. Il y avait un prix à payer, et non des moindres, elle en était consciente, bien qu'elle en ignore l'exacte nature.
Sa main dans celle, si froide, d'Irina, elle se sentait bien plus calme, et ses tournoyantes pensées semblaient s'être apaisées. Elle semblait observer les arbres et les étendues enneigées de la Toundra avec la plus grande attention, du moins autant que la sombre nuit le lui permettait.
- N’ai-je donc jamais pris le temps de te confier l’accomplissement de ma nouvelle vie ? Mon histoire humaine et l’apostrophe que tu lui connais ? Comment ai-je pu ? - Non, je n'ai jamais entendu ce récit de ta bouche. Entendre de l'immortelle la manière dont elle vivait sa condition. Imogen brûlait de l'écouter. Il se dégageait de sa compagne une telle aura de mystère. Elle évoluait telle ces jeunes filles aux yeux graves que l'on trouvait immortalisées sur des gravures des temps anciens. Elle possédait la fraîcheur de l'enfance associée à l'expérience que seul l'âge et l'existence conféraient. Quelque chose de presque... dangereux émanait d'elle également. Et tout cela lui offrait un charme plus qu'envoûtant. Ses yeux brillèrent. Le décors qui se déroulait autour d'elles semblait parfaitement approprié pour entendre le récit de cette existence. Elle ressentait cette symbiose qui la reliait à ces contrées si froides et pourtant, si paisibles et solitaires.
- Pour répondre à ta question, sache simplement que cette terre m’a vue naître une seconde fois. Elle m’a fait sienne à jamais. Je suis sa confidente…Vois-tu ce petit animal à seulement quelques mètres de nous ? Vois-tu comme il m’ignore quand partout ailleurs, les chiens aboient, les chats feulent et les oiseaux piaillent en ma présence. En général, leur instinct fuit mon odeur de prédateur mais ici, je fais partie des lieux. Je serais malheureuse si j’avais à quitter la Russie et ce froid…que tu désignes …glacial. Ma tombe fut creusée non loin d’ici. Souhaites-tu entendre relatée mon histoire ce soir ? - Entendre ton histoire me procurerait un immense plaisir. |
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| Sujet: Re: La solitude était son unique compagne [Pv] | |
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