Night short story. - gemma -

Chapitre 02 - Nouveau départ

Mickey était arrivé en Inde avec appréhension et anxiété. Son pays natal, où il n'était plus jamais retourné depuis l'assassinat mystérieux de ses parents. Lorsqu'ils étaient décédés, le petit enfant qu'il était avait longuement erré dans les rues de la ville, dans la peur et la faim, jusqu'à trouver quelque chose à manger pour sa sœur. Une bonne femme lui avait donné, généreusement une miche de pain alors qu'elle était elle-même maigre que la peau de son visage tombait comme une flasque. Ce fut juste assez pour Agathe. Son ventre le tenaillait mais s'en moquait. Il fallait qu'elle vive, elle. Elle d'abord, lui ensuite, si il avait de la chance. Il avait survécu. Et était arrivé en Angleterre, par un grand miracle, avait échappé au Spirit pour l'instant et là, le voilà repartit, une quinzaine d'années plus tard dans son pays natal.

Cette nuit-là, Mickey observait longuement la lune. Les crickets chantaient un air qu'il trouvait exceptionnellement doux, il était bien. Assis au milieu de la Jama Masjid, il était calme et serein. Cela faisait longtemps qu'il ne l'avait pas été. Depuis son arrivée à vrai dire. Il avait eu de violents malaises et des hauts-le-cœur qui avaient été assez éprouvants, et il n'était pas mécontent de retrouver un semblant de forme. Peut-être que la lumière de l'astre de la nuit le revigorait. Ou peut-être était-ce le fait de se croire loin d'Inde, de se croire encore en Angleterre, où le Spirit semait et alimentait la terreur qu'il avait si facilement installé. Le topaze n'avait pas peur du Spirit, il était persuadé qu'il pouvait le vaincre si il voulait. Mais il craignait pour Agathe. Il la jugeait encore trop jeune pour qu'il l'abandonne toute seule dans ce monde – bien que sa sœur soit déjà très mature pour son âge. Mais cet impression de bien-être qui se peignait peu à peu dans son corps et dans son esprit était indescriptible. C'était magique, et pas une magie qui se pratiquait mais une sorcellerie insaisissable, qui venait et repartait quand elle désirait. Et la voix monotone du muezzin qui prononçait des prières ajoutait une touche de tranquillité à l'atmosphère posée.

Personne n'était là pour l'entendre. Il faisait n'importe quoi depuis quelques temps. Il n'arrivait plus à rien. Agathe, Charlotte, l'Inde, les cours, le Spirit, et enfin, Gemma. Toutes ces choses occupaient pleinement ses pensées. Surtout Gemma. Il avait fait ce qu'elle lui demandait, en faisant semblant de lui rendre la monnaie. Mais si elle savait, si seulement elle savait ! Et elle le mettait à rude épreuve en le laissant loin d'elle, il aurait aimé entendre sa voix qui lui ordonnait d'aller faire ci ou d'aller faire ça, il aurait aimé croiser son regard un peu plus longtemps mais la soudaine indifférence de la jeune femme l'en empêchait. Était-ce un nouveau défi qu'il devait relever ? C'était trop dur, il avait déjà perdu. Car malgré les tâches généralement compliquées qu'elle exigeait, il aimait être avec elle, Mickey adorait sa compagnie. Une façon de s'échapper du monde réel. Une façon de retourner en enfance, dans la cour de récréation, ce qui lui manquait le plus en ce moment.

Il ne pouvait pas implorer un des Dieux de le soutenir, car il n'avait pas foi en eux. Personne ne pouvait l'aider. Mais il s'était promis qu'à la prochaine opportunité, que ce soit dans un couloir bondé ou dans une salle commune vide, il ne laisserait pas passer la topaze. Elle ne lui échapperait pas cette fois, ne lui filerait pas entre les doigts. Pas encore une fois. Peut-être qu'un être de l'au-delà entendit ses pensées car soudainement, ses poils se hérissèrent, et ce ne fut pas à cause d'une douce brise qui vint lui chatouiller le corps. Non, il venait d'apercevoir du coin de l'œil la silhouette fine et élancée de Gemma qui entrait dans la mosquée. Mickey se leva. Il se dirigea vers la demoiselle, lui saisit le poignet pour qu'elle ne s'enfuit pas. Il en avait assez de jouer un jeu qui n'avait plus de sens.

Dis-moi ce que tu veux.

Invité Invité

La tourmente n’était pas mon seul soucis apparemment , il fallait qu’on déménage l’école à l’autre bout de la planète , c'est-à-dire : l’Inde . Quelle idée , de partir si loin , j’espérais au moins de ne pas rester trop longtemps , même si l’endroit est resplendissant , je ne me sentais pas à mon aise . Je ne connaissais rien , je n’avais pas mes repères , auparavant , j’en avais deux . Je n’en ai plus qu’un : Cojato . Mickey , lui aurait pu me montrer ce monde aux milles et une histoires , il aurait pu tout m’expliquer comme il savait le faire . Pourtant il fallait qu’il gâche tout . Il fallait qu’il fasse ce cap ou pas cap idiot , stupide que je lui avais lancé . Il ne se doutait de rien .

Pendant une journée ensoleillée , je décidais donc d’essayer de me recréer des repères , des endroits où je pourrais errer seule . Ou personne ne pourra être là , même si j’aurais préféré être en compagnie de mon ancien ami . Il me manquait de plus en plus , j’avais besoin de lui , mais je n’y arrivais plus , la soirée du bal restait gravée à ma mémoire comme un chewing-gum sous une semelle . Lui , elle . Elle , lui . Il était de mon devoir de me réveiller , de cesser d’agir comme une idiote , et de hanter les rues avec les yeux bleus que je possède , en espérant cette fois que les Indiens ne me prendraient pas en photos comme une bête de foire .

Pour faire cela , j’avais trouvé une idée , simple et qui ne pouvait que fonctionner . Je n’avais pas prit ma robe de sorcier , mais juste une longue tunique , et quelques pièces . J’entrais le plus vite possible dans une boutique , pour me vêtir d’un sari . J’en choisis un rouge , une de mes couleurs fétiches . Selon la vendeuse , il m’allait à ravir , Il laissait apparaître mes bras frêles et blancs , que je me pressais de cacher –histoire de ne pas me faire plus remarquer , et descendait jusqu’au sol , épousant ma silhouette . Je passais aussi une écharpe indienne que je déposais soigneusement sur mes longs cheveux noirs , en la baissant pour qu’on ne perçoive pas mes yeux azurés .

Après avoir réglé , je sortis du bazar , et commençais à arpenter les rues . Mon réflexe était de pénétrer dans la Mosquée , c’était un lieu très prestigieux en Inde . Mickey m’en avait autrefois parlé . Il était de mon devoir de visiter ce grand lieu , si imposant . C’était impressionnant , certes . Je n’étais pas seule , malgré tout . Il y avait quelques dizaines de personnes , mais on imaginait voir le centuple dans cette immense Mosquée . Tout d’un coup je restais figé : il y avait une chance sur mille pour que cela m’arrive : j’aperçus Mickey . Celui qui fréquentait mes rêves si souvent , malgré tout .

Le contact de sa peau sur la mienne , fut un plaisir immense , mais aussi une tristesse absolue . Il était resté le même , j’en étais convaincue , le même garçon , le même Indien . J’avais tout autant envie de lui sauter dans les bras que de le gifler . Même si j’en étais à ce moment incapable , j’étais figée . Il ouvrit alors la bouche .

Dis-moi ce que tu veux .

J’étais en arrêt , anéantie , bloquée . Mais surtout énervée . N’avait-il pas comprit ? Durant tous ces mois n’avait-il toujours pas comprit ? Etait-il buté ou niais ? Je n’en savais rien . J’ôtais l’écharpe qui cachait mon visage de couleur marbre , pour être face à lui . Qu’avais-je à lui dire ? Tout . J’avais tant de chose à lui raconter , mais je me le refusais . Il devait comprendre . J’avais perdu beaucoup de chose , à cause de lui , une partie de mon caractère , sans doute . Je l’ignorais . Je décidais enfin , de parler , rassemblant tout mon courage .

Je ne pense n'avoir plus à rien à te dire Mickey . Tu devrais avoir comprit , désormais ! A moins que tu ne pensais à autre chose . Lâche-moi , s'il te plaît .

Ridicule , je l’étais . C’était les premiers mots qui étaient sortis de ma bouche , comme une cruche , eh bien tant pis . J’y étais confrontée . Je ne pouvais plus reculer en arrière , j’apprendrais à être plus naturelle , mais cela faisait trop longtemps , je perdais mes moyens . On aurait dit une folle .

Je ne pense n'avoir plus à rien à te dire Mickey. Tu devrais avoir compris, désormais ! A moins que tu ne pensais à autre chose. Lâche-moi, s'il te plaît .

Mickey crut qu'il allait s'effondrer. Non il ne savait pas. Non il ne comprenait pas. Il était trop bête pour ça. Ses neurones étaient gelés depuis qu'elle n'était plus avec lui, que le parfum qu'il n'arrivait pas à oublier s'était peu à peu effacé même si il restait gravé dans ses narines. Comme lui expliquer qu'il voulait qu'elle lui revienne, qu'elle fasse attention à lui, comme une amie, ou comme une rivale, mais qu'elle le regarde, de travers ou avec malice et complicité. C'était comme si on lui avait coupé la langue, comme si il avait été amputé de ses cordes vocales car il avait ouvert la bouche mais aucun son ne sortait. À croire qu'il ne respirait même plus.

Cependant, il n'arrivait pas à la lâcher non plus. Il voulait qu'ils deviennent pierre, pour marquer ce moment à jamais. Il désirait que le temps s'arrête, c'était certainement la première fois qu'il était aussi impassible et sérieux. Mais au fond de lui, les battements de son cœur s'espaçaient peu à peu, ils ne savaient plus quoi faire : aller trop vite ou trop lentement. Ou se stopper, tout bonnement. Mickey essayait de faire passer un message par le biais du regard : il semblait que son interlocutrice et lui menaient une conversation décousue, comme un quiproquo sauf que l'autre protagoniste n'entendait pas un mot. Le second problème était que Mickaël ne savait pas vraiment comment exprimer ce qu'il pensait par les paroles orales. Il espérait qu'elle devinerait, mais il fallait croire qu'elle aussi avait les neurones gelés pour une raison inconnue – Mickey n'est pas très intuitif.

Je – je ne sais pas... Je ne sais pas ce que tu veux, traites-moi d'imbécile mais je ne sais plus ce qui se passe ! Depuis que tu es loin, depuis qu'on est en Inde, je ne sais plus penser, que veux-tu que je te dise ?

C'était sortit d'un trait, Mickey semblait alors affolé. Il paniquait, à l'idée de comprendre qu'il était à présent dénudé de toute pensée raisonnable, que tout homme aurait évidemment lors de ces moments. Ses sens le laissaient tomber, ils l'avaient carottés. C'était tout sauf rassurant, il pouvait le confirmer. Mais surtout, ce qui l'effrayait le plus était de ne plus savoir réagir, de ne plus avoir les réflexes qu'il avait acquis depuis tout jeune. Surtout la plus importante : l'habileté. Il craignait de perdre à jamais son côté débrouillard, qui l'avait sortit de tant de situations plus ou moins atypiques, comme le meurtre de ses parents.

Il déserra son étreinte pour libérer le poignet de Gemma. Un papillon affranchi, qui pourrait s'en aller si il désirait, ou qui pourrait rester. Comme un bonheur que l'on abandonne, le bonheur de posséder quelque chose d'insolite. Mickey baissa les yeux. Il ne comprenait plus son comportement. À un moment, il la saisissait, puis l'instant d'après, il la lâchait. Ça n'avait plus de sens.

Ne pars pas, je t'en supplie...

Premièrement, ne touche pas à tes aiguilles. Elles avaient été frolées entre elles, il n'y avait même pas pensé. Deuxièmement, maîtrise ta colère. Il n'était pas en colère. Troisièmement, ne te laisse jamais, au grand jamais, tomber amoureux. Il ne savait pas, pour ce point-là, si il était amoureux ou pas. Mais il voulait seulement qu'elle revienne. Car alors pour toujours à l'horloge de ton cœur la grande aiguille des heures transpercera ta peau, tes os imploseront et la mécanique du cœur sera brisée à nouveau. Il était déjà mort, la distance avait creusé sa tombe. Mais avant...

Reviens-moi.

Maintenant, on pouvait l'enterrer.

Extraits de La Mécanique du Coeur de Malzieu.

Invité Invité

Lâche-moi , n’était pas ce que je pensais . Je voulais qu’on reste soudé , à jamais . Mais , je ne voulais pas qu’il le sache . Je voulais être avec lui , autant que je voulais être loin . Malgré ces mois passés loin de lui , je n’avais pas réussi à aimer quelqu’un d’autre , à m’attacher à quiconque , j’étais devenue une fille solitaire . Triste , aussi . Ce que je voyais dans ses yeux , dans ses beaux yeux ténébreux c’était de l’ignorance . N’avait-il donc vraiment pas deviné ? N’avait-il pas comprit qu’il m’avait brisé le cœur comme personne auparavant ? Qu’il m’avait été arraché lorsque ses lèvres avaient touché celle de la jeune demoiselle si gauche qui l’avait accompagnée le soir du bal . Il n’avait rien comprit . Il avait pourtant l’air sincère , cet air d’homme blessé .

Je – je ne sais pas... Je ne sais pas ce que tu veux, traites-moi d'imbécile mais je ne sais plus ce qui se passe ! Depuis que tu es loin, depuis qu'on est en Inde, je ne sais plus penser, que veux-tu que je te dise ?

Il ignorait à quelle point ces paroles m’attristaient et me remplissaient de joie intense . Lui avais-je donc manqué ? J’étais devenue niaise à ce moment précis . Tant pis , tout le monde a un talon d’Achille . Le mien , c’était Mickey . Il lâcha mon poignet qui tomba comme une pierre pour se recoller à mon sari rouge . Je sentais la trace de ses doigts sur mes poignets . Je restais là , planté devant lui . J’étais , devant lui , sans défense .

N’as-tu donc à ce point aucune idée ? Ne te souviens plus , depuis quand on ne s’adresse plus la parole ? Notre dernier défi , ne t’as donc rien montré , démontré , apprit ?

Ma tristesse me trahissait par le son de ma voix . Mais il s’en était rendu compte , il me connaissait trop pour passer à côté de cet élément qui était face à moi en ce moment . Comment lui expliqué , que je ne voulais pas simplement être son amie , je voulais plus . Je voulais être avec lui tout le temps , je voulais qu’il me prenne dans ses bras , je voulais , être avec lui . Pas simplement voir les filles défilées devant lui , car il est vrai que le charme de Mickey ne laissait pas ces jolies demoiselles ignorantes . Il avait un charme fou , et il le savait . Il était intelligent , mais pas très perspicace .

Ne pars pas , je t’en supplie …

Je n’en ai pas envie , Mickey .

Je disais toute la vérité , et rien que la vérité . Je ne voulais pas partir , sa présence à mes côtés m’épanouissait . Des fois je faisais ce rêve si étrange , qu’on pourrait aussi appelé un cauchemar , celui où cette idiote se mariait à Mickey , et que moi je demeurerais une vieille fille , à trente ans , je resterais là , Cojato était marié lui aussi , je restais à faire les milles pas dans mon studio , moldu qui plus est . Ce cauchemar . Un cauchemar .

Reviens-moi

Je suis à Mickey . Non , non je ne suis à personne . Personne n’arriverait à me contrôler , et à me comprendre . Je ne voulais pas être dépendante , je ne voulais pas être esclave de mes sentiments . Je ne voulais pas lui revenir , je voulais qu’il comprenne . Mais je voulais aussi lui revenir . Je voulais être à lui toute entière . J’étais devenue l’inverse et moi-même . J’étais l’opposé dans un corps .

Pourquoi ?

Je n’en ai pas envie, Mickey.

Mickey s'alarma encore plus. Ses battements de cœur avaient soudainement accéléré, c'était très mauvais. Son sang coulait encore plus vite dans ses veines, comme une voiture de course qui parcourait une piste plus rapidement que la vitesse du son. Il bouillonnait, pas de rage mais d'excitation mais aussi d'un autre sentiment qu'il ne parvenait pas à définir. Peut-être un trop grand sentiment d'incompétence, d'incompréhension ou d'une absence de raisonnement. Normalement, il aurait su ce qu'il aurait du faire, la serrer dans ses bras, ou être envahi d'un énorme impression de fierté et de bonheur, mais là, il était vidé. Était-ce l'effet que faisait une femme à un homme ? Il en doutait. Mais cela ne pouvait pas empêcher des milliers et des milliers de pensées de traverser sa tête à toute vitesse, comme un tableau où on écrivait dessus et on effaçait juste après, la craie d'un main et le chiffon dans l'autre.

Reviens-moi

Pourquoi ?

Question piège. Gemma savait viser parfaitement, comme d'habitude. Enfin, il lui pardonnait, car même si il était dans l'impossibilité de lui répondre correctement, il éprouvait ce grand bien d'être à côté d'elle, à discuter avec elle – malgré leur conversation singulière – à être à nouveau près d'elle. Était-ce l'amour ? Le vrai, le pur ? Il n'aurait su dire. Si quelqu'un d'omniscient explorait scrupuleusement leur esprit, surtout celui de l'indien, y verrait-il de l'amour ou de l'affection ? Personne ne dira, quelle qu'en soit la réponse. Mais il était heureux d'être avec elle, à ce moment précis. Cela faisait si longtemps. Trop longtemps.

Mickey baissa les yeux. Il ne savait pas si il devait la regarder droit dans ses iris ou pas. Il n'osait pas, tout simplement. Il se faisait attendre, mais comment lui fournir la réponse qu'elle désirait, qu'elle attendait avec tant de hâte ? Il ne pouvait pas lui dire qu'il l'aimait, ni lui dire qu'il la regrettait – il ignorait si c'était réel, car il n'aimait pas mentir. Et n'oublions pas non plus son sens très réduit de l'égoïsme. La situation le bloquait de plus en plus.

Parce que... Parce que... Parce que je sais pas... Je perds mes moyens depuis que tu n'es plus là, je ne sais plus où je vais, je me perds, je ne dors plus... Enfin...

Il passa sa main dans ses cheveux, signe d'impuissance. Il se mordit les lèvres, signe de gêne. Il fuyait le regard de la belle demoiselle, ce qui ne signifiait rien de particulier cette fois-ci mais qui pourtant, voulait tout dire. Il lui sourit difficilement, les sourcils haussés. Il se trouvait nul, nul, nul. Nase. N-A-S-E. Pourri, pourri, pourri.

Ça ne se voit pas ? Je suis bloqué, je suis out... Si tu ne comprends pas, ce n'est pas grave. Laisse tomber.

Il lui sourit puis observa le ciel étoilé. La lune brillait toujours, elle veillait sur les deux adolescents dont l'un faisait attendre excessivement. Mickey ne baissa pas la tête. Il commençait déjà à rougir, pensant à sa question. Peut-être que cette rougeur ne se verrait pas, puisqu'ils se trouvaient dans un doux pénombre.

Je te manque ?

Ses joues s'enflammèrent. Amour ou affection ? À vous de choisir.

Invité Invité

Pendant que j’attendais la réponse de Mickey , les minutes me semblaient être des heures . Il avait poliment évité de répondre à ma question . Qu’avait-il comprit ? Tout, ou rien ? L’éclat de la lune qui traversait les vitres nous éclairait , je pouvais apercevoir mes iris sur celles de Mickey . Comme si nos yeux ne faisait alors que deux . Je restais planté là , devant lui . J’attendais une réponse . Une seule .

Parce que... Parce que... Parce que je sais pas... Je perds mes moyens depuis que tu n'es plus là, je ne sais plus où je vais, je me perds, je ne dors plus... Enfin...

Il n’avait peut-être pas idée , de ce qu’il me disait là . Il offrait un morceau de pain à un affamé . Ou une affamée en l’occurrence . En réalité , ce n'était rien de cela . Enfin , bref . J’ignorais comment je devais me comporter , comment je devais réagir à cela . Lui-même ignorait si c’était de l’amour ou de l’amitié envers mon égard . C’était sûrement plus que ces deux sentiments réunit . Mais , l’amour ruinerait peut-être tout . Notre lien était sûrement plus fort . Parfois , en rigolant nous ne disions pas : Mickey est à moi , mais alors je disais : Je suis à Mickey . Oui il y a nuance , car on ne prend alors pas l’âme de quelqu’un , mais on lui offre la sienne .

Ça ne se voit pas ? Je suis bloqué, je suis out... Si tu ne comprends pas, ce n'est pas grave. Laisse tomber.

Explique-toi Mickey . Tu me dois bien ça , après tout . Puis , ça me ferait ... Plaisir . Je t'écoute . Tu es bloqué ? Je le suis depuis ce soir-là , n'as-tu donc rien remarqué ? Depuis ce soir-là , je suis seule . Perdue parmi la foule de Poudlard , perdue parmi ces idiots , avec qui je me sens isolée . Tu es out ? Je le suis depuis que je t'ai rencontré .

J’étais peut-être allée trop loin . Mais tant pis , le mal avait été causé . J’étais trop franche . Il fallait que j’apprenne à appréhender mes sentiments et à les contrôler , en particulier envers Mickey . Le petit Indien que je connaissais depuis notre première année . Mais j’étais trop orgueilleuse pour m’avouer faible . Je n’étais pas comme ça . Je ne pouvais pas être aussi faible , j’étais Gemma . J’étais moi . Je n’étais pas naïve , je savais très bien ce que pensait les garçons à cette période . Je ne devais pas me laisser avoir par mes sentiments . J’adressais alors une petite moue à l’Indien .

Tu préfères qu'on mette les choses aux points , en qu'on parte chacun de notre côté ? Je pourrais même aller à Durmstrang , c'est bien plus proche de la Suède . Si ça nous aide , à plus nous blesser .

C’était peut-être ça la solution . Partir loin . Ne plus jamais se voir . J’allais arrêter d’être faible , il allait m’oublier . Ou peut-être serait-ce pire , il hanterait encore plus souvent mes rêves . C’était impossible de savoir , et encore moins de deviner , j’étais trop lunatique pour prévoir mes sentiments futurs .

Je te manque ?

Oui

Est-ce réciproque Mickey Rajiv ?

Bref , j’avais la qualité d’être directe , et de dire ce que je souhaitais , on ne pouvait le nier . On pouvait en revanche me reprocher d’être trop directe , ce que je ne contredirais pas . Je ne pouvais plus rien faire , Mickey avait toutes les cartes en main . Il pouvait décidé de mon avenir , si je partais ou non rejoindre mes amis du Nord , si on se reparlerait .

Ça ne se voit pas ? Je suis bloqué, je suis out... Si tu ne comprends pas, ce n'est pas grave. Laisse tomber.

Explique-toi Mickey. Tu me dois bien ça, après tout. Puis, ça me ferait... Plaisir . Je t'écoute. Tu es bloqué ? Je le suis depuis ce soir-là, n'as-tu donc rien remarqué ? Depuis ce soir-là, je suis seule. Perdue parmi la foule de Poudlard, perdue parmi ces idiots, avec qui je me sens isolée . Tu es out ? Je le suis depuis que je t'ai rencontré.

Mickey frissonna. Cette fille l'effrayait, d'une façon totalement agréable. C'était comme un petit courant d'air, que tout le monde aime bien quand il chatouille la peau. Vous souriez quand elle vous caresse doucement. Mickey sourit aussi, malgré la situation peu joyeuse mais plutôt problématique. Il espérait qu'elle ne le prendrait pas mal, car il ne la quittait pas des yeux. Il ne pouvait pas. Son cœur battait un rythme qui aurait pu cadencer une danse russe qui tournerait avec le bouton accélérer appuyé. Et une voix magnifique lui ordonnait de prendre Gemma dans les bras, mais malgré son statut de topaze, il n'osait pas. Le dégonflé. Mais chacun est comme il est, et il y a toujours une première fois à tout.

Tu préfères qu'on mette les choses aux points, en qu'on parte chacun de notre côté ? Je pourrais même aller à Durmstrang, c'est bien plus proche de la Suède. Si ça nous aide, à plus nous blesser.

Non, tu ne le blesses pas, au contraire ! Il a besoin de toi, il ne veut pas que tu partes, il en mourra, malgré sa sœur, encore seule au monde, et tous ses amis – ou soit disant amis, car comparés à toi, ce sont tous des ratés. Cette voix douce continuait à susurrer dans l'oreille de Mickey, lui commandant de parler, de faire un geste mais il ne pouvait pas. Il n'en avait pas le cran. Il avait peur de tout briser, de tout casser à jamais. Mais les yeux ne mentent pas. Ils ne peuvent pas. Et on ne pouvait y lire que de la passion et de l'envie, mais des liens invisibles le retenaient pour qu'il ne se jete pas sur elle. Pour qu'elle aussi, elle n'ait pas peur. À moins que ce ne soit ce qu'elle veut ?

Je te manque ?

Oui.

Un silence pesant.

Est-ce réciproque Mickey Rajiv ?

Une seconde pause, beaucoup plus légère; monsieur réfléchissait. Il se décidait de ne pas répondre tout de suite. Il se souvenait d'abord de chaque mot de Gemma, pour pouvoir tout dire d'une traite, comme elle, et renforcer le charme de ses paroles; ou pas. Enfin, il se décida à parler. Enfin. Enfin la fin d'une attente fébrile.

Je ne sens plus mes membres et si tu pars, je serais encore plus out. Mais je ne sais pas quoi faire, pour te rammener. Pour que tu reviennes, je ferais n'importe quoi. Car j'ai comme un gros trou dans mon ventre, comme une impression de vide – sauf que ce n'est pas la drogue ni l'alcool qui me fait chuter mais toi. Mais je ne sais pas quoi faire. Je ne sais plus quoi dire. Je ne sais plus quoi ressentir. Ne m'oublie pas ? Je te l'ai déjà dit des milliers de fois, c'était la bonne vieille époque,

Alors oui. Tu me manques. Tu me manques trop.

La balance commençait tout de même à pencher vers l'amour. Mais ce n'était pas totalement concret. Le temps ralentissait, ou le destin faisait durer les choses, juste pour les rendre insupportables. Mais le topaze avait besoin de quelques instants de plus. Quelques instants avant de se sentir totalement possédé.

Invité Invité

J’avais trop parlé . J’aurais dû partir lorsqu’il en était encore temps . Pourtant cela me faisait plaisir . J’étais idiote et égoïste à ce moment précis . Je me l’étais autorisée . J’écoutais le silence . La mosquée était pratiquement vide à ce moment . La lune nous éclairait . C’était si beau , dans ce paysage des milles et une nuits .

Je ne sens plus mes membres et si tu pars, je serais encore plus out. Mais je ne sais pas quoi faire, pour te rammener. Pour que tu reviennes, je ferais n'importe quoi. Car j'ai comme un gros trou dans mon ventre, comme une impression de vide – sauf que ce n'est pas la drogue ni l'alcool qui me fait chuter mais toi. Mais je ne sais pas quoi faire. Je ne sais plus quoi dire. Je ne sais plus quoi ressentir. Ne m'oublie pas ? Je te l'ai déjà dit des milliers de fois, c'était la bonne vieille époque. Alors oui. Tu me manques. Tu me manques trop.

Je ne pouvais pas m’en empêcher . Mon corps l’a fait son l’accord de mon cerveau . Une petite goutte d’eau tomba délicatement de mes yeux pour atterrir sur le sol de la Mosquée . Moi , Gemma Gerson , pleurait . Cela faisait tellement longtemps que j’en avais oublié l’effet . Je ne me souviens plus de la dernière fois que j’avais pleuré . Mais cette fois , mes pleurs n’étaient pas triste . Ni joyeux . C’était un mélange . Mes envies , en ce moment je ne les contrôlais plus . Je ne réfléchissais pas que je m’approchais de Mickey pour le serrer dans mes bras . Quel geste égoïste . J’abusais de mon sort . Le voile qui jadis recouvrait mes cheveux noirs tomba délicatement pendant que j’enlaçais tendrement Mickey .

Alors restons ensemble . A jamais .

Ces mots avaient l’avantage d’être net et précis . J’avais , encore une fois dans cette soirée de vérité , parlé avec mon cœur . La relation que j’avais avec Mickey m’avait fait murir . Depuis la première année , et on le savait . Depuis que je le connaissais , j’avais évolué . Je n’étais plus la jeune petite fille de quatorze toujours collée à son grand frère . J’étais devenue celle que je suis aujourd'hui . J’étais Gemma . Il était Mickey .

Tout était fini . Enfin je l’espérais de tout mon cœur . Je pouvais à nouveau serrer Mickey , je pouvais lui parler , je pouvais rire avec lui . Tout ce qui m’avait tant manqué . Tout ce qui avait fait que je n’étais plus que la moitié de moi-même , était résolu . Je pouvais enfin être à nouveau moi-même . Cette idée me remplissait tout bêtement de bonheur . J’étais probablement la fille la plus égoïste de la planète : je voulais garder Mickey pour moi tout seule . Pourtant je savais que c’était impossible , mais je l’espérais tout de même .

Pourtant une tache demeurait sur le tableau de ma joie qui semblait alors infinie . Je savais au fond de moi , que je ne serais probablement jamais avec Mickey . Ce serait bien trop compliqué . Nous sommes bien trop compliqué . Je devais désormais profiter de l’amitié de Mickey . C’était mieux que rien . On verra ensuite comment les choses évolueront-ils . Je me berçais cette phrase horrible dans ma tête . Mieux vaut imaginer le pire pour alors ne pas être déçue .

Mickey tremblait. Il ne pouvait pas la laisser tomber, elle ne pouvait pas l'abandonner comme un vulgaire petit mégot de cigarette. Ils le savaient tous les deux. Mais en attendant, ils ne faisaient rien. Elle passait seulement ses bras autours de sa taille; ils laisseraient quelques jours filer en découvrant la ville, en allant à quelques fêtes par ci par là, en faisant quelques parties de cricket, puis peut-être est-ce que ça irait mieux ? Le topaze ne savait pas, il ne voulait pas que ça se finisse aussi minablement. Il avait toujours détesté les films où les fins s'inspiraient d'autres histoires, c'était pareil pour eux deux. C'était nul. Il fallait autre chose.

Alors restons ensemble. A jamais.

À jamais. À jamais. À jamais. À jamais. Ces mots se répétaient doucement dans les tympans de l'indien, ils le berçaient, lentement mais sûrement. Ainsi, Mickaël avait l'impression d'être plus fort que tout. Mickey Dev Rajiv se sentait bien. Il avait une envie de tout jeter dans la poubelle, sa vie, sa sœur – peut-être pas en fait – Hogwarts, le Spirit; pour partir avec Gemma et faire le tour du monde, pour la énième fois. Sa respiration se coupait, tandis qu'elle le serrait, fort, fort et encore plus fort. Il la tenait aussi, avec toute l'affection du monde. Ils étaient bien. Rien ne pouvaient les stopper à présent. Plus rien. Plus rien.

Il ne fallait rien dire. Ça briserait tout. Mickey ne savait pas quoi dire de toute façon. Il voulait s'excuser. Mais qu'avait-il fait ? Il ne savait pas. Peut-être saurait-il dans les jours suivants ? Peut-être jamais ? Mais à présent que Gemma était revenue, qu'il avait l'impression d'être l'homme le plus chanceux du monde et qu'on venait de lui ôter un poids de trois tonnes qui pesait sur sa conscience. Comme la légèreté fait du bien.

Sans rien dire, il se détacha d'elle, bien qu'il se sentait tranquille et en sécurité dans les bras de la topaze. Plus personne ne devait lui faire du mal. Personne, personne, personne. Enfin. Il ne la quittait pas des yeux, il ne voulait pas qu'elle soit un rêve éphémère, qu'elle disparaisse comme si elle n'avait jamais apparu et qu'il ne reste que son parfum, doux et frais. Si ça se trouve, elle était un vampire, et elle le lui cachait, parce qu'elle possédait une beauté singulière, qui attirait et éloignait tous ses prétendants, il devinait car lui-même se sentait ainsi. Mais il n'aurait su dire si il était lui-même un courtisan envers Gemma ou juste un ami. Il hésitait. La balance penchait toujours vers le même côté. Mais il ne faut jamais tout considérer comme acquis.

Puis pour en revenir à l'impression qu'elle ait été mordue, il ne imaginait qu'elle n'était pas un de ces buveurs de sang car quand il lui prit la main, il la sentit brûlante, comme si elle avait cinquante de fièvre. Il lui sourit, avec un sentiment de confiance.

Tu viens ?

Sans lui laisser le temps de répondre, ils sortirent de la mosquée, puis rapidement, en courant et en riant, ils s'enfoncèrent dans les rues sombres et éclairées, au milieu d'une masse dense de gens, qui n'effrayait plus sous le regard bienveillant de la lune. New Delhi était encore plus merveilleux et illuminé la nuit, tout le monde savait ça.

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