Mickey Dev & Agathe Saya Rajiv étaient ensembles, à New Delhi. Ils avaient besoin de savoir, besoin de voir, ensemble, sans personne d'autre à leurs côtés. C'était le premier jour de leur arrivée dans le pays, et à peine avait-il posé ses bagages dans son dortoir que le jeune homme s'était dépêche jusqu'à la porte de la salle commune des opales. Malgré les fantômes du passé qui hantaient cette ville, il voulait découvrir et lui faire découvrir aussi. Seulement eux deux, personne d'autre. C'était comme un caprice, cependant, ça ne l'était pas. Quelque chose d'inexplicable, d'inné, mais de totalement légitime.
Mickey attendit donc longuement sa sœur. Il regardait à peine l'extérieur à travers la fenêtre, bien que l'envie de tout voir lui rongeait affreusement les entrailles. Il peinait à garder ses yeux bruns rivés sur la gigantesque porte qui donnait sur la salle commune des opales. Enfin elle émergea de son cocon et le vit. Il lui sourit. Elle semblait alors comprendre. C'était naturel, un message qui se passait par le regard. Ils sortirent donc et virent ensemble les premières merveilles du pays, juste après avoir passé l'entrée de Hogwarts. Cette douce et rassurante chaleur, ce chant d'oiseau exotique qui envoûtait délicieusement, ce soleil souriant et brillant, ce courant d'air, délicat et rafraichissant, ces rires heureux et joyeux. Il faisait attention à tout, il ne voulait rien manquer, plus rien.
Quelques jours auparavant, avant le voyage, Agathe & lui avaient discuté. Il appréhendait plus que quiconque ce voyage, une crainte lui dévorait le ventre, comme si elle lui disait d'une voix trainante mais cruelle qu'il serait plus en sécurité en Angleterre qu'en Inde, que ses souvenirs allaient surgir d'une façon tellement imprévue qu'il en resterait marqué à vie. Cependant, le fait que sa sœur, peureuse elle aussi, accepte d'y aller, pensant qu'il serait toujours là pour elle à ses côtés, dès qu'elle en aurait besoin, l'avait convaincu à la suivre. Mais cette voix languissante lui murmurait qu'il avait fait une faute, une erreur qu'il aurait pu éviter. Peut-être était-ce la voix du Spirit ?
Il n'était pas loin, Mickey le savait. Était-il envoûté ? Il n'avait aucun symptôme. Il ne manifestait aucune colère soudaine ni excès d'égoïsme. Il n'était infesté. Mais le Spirit n'était jamais trop loin. Juste trop près.
C'est beau, dit-il en s'arrêtant un instant sur le seuil du château.
Puis il reprit sa route, et instantanément, ils se retrouvèrent dans la foule dense et variée de New Delhi. Marchands, touristes, voleurs, enfants, clients. Il y avait de tout. Ils s'engouffrèrent dans de nombreux chemins qui les menèrent vers le bidonville, où une ambiance tantôt misérable, tantôt agréable reignait. Mickey regardait, à droite à gauche. Lorsqu'il réalisa qu'il avait perdu Agathe. Il ne la voyait plus, elle n'était plus là, à côté de lui. Une bouffée de panique l'étouffa brusquement. Il s'affola, bouscula tout le monde, brayant le nom de sa sœur. Était-ce les assassins de leurs parents qui savaient qu'ils allaient arriver et qui avaient pris Agathe ? Il disparaitrait bientôt alors, lui aussi. Mais pour l'instant, il la cherchait, angoissé, agité. Une femme, une indienne, tenta de le calmer, bien qu'elle ne comprenait pas ce qui se passait.
Il la cherchait, la cherchait encore et encore. Elle semblait avoir disparu du paysage, elle semblait s'être évaporé. Il ne voyait plus son sourire, ni un brin de ses cheveux couleur chocolat. Elle s'était envolé. Comme un oiseau, trop libre et émerveillé, envoûté par cette porte ouverte. Peut-être était-ce ce malheur qu'avait prédis la voix ? Celui de ne plus jamais revoir sa sœur ? Il n'espérait pas. Il continuait à sonder, en s'avançant sans réfléchir entre les gens et les vaches et les motos et les voitures. Certains se plaignaient, l'insultaient, mais il n'avait pas le temps pour s'excuser. Puis soudain, il s'effondra, désespéré. Elle semblait avoir totalement disparu...