&
shurabell & miss prerogative

ALL THE WAY TO HELL I'LL PLAY

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Satine n’avait nullement l’intention d’être discrète.
Et lorsque Satine se contrefichait d’être remarquée – c’était même peut-être le but -, elle marchait d’un pas décidé, la tête haute, les épaules droites, la démarche assurée. Elle ignorait royalement les quelques regards que pourraient avoir les étudiants qui croisaient son chemin. Elle poursuivait simplement sa route, comme si elle était seule à Hogwart, comme si elle régnait sur les lieux. Un règne qui reviendrait aux Blackhart, un jour où l’autre, elle en était persuadée. Sa famille était réputée pour sa cruauté, son égocentrisme. Personne ne pouvait rivaliser avec la plus ancienne famille de sang pur que le monde sorcier ait pu connaître. Pas un seul moldu n’était parvenu à franchir les lignes des Blackhart. Bien sûr, il devait y avoir eu quelques amourettes sans conséquences entre les membres de l’illustre descendance et l’un ou l’autre moldu particulièrement intéressant. Mais jamais un humain normal n’avait pu concevoir une progéniture bâtarde avec un Blackhart, c’était tout simplement inconcevable.
Les Blackhart ne se mélangeaient pas aux Moldus, les Blackhart ne se mélangeaient à personne. Ils procréaient entre eux, quitte à mettre au monde des Sorciers aux déformations psychologiques notables. Les aînés de Satine n’étaient-ils pas le meilleur exemple ? Schizophrénie et paranoïa paralysaient littéralement la vie en communauté de ses frères. Elle-même était atteinte d’une bipolarité incontrôlable. Son humeur oscillait constamment entre l’excitation, la volubilité, l’énergie impossible à canaliser – l’amour pour son jumeau, irrépressible, brûlant – et la mélancolie profonde, la jalousie maladive, la colère sourde, la froideur extrême – le mal être lorsque Eethaniel semblait trouver plus d’intérêt ailleurs. Influencée par ses humeurs changeantes, Satine pouvait se révéler être quelqu’un d’adorable ou d’exécrable. Si la jeune femme n’en était jamais venue à envisager le suicide comme une solution lorsqu’elle se sentait délaissée, il était certain que sa bipolarité l’empêchait de créer un réseau social autour d’elle, surtout lorsqu’elle était en pleine période de crise – à savoir, presque constamment.
Son allure prétentieuse n’aidait certainement en rien alors qu’elle pénétrait dans la bibliothèque. Elle ne prit même pas la peine de regarder si d’autres élèves tentaient de travailler et elle s’enfonça dans l’allée centrale avant de disparaître entre les rayons. Elle ne s’arrêta qu’une fois arrivée à destination, devant l’étagère consacrée aux vampires. Les yeux foncés de Satine parcoururent la rangée de livre avec rapidité et elle recula d’un pas, prenant une pose typiquement féminine, le poids ramené sur une jambe, les mains posées sur ses hanches fines. Son visage trahissait son agacement tandis qu’elle cherchait un ouvrage particulier.

- Où est-ce que tu es, imbécile ? marmonna-t-elle entre ses dents en levant le nez pour parcourir les étages supérieurs.

Son regard s’illumina lorsque les mots tant recherchés apparurent. Un sourire satisfait naquit sur ses lèvres roses et elle formula une brève incantation pour faire descendre le livre alors hors de portée. L’épais volume atterrit délicatement sur ses paumes ouvertes et elle rangea rapidement sa baguette avant d’ouvrir le livre, toussotant en respirant le nuage de fumée qui se dispersa.
Elle se frotta élégamment le nez et plongea son attention sur les mots alignés.
Vampires. Le qualificatif résonna dans la tête de Satine comme une sonnette d’alarme. Jamais auparavant elle n’avait été confrontée à ces créatures étranges et le fait de les côtoyer quotidiennement dans les couloirs d’Hogwart et même dans sa propre maison – Emeraudes – la dérangeait fortement. Elle n’aimait pas ignorer les points forts et faibles d’ennemis potentiels. Raison pour laquelle elle était venue dans cet endroit qui sentait le renfermé, afin de recueillir un maximum d’informations au sujet des êtres dangereux qui la cernaient.