Papa;

J'espère que tu vas bien. Pour ma part, tout va pour le mieux, surtout depuis que je me suis éloignée de toi. Jamais, au grand jamais, tu ne seras plus dans la capacité de me faire souffrir une nouvelle fois. Je vais être franche, j'en ai eu ma claque de tout ce manège durant mon enfance, ainsi que mon adolescence. Maintenant que je me retrouve ici, à Poudlard, je me sens déjà largement mieux. Si tu savais le soulagement que cela provoque de ne plus avoir peur que tu surgisses dans ma chambre en pleine nuit. Non, bien sûr, tu ne peux pas imaginer, puisque tu me faisais subir tout ça. Ce n'est pas toi qui devait craindre tout cela. Et sache que maintenant que je me retrouve ici, je suis libre aurais-je envie de dire, bien que nous soyons sous étroite surveillance. Rien de bien réjouissant, bien entendu, mais cela l'est tout de même plus que si je devais rester vivre avec toi. Ne crains rien, je ne te veux aucun mal. Après, si je rencontre quelqu'un ici, et que cette personne est un sorcier, et qu'il connaît mon histoire, mon passé douloureux, peut-être en aura-t-il après toi, je n'en sais rien, je n'ai pas le pouvoir de lire dans une boule de cristal. Sache malgré tout que tu vas me manquer puisque je ne reviendrais pas pendant les vacances, et quand bien même, à la fin de l'année scolaire, je rentrerais à la maison pour récupérer mes affaires et m'installer - seule, loin de toi et de Frederic. Je vous aime, mais je vous déteste en même temps. c'est assez paradoxal, mais bon, je n'y peux rien. J'ai toujours été ainsi sur les bords, tu me l'as si souvent répété.
Maintenant, si tu veux bien - quoique tu n'as pas ton mot à dire, je suis majeure je te rappelle - je vais tirer un trait sur toi et recommencer une nouvelle vie, une vie meilleure que celle que tu m'as "offerte" des années durant.
Sur ce, je te laisse, il faut que je trouve un hibou pour te porter cette lettre. Sans mon affection,


« Je contemplais cette lettre. Une bouffée de rage m'envahit, ce qui m'était assez inhabituel, je dois l'avouer. J'avais enfin pris le courage à deux mains pour lui dire ses quatre vérités, et ainsi tirer un trait sur tout cette histoire. Je n'en pouvais plus de souffrir comme si j'étais la fautive. Etait-ce ma faute si ma mère était décédée à ma naissance ? Je ne pense pas, mais en tout cas, ce n'était apparemment pas l'avis de Papa et de Frederic, mon frère. Ma présence dans cette école avait un effet bénéfique sur moi, elle m'apaisait bizarrement. Brusquement je me levais, faisant racler ma chaise sur le parquet de ma salle commune. J'attrapais vivement ma lettre, et essuyais furtivement une larme qui glissait sur ma joue droite. Je masquais mon malheur par un sourire, sourire auquel tout le monde semblait croire. Il m'en fallait peu pour être crédible. Cela était bien pratique parfois. Je me dirigeais lentement vers la volière, lieu d'où, apparemment, j'étais censée envoyer ma lettre. Heureusement pour moi, un hibou était là, prêt à rendre service. J'eus un sourire en lui accrochant la lettre à la patte, et le regardai s'envoler au loin, après que je lui aies indiqué bien évidemment l'adresse de la résidence Graham, dans la banlieue chic de Londres, là où j'avais toujours vécue. J'apposais mes coudes sur le rebord de l'ouverture, et me mit à réfléchir. Il fallait que je mette mon année à profit, pour récolter les meilleures notes possibles, bien que passer quelques heures en retenue ne m'embêtait guère, puisque j'avais tendance à enfreindre le règlement pour des balades nocturnes, et autres plaisirs en solitaire ou accompagnée... Des bruits de pas se firent entendre juste derrière moi, et je sursautais. Que pouvais-je être bête, je n'étais pas la seule élève dans le château, et cette volière n'était pas mienne...