▬ WHEN I WAS YOUNG
C'est un jour de 1592 que naquit Bela Elecktra Simonov. Jeune fille unique. Sa mère décéda en couche, et elle fut élevé par un père qui ne désirait alors qu'un garçon. Bien que cette petite tête blonde présentait tous les aspects physique d'une petite fille, son père lui apprit à devenir forte, à se montrer puissante. Puisque de toute évidence, il ne fallait pas non plus s'imaginer qu'il allait lui offrir des poupées et la mettre aux cuisines. Raté non. Bela apprit à être rebelle, forte, inconsciente, franche, directe. Adieu les sentiments enfantins et tout mignons que sont la timidité, la gentillesse. Arrogante dès l'enfance, elle était la digne fille de son père. Adorable petite enfant. Ou pas. En tout cas, une seule chose était sûre, cette fille unique a tous les aspects d'un enfant unique. A huit ans déjà, on sait qu'elle sera une fille difficile et énervante. Vilaine, ses camarades ne l'aiment pas, et puis, elle aime être seule, c'est mieux que d'être mal accompagnée n'est-ce pas ? Et elle grandit...

A 16 ans, c'est elle qui fait la loi à la maison. Et son père subit, encore et encore. Lui obéir étant plus simple que de faire le contraire, puisque cela semble l'agacer au plus haut point, que justement, on puisse ne pas vouloir lui obéir. Cruel comportement. Comment pourrait-on aimer ça de toute façon hein ? Enfin bon, la petite, pas bien difficile de la cerner. D'apparence, elle est énervante, dure, chiante, arrogante et affreusement méprisable. Mais on ne peut pas lui en vouloir, elle aurait eu une meilleure éducation, tout se serait probablement mieux passé. C'est là qu'intervient donc l'absence de sa mère et l'envie de son père d'avoir un fils. Tant de points différents qui sont capable de rendre la vie d'une personne totalement différente.

Ah la lèpre... Encore un de ces nombreux points qui nous empêche à tous de vivre tel que l'on puit le souhaiter. La mort, le seul moyen le plus radical d'empêcher à chacun de vivre tel que l'on puit le vouloir. La mort emporta Bela la nuit de ses 18 petites années. Mais alors que tout portait à croire que les choses seraient terminées, cela ne fut pas le cas, loin de là... Cet homme, cet inconnu... Lorsque ses dents pénétrèrent sa chair, il modifia son histoire. La rallongeant, encore et encore jusqu'à lui valoir l'éternité. Douce, délicate. Et pourtant, pleine de ces choses qui seraient bien loin d'être simple. Cela allait de soit. Oh très cher petite, te voilà... Vampire.

Apprendre à vivre vampire sans celui qui nous a créer, mais que l'on peut trouver si l'envie nous prend. Développer une force inconsidérable. Avoir les yeux qui changent de couleur, la peau qui pâlit, des cernes à s'en damner, avoir une température corporelle plus faible. Avoir toutes les cellules de son propres corps mortes, pleurer des larmes de sang. Etre invincible, immortelle. Pouvoir tuer d'un mouvement de bras. L'attirance du sang. Et tuer. Encore et encore. Transformer un humain sans aucune raison. Le laisser nous suivre. Se nourrir, boire le traitement, perdre ses forces, ne plus prendre le traitement, redevenir le vampire que nous sommes. Voici un quotidien. Et les années passent, encore et encore. Son père meurt, ses amis si peu nombreux déjà, et des générations, encore et encore.

Mais aujourd'hui, le monde n'est plus ce qu'il était. Les vampires se cachent, encore et encore. La vie n'est plus possible non. Tout n'est plus que ruine dans leur monde à eux. Et ils ne peuvent rien dire puisqu'on les traque, encore et encore. Et comment se mettre à aimer ce qui cause tout ça hein ? Le sang de vampire est le seul antidote contre la possession du Spirit. Alors on les cherche, on les pourchasse, pour leur voler leur sang. Et cette vie de reclus n'est pas faite pour Bela non. Elle aime qu'on lui obéisse, elle aime se faire remarquer, mépriser le monde encore et encore. Tuer les humains, et se nourrir. Mais même pour ça, elle ne le peut plus. Sous peine de se faire remarquer. Quoi que bien sûr, l'envie de s'emparer d'une ou deux personnes ne lui échappent pas, on ne peut pas échapper à notre volonté n'est-ce pas ? C'est ainsi que nous sommes fait, c'est notre nature, voilà tout.


▬ AND NOW

1 février 2O94.

Mon regard était rivé dans le miroir, cherchant bêtement une trace d'une quelconque soif, d'une envie de sang, mais je en ressentais rien. Mes cernes semblaient avoir doucement disparu, mon teint n'était plus si pâle que ça. Et mes yeux... Mes yeux étaient bleu. De ce bleu dont je ne connaissais plus rien depuis l'histoire de la lèpre qui nous avait emporté, mon père et moi. Et pourtant, voilà que je revoyais ce regard. J'avais envie de pleurer, de frustration, de rage. J'étais humaine et je ne le voulais pas ! Me traversait doucement l'idée que désormais, le Spirit pouvait s'emparer de moi et de mon poing, je brisai doucement le miroir devant moi. Des larmes ruisselants sur mon visage mais non pas des larmes de tristesse non, de rage. Ah si j'avais devant moi ceux qui m'avaient rendu comme ça !

Je n'y avais pas cru, lorsque devant moi, l'homme avait déclaré que nous étions redevenus humains. Oh, bien sûr que je l'avais compris, doucement, je m'étais senti différente, mais malgré tout, on ne peut pas dire que c'est le genre de chose auquel il est si facile de croire. Oh non, c'est même totalement impossible. J'étais redevenue humaine et déjà, je savais que j'avais perdu toute ma force, ma puissance, mon énergie. J'avais l'impression de m'être vidé de toute substance, de ne plus être capable d'être respectée. Allait-on encore m'obéir, si je n'étais plus tout ça. J'étais vide, tellement vide, que j'aurais tout donné pour disparaître.

Je regardai le sang ruisseler de ma main, le regard rivé sur le liquide rouge qui s'échappait. Voilà que je m'étais vulgairement blessée avec un miroir. Allais-je me vider de mon sang, mourir bêtement alors que je venais d'être retransformée en humaine? Stupide ironie, mortelle, je meurs de suite. Immortelle, rien ne m'atteins. Attrapant un mouchoir, j'essayai alors bêtement de stopper le sang mais il ne voulait pas s'arrêter. Je voulus donc le porter à ma bouche, en lécher les principales blessures, nettoyer, ne serait-ce qu'un peu. Mais le goût métallique du sang me fit reculer les lèvres et une grimace apparut doucement sur mes traits. Ce goût ne me disait plus rien. Je ne voulais plus de sang, mais j'avais faim. Je n'avais rien mangé, ou plutôt bu, qui ne soit pas du sang, depuis des centaines d'années. Le simple fait de vouloir autre chose que du sang me rendait à la limite du fragile. Heureusement alors que j'avais fermé la porte à clef derrière moi, je me trouvais si stupide, fragile et inutile. Doucement, je passai ma main valide sur mon visage, puis, je finis par m'asperger la tête d'eau bien froide, tentant vainement alors de me calmer, mais cela ne serait à rien bien sûr. J'en venais à me donner mal à la tête, j'étais ridicule oui, vraiment. J'entendis la poignée dans mon dos bouger, et je compris qu'il était temps pour moi de sortir de là. Me lavant les mains, je tentai de faire partir le sang, mais il coulait encore, cela ne servait à rien bien entendu.

Déverrouillant la porte, mon regard se posa sur une parfaite inconnue qui me fusillait du regard. Encore hier, j'aurais pu la tuer d'un mouvement de bras. Mais là, je n'avais plus que dix huit petites années, j'étais humaine, et je n'avais pas la moindre force dans le corps. Lui jetant à mon tour un regard glaciale, je la bousculai en sortant pour finir par retourner dans la salle. Soupirant, rouspétant et me trouvant minable. J'étais dans un fastfood.