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| ▬ Laissez tomber les masques. [PV Adam] | |
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| Sujet: ▬ Laissez tomber les masques. [PV Adam] Mer 19 Mai - 13:46 | |
| Sa chevelure dorée ramassée en un chignon impeccable, une longue robe éclatante épousant ses formes parfaites, un maquillage léger rehaussant le bleu intense de ses yeux et colorant d’une couleur tendre ses lèvres, Helena Carlton parvenait presque à oublier ces quatre dernières années où elle n’avait été que l’ombre d’elle-même. Elle se pencha à la rambarde du grand balcon, et observa les quelques calèches qui montaient le long du chemin de gravillons. Au loin, deux paires de phares montraient que même quelques sorciers se laissaient attirer par les voitures… magiques, évidemment. La belle Suédoise corrigea son maintien, puis rentra. Le manoir qu’elle avait acheté quelques mois auparavant, par l’intermédiaire d’Ingvar, n’avait rien à envier aux quelques demeures encore intactes de Kensington. Certes, cet endroit n’avait pas la même prestance, ni la même classe que tous ceux qu’elle avait côtoyé, mais si elle voulait se revenir dans le monde de la sorcellerie, elle devait faire son apparition le plus près possible des évènements. Et c’était à Londres que les choses se passaient.
Sursautant presque, la main gauche de la sorcière blonde se leva pour agripper un long morceau de bois caché dans un renflement du tissu de sa traîne. Le majordome qui venait de faire son apparition se raidit, attendant un sortilège qui ne vint finalement pas.
« Qu’y a-t-il Ingvar ? » « Les invités commencent à arriver, ma dame. » « Bien, dis aux elfes de maisons de faire le nécessaire, je vais bientôt descendre. » « Oui ma dame. »
Le vieux Suédois inclina le buste face à elle, tourna des talons et disparu dans le couloir. Elle l’avait, en définitive, emmené avec elle, plus par envie que par besoin. Ce foyer regorgeait d’elfes, il suffisait qu’elle claque des doigts pour qu’il en apparaisse deux prêts à satisfaire ses moindres désirs. Mais Ingvar était en quelque sorte le moyen pour elle de se sentir un peu plus chez elle dans ce pays étranger. Un bruit significatif la tira hors de ses pensées. Venant d’au-dehors, des dizaines de « plop » signalaient l’arrivée des sorciers. Ils apparaissaient hors de l’enceinte de la résidence, regardaient un peu autour d’eux, puis avançaient sur le petit chemin en riant ou en chuchotant. Ils ne s’attendaient pas à prendre part à une soirée qui ferait réapparaître une personne que tout le monde croyait morte… Non, ils pensaient simplement qu’une certaine Britta Dahl, une vieille femme, avait décidé d’organiser un bal masqué en l’honneur du nouveau Merlin. Et par les temps qui courraient, un peu de distraction, un peu de mondanité, n’était pas de refus. Helena, de son côté, avait fait le nécessaire pour que l’on ne comprenne pas qu’elle se cachait derrière tout ça. De même qu’elle avait fait en sorte de vérifier l’identité de chaque sorcier présent, de façon à éviter qu’un envoûté ne vienne gâcher ce moment si important pour elle. Son réseau d’informations avait travaillé d'arrachepied durant d’interminables semaines afin de pouvoir lui certifier que les personnes qu’elle voulait convier n’étaient pas sous l’emprise du Spirit… quoi que rien ne l’assuraient qu’entre ce matin et ce soir, ils n’aient pas été « contaminés ». Un frisson parcouru la jeune femme qui secoua finalement la tête. Elle s’apprêtait à sortir de sa chambre quand un regroupement de sorciers attira son attention. La majorité étaient vêtues de robes sombres, et observaient les alentours avec une habitude professionnelle évidente. Parmi eux, un homme, aux cheveux beaucoup plus clair, d’un blond platine, attira son regard. Comme autrefois. Malgré la distance, elle eut presque l’impression de croiser son regard. Seulement, ce n’était pas encore le moment, alors elle s’esquiva et suivit le chemin qu’Ingvar avait prit dans le couloir envahi par la pénombre.
Elle avait eu le sentiment d’être revenue des années auparavant. A cette soirée organisée par Mme de Lemarc, où leurs iris, d’un bleu si différent, s’étaient croisés. Accrochés, pour ne plus se quitter. Comme aimantés. Helena soupira, profitant des quelques minutes durant lesquelles elle allait encore être une femme oubliée pour se laisser aller au doute. Seulement, elle avait gardé cette fierté qui la caractérisait, aussi releva-t-elle le menton deux secondes plus tard. Elle lissa les plis imaginaires de sa robe rouge carmin, et, sortant sa baguette de sa cachette - à savoir sa traîne qui commençait au niveau de son épaule droite - elle fit apparaître son masque de bal. Elle caressa du bout des doigts les arabesques sur la porcelaine. Encore un peu d’anonymat au moins jusqu’à ce qu’elle ait atteint son premier objectif, à savoir dévoiler à Adam qu’elle était en vie, avant de le faire publiquement. Seulement maintenant qu’il était entouré de cerbères vigilants, elle était moins sûre d’arriver à lui adresser la parole sans que cela ne soit vu et entendu de tous. Mais elle se devait d’essayer. Elle était Helena Carlton, pas une simple sorcière de bas étage. Elle réussirait. Elle se redressa, inspira profondément et écarta le lourd rideau rouge derrière lequel elle se cachait jusqu’ici, jeta un bref coup d’œil à la foule qui commençait à se former, à l’orchestre dans un coin, au banquet qui attirait déjà des affamés, aux différentes fontaines à boissons toutes plus complexes les unes que les autres, puis elle se fondit dans la masse, son masque sur le visage. |
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| Sujet: Re: ▬ Laissez tomber les masques. [PV Adam] Jeu 20 Mai - 15:47 | |
| Je peux presque les sentir. C’est la sensation la plus délicieusement enivrante que j’ai connu depuis des décennies. C’est comme si je voyais les portes des bureaux ministériels s’ouvrir à la volée, les équipes des différentes brigades magiques s’emparant sans ménagement des fonctionnaires qui depuis tant d’années prônent la collaboration envers les moldus, prônent le vivre ensemble, la disparition des sangs purs, l’ouverture au monde, la prolongation du code du secret, l’égalité entre eux et nous. Bref les parasites, les vermines, le cancer qui nous ronge et qui a donné assez d’audace aux moldus pour qu’ils la tuent, elle. Aujourd’hui ils vont enfin avoir ce qu’ils méritent, tous autant qu’ils sont. Depuis la passation de pouvoir il y a deux jours de cela, depuis que tous les ministères du monde magique – du monde magique libre de Spirit s’entend – sont passés sous le contrôle du nouveau Seigneur des Sorciers à savoir moi même, une restructuration a commencé.
La corruption est en voie d’éradication. Les différents services d’aide aux moldus et autres stupidités sont peu à peu démantelés, leurs dirigeants envoyés assez loin pour ne plus nuire. Les diplomates ont transmis une ligne totalement nouvelle aux dirigeants moldus, qui pourrait se résumer approximativement par : « désormais nous faisons de la magie ou, quand, et comment nous voulons sans plus nous soucier de votre technologie, de vos peurs ridicules ». En somme les changements que j’ai toujours rêvé de voir se produire se produisent sous mes yeux. Et tandis que je suis assis à mon bureau, lové dans mon fauteuil de cuir, écoutant d’interminables rapport, je me dis que je ne saurais être plus satisfait de l’évolution des choses.
Et pourtant je suis troublé. Alors que j’explorais mon propre y esprit grâce à la légilimencie pour trouver la sérénité et l’apaisement après tous ces événements j’ai eu des flash étranges, des prémonitions d’ordre magique. Floues. Obscures. Limitées à un visage, mais quel visage. Non pas que ça soit la première fois mais je suis convaincu qu’il y a autre chose. Une chose que je ne pourrais pas atteindre si je reste à m’occuper des affaires courantes. Je rouvre les yeux qui étaient restés fermés tandis que je réfléchissais aux différentes informations qu’on m’apportait. La pièce dans laquelle je me trouve est couverte d’une moquette noir et or, agrémentée de divers tableaux de la renaissance sorcière et de meubles du plus grand style premier empire français. Une baie vitrée aux stores fermés donnant sur un luxuriant parc privé se trouve derrière moi. La demeure a été rachetée récemment dans le but de me servir de pied à terre à Londres.
- Laissez moi, tous.
Inclinant la tête respectueusement, les sorciers présents dans la pièce s’en vont en fermant la porte d’acacia à double battant derrière eux. Je m’attarde un moment sur les gravures qui figurent sur la porte en question. Elles remontent à des âges oubliés et narrent les batailles de sorciers de l’antiquité contre d’effroyables créatures dégageant une indicible antiquité. Dommage que ces dessins ne portent pas sur le Spirit, je saurais comment le vaincre dans le détail. Soupir. J’ai pris le pouvoir mais le Spirit n’a pas l’air de l’entendre de cette oreille. A supposer que sa forme originelle intègre des organes auditives. Je suis interrompu dans mes songes par des coups légers à la porte. Le sorcier que j’autorise à entrer s’incline et semble ennuyer d’avoir à me porter un message. Si ennuyé que je devine qu’il s’agit d’une énième invitation à quelque nouba grotesque. Mais finalement son visage laisse penser qu’il y a autre chose.
- Mon Seigneur, pardonnez cette intrusion. Une certaine Brita Dahl vous a invité à un bal pour célébrer votre accession au trône de Merlin. Néanmoins nous avons fait des recherches. Il n’y a pas de sorcière de haut rang nommée Brita Dahl. Toutefois nous nous sommes opposés à des fausses identités et à des subterfuges si habiles que nous avons failli nous y laisser prendre. Tout indique qu’il s’agit d’un piège. Que souhaitez vous que nous fassions ?
Je croise les mains et je laisse ma tête reposer sur mes doigts joints, songeur. Normalement je devrais ordonner qu’on cerne l’endroit et qu’on capture les responsables mais un étrange sentiment me pousse à ne pas le faire. Je n’ai pas le don de la voyance contrairement à Anya et à d’autres, pourtant j’ai l’irrationnelle conviction qu’il faut que je me rende là bas, même si je n’ai aucune idée du pourquoi. J’émets un léger soupir tandis que mon vis à vis attend toujours ma réponse.
- Je désire… m’y rendre. Faites toutefois le nécessaire pour que la brigade magique soit prête à intervenir si il s’avère que tout cela est une machination à mon encontre.
Il s’incline une nouvelle fois et sort. Quant à moi je me lève et je fais apparaître une cape noire pourvue de dessins au fil d’or qui s’ajuste par dessus mon complet sombre. D’un pas assuré je franchis la double porte de mon bureau, suivi immédiatement par trois membres du personnel de sécurité. La maison, bien plus grande à l’intérieur qu’à l’extérieur m’oblige à passer par une succession de couloirs et de bureaux, jusqu’à ce que, arrivé sur le perron, je monte dans un carrosse magique d’un style adapté à la soirée qui s’annonce.
Tandis que le trajet se fait, grâce aux chevaux un peu aidés par magie, je regarde Londres défiler devant mes yeux. Certains sorciers devinent qui se trouvent dans le véhicule et pointent un doigt vers moi au bénéfice de leur entourage. Il semble que je sois assez populaire alors que je n’ai finalement eu que peu de contacts avec le public. D’un autre côté je sais bien qu’une figure connue aide à se rassembler et à avoir de l’espoir quand bien même la figure en question n’est qu’un symbole. Donc cet état de grâce ne m’est pas réellement dû. Mais qu’importe c’est assez agréable.
Finalement nous arrivons devant le manoir dans lequel se déroulera la fête. Avant de descendre de mon véhicule j’enfile un masque qui évoque un ange noir. Puis, bien encadré de cinq cerbères en formation impeccable, je pénètre dans le manoir qui sert de cadre au piége qu’on me tend sûrement. Mon arrivée fait s’interrompre les conversations tandis que tous se tournent vers moi et s’inclinent respectueusement. Je parcours la salle en direction de la zone implicitement réservée aux plus influents sorciers présents, composée de sièges martelés d’or et de gracieuses tentures. L’éclat des lustres éclairant notre progression je prends place dans un fauteuil noir. Aussitôt une nuée de solliciteurs vient vers moi.
J’écoute d’une oreille distraite, arbitrant les querelles sans trop laisser paraître mon ennui. Soudain un bref mouvement teinté de rouge attire mon attention à la limite de mon champ de vision. Je me tourne et je vois une femme vêtue d’une robe carmin, au visage couvert par un masque blanc or et aux magnifiques cheveux blonds. J’ai un hoquet stupéfait. Cette silhouette, cette forme de visage, c’est impossible mais elle m’évoque irrésistiblement… je peine à ordonner mes pensées. C’est impossible, je crois reconnaître ces formes et cette chevelure mais non. On se rend compte de mon trouble autour de moi. Quand je parle c’est d’une voix blanche.
- Excusez moi mais qui… qui est cette femme là bas, robe carmin et masque blanc or ? |
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| Sujet: Re: ▬ Laissez tomber les masques. [PV Adam] Sam 22 Mai - 19:06 | |
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| Sujet: Re: ▬ Laissez tomber les masques. [PV Adam] Dim 23 Mai - 10:08 | |
| Les membres du personnel de sécurité du Ministère provisoire, dans un bel exemple de professionnalisme sortent leurs baguettes en un instant dès qu’un mouvement anormal est perceptible dans la foule des invités. Deux se placent devant moi, deux derrière et un de chaque côtés tandis que, aux aguets, les autres braquent leurs baguettes sur le patronus qui vient d’apparaître comme si celui ci était Boggy Clames, le fameux braqueur de Gringotts. Quant à moi je suis méfiant et j’ai déjà quelques sortilèges redoutables en tête à jeter avec ou sans baguette. Si cette chose brillante que je vois s’approcher tient, par exemple, une bombe magique, elle n’aura pas le temps de l’utiliser. Quoique le lévrier qui finit par s’arrêter devant nous semble bien inoffensif je ne relâche pas tout à fait la tension. Un patronus peut en cacher un autre.
N’empêche, je ne peux me retenir d’admirer la beauté de ce type de sorts. Cette créature purement magique douée toutefois d’une intelligence primaire dont le pelage éthéré semble fait de vif argent et dont la course évoque celle de quelque esprit des contes de fées est superbe. J’ai toujours trouvé que les patronus étaient une très belle magie. Finalement une voix masculine qui m’est inconnue se met à sortir de la créature magique. Je me masse les temps sous l’effet de la contrariété. Cette soirée ne s’est pas encore avérée être un piége mais le moins qu’on puisse dire c’est qu’elle n’est pas ordinaire. Tout comme le message. J’hésite sur la conduite à tenir. J’envoie des gens arrêter l’homme qui « attend son heure » sur le balcon le plus au Nord ne façon à ce qu’il s’explique et qu’il aille terminer son attente dans une prison pendant un ou deux mois ou j’y vais moi même ?
Je songe que les balcons sont de toute façon étroitement surveillés et qu’un groupe suspect n’aurait pas pu s’y positionner sans être au minimum interrogé sur les raisons de ce rassemblement nocturne en dehors de la fête. Il ne doit donc y avoir, en effet, qu’un seul homme. Bien sûr l’homme en question peut encore utiliser des explosifs magiques pour se faire sauter, ou incendier la zone avec lui avec. Soupir. Depuis que j’ai été sacré je ne pense plus à ma vie propre mais à ma vie de Seigneur des Sorciers et, comme le disait le maître du protocole, de « protecteur du peuple ». Deuxième soupir. Ah qu’importe !
Je me lève et je fais signe à mes cerbères d’empêcher qu’on me suive. Mon plus fidèle chien de garde, Vladimir Salovski, un colosse russe de deux mètres trois de haut avec une musculature en proportion et un talent magique certain me suit. Nous grimpons discrètement les escaliers et nous parcourons les salles vides en direction du balcon. Un étrange frisson me parcours. En bas c’est la fête et la lumière, les étages supérieurs eux sont plongés dans la pénombre et l’oubli, et l’on peut même distinguer de la poussière sur certains meubles. Cela donne du corps à l’hypothèse des services de renseignement comme quoi cet endroit a été acheté il y a peu et était auparavant laissé à l’abandon.
- Mon Seigneur, vous avez une idée de ce dont il s’agit ?
Je jette un coup d’œil à Vladimir. Il est surprenant qu’il ait posé cette question. Visiblement il n’est pas qu’un tueur efficace, il a aussi assez de cerveau pour remarquer mon trouble. Je ne répond pas tout de suite, prenant le temps de réfléchir. Une invitation mystérieuse dans un endroit récemment racheté par quelqu’un qui, logiquement, n’était pas à Londres auparavant. Une femme qui… qui m’a fait penser… Et cette histoire de balcon… J’ai en effet une idée qui vogue dans les limites de ma conscience mais je ne peux la formuler clairement en pensée.
- Peut être. Vous m’attendrez devant le balcon, je crois que nous y sommes presque.
Après que nous ayons monté encore un escalier nous arrivons au dernier étage du manoir. Mon cœur se serre quand je vois des miroirs fêlés et des dorures fanées. Tout dans cet endroit respire le passé, la gloire passé et le temps qui ravage. Est ce un hasard ? Mon esprit choisit de m’offrir une vision du passé dans un lieu qui en est à ce point chargé. Ce débat avec moi même est de toute façon stoppé quand j’arrive devant le balcon. J’y pénètre, baguette levée. Un homme d’un certain âge est là. Je suis surpris par le « monsieur ». Et je me méfie d’autant plus puisque les réfractaires ont dans leurs objections symboliques au nouveau pouvoir le titre qu’on me donne.
Le reste est assez convenu. J’hésite. Les minutes passent tandis que discrètement, avec toute ma maîtrise de la légilimencie je m’introduis dans l’esprit du vieux majordome sans qu’il ne s’en aperçoive, pouvant toutefois noter son habileté, suspecte, dans l’occlumencie, que je manque souvent d’éveiller. Je ne peux pas aller très loin dans sa psyché consciente sous peine de me dévoiler mais j ‘ai toutefois la certitude qu’on ne me tend aucun piège ce soir. Je fais signe à Vladimir et aux deux autres cerbères qui sont venus en renfort voyant le temps passer, de partir. Ils sont surpris mais obtempèrent. Je m’avance légèrement vers l’homme.
Le bon choix dit il ? Je l’écoute. Ce type m’est relativement sympathique, comme peuvent l’être tous les comploteurs envers la personne qu’ils ciblent. Je ne pense pas qu’il ait pu m’abuser par occlumencie toutefois. Je suis toujours le plus grand legilimens du monde magique, et d’après ce que j’en sais cet homme non. Donc je suis relativement confiant. Néanmoins avant qu’il ne tourne les talons je vrille un regard aussi glacé que la mort dans ses yeux aimables et ma voix s’élève doucement, impitoyable et tranchante.
- Je pense que vous dites la vérité. Mais sachez une chose, si jamais ceci se révèle être un piége, le commanditaire mourra de mes mains, et je vous retrouverais pour vous faire subir le même sort. Et cela ne sera pas rapide.
Sur ces entrefaites nous partons chacun de notre côté, tandis que lui est suivi par des experts en filature du département des aurors du ministère provisoire. Mais c’est seul que je descends les marches qui me mènent à l’étage précédent et que je contourne les réjouissances pour accéder au jardin depuis un chemin détourné. En passant je m’arrête devant une peinture accrochée au dessus d’un meuble en chêne. L’œuvre représente un homme fait de verre dont la tête se fissure. Une vague appréhension croît en moi et je me retiens de désintégrer le tableau d’un geste coléreux.
Finalement j’arrive près du jardin. Un beau jardin. Je jette un coup d’œil mélancolique aux fleurs disposées à la française dans les allées soigneusement dessinées. Une senteur agréable se dégage de l’endroit, comme un mélange de santal et de jasmin. Je traverse un petit chemin entouré de roses de toutes les couleurs. Une forte nostalgie s’empare de moi. Pourrais je goûter un jour au plaisir de parcourir de nouveau de tels endroits sans m’inquiéter pour tout ce qui vit autour de moi et pour moi même ? Soudain une lumière vive m’empêche de réfléchir davantage. Sans que je puisse déterminer ce qui me fait avancer si vite, j’adopte presque une démarche de course pour me rendre vers l’endroit. Depuis quelques minutes je sens que le destin frappe à ma porte ce soir et je refuse de le manquer. Finalement une femme.
La femme à la robe rouge. Je m’arrête, saisi par cette vision. Et soudain… je flanche. Je vacille. Tel l’arbre foudroyé de Johann Wolfgang von Goethe je sens ma force s’évanouir. Car cette voix est celle d’Helena. Je ne répond pas, je sous le choc. Et puis je me place devant elle, pâle comme la mort, les yeux creusés et exhalant une tension perceptible. D’un geste emporté de baguette je retire nos masques. Devant moi apparaît alors l’impossible réalité de mon âme morte qui revient à moi. C’est son visage. Sa voix.
- H e l e n a ?
J’articule avec peine, la gorge enrouée. Et puis je m’oublie. Je la serre dans mes bras, presque avec violence, comme si je voulais la fondre en moi. Une larme, une seule, coule. Je sais que je vis dans un rêve et que la magie me reprendra bientôt ce qu’elle m’accorde dans ce long songe, je sais que c’est juste un présent de magie, quelque chose de totalement irréel, mais qu’importe. Mon souffle est toujours coupé quand j’arrive à articuler un deuxième mot.
- Comment ? |
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| Sujet: Re: ▬ Laissez tomber les masques. [PV Adam] Mar 25 Mai - 1:00 | |
| Elle entendit une respiration hachée. Son masque blanc et or vola tandis qu’elle se retournait finalement. Avant qu’elle n’ai pu voir le visage du sorcier, il l’entoura de ses bras avec une brusquerie telle que le peu de souffle qui lui restait dans les poumons fut expulsé. Il la serrait contre lui comme si elle était devenue sa bouée de sauvetage, et en un sens, c’était peut-être le cas. Aussi bien pour lui que pour elle. Il lui demanda « comment ? » et sa gorge se serra de nouveau. Par où devait-elle commencer ? Elle enfouit son visage dans le creux de son cou en réfléchissant. Son odeur la fit sourire. Il portait toujours le même parfum. Là, blottie comme elle l’était, elle se sentait à l’abri du monde, et il lui était facile – l’espace d’un court instant cependant – d’imaginer que rien de ce qu’elle avait vécu n’avait été réel. Mais dès qu’elle entendait un bruit provenant de la soirée non loin, la réalité reprenait ses droits et son cœur s’alourdissait. Une goutte fraîche vint s’écraser sur son épaule dénudée. Il pleurait ? Elle fut tentée de s’écarter de lui pour vérifier, mais elle s’y refusa au dernier moment. L’Adam qu’elle avait connu ne laissait jamais ses sentiments passer de façon aussi claire. Rien ne filtrait à travers son masque d’indifférence légère qui lui avait valu une réputation d’homme froid et distant. Sauf parfois, lorsqu’il était avec elle. Mais jamais à ce point. Et brusquement, cette larme, cette petite perle d’eau salée la fit se sentir coupable. Pourquoi ne pleurait-elle pas, elle ? Ses yeux pâles restaient désespérément secs malgré la douleur qui grandissait dans sa poitrine. Maintes fois, elle avait repoussé les vagues de la peine, les remettant à plus tard, se jurant de laisser éclater sa tristesse lorsque le moment serait venu. N’était-ce pas le cas à présent ? Alors pourquoi rien ne venait ?
« Je suis désolée… » murmura-t-elle d’une voix cassée.
Ses doigts s’agrippèrent au tissu qui recouvrait son dos. Elle étouffa un gémissement de plainte mêlée de souffrance. Pleurer, lui montrer qu’il lui avait manqué, c’était la moindre des choses. Pourtant, c’était le calme plat. Malgré les battements vifs de son cœur. Malgré sa gorge serrée.
Les secondes passèrent. Elles devinrent des minutes. De longues minutes qui permirent à Helena de reprendre contenance avant de réussir à se séparer de lui. Elle détailla sans aucune gêne le visage de celui qu’elle avait tant aimé. Et qu’elle aimait toujours. La larme qu’il avait versée avait tracé un sillon humide le long de sa joue, pour venir mourir le long de son menton. Elle tendit sa main droite, l’approcha puis interrompit son geste. Avait-elle le droit de le toucher après une si longue absence ? Supporterait-il toujours son contact ? Elle frémit, se reprit et sa main termina sa course sur le visage du Seigneur des Sorciers. De l’index et du pouce, elle essuya la traînée sombre laissée par l’eau, puis effleura le dessin de ses lèvres avant de laisser son bras retomber le long de son corps.
« J’ai survécu. Je me suis battue. Et je suis revenue. »
Elle marqua une pause, tourna ses iris bleutés vers le manoir illuminé, puis baissa le regard.
« J’ai mis du temps à me remettre physiquement, et encore plus mentalement. J’étais… brisée, Adam. Je crois en tout cas que je l’ai été pendant cette période. C’était… une chose… »
Sa voix mourut. Elle prit une inspiration, fuyant toujours le regard de l’américain.
« Et puis, j’avais perdu ma baguette. Sais-tu ce que c’est, de se sentir incomplet pendant des mois et des mois ? De ne plus pouvoir faire de magie ? D’avoir l’impression d’être devenue une Cracmol ? De sentir la magie couler dans tes veines sans pouvoir l’utiliser, sans savoir comment l’évacuer ? Moi, je le sais. Et je te prie de le croire, Adam, c’est une véritable torture. »
La femme aux cheveux blonds reprit sa respiration, une main diaphane posée sur sa poitrine comme si c’était une torture que de faire passer l’air dans ses poumons. Elle déplaça une mèche torsadée qui s’était échappée de son chignon si parfait pour se glisser devant ses yeux puis osa enfin rediriger son regard vers Shave. Il n’avait rien dit durant son court monologue. Son air était presque inexpressif, il avait l’air perdu. A la fois émerveillé et terrifié. A la fois conscient du réel et perdu dans l’imaginaire. Elle se mordilla doucement la lèvre inférieure.
La question à ne pas poser. Comment pourrait-il aller alors qu’elle surgissait de son passé tel un fantôme ? Comment pourrait-il aller un tant soit peu alors qu’elle était restée muette durant ces années où il avait dû vivre dans l’horreur d’apprendre un jour que l’on avait finalement retrouvé son cadavre ?
« Oh, Adam… » soupira-t-elle en baissant la tête, écrasée par le poids du remord.
Il avait le droit de lui en vouloir. De la repousser. De la questionner. Il avait le droit, parce qu’elle le lui donnait de bon cœur. Et elle ne lui demanderait pas de la pardonner, elle attendrait qu'il le fasse lui-même. Elle comprenait, et ce peut-être mieux que quiconque sur cette Terre, la souffrance qu’il avait enduré jusqu’ici. Parce que malgré tout, elle était restée proche de cet homme. Proche à un point tel qu’il lui semblait savoir parfaitement ce qu’il ressentait, ce qu’il pensait. Mais peut-être se trompait-elle ? Peut-être que lui n’avait cure de ses sentiments à elle. Le doute l’assaillait de nouveau. Le doute malsain, celui qui s’infiltrait dans son esprit affaibli. Le doute, tout simplement. Et la peur. |
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| Sujet: Re: ▬ Laissez tomber les masques. [PV Adam] Jeu 27 Mai - 14:14 | |
| - Désolée ? Je suis moi incapable de te dire ce que je ressens. Oh Helena… il ne s’est pas passé un instant sans que ton visage ne me hante. La nuit tu venais toujours me visitais et je revivais cette explosion en détail, toujours, toujours, toujours. Je sais que tout cela n’est qu’un rêve, que tout cela n’est pas réel. Mais néanmoins… plutôt vivre dans cette illusion que de me réveiller un jour.
Helena, pourquoi ne pleures tu pas ? Tu montre si peu d’émotions… c’est un rêve. C’est mon rêve. Est ce comme cela que j’imagine nos retrouvailles ? Moi qui suis faible et toi qui est forte, trop forte. Quel rêve étrange. J’ai pourtant toujours été du marbre et maintenant je laisse tomber ce petit cristal depuis mes yeux, je le laisse couler et scintiller sur ta robe. C’était si réaliste… si réaliste. Comme ces cheveux blonds sur mon épaule qui scintillent au clair de lune comme si ils étaient fait d’or blanc. Je refuse de penser que ce n’est pas un rêve mais… Merlin, que se passe t il ? Ma tête n’est plus qu’un réceptacle fêlé de pensées contradictoires et de questions sans réponse. Tandis que Helena-du-rêve est toujours blottie contre moi je reste statique et complètement impuissant.
Quand elle se dégage je suis surpris que tout soit encore à la même place et que rien n’ait bougé ou ne se soit estompé. Et puis elle avance sa main. Soudain je suis saisi de colère. Ce songe commence à m’ennuyer, il devient cruel, elle s’apprête à me toucher et quand elle fera je serais bien obligé de penser à tout ce que j’ai perdu, encore une fois. Toutefois je ne fais rien. Tétanisé. Comme foudroyé. J’ai un frisson quand sa main me touche. Est ce que… non. Je ne veux pas y croire. Je ne veux pas y croire. C’est impossible. Tu ne peux pas être là, devant moi, tu m’aurais cherché, tu serais venue bien plus tôt. Je ne comprends pas. Donc ça n’existe pas.
Je reste sans réaction quand elle me parle de sa baguette, me contentant de pâlir ostensiblement à l’idée de perdre la mienne. J’imagine avec peine l’horreur de ne plus vivre dans la magie. Et puis… et puis… comment pourrais je affronter ta question ? Si ça va ? Je serre les dents. Je ne dis rien. Je la laisse continuer à parler, à m’abreuver des rêves et de mots qui me sont étrangers depuis l’explosion de ce magasin, depuis que les moldus ont assassinés l’étoile qui brillait dans mon ciel si obscur. Et quand elle a fini je m’effondre.
Littéralement. Je m’effondre. Car je viens de comprendre que tout ça est réel. Grâce à un peu de magie sans baguette. Un petit sort de sortie de rêve qui n’a pas fonctionné. Alors oui, le grand Adam Shave s’effondre lamentablement et s’assoit au sol comme le dernier des imbéciles. Je ne peux pas décrire ce qui me passe par la tête tant tout est contradictoire. Je l’aime. Je la hais. Elle m’a tant manqué. Pourquoi est elle revenue ? Je voulais que ça soit un rêve. Je suis heureux que ça n’en soit pas un. J’ai versé une larme. Je le regrette. Je ne le regrette pas.
D’autant que j’en verse d’autres. Je pleure. Comme un enfant. Comme une loque. Pendant deux ou trois minutes je verse quelques larmes solitaires sans sangloter, silencieux comme la mort, la mort qui fait une apparition ce soir pour me rendre ce qu’elle m’a pris si cruellement. Finalement je m’adosse contre un piédestal près d’un massif de rose. Et je te regarde. Je te regarde comme si je ne t’avais jamais vu, je te dévore des yeux comme si tu étais la seule chose que je puisse voir dans le monde, comme si tu étais une bouteille d’eau providentielle dans le désert aride de ma tristesse et de ma haine du monde, comme si je voulais boire ton regard magnifique.
- Pourquoi ? Pourquoi avoir attendu ? Je n’ai jamais cessé de t’aimer Helena. Tu as toujours été… tu as toujours été… la seule a pouvoir me toucher. Tu es mon âme et ma vie. Pourtant je suis le seul à pleurer. Je suis le seul à être surpris. Sais tu à quel point j’ai souffert ? Tu as perdu ta baguette mais moi je t’ai perdu. Chaque jour sans toi, chaque nuit sans ta chaleur, chaque instant sans une pensée pour toi vivante, chaque seconde de chaque minute a été ma mort. Et tu viens ce soir, organisant une sinistre comédie que tu as dû mettre des années a préparer, alors que ces années nous aurions pu les utiliser. Nous aurions pu… nous pouvions…
Ma voix se brise. Mes yeux s’égarent dans de lointaines solitudes. Mon timbre devient rauque et éloigné.
- Le plus dur a été de ne jamais retrouver ton corps. Toutes les nuits tes morceaux étaient placés à un endroit différents par le souffle de l’explosion. Toutes les nuits l’horreur s’imposait à moi sous une forme différente tandis que je maudissais la création pour ce qu’elle m’avait pris. Tandis que ma vie n’était plus qu’une mort.
Je me relève. Je prends son visage d’albâtre dans la paume de ma main droite. Je devrais t’embrasser. Mais je n’y arrive pas. Je t’aime mais je suis en colère. Et par dessus tout j’ai peur que tout s’évanouisse et que jamais je ne te retrouve, que ce soit un piége cruel. Alors au lieu d’un geste tendre j’en suis réduit à me répéter.
- Pourquoi ? |
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| Sujet: Re: ▬ Laissez tomber les masques. [PV Adam] Dim 30 Mai - 0:36 | |
| Et elle ne pleurait toujours pas. Rien, pas le moindre frémissement ne venait altérer l’air inexpressif qui s’était installé sur son beau visage. Les paroles d’Adam glissaient sur elle, s’accrochant aux blessures qu’elle n’avait pas réussi à refermer, écorchant sa peau parfaite, visant avec la perfection d’un chasseur son cœur affaibli. Pourtant, elle était triste, et elle souffrait de voir celui qu’elle avait tant aimé montrer sa peine d’une façon qui ne lui ressemblait décidément pas. Chaque geste qu’il faisait, elle le suivait de son regard glacé. Comme sculptée dans du marbre, la silhouette d’Helena ressemblait à s’y méprendre à celle d’une statue. Seules les quelques mèches, échappées de sa coiffure, qui s’agitaient sous la légère brise prouvaient qu’elle était vivante. Puis, finalement, elle frémit. Lorsque sa paume vint saisir délicatement son visage, elle frissonna.
Doucement, ses paupières se ferment. Elle voudrait répondre, mais d’abord, elle savoure ce contact. Depuis combien de temps n’avait-elle pas été touchée ainsi ? Avec autant de douceur, avec un amour quasi-palpable… Elle aimerait rester ainsi encore quelques minutes, mais elle a peur qu’il n’enlève finalement sa main, aussi se décide-t-elle à ouvrir les yeux. Elle ouvre la bouche, mais aucun son ne sort. Ses iris pâles, tristes, la dévisagent et elle sent ses pommettes s’empourprer de honte. Que pense-t-il d’elle ? La trouve-t-il devenue aussi froide que la glace ? Aussi insensible et inflexible qu’un être sans cœur ? Un frisson parcourt une nouvelle fois sa colonne vertébrale.
Elle secoue brièvement la tête en se rendant compte que ses paroles pouvaient être interprétées d’une autre façon et se corrige.
« Je… n’aurais pas pu. C’était trop difficile. Et j’ai mis du temps avant de pouvoir me relever… Je ne voulais pas… »
Elle cherche ses mots, son regard se perd dans la pénombre du jardin.
« Je ne voulais pas être un fardeau pour toi, Adam. »
Tant de choses qu’elle aimerait lui dire mais qu’elle n’ose pas. Elle voudrait lui avouer, du bout des lèvres, qu’elle ne voulait pas se montrer si faible devant lui. Elle souhaitait lui confier, d’une voix affaiblie, qu’elle était trop fière pour être revenue vers lui en rampant, sans sa baguette. Et par-dessus tout, elle aurait voulu lui confesser qu’il lui avait manqué durant ces longues années passées à se reconstruire. Qu’elle n’avait cessée de penser à lui, à ce qu’ils avaient partagé, à ses sentiments à son égard. Mais au lieu de ça…
« Regarde jusqu’où tu es arrivé, sans moi… Tu es le nouveau Seigneur des Sorciers. Leur phare. Tu as réussi… »
Elle fait un geste vague de la main, tentant d’être enthousiaste mais le cœur n’y est pas. Son cœur s’est éteint dès qu’elle a prononcé ces mots indignes d’une femme aimante. Elle recommence à fuir son regard, non pas parce qu’elle est gênée, mais parce qu’elle refuse de le regarder dans les yeux alors qu’elle sait qu’elle le déçoit. Pire, qu’elle lui fait du mal. Elle se recule, rompant le contact entre sa paume et sa joue, puis cache son visage entre ses mains en se retournant. Si elle ne reconnaissant plus Adam, elle-même n’arrivait pas à se reconnaître. Où était passée cette femme sûre d’elle, mais à la fois emprunte de vie et de sentiments ? Est-ce que cette explosion l’avait blessée plus profondément qu’elle ne l’avait crue, ou bien était-ce ce long isolement qu’elle s’était forcé de maintenir pendant cinq ans qui l’avait anesthésiée au point qu’elle se sentait comme morte ?
Elle s’excusait. Encore une fois. Comme si cela pouvait l’aider à recoller les morceaux cassés.
« Ce n’est pas… ce que tu crois… ni ce que j’ai voulu dire… je… »
Elle croisa lentement les bras, donnant l’impression qu’elle essayait de se réchauffer, puis elle se tourna vers le sorcier. Il attendait. Il écoutait. Que faisait-il encore ici si elle l’avait tant déçu ? N’aurait-il pas dû tourner des talons et disparaître au loin comme un mirage ? Ou juste lui faire comprendre qu’elle n’était plus la bienvenue auprès de lui, cela lui aurait suffit. Être fixée. Juste être fixée.
« Je ne t’ai jamais oublié, Adam. Et je n’ai jamais cessé de penser à toi… mais je ne suis pas revenue parce que je ne pouvais pas supporter l’idée de me montrer aussi affaiblie devant toi. Toi, qui m’avait toujours paru si fort et si audacieux. Comment aurais-je pu me montrer devant toi, sans baguette et encore blessée par cette explosion ? Tu m’as demandé pourquoi je ne m’étais pas présentée à toi plus tôt, et voilà ta réponse. Par fierté mal placée. Par peur aussi. Oui, j’avais peur que tu ne me rejettes. Que tu ne vois en moi qu’une poupée déboîtée et incapable de t’aider. Je ne voulais pas être un fardeau, je ne voulais pas voir le rejet dans tes yeux. » elle marqua une pause et reprit sa respiration « Et même si je l’avais voulu, Adam, je n’aurais jamais pu effacer de ma mémoire ton visage, ta voix ou les moments passés ensembles. Alors non, je ne pleure pas… Mais cela vient peut-être du fait que j’ai fini par oublier comment ressentir… »
Helena baissa le regard vers ses bras croisés. Elle posa une main sur sa poitrine, à l’emplacement de son cœur palpitant, et eut un sourire désabusé, triste.
« Je le sens se débattre comme s’il voulait sortir. Et je m’étonne que tu ne puisses pas l’entendre… Pourtant, même si je ne peux nier qu’il bat, je ne ressens pas sa chaleur. J’ai l’impression d’être… »
Elle releva la tête et ancra ses iris bleutés dans les siens. Sa vision se troubla. Des larmes ?
« Tu pleures. Tu t’énerves. Tu t’indignes. Tu parles. Tu ressens. Tu dis avoir souffert. Que ta vie n’était plus qu’une mort… Mais tu es plus en vie que moi. »
Ce n’était pas un reproche qu’elle lui faisait mais une simple constatation. Et il avait fallu qu’elle se trouve devant lui pour se rendre compte à quel point son absence avait été une torture pour elle. Ce trou béant dans sa poitrine ne lui avait jamais paru si vide qu’à cet instant. Alors, c’était ça, la mort ? L’oubli ? Quel sentiment affreux… Quelque chose roula le long de sa joue droite. |
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| | | | ▬ Laissez tomber les masques. [PV Adam] | |
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