L'union fait la force ?

Peut-être que les vampires redevinrent ce qu'ils étaient autrefois, des créatures éternelles et surpuissantes. Néanmoins, le Spirit régnait toujours impitoyablement sur la Terre, continuant d'envoûter les moldus pour se nourrir de leurs âmes.
L'annonce d'une possible solution pour éradiquer l'entité fit son apparition et bouleversa une nouvelle fois le quotidien peu glorieux de tout un chacun, leur redonnant à tous une bribe d'espoir. Les consciences se disaient que si le Spirit avait pu être vaincu une première fois, ce devait être à nouveau réalisable ?
Une réunion fut alors organisée, conviant sorciers, vampires et humains voulant définitivement mettre terme au pouvoir du Spirit. À cette occasion, chaque espèce espère élire trois chefs qui sauront les diriger avec vigueur, pour qu'ils les mènent vers un monde meilleur.
Après avoir protégé le site des intrus avec d'innombrables sorts pour empêcher l'invasion d'envoûtés, l'assemblée peut enfin débuter.

Ordre de passage
Leonard M. Fritch - Saskia S. Andropov - Aisling J. Wolfe - Anya Hope Fairy - Adam Shave - Mickey D. Rajiv - Charlotte Leonhart

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Il l'avait senti, lui aussi. Cette horrible douleur pourtant salvatrice, celle qui avait ramené ses pouvoirs de vampire. Il avait souffert, c'était sûr, dans ce corps d'humain. Il avait fait la connaissance de drôles de personnages, avait risqué sa peau plusieurs fois et avait retrouvé .. Leslee. Mais sur ce passage, il ne voulait pas trop s'épancher. Elle était envoûtée et il ne pouvait plus rien faire pour elle, si ce n'était que compatir sur son sort et se lamenter d'avoir perdu l'amour de sa vie. Il était vraiment pathétique, et encore plus sans pouvoir. Il s'était frotté au spirit également, et avait failli mourir, mais il était là, aujourd'hui, en chair et en os, et surtout, plein de ses pouvoirs de vampires.

On lui avait « retiré » son âme, et maintenant, ses yeux arboraient une couleur assez différente de la norme, sa soif de sang était revenue, ses réflexes imparables et surtout ses sens décuplés étaient là où ils devaient être. Il était redevenu lui même, Leonard M. Fritch, et plus ce misérable humain qui se cassait la figure toutes les trois minutes. Il était encore honteux d'avoir pu être si pitoyable sans sa rapidité de vampire et essayait de chasser ça de sa tête depuis qu'il avait recouvré ses pouvoirs. Bela aussi les avait, bela qui l'avait tant réprimandé sur le risque qu'il avait pris en se baladant la plupart du temps la nuit sans ses pouvoirs, et elle était encore plus énervée et sadique que d'habitude. Je la suivais, je la suivais, mais à force, cela devenait assez énervant.

Cette journée était froide, et le vent soufflait à son plein. Les jours se ressemblaient de toute façon en Angleterre, soit pluvieux, soit venteux, mais il arrivait parfois qu'il y ait du soleil. Leonard n'aimait pas ces jours là, bizarrement, surement son instinct de vampire primaire qui ressortait. Le jeune vampire s'habilla très simplement d'une chemise et d'un jean pour partir à une réunion organisée pour renforcer les liens entre les différentes espèces, et il espérait fortement que cela ne donnerait pas sujet à une attaque surprise de chausseurs qui les draineraient de leur sang. De toute façon, son espoir de retrouver Leslee était mort, ce qui ne donnait plus grand sens à sa vie, à part Bela. Elle, n'avait pas souhaité l'accompagner, pour une raison qu'il ignorait.

Le chemin jusqu'à la galerie commerciale désaffectée se fit sans aucune encombre. Il parcourait le chemin d'ombre en ombre, à une vitesse défiant tout humain, et se sentait incroyablement bien de pouvoir faire ça à nouveau. En arrivant, il remarqua qu'il était le premier arrivé. L'objectif de tous, détruire le spirit, mais il sentait que ce ne serait pas facile du tout.

Il n’y avait rien en ce monde que Saskia détestait plus que les envoutés. C’est pourquoi il n’était pas surprenant qu’elle tienne à se rendre à l’assemblé pour discuter de ce problème. Elle avait à cœur la chute du spirit et était prête à tout pour y arriver, ainsi, lorsque venu l’heure de la réunion, elle sortit de son appartement et se dirigea vers le lieu de rencontre secret qui leurs avaient été donnée. Ce soir, elle se trouverait en compagnie de ses semblables, de sorciers et même d’humains, Saskia espérait bien réagir lorsqu’elle se retrouverait face à face avec l’odeur de leur sang. Après tout, elle venait tout juste de redevenir immortelle et elle ne savait pas encore comment bien se contrôler, cela n’était pas vraiment comparable avec la soif qu’elle ressentait lorsqu’elle est devenue vampire, mais étrangement, elle avait beaucoup de difficulté à contrôler sa soif. Les heures qui passaient rendait se problème de plus en plus anodins et c’est pourquoi Saskia se convaincu de se rendre au lieu de rencontre quand même, elle en serait capable, tout ce qu’elle devait faire s’était d’avoir confiance en ses moyens et ça elle était bien loin d’en manquer.

Elle ne put que constater à quel point les lieux étaient bien protéger lorsqu’elle arriva sur place. Même si elle ne pouvait rien voir n’y rien ressentir, ce qu’elle s’était fait dire à propos des sortilèges qui avaient été lancé sur les lieux ne pouvaient qu’être vrai. En pénétrant dans l’enceinte, la vision qui s’offrait à elle était pleine de quiétude malgré ses temps de guerres, une sensation divine de sécurité. Saskia ne douta pas qu’aucun envoûté envoyé par le Spirit de pourrait faire leur apparition ce soir. Elle avait prit la peine de venir en avance afin de ne pas faire partit des retardataires. Lorsqu’elle regarda autour d’elle, elle remarqua qu’il n’y avait qu’une autre personne d’arrivé et Saskia savait de qui il s’agissait pour l’avoir croisé à quelques reprises. Elle alla prendre place près de l’autre vampire et attendit l’arrivé des autres participants de cette réunion. Même si pour l’instant tout était tranquille, Saskia savait que cela allait bientôt changer, l’ambiance qui règnerait une fois tous les participants réunis serait bien différente. Les humains et les sorciers avaient toujours eu bien du mal à contenir leurs émotions et il serait impossible de ne pas les ressentir…

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Les couloirs désaffectés de la galerie dégageaient une multitude d'odeurs et de pestilences qui en cet instants avaient des allures de parfums extraordinaires pour Aisling. Elle parcourait les allées aussi rapidement et silencieusement qu'un fantôme, elle se sentait si légère et si puissante à la fois.... elle avait retrouvé sa grâce, sa rapidité, sa force, mais surtout ses sens!
Elle qui était si "vieille" et avait parcouru les années avec une patience insouciante, avait vécu ces deux derniers mois comme une éternité. Sa solitude et sa rage s'étaient retrouvées affadies et tuées dans l'œuf aussitôt qu'elle était redevenue humaine.
Sa perception des choses s'était obscurcie, tout était plus..cotonneux, moins précis, moins franc...c'était donc ça d'être humain: hésitant, faible, effrayé des conséquences, si..... vulnérable...
Toutefois, cette période de véritable calvaire, de cache cache avec les chasseurs, lui avait apporté un temps nécessaire à la réflexion. privée de sa grandeur, elle s'était retrouvée dans l'impossibilité d'assouvir sa vengeance, et tous les efforts qu'elle avait du déployer à se cacher dans la masse, à survivre, à être humaine, avaient rendu plus tenues les raisons déjà peu justifiables de sa venue à Londres.

Certes, elle était toujours aveuglée par la haine du Spirit, des sorciers qui avaient éteint la lumière de ses jours comme on souffle une vulgaire bougie, mais à quoi bon se porter au même niveau qu'eux?
Peut-être y- avait-il un autre moyen? plus subtil? moins irraisonné? Ce n'était pas dans sa nature de se ruer vers le combat sans avoir de stratégie, et d'ailleurs, tout le monde savait, surtout les vampires qui pouvaient se permettre le luxe d'attendre longtemps, que le vengeance est un plat qui se mange froid. Quitte à se rendre justice soi même, autant s'en donner des moyens exemplaires et imparables.
Elle esquissa un sourire inquiétant... sa folie ne l'avait pas quittée avec son immortalité, et n'avait aucune raison de s'être estompée en la retrouvant... juste une folie peut être un peu..plus douce..

D'ailleurs c'était pour ça qu'elle avait décidé de se rendre à cette réunion. Toute l'humanité n'avait pas à payer pour son histoire...seulement un groupe suffirait. Et si le Spirit avait une chance d'être éradique, elle était toute ouïe et prête à quelques concessions. Après tout elle était l'une des rares vampires à avoir coopéré aussi intensément avec les sorciers lors de ses études à Poudlard, et son "double statut" pouvait se révéler utile pour les vampires lors des débats.
Elle traversa les barrières magiques, sentant sur sa peau de marbre une aura étrange et impalpable. Elle balaya du regard la grande pièce presque vide, et reconnut Leonard Fritch, dont elle avait entendu parler à plusieurs reprises dans sa famille de Russie, et avait croisé à quelques reprises.
La vampire blonde, elle l'avait vue, durant la guerre à Moscou et avait combattu dans les mêmes rangs, mais ne connaissait pas son nom.
Parfait, elle n'était ni la première, ni la dernière sur les lieux.

Elle s'approcha d'eux lentement, avec assurance, les salua d'un hochement de tête perceptible uniquement par ceux de sa race, et leur adressa un sourire discret, comme pour partager avec eux le soulagement fier et secret d'avoir retrouvé sa vraie nature, puis s'installa, à leurs cotés, attendant l'arrivée des prochains conviés.

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Le spirit. C'était le débat du moment, on ne parlait que de cela. Plus du fait que, bien entendu, les vampires étaient de nouveau des créatures de la nuit buveuses de sang. La sorcière ne pouvait pas imaginer quelle sensation ils ressentaient. En fait, si, elle le pouvait. Lorsque toute cette petite histoire d'humanité c'était terminée, elle avait vu un vampire se réjouir d'une proie humaine. La jeune femme avait sentit ce que le vampire avait sentit. Une délivrance. Ils pouvaient enfin redevenir l'inhumain qu'ils étaient, ces créatures capables de rattraper le bus alors que ce dernier était à un certaine vitesse, capables d'entendre un rat courir à plusieurs mètres à la ronde. Ils étaient de nouveau ce qu'ils avaient toujours été et ce qu'ils ne pourraient laisser derrière eux. Il y avait des exceptions bien entendu, mais comme le mot les qualifient si bien, elles étaient rares.

Cependant, si Anya se dirigeait vers la galerie commerciale désaffectée ce jour-là, ce n'était pas à cause des vampires. Non, avec toute cette histoire dans les journaux, de nombreuses personnes - dont elle-même - avaient été dans le besoin d'en savoir plus, ou du moins d'en parler. Cette réunion fut donc organisée afin de permettre aux différentes "races" de choisir un chef qui les mènerait à une victoire contre le spirit. La brunette se rendait là-bas plus par curiosité qu'autre chose. Elle voulait savoir ce qu'il se passait et surtout ce que les différentes personnes en pensaient. Il était certain qu'il fallait s'allier au lien de ce faire la guerre, c'était quelque chose d'évident et ce depuis le commencement. Seulement, il avait fallu attendre que de vieux écrits soient trouvés avant que les différents clans ne décident de s'allier.

En traversant les protections magiques, la sorcière eut un léger frisson. Ce dernier ne provenait en aucun cas de la froide température ambiante, ni même du vent qui soufflait plus que jamais, mais des protections elles-mêmes. Elles seraient efficaces, certes, mais contrairement à certaines personnes, Anya ne se sentait pas en sécurité à l'intérieur. Plus... piégée. Il était cependant trop tard pour renoncer à cette réunion et elle avança vers les quelques personnes déjà présentes, annonçant sa venue bien avant qu'ils puissent la voir en vue de ses talons qui claquaient violemment sur le sol glacé. Après être arrivée à quelques mètres des inconnus, la jeune femme remarqua qu'il s'agissait de trois vampires. Elle espérait fortement ne pas être la seule humaine, sans quoi cette réunion risquait d'être bien trop... froide.

Elle salua le groupe avant de se positionner à leurs coté, attendant les prochains arrivants. Le vent soufflait horriblement et la demoiselle serra un peu plus le long manteau de cuir qu'elle avait sur les épaules. La prochaine fois, elle se souviendrait parfaitement qu'il ne fallait en aucun cas s'habiller d'une simple robe par ce temps-là et surtout que le gens de la radio avaient peut-être eu raison après tout...

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Enfin. Tout s’est assemblé exactement comme je l’ai désiré pour donner lieu à ceci. J’ai un sourire aux lèvres tandis que je marche, suivi de sorciers asiatiques, européens, américains, qui vont m’apporter leur soutien. J’ai ce sourire tandis que je passe les protections magiques que j’ai contribué à ériger, escorté par des protections avec deux jambes et une baguette. J’ai attendu ce moment depuis plusieurs années. Car pour moi l’issue fait peu de doutes. D’ici à la fin de cette réunion la première phase de mes objectifs sera atteinte. Le choix des deux autres « chefs » n’a aucune espèce d’importance selon moi. Les moldus sont des moldus, créatures inférieures qui ne pèsent aucun poids et que les sorciers peuvent faucher comme le blé. Quant aux vampires, je doute qu’ils soient nombreux ceux qui accepteront de se plier à l’autorité d’un chef quelconque. Et même dans ce cas, eux ne disposent d’aucune infrastructure. Alors que nous, nous avons encore de nombreux ministères avec tout ce que ça implique.

Et l’intéressant c’est que, comme Merlin autrefois, le sorcier choisi dirigera toutes ces institutions. En somme donc, là où les moldus auront peu de poids à cause de leur faiblesse, et les vampires à cause de leur manque d’organisation et de leur nature indisciplinée, les sorciers auront un avantage certain. Et alors, dès que le Spirit sera vaincu, on verra ce qu’ils feront, les moldus, quand enfin nous viendrons leur demander des comptes, leur expliquer pourquoi ils saccagent la Terre, leur expliquer pourquoi ils vont devoir cesser. Et ce qu’ils risquent si ils persistent.

Je passe devant une glace et j’ai le temps de me jeter un bref coup d’œil. Je porte un costume bleu nuit coupé sur mesure avec une grande élégance, mon monogramme au revers. Ma cape est noire avec quelques petites fioritures de fil d’or. Une broche la ferme, représentant un serpent en train d’attaquer, dont les yeux sont faits de rubis. Mes pairs sont également vêtus. Le chinois porte une robe inutilement complexe avec des fresques animées. Le russe est pour le moins austère, un simple complet noir. L’allemand est égal à lui même et porte une chose hideuse en vert kaki. J’aime bien la tenue de la française, très chic. D’ailleurs c’est avec elle que je converse plaisamment. Elle regrette que la réunion ait eu lieu dans un tel lieu et pas avec tout un décorum. Je le regrette aussi mais il ne faut pas choquer la plèbe en affichant trop de sécurité et de bien être.

Finalement nous arrivons dans la pièce. Je parcours des yeux l’assemblée déjà réunie, ignorant superbement la majorité, cherchant des têtes précises. Des Andropov… oui, j’en vois une, mais pas encore Alexei. Et chez les sorciers… personne de notable. Ici et là il y a quelques petits groupes déjà formés, mais personne qui mérite l’attention… eh ! Je distingue une tête connue. Anya, mon petit oracle personnel n’ayant donné aucun résultat jusque là. Soupir. Finalement notre groupe hétéroclite et moi même finissons par nous trouver au centre de l’endroit, et de l’attention. Je lâche quelques mots, très neutres.

- Bonsoir à tous, certains me connaissent déjà, d’autres non. Je suis Adam Shave et je suis de ceux qui ont organisés cette réunion. D’ores et déjà je souhaite la bienvenue à tous ceux qui sont présents. J’aimerais attendre un peu avant de commencer, il manque encore un certain nombre de gens dont l’avis serait utile.

Dédaignant les chaises austères et le sol froid, chacun des membres de notre petite délégation fait apparaître quelque chose au nord de la salle. Pour ma part, un simple fauteuil de cuir noir dans lequel je m’empresse de m’enfoncer. J’ose espérer la présence d’Alexei mais il n’a pas encore répondu. J’échange quelques mots nerveux avec Ji Di Young, le coréen du sud qui me murmure qu’il faudra brider le coréen du nord, farouchement opposé à mes ambitions. Déjà la politique reprend ses droits alors que la réunion n’a même pas commencé. Je constate que c’est pareil chez les moldus qui ne peuvent s’empêcher de s’invectiver en murmurant. Non pas que tous les sorciers présents s’aiment, mais nous avons au moins la politesse de ne pas laisser apparaître nos divergences d’opinion devant les autres.

De fait j’échange un regard mauvais avec John Carter, qui s’est auto intitulé représentant des sorciers des états unis alors même que précisément je viens moi même des états unis. Nous nous détestons cordialement. Alors certes nous sommes arrivés ensemble puisque tous les mages et sorciers qui comptent ont désirés faire corps au moins dans l’entrée en scène, mais chacun de nous aimerait bien faire frire l’autre. Quoique je le ne craigne aucunement sur le plan magique, je redoute les saillies perfides dont il a le secret. Mais qu’importe. M’adossant sur mon accoudoir, je regarde la foule s’assembler, j’attends.

Au fin fond de mon esprit j’ai une pensée scellée. Je me demande si Charlotte Leonhart sera là. Je sais par divers informateurs qu’elle n’est plus aux mains des chasseurs. Cela fait des semaines que je m’en veux de l’avoir laissé se faire capturer. Elle a tenté d’attraper ma cape, moi j’ai tenté d’attraper sa main, nous nous sommes manqués. Je me demande à quel point elle a pu souffrir aux mains de ces brutes. Certes il y a un soucis réel de sa santé mais je me demande aussi si elle m’en veut de n’avoir rien pu faire, et le cas échéant si elle pourrait parler contre moi céans. Je sais à quel point sa langue est assassine.

Dans le même ordre d’idée, Lokhyan viendra t il ? Si il sait que j’étais avec Charlotte lors de son enlèvement il y a fort à parier qu’il m’en veut. Et son avis compte beaucoup pour les siens et l’avis des siens comptera beaucoup pour tout le monde. Je sais déjà quoi répondre évidemment, mais cela me ferait du mal d’avoir à rentrer dans l’affrontement alors que je désire au contraire faire en sorte de réunir un consensus. J’ai envie de rire quand je regarde les moldus, surtout concentrés à l’est de la salle. Ils ne se rendent même pas compte que moi et les autres personnes ayant organisés cette soirée nous moquons d’eux cordialement et qu’on se sert d’eux pour s’enduire d’un vernis de tolérance. Parce que déjà je doute fort qu’ils arrivent à se mettre d’accord et le cas échéant, qui écoutera leur chef. C’est en laissant échapper un petit rire cristallin que je continue de converser avec les autres.

Lorsque la réunion fut annoncée, Mickey avait certainement été le dernier à être au courant. Comme d’habitude. C’était seulement en allumant la radio à son réveil qu’il avait appris l’existence d’une probable solution pour éliminer le Spirit. Le jeune indien s’était rapidement habillé, mangé un morceau en avalant une tisane préparée la veille quand il somnolait devant la télévision pour s’endormir. Il tira la langue de dégout en grimaçant exagérément. Cette infusion était vraiment infecte. Il se lava les dents, pour éviter de garder le goût dans la bouche, puis sortit enfin de son appartement. En courant, il se glissa rapidement dans un wagon de métro, qui le mena jusqu’à Piccadilly.

En réalité, il était déjà en retard, il le savait. Courir ne changerait pas le cours des choses. Et pourtant, il accélérait, le souffle court. Quand enfin il pénétra dans le centre commercial abandonné, Mickey ralentit. C’était comme une force qui le freinait. Peut-être un des sorts qui protégeaient cet endroit. Au moins, ils semblaient n’avoir pris aucun risque.

… il manque encore un certain nombre de gens dont l’avis serait utile.

Ah. Là, Mickey ne se reconnaissait pas. C’était certainement du au fait que la voix ne lui rappelait rien. Et la personne qui venait de se prononcer s’était sûrement prononcée quelques instants plus tôt. Crotte. Tant pis. Il pénétra dans la pièce, y découvrant une vingtaine individus. A la vue de deux, il sursauta. Néanmoins, il se fit discret et salua d’un bref mouvement de la tête ceux qui avaient daigné se retourner pour découvrir qui était le nouveau venu. Il resta debout dans un coin sombre, n’ayant pas réellement envie de s’asseoir, puis attendit patiemment que la réunion commence, le regard obscur.

~† Des cris se firent soudain entendre dans le centre commercial vide, comme des supplications. Les plaintes étaient éloignées, étouffées, mais elles se rapprochaient. Bientôt, Charlotte fit son entrée, traînant derrière elle et par les cheveux une jeune fille qui ne devait pas avoir passé les quinze ans. La vampire prit le temps de sourire hypocritement à quelques personnes qu'elle reconnut lors de son avancée, sans prêter aucune attention à la demoiselle qui hurlait qu'elle n'avait rien fait, que ce n'était pas de sa faute, qu'elle ne se souvenait plus... Arrivée presque au centre de la pièce, la sulfureuse brune jeta à terre l'adolescente, comme une vulgaire poupée, tandis qu'un petit sourire mesquin se dessinait au coin de ses lèvres. †~

« C'est pour ça que vous êtes tous venus, non ? Le Spirit. Ce "fameux" Spirit.
On vous a dit comment il avait été maîtrisé il y a un millénaire, alors vous espérez tous que... Mais vas-tu finir par te taire ? »

~† L'adolescente ne cessait de pleurer, de gémir, et cela devenait insupportable. Elle l'avait trouvée non loin de l'entrée, les yeux argentés. Elle l'avait attrapée par la nuque et la pauvrette, bien qu'un peu plus forte grâce au Spirit, n'avait pas eu l'ombre d'une chance de se libérer de son étreinte. Charlotte avait regardé la jeune fille droit dans ses yeux gris, et s'était adressée directement au Spirit, le sommant de la libérer sans quoi elle le ferait elle-même. Quelques secondes plus tard, la gamine avait retrouvé une couleur de pupille naturelle et s'était mise à crier de peur, la suppliant de ne pas lui faire de mal. Humaine, elle avait pu passer les barrière magique et la voilà qui se retrouvait maintenant devant l'assemblée, écrouée. Elle ne cessait de geindre et Charlotte ne le supportait plus. Après un soupir, elle eut un violent mouvement particulièrement brusque qui arracha presque la tête de la jeune fille de son buste. Le corps retomba inerte, et la vampire continua son discours où elle l'avait laissé. †~

« Où en étais-je ? Ah oui.
J'allais dire que vous étiez naïfs, tous, si vous pensiez que nos différentes espèces pourraient parvenir à s'allier. »

~† C'était une évidence. Les vampires, les sorciers et les moldus ne parviendraient jamais à s'unir, pas même pour vaincre une quelconque entité surpuissante. Ils s'étaient passées bien trop de guerres depuis un millénaire pour que les espèces se rassemblent. Alors que faire ? Selon Charlotte... Pas grand chose. Elle était plutôt d'avis de laisser toutes ses pourritures d'humains se faire envoûter. Il arrivait bien un jour où le Spirit n'aurait plus une âme de laquelle s'emparer... Alors les vampires se cacheraient durant quelques temps, jusqu'à ce que tous les moldus/sorciers tous envoûtés finissent par se dévorer, tous devenus cannibales pour survivre. Bon d'accord, c'était utopique et probablement pas la solution, mais Charlotte pensait que c'était tout ce que l'espèce humaine méritait. Surtout après le traitement qu'elle avait subi. †~

« Alors ? Qui se présente ? Quels seront les rois bouffons de cette gigantesque mascarade ? »

~† Grand sourire sur les lèvres et petit rire malin, elle virevolta entre la foule, délaissant totalement le cadavre de la jeune envoûtée. Elle chercha dans la foule un volontaire, amusée de voir les têtes des uns et des autres. Elle finit par se retourner pour dévisager le cortège d'éminents sorciers, dont Shave, qui avait pris place un peu à l'écart. Ils lui faisaient pitié, à se croire plus grands et malins que tout le monde. Risibles. Enfin, son regard glissa insidieusement et de manière pesante vers Lokhyan qui se trouvait dans la salle. Elle ne savait pas s'il était pour la réunification, mais il était clair qu'elle, non. La rumeur confirmant leur rupture s'était répandue à une vitesse hallucinante dans le monde vampirique. Il avait voulu retrouver son ancienne progéniture, celle qui n'avait pas peur de se moquer de lui ? Que Monsieur s'estime servi... Charlotte décida finalement de s'échouer dans un petit coin de la pièce, croisant les bras pour se délecter et rire tranquillement de la scène qui allait se dérouler. Elle n'avait que faire de ce qu'on penserait de sa franchise, elle n'avait de compte à rendre à personne. †~

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La populasse arrivait. Leonard avait eu peur un instant d'être seul pour cette réunion, que ce soit un piège des envoûtés mais non, car bientôt une charmante vampire passa par la porte principale. Il se demandait s'il y aurait un nombre conséquent d'humains car, sérieusement, après avoir été réduit à l'échelle humaine pendant quelques temps, sa soif était plus forte que jamais. Il sentait le sang partout mais se contrôlait. Une autre vampire passa le seuil de la porte et elle lui adressa un petit sourire auquel il répondit discrètement. Il n'était pas du genre à s'occuper des conventions sociales mais bon, autant ne pas se faire d'ennemis dans une réunion pareille.

Est-ce que seuls les vampires se pointeraient ? C'était ce qu'était en train de se demander Leonard quand une sorcière arriva. Il poussa un petit soupir de soulagement et se mettait encore plus dans l'ombre de la salle pour attendre les autres. L'attente était horrible, il ne savait pas la gérer, impatient comme il était. Un homme entra à son tour, heureusement il n'était pas le seul membre masculin de l'assemblée, mais il ne prit pas la peine de le saluer. Il s'appelait Evan et déclara qu'il manquait un certain nombre de personnes, ce qui était vrai. Ils n'étaient que peu pour l'instant. Il devait être le « leader » avec la façon dont il avait pris la parole, le vampire le suivrait alors comme il le faisait avec toutes les personnes de pouvoir.

Une femme fit une apparence plutôt remarquée dans la salle, trainant une jeune fille de force par les cheveux et la traitant comme une vulgaire poupée de chiffon. Il observait le spectacle, un peu perplexe, pour voir à quoi elle voulait en venir, et la jeune fille se fit tuer. Tout de suite, l'envie de se jeter sur son cou et de boire son sang lui arriva à l'esprit mais il ne le pouvait point au milieu de toute cette assemblée. Il s'avança juste d'un pas pour commencer à parler, gros effort pour lui car il n'avait personne devant lui pour le cacher

LEONARD Je me demande bien ce que tu fais là si ce n'est que pour dire que nous avons tort. Je doute que ton avis influence celui d'autres dans la salle. Tu est venue pour rien, je pense.

Et il jetait un regard au corps inanimé avec la nuque brisée. Elle ne lui faisait pas pitié et il n'était pas particulièrement compatissant avec les morts, mais tout de même, pourquoi faire une grande scène pour rien ?

LEONARD Quel gâchis. Tu aurais pu tuer ton humaine autre part au lieu de venir faire ton show ici, je pense que personne n'en a besoin.

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Etonnant qu'une aussi belle femme soit si morbide. Mais manifestement les événements ont gommés toute trace d’humanité en Charlotte Leonhart. C’est amusant. Je me dis que si je l’avais sauvé ce soir là, peut être qu’elle n’aurait pas tué cette humaine. J’échange des regards avec les sorciers autour de moi pour les jauger et déterminer leurs pensées à l’endroit de la vampire. D’aucuns, informés comme ils le sont par une nuée de petits oisillons à la langue bien pendue, doivent être au courant de ce qui s’est passé dans le bar miteux où je me suis trouvé quelques jours auparavant. De fait, le chinois m’observe, un sourire sarcastique se dessinant sur son visage. Toutefois le regard glacial que je lui jette l’empêche de faire une remarque. Il se contente de me faire un signe de la tête pour signifier son approbation à ce qui va suivre. Je m’assure que tous les autres sorciers d’importance sont d’accord avec moi.

Charlotte a précipité les choses plus que de raisons. Il n’était pas dans mes desseins de lancer la machine maintenant, j’aurais préféré attendre l’arrivée d’autres Grands présents à Londres. Mais la question qu’elle a posé oblige les sorciers, ainsi que certains vampires, à réagir. Plusieurs tournent la tête vers moi, sachant très bien ce qui va suivre. Je suis vaguement anxieux. J’ai attendu cet instant depuis fort longtemps et j’ai fait en sorte que les événements suivent le cours qui m’avantagerait, tout s’est passé exactement comme prévu, exception faite de ce bref passage à l’humanité pour les vampires. Néanmoins il me reste un seuil à franchir. Je suis sur le point de me lever pour prendre la parole quand l’intervention d’un illustre inconnu m’en empêche.

Je retiens un soupir. Veut il se faire tuer, ce vampire imprudent ? Il doit mésestimer la dangerosité de la femme qu’il invective et ne jamais avoir entendu parler d’elle. Toutefois même un être aussi mal conscient de son environnement doit bien sentir que Charlotte est puissante. Prendre la parole comme il l’a fait dénote un certain courage. Je glisse quelques mots à un sorcier de rang inférieur qui se trouve juste derrière moi, demandant à ce qu’il se renseigne sur l’identité de cet audacieux quidam. Je laisse le silence reprendre possession des lieux pendant quelques secondes, puis je me lève.

Dès lors tous les regards se braquent sur moi. La salle est remplie désormais, je m’en aperçois. Si des murmures de perplexité parcourent les rangs moldus et si quelques vampires semblent ne pas savoir ce qui va se passer, les sorciers, eux, sont attentifs et murmurent. Je sais bien que certains me sont encore opposés, mais il n’est plus temps d’attendre. Il est temps de franchir le Rubicon. J’ai un sourire à cette pensée. Lentement, mes robes de sorcier épousant mes mouvements, d’une démarche que je souhaite altière et confiante, je me dirige vers le centre de la salle. Ma voix, glacée, ne trahissant pas l’émotion qui m’habite, s’élève et fait définitivement taire les murmures.

- Charlotte, l’autre vampire n’a pas tort, si tu comptes amener ici tous les déchets que tu trouveras dans les rues de Londres, fais le quand l’endroit est désert. Quoiqu’il en soit je ne partage évidemment pas l’avis de mademoiselle Leonhart. Les vampires ne peuvent vivre sans sang, les moldus sont à la merci des éléments déchaînés autour d’eux, il faut une union pour vaincre le Spirit et redevenir maître de nos destins. Et puisque tu es si impatiente de savoir de qui il faut te gausser, Charlotte…

Légère hésitation. Qui dure une fraction de seconde mais réelle. Je m’étais imaginé cet instant un certain nombre de fois et j’avoue n’avoir pas pensé qu’il se déroulerait dans un endroit humide, envahi par une plèbe grouillante et insignifiante. Qu’importe.

- Je revendique le trône que Merlin occupait dans les temps anciens. Les Ministères sont corrompus et incapables, ils ont facilités la marche du Spirit. Les nations sorcières se sont divisées et se querellent entre elles, de sorte que même si nous vainquons aujourd’hui le Spirit il pourrait bien revenir et nous trouver encore plus divisé qu’à l’heure actuelle. Pour nous prémunir de tout danger, il faut que le Peuple des mages et sorciers ait un gouvernement central, un chef déterminé pouvant traiter avec les autres espèces, et parler au nom de tous les nôtres. Et moi, Adam Shave, je pense être cet homme. Que les sorciers m’accordent leur confiance, qu’ils placent leur destin entre mes mains, et je vous assure que le déclin de la magie au profit d’autres… formes de développement, sera enrayé. Ainsi que le Spirit.

Pas trop mauvais pour de l’improvisation. J’ai laissé l’émotion perler aux moments opportuns, j’ai ajouté juste ce qu’il fallait de gravité. Je retiens un sourire quand je vois mes supporters déclarés brandir leur baguette et faire apparaître une lueur verte au dessus d’eux, pour signaler leur approbation. Et il y a de nombreuses lueurs vertes. De plus en plus. Je jette un regard glacial aux moldus. Bien sûr c’est d’eux que je parlais quand j’évoquais les autres formes de développement, eux qui se sont vus offrir un tel ton méprisant.

Fort heureusement, ils n’ont pas leur mot à dire dans les affaires des sorciers, même si elles ne vont pas manquer de les concerner au premier chef. Je dois retenir un sourire mauvais alors que je vais me rasseoir sur le fauteuil que j’occupais précédemment. Ecoutant les félicitations d’une oreille distraite, supportant les tapes dans le dos chaleureuses de mes « camarades », je me demande vaguement si un autre candidat va faire jour. Quel sorcier pourrait se présenter contre moi ? Il y a ces russes bien sûr, mais ils semblent avoir trop de soucis pour nous honorer de leur présence.

Et puis bien sûr les autres. Lokhyan n’a pas pris la parole pour les vampires, dois je en conclure qu’il ne compte rien faire ? Alexey semble considérer que la question est indigne de son attention. Dans ces conditions qui vont ils choisir ? Et les moldus… j’ai hâte d’avoir un nouveau sujet de plaisanterie en la personne de la pitoyable loque qu’ils ne pourront s’empêcher de prendre à leur tête. Mais des affaires plus importantes m’appellent. Pendant que de nouvelles étincelles vertes naissent et que l’absence d’opposant se fait sentir, je discute déjà politique avec mes alliés les plus importants. Ne concédant plus à la plèbe qu’un regard distrait.

Le spectacle qu’offrait Charlotte était effrayant. Mickey en resta paralysé. Lorsqu’elle était entrée, il ne l’avait pas reconnue. Elle était comme un tout autre vampire qui ne manquait pas de déchiqueter le corps de n’importe quel envoûté. Il était dégoûté. Semblait-il que la Charlotte d’antan, celle qui chassait sa sœur qu’elle définissait comme ayant une odeur tellement délicieuse qu’il était bien dur d’y résister. Heureusement, Agathe était morte aujourd’hui. Mais le comportement de Charlotte donna des haut-le-cœur à Mickey. C’était certainement parce que l’attitude du vampire dégoûtante.

Un vampire se leva et protesta. Il avait bien fait. Mickey l’aurait aussi fait s’il ne se sentait pas si faible. Et Charlotte n’aurait pas hésité à le projeter à dix milles lieux. Il avait raison. Et un autre homme, celui qui avait pris la parole avant, le soutint. Il demandait aux autres de l’appuyer et de faire de lui le chef des sorciers, comme Lokhyan était devenu le meneur des vampires. Mickey ne connaissait pas Lokhyan. Mais il aurait bien aimé le connaître.

Le sorcier retourna s’installer sur son fauteuil. Un silence lourd planait dans la salle, aucun ne sachant que faire. Mickey ne savait que penser. Il se sentait déjà rassuré par les paroles de l’homme, qui s’appelait Adam Shave. Il ne l’avait jamais connu personnellement, mais son discours avait tranquillisé Mickey. Et pour une raison qu’il ignorait, quelque chose le poussait à faire confiance à cet inconnu, qui semblait déjà populaire et avait sa propre cour. Il haussa les épaules. Il n’avait plus rien à perdre.

Mickey applaudit, d’abord timidement, puis avec assurance.

Bravo !

Petit à petit, d’autres applaudissements se joignirent à lui. Ils semblaient tous confiants et d’accord pour qu’Adam devienne leur chef. Etait-ce génial ? Il ne savait pas trop. Mais cet homme avait le pouvoir de rendre à tous une lueur d’espoir, qui leur échappait depuis bien trop longtemps. Et c’était certainement pour ça qu’autant de personnes le soutenaient.

Spoiler:

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