C’était un rude décembre, que celui de cette année. La neige blanche tombait drue sur la surface du toit. Louca, tendit ses deux bras en avant à la rencontre du froid. Ses deux paumes ouvertes, s’emplirent de quelques flocons. Il sourit, amusé.

La ville était baignée, dans le noir le plus complet et il fallait avouer que c’était son moment préféré de la journée. Il secoua joyeusement les mains, puis les essuya à l’arrière de son jean gris. Un geste, bien disgracieux mais qu’il pouvait bien se permettre dans une époque aussi émancipée et ouverte à la vulgarité.

Son visage changea d’expression, au gré de la mélodie qui résonnait dans ses oreilles. Ses écouteurs sans fil, était sûrement l’une des meilleurs inventions du siècle. Il pouvait se permettre de courir, de sauter, et de voltiger sans être gêné. Les notes tristes se succédèrent, et son cœur meurtri crépita presque au fond de sa poitrine. Il sourit, intrigué. Lou’ posa sa main sur sa poitrine.

« Il ne bat pas. » Affirma-t-il. Ce n'était donc qu'un effet de son imagination. « Il ne bat plus, mais ça fait toujours mal. »

Il retira ses mains, puis sauta sur le rebord du toit désert. Il ferma ses yeux sombres, et se mit à agiter les bras tel un Maestro en mal de musique. Son orchestre invisible, jouait exclusivement pour son imagination. Dans un moment de colère, le jeune vampire leva brusquement la tête. Son corps tout entier vacilla de l’autre coté. Celui du vide. Il éclata de rire. Comme s’il pouvait tomber. Louca se reprit. Il releva ses yeux sombres, vers le ciel sans lune ni étoiles.

« Le vice, toujours sombre, aime l’obscurité. » Nicola Boileau. Couina-t-il d’une petite voix.

Il fit une moue craquante, puis haussa les épaules tel un enfant puéril. Ses réflexions étaient de plus en plus insensées, avec l’âge. Il fit quelque pas, avant de retrouver la terre ferme. Le jeune brun, s’avança vers la porte en acier rouillé. Pour une fois, il optait pour la retenue. Emprunter les escaliers était une perspective vraiment ennuyeuse et agaçante pour lui, maintenant qu’il était habitué à la vitesse. Mais il fallait bien avouer, que c’était plus discret et sécurisant de se fondre dans la masse.

Il soupira son agacement.

La rue était bondée ce soir encore. Des milliers d'yeux, dont il ne connaissait les noms. Il y’en avait de toutes les couleurs : des rouges injectés de sang, des pupilles noires de magie et bien sur des étincelles d’humanité par ci par là. En temps normal, il n’aurait jamais pu discerner la différence entre ces personnes. Mais maintenant qu’il était un éternel, il pouvait sentir les siens voguer parmi les gens. Il pouvait aussi reconnaitre quelques sorciers, de par leur aura magique. Quand aux humains, contaminés ou non, leur odeur alléchante suffisait à exciter sa langue. Il déglutit.

« Un vrai trou sans fond ! » Grogna-t-il.

Il ne contrôlait vraiment pas ses pulsions animales. Manger n’était plus un besoin, ni un plaisir. C’était une routine qu’il se devait de faire à chaque fois qu’il le pouvait. Il fronça les sourcils. Depuis quand était-il devenu aussi glouton ? Soit ! Là n’était pas la question. Il longea la rue, la tête baissée. Ses chaussures parfaitement cirées, brillaient sous l’effet des réverbères. Il accéléra le pas. Louca ne pouvait pas se permettre d’être en retard à son spectacle préféré.
Il imaginait déjà, la jeune sorcière agiter sa baguette dans un élan de passion fugace. Ses sorts d’un niveau moyen, fendaient l’air en des éclairs de couleurs différentes. Il ne connaissait d’elle, que sa plastique parfaite, ses yeux noisette, et ses cheveux ondulés mais il ne pouvait s’empêcher de l’espionner. Peu à peu, il s’était surpris à admirer ses courbes et ses gestes. Sa façon de tenir sa baguette, et sa voix cristalline lorsqu’elle formulait ses sorts, étaient un véritable enchantement. Les sorciers, étaient définitivement, une espèce d'exception qu'il regrettait amèrement.

« La voilà ! » S'exclama-t-il en l'apercevant, en face du Big Ben.

Louca, était envieux. Il lui enviait sa vie, sa vigueur et sa magie aussi. Depuis sa transformation, il n’avait gardé de ses pouvoirs de sorcier que la legilimancie. Comme bloqué, il n’arrivait plus à utiliser correctement sa baguette. Cette tige de bois bleu marine, sans aucun aptitude magique.

Mum and Dad a écrit:

Dear Anya,
Cela fait longtemps que nous n’avons pas eu de tes nouvelles. Comment te sens-tu ? À quoi ressemble la belle ville de Londres à travers tes yeux ?
Nous avons du travail et ne nous attarderons pas. Même si tu n’aimes pas la magie, nous te supplions, entraine toi, elle e sauvera probablement en ces temps si durs.

Truly Yours,
Mum and Dad.

Hum. Changeraient-ils un jour ? Si je ne leurs avait donné aucune nouvelle, c’était d’abord pour qu’ils arrêtent de me harceler. Avec leurs leçons de bonnes manières, ils voulaient simplement connaitre mes visions. « À quoi ressemble la belle ville de Londres à travers tes yeux ? » C’était très explicite. Les rats ! Bien sûr, je ne leur dirais rien, ils n’avaient pas à savoir. Ils étaient déjà trop différents des parents que j’avais connus étant petite. Ces changements n’étaient pas nouveaux, non. Déjà, alors que je partais à Hogwarts toute une année durant, ils se dégradaient. Ce n’était plus les grand aurors Fairy, ils étaient de simples employés du ministère aveuglés par ce qui se passait dans le monde d’aujourd’hui. Cela faisait longtemps que je ne les avais pas vus et je les soupçonnais d’être possédés… Mais bon, ils étaient loin et ce n’était pas mes affaires, plus maintenant.

Je posai la lettre sur la table du café dans lequel je me trouvais et me mis à boire l’énorme chocolat chaud posé devant moi. Big Ben sonna bruyamment les huit heures, faisant s’envoler les quelques oiseaux ayant émit domicile entre ses rouages. Ils ne devaient pas avoir une vie tranquille. Qui en avait une, en ces temps de folies ? Vous ne pouviez vous balader seul dans une petite ruelle dans la peur qu’un spirit ne vous tombe dessus. Vous ne pouviez sortir le soir, la peur d’avoir deux dents blanches vous transpercer le cou. Tout le monde était devenu paranoïaque, les sorciers ne sortaient plus de leurs maisons – d’ailleurs truffée de sortilèges de protection – sans leur baguette à la main. Sainte-Mangouste se remplissait plus chaque jour et les locaux finiraient par être pleins. J’étais chanceuse de mon coté : mes visions m’avaient sauvé la vie plusieurs fois. Et lorsqu’une exception survenait, je devais bien avouer que cette fichue magie était une arme de taille. C’était surement pour cette raison que je la pratiquais de temps en temps et surtout pas à cause de la lettre de ma spirit de mère…

La tasse sur la table se vidait petit à petit et je me réchauffais lentement. Je restais silencieuse à observer les rares passants qui étaient plus qu’intéressants. Il y avait différents groupes, cachant leur peur dans des sourires et des rires sonnant étrangement faux. Contre les murs, certains marchaient sans bruits, essayant de disparaitre dans l’ombre. Au coin d’une petite rue, je vis une jeune femme suivie de près par une ombre argentée. Pauvre fille, elle ne vivrait plus bien longtemps… J’attrapais ma tasse encore brulante et la portai à mes lèvres lorsque je fus prise de soubresauts incontrôlables. C’était repartit pour un tour…

La jeune femme de tout à l’heure. Je connaissais déjà la suite de l’histoire et ne fus donc pas étonnée, ni même surprise lorsque l’ombre argentée pénétra – mon – son corps, - me – possédant dans une douleur inimaginable et n’en alla tout simplement afin de reprendre une vie qui n’était plus sienne.

Rouvrant les yeux dans la réalité, je vis ma tasse brisée en mille morceaux sur le sol, mon chocolat étalé sur le béton gelé et un groupe de personnes me regardant étrangement. Je soupirai. En relevant les yeux je croisai ceux argentés et pétillant du patron du bistrot. Je me levai rapidement, attrapai mon manteau, déposait quelques pièces sur la table et partis d’un pas rapide. Je savais qu’il savait, ce spirit, que j’avais des visions. Je savais aussi qu’une ombre viendrait me rendre visite avant que le jour ne se lève. Je ne dormirais pas de la nuit, encore. Il fallait que je m’entraine. Que je fasse de cette fichue magie. Mais bon, avais-je réellement le choix ?

Je me dirigeai vers un coin complètement vide, loin de tous les regards et sortit ma baguette. Cela faisait un bout de temps que je ne m’en étais pas servi et je la sentie frétiller d’excitation en vue d’une utilisation. Je me trouvais dans un cul de sac et il y avait différents objets posés sur le sol. Silencieusement, je lançai un Alohomora sur une caisse en bois. Cette dernière s’éleva lentement et alla se poser sur le toit de la maison se trouvant juste à coté. Un Bombarda fit exploser une autre boîte. Étrangement, même si je n’aimais pas cette chose hors du commun, j’éprouvais une étrange sensation. Ou bien était-ce ma baguette qui éprouvait toute cette joie ? Je n’en savais rien. Alors que J’envoyai une nouvelle caisse sur le toit et aperçu une silhouette. Je ta reconnue immédiatement. Encore lui.

« Qu’est-ce que tu me veux encore ?! » lui demandais-je d’un ton agressif. Cela faisait longtemps que ce vampire n’arrêtait pas de me suivre. Et cela m’énervais au plus haut point !

Etais-ce un rêve ? J’avais perdu l’habitude de dormir et j’avais du mal à dissocier le vrai du faux. Je m’étais brusquement retrouvé à l’intérieur de cette femme. Connecté par une legilImencie que je n’avais même pas actionné. J’ouvris les yeux, troublé. Le don de cette sorcière était tout à fait surprenant. Elle arrivait à se connecter à d’autres vies avec une telle facilité que s’en était presque amusant. Cela dit, la secousse avait été trop brusque pour qu’elle soit préméditée. Et je croyais qu’elle était plus victime de son don, qu’autre chose.

« Une débutante. » Souris-je.

J’avais hâte d’observer, puis de palper son évolution au fil du temps et des entrainements. Bien que je n’aie plus aucune capacité magique, mes notions ne m’avaient jamais quitté. Cette simple pensée, suffit à me mettre de bonne humeur.

La jeune brune apparut enfin. Tapis dans l’ombre, je la guettais silencieusement. Je savais, que la discrétion n’était pas ma plus grande qualité. Et je savais, aussi que la jeune sorcière avait déjà décelé ma présence plus d’une fois. Alors pourquoi continuais-je à la « traquer » aussi amicalement ? Cette tendance masochiste m’étais décidément nouvelle. Je souris dans mon coin, en la regardant se mettre à l’œuvre.

Sa baguette, se mit à vibrer entre ses fins doigts. L’excitation de la magie, face à la grandeur de son possesseur. Cette sensation me manquait tellement. Je crispais mes mains, avant de les fourrer dans mes poches. Elle lança deux sorts, maladroits mais efficaces.

Des cartons …

Elle aurait pu trouver meilleur cible. Des rats par exemple. Les cibles mouvantes étaient toujours difficiles à chopper. Cela aurait pu être bénéfique pour ses réflexes chétifs. Devais-je lui glisser cette idée entre deux pensées ? Je m’apprêtais déjà à entrer dans son esprit quand sa voix rauque me transperça les tympans. Son ton agressif, suffit à m’hérisser les poils et pour une raison inconnu … Je sentis une légère peur.

La femme était décidément, l’être le plus redoutable sur terre.

Mes yeux s’écarquillèrent de stupeur mais je n’avais pas le temps de fléchir. Il fallait aussi songer à la première impression que j’allais lui donner ! Je me ressaisis avant de sortir de ma cachette, loin d’être secrète.

« Voilà, une drôle de façon de dire bonjour. » Souriais-je sarcastiquement. « Ah, j’oubliais on est déjà le soir. » Finis-je dans un souffle.

Je m’avançais vers elle le corps droit, et le visage dégagé. Mon assurance, était la seule arme à laquelle je pouvais me fier après tout. Je baissais la tête, une fois face à elle. Une salutation que j’avais appris d’un drama sud-coréen.

« Louca Van Der Waals. » Commençais-je. « Et vous devriez déstresser avant de vous entrainer. De plus près on voit bien que ce n’est pas l’excitation de votre baguette mais vos mains, désabusés, qui tremblent de colère. »

Aie ! Je venais encore de faire fort ! Moi ? Associable ? Juste maladroit en société et très peu sortable …