| Sujet: You're my heart [R.] Dim 23 Aoû - 10:45 | |
| Encore un soir à se terrer comme un criminel, un moins que rien, un nuisible. Voilà en quoi était-il désormais considéré. Cette situation pesait beaucoup sur les épaules de Samael qui n'en demandait pas tant. D'aussi loin que remontent ses souvenirs, il avait toujours apprécié la guerre et autres de ces réjouissances mais à présent il trouvait ça moins distrayant. Le vampire se tenait debout, le visage fermé, les mains enfoncées dans les poches de son pantalon, cigarette aux lèvres. De loin, on aurait pu le prendre pour une statue de marbre tant il semblait figé, l'expression glacée. Pourtant, pour un spectateur avisé remarquait sa soudaine tension. Ces derniers jours, le vampire se montrait distant même avec sa compagne Olympes. Enfin, il n'était pas rare de le voir distant avec elle puisqu’il n'était pas très démonstratif dans sa manière de l'aimer, mais là, c’était beaucoup plus marquant. La raison était que ces derniers temps, il y avait un, il ne savait quoi, qui le perturbait. Avec grâce, il tira une bouffée de sa cigarette tout en scrutant l'obscurité qui s'étalait devant lui. Enfin, un sourire se dessina sur ses lèvres alors qu'il reconnaissait l'odeur caractéristique de sa compagne. Olympes ne faisant pas mine de se montrer aussi, interpréta-t-il son silence comme un aveu de son inquiétude. Au fond de lui, tout ceci l’amusait dans la mesure où il aimait garder le contrôle des choses et surtout d'Olympes. Le simple fait qu'elle lui témoigne de l'inquiétude en le suivant contre son avis, lui plaisait. Voilà deux ans maintenant qu'ils s'étaient retrouvés et Samael n'avait de cesse que d'apprécier à sa juste valeur leurs retrouvailles. Il avait cru mourir d'angoisse et de souffrance quand il l'avait su enlevée, et la colère puis la haine avaient submergé ses sentiments lorsqu’il avait appris l'étendue de ses blessures. Encore aujourd'hui, lorsque ses doigts effleuraient les fines cicatrices qui parsemaient le corps de son amante, une sourde rage assombrissait son regard.
Samael ne supportait pas l'idée que quelqu'un ait pu la toucher, la faire souffrir, la torturer. Rien que d'y penser, il sentait toute la tension de ses muscles qui se contractaient sous cette forte émotion. Si seulement il avait pu tenir ces êtres entre ses mains, ils auraient hurlé de douleur et demandé pardon avant de supplier pour qu'il abrège leur souffrance. Le vampire était ainsi, aimant et possessif mais aussi cruel et intransigeant. Le simple fait de savoir son Olympe aussi meurtrie et méfiante le rendait malade, c'est pourquoi il tenait à la rassurer, la prendre sous son aile et à la protéger de qui que ce soit un ou de quoi que ce soit. Cela en était devenu obsessionnel. Mais égoïstement, il éprouvait aussi une certaine satisfaction quant au fait qu'elle se reposait sur lui. Son besoin d'assouvir son esprit protecteur le taraudait continuellement, si bien que cette situation lui convenait. C'était certes égoïste, mais Samael n'était pas connu à prendre ombrage de ce sentiment. À la place, son sourire se fit plus calculateur alors qu'il ne se remettait à marcher dans la rue sinistre qu'il franchissait d'un pas calme et résolu. Toutefois, sa démarche trahissait son émoi ainsi que la tension de se savoir suivi. Malgré le fait que ce soit Olympe son poursuivant, le vampire n'éprouvait pas moins, un certain agacement. Depuis qu'il était devenu une créature de la nuit, et surtout par ces temps où les chasseurs rodaient n'importe où n'importe quand, Samael restait continuellement sur ses gardes afin de ne pas montrer de faiblesse à ses ennemis. Aussi, le fait de se savoir suivi, l’agaçait prodigieusement. Encore un peu, et il engueulerait Olympes de lui faire subir cela.
D’un geste brusque, il pénétra dans l’établissement, saluant le propriétaire d’un signe de tête avant d’aller au fond de la salle, à sa place habituelle. Avec patience, il attendit que sa belle et douce enfant vienne le rejoindre, ce qu’elle ne tarda pas de faire. D’un simple mouvement du regard, il l’invita à s’installer en face de lui, la toisant du regard. « Apprendras-tu un jour à m’obéir ou ceci est une quête futile ? » murmura-t-il pour n’être entendue que d’elle. Son regard froid s’adoucit néanmoins. A croire qu’en deux ans, sa colère s’était effritée pour reprendre ses bonnes vieilles habitudes.
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