Je regarde le réveil. 9h03. Je vais tuer ma mère. On est samedi. Il est à peine neuf heures du matin. Et elle me réveille pourquoi ? Parce que j'ai du courrier. Génial. Je sors du lit. Je me regarde dans le miroir. Les cheveux ébourrifés. Je baille. Je sors de la chambre. Je me dirige vers la salle de bain. J'ouvre l'eau du robinet. Je m'asperge le visage. Ca au moins ca réveille. Je descends les escaliers en me frottant les yeux. La lumière dans le salon m'éblouit. Il ne faut pas oublier qu'on est quand même au moins d'Août. Ma mère se jette presque sur moi. Elle tient ma lettre à la main. Je m'assieds sur le canapé. Elle me tend la lettre et reste à côté de moi. Je lui lance un regard de biais. Non mais oh. C'est mon courrier alors pourquoi elle reste là ? L'enveloppe est légère. Mon nom et mon adresse sont écrits à la main. C'est une enveloppe de papier jaunâtre. Comme un parchemin. Je la retourne. Elle est scellée par un cachet en cire rouge bordeaux. Un grand H se dresse en son milieu. Je passe une seconde à contempler ce symbole. Incrédule. Ahuri. Je reconnais très bien ce logo. C'est celui de l'école de sorcellerie d'Hogwarts. Maintenant, je comprends mieux l'excitation de ma mère. Les mains tremblantes j'ouvre l'enveloppe. J'en sors une simple feuille au format de son contenant. Elle est également rédigée à la main. Je la lis. La lettre s'adresse directement à moi. Et elle est signée de la main du directeur de l'école. Je la relis une seconde fois pour être bien sûr de ce que j'ai lu. Je tilte presque sur chaque mot. Mon entrée à Hogwarts. Je n'en avais même pas fait la demande. Tout simplement car je suis un vampire et qu'il me semblait que seul les "vrais" sorciers étaient acceptés. Je relis la lettre maintes fois. Elle ne fait que six lignes. Mais je ne peux pas m'empêcher de la relire. Au bout de quelques minutes je lève les yeux vers ma mère qui attend toujours debout près de moi. Je déglutis. Mes yeux sont ronds comme des billes. Je murmure.

J'arrive plus à parler. Ma mère se jette sur moi et me serre dans ses bras. Moi j'hallucine encore. Je suis sous le choc. Je ne réalise pas que dans un mois tout au plus je vais entrer à la plus grande école de sorcellerie qu'il m'eut été donné de connaître. Hogwarts. Je sens les larmes de ma mère dans mon cou. Je souris. Je réalise enfin ce qu'il m'arrive. Je suis le plus heureux du monde. Je vais aller faire mes études dans une école renommée. Avec des sorciers. Et peut-être qui sait, d'autres vampires. D'ailleurs, celà me fait penser à quelque chose. Ou plutôt à quelqu'un. Je me détache de l'étreinte de ma mère. Je me lève rapidement et cours dans les escaliers. Je me dirige vers la chambre de ma soeur. J'entre sans frapper.

En même temps que je pose ma question je l'observe. Elle est sur son lit et pleure de joie en tenant un parchemin égal au mien entre ses doigts. Je me jette sur son lit avec elle. On est heureux. Wellyne & Jules à Hogwarts. Les jumeaux entrent à Hogwarts. Quelle fierté. Quelle belle promesse d'avenir.
Le reste de la matinée se passe dans la chambre de ma soeur. Sur son lit. On tire des plans déjà. On s'imagine. On se demande dans quelle maison on sera. Même si ca importe peu du moment qu'on est ensembles et qu'on peut avoir la chance de notre vie en étudiant là bas. Je dois avouer que si Wellyne n'avait pas reçu de lettre, je n'aurais probablement pas mis les pieds à Hogwarts. Ma soeur représente tout pour moi. C'est ma jumelle. Ma moitié. Mon autre moi. On est inséparables. Et je suis sûr que cette aventure va nous rapprocher encore plus. Wellyne & Jules. Jules & Wellyne. A Hogwarts.

Bien sûr que ca ne me fera pas mal. Ca ne pourra jamais me faire mal. Rien ne pourra plus jamais me faire mal. Physiquement du moins. Je ne sentirais plus jamais la douleur physique. Pourquoi ? Tout simplement car je suis un vampire. Je sais. Le mot fait peur. Mais ne vous inquiétez pas. Je n'ai rien de dangereux. Enfin, je suis civilisé je veux dire.
J'ai été mordu il y a très longtemps de cela. A l'époque où les sorcières étaient encore brûlées sur le bûcher. L'époque lointaine. Moi j'étais simple. Et je croyais aux choses auxquelles les gens ne croyaient pas. J'ai vu des centaines de sorcières se faire brûler à l'époque. Sois disant parce qu'elles étaient mauvaises ou qu'elles racontaient que des bêtises. Moi j'y croyais. Tout comme j'avais toujours cru aux vélanes. aux loup-garous. Aux vampires. A l'époque déjà j'étais orphelin. Ma mère morte en couche. Mon père inconnu. Un orphelin. Comme beaucoup d'autres. A dix-sept ans je m'étais mis à la recherche de ces gens différents. Anormaux on pourrait dire. Et j'ai fini par en trouver un. Un quoi ? Un vampire. La situation était telle que j'ai fini par lui demander de me mordre. De me transformer. J'avais beaucoup d'arguments. Si il ne me transformait pas, je risquais de me faire brûler sur le bûcher car je racontait à qui voulait l'entendre que je croyais au paranormal. Premier argument. De plus j'étais seul. Sans famille. Sans amis. Simplement avec ma soeur que j'entrainais dans ma cavale. Ma soeur et moi. Recherchant tous les deux la même perspective d'avenir. Après des mois entier de débats, j'ai attrapé une maladie grave. Et là, la décision de Victor, le vampire, s'est prise très rapidement. Il était très attaché à moi et ne m'avait jamais fait de mal. Il m'a transformé alors que j'étais en train de convulser sous l'effet d'une crise d'épilepsie. Je n'ai rien senti. Tout simplement car j'étais inconscient.
Je regarde l'infirmier planter l'aiguille dans ma veine. Je ne sens rien du tout. Pas de pincement. Pas de douleur. Pas de chatouillement. Je regarde l'infirmer appuyer sur la seringue. Je sais que le liquide est en train de passer dans mes veines. Celà ne me fait aucun effet. Le seul effet que cela aura est que je n'aurais plus besoin de chasser.
Chasser. La chasse. Chose que je déteste. Dès le début je n'ai jamais chassé d'humain. Je n'ai jamais tué un être humain. Des animaux. Toujours. Ceux que je préfère ? Les grizzlis. N'allez pas me demander pourquoi. Je n'en ai pas la moindre idée. J'ai chassé. Pendant des siècles entiers. Me contentant simplement du sang animal. Laissant la vie sauve à des hommes et des femmes innocents. Jusqu'à un jour particulier. Après la guerre qui a opposé ma race à celle des sorciers. Ce jour où le docteur Jekill a fait la découverte du siècle. Un traitement à base de sang de licorne. Traitement qui réduit notre soif à néant. Traitement qui fait baisser notre force, notre violence et notre rapidité. Traitement fabuleux. Mais qui ne dure qu'un mois. Traitement grâce auquel je peux étudier à Poudlard. Traitement miracle. Merci docteur Jekill. L'infirmier retire la seringue lentement. Une minuscule goutte de sang s'échappe de ma veine. Le médecin pose un morceau de coton dessus. Je prends le relai en posant mon doigt sur le bout de coton. Le médecin jette la seringue et l'aiguille. Il se retourne vers moi et enlève le morceau qui tenait ma veine. Il n'y a déjà plus rien. J'ai déjà cicatrisé. Il me sourit.

Je lui souris. Il me fait un clin d'oeil. Je me lève du fauteuil et lui serre la main. Je sors de la pièce. A l'accueil je demande mon ordonnance. On me la tend. Je la plie et la glisse dans la poche arrière de mon jean. J'ouvre la porte qui donne dans un couloir d'une aile de l'immense château qu'est l'école. Prêt à tenir pour un mois. Prêt.