Carnets de Voyage.

Dear Mom,

Nous allons partir de l'Angleterre. Y reviendrais-je ? Serais-je à nouveau sur ces terres qui m'ont accueilli quand je n'avais plus de toit, quand je n'avais plus rien à part Agathe pour la première fois ? Je ne sais pas. J'ignore même si j'espère y reposer les pieds ou pas. Mon cœur est si serré, couché ainsi sur mon lit, je pense déjà à tous les gens que j'essaierais de sauver, que nous essayerons de sauver surtout.

Ce voyage semble nous sauver la vie, mais j'imagine surtout que nous partons pour voyager, pour découvrir et changer nos idées et nos points de vue. Nous rentrerons beaucoup de personnes dans chaque pays, mais à la pensée d'aller en Inde, je reste cloué sur mon lit à écrire ces mots. Qu'en est-il d'Agathe ? J'ignore même comment décrire mes propres sentiments. Il n'y a plus rien qui me retient dans ce pays, je peux partir librement. Pourquoi ? Parce que tout le monde me suit, car ils ont peurs. Moi, je n'ai pas peur. Je me sens assez courageux pour pouvoir affronter ce que l'on fuit et ce que l'on fuira.

Je suis issu d'un milieu que je ne pourrais définir, peut-être aisé ? Et à présent, je m'en vais pour un pays encore plus modeste. J'ai hérité de ta fortune et de celle de papa il y a quelques temps, à l'âge de dix-neuf ans, comme toi et papa l'aviez écrit dès ma naissance. Et pourtant, que dois-je faire de mon argent ? J'aimerais aider toute la misérable population qui est sur terre, car pendant vingt longues années j'ai rencontré énormément de monde, qui mourrait plus de faim que les autres et pourtant, qui m'ont accueilli les bras ouverts. Suis-je un imbécile de penser ainsi ?

Les vampires, je ne leur fait plus confiance. L'un d'eux a déjà essayé de toucher Agathe. Ma croyance envers eux s'est évanouie à ce moment-là. Même si certains ont l'air plus sages et demandent ou pas à ce qu'on s'apitoie sur eux, je ne peux plus croire en eux. J'essaie de ne pas les craindre mais dès que j'en croise un dans les couleurs, mes poils se dressent instinctivement. Est-ce un dégoût ? Est-ce une peur ? Est-ce une inquiétude de les voir sous leur vrai jour, sans le traitement ? Je ne sais pas. Et pourtant, il y en a une qui semble différente d'eux. Olympes. Mais même si je m'entends extrêmement bien avec elle, j'ai toujours quelques frissons en apercevant ses yeux et cette lueur mystérieuse qu'ont tous les vampires. Mais j'essaie plus que tout d'avoir foi en elle. Cependant, au fil de la vie, j'ai compris que l'habit ne faisait pas le moine. Je l'ai que trop bien appris, peut-être.

Agathe et moi entretenons une relation presque exclusive pour une relation fraternelle, et pourtant, aucun de nous deux sait ce que ressent réellement l'autre. Ce que je vois dans ses yeux, mais aussi dans les miens en me regardant dans la glace, c'est de l'appréhension, et de la crainte de retourner dans un pays que nous avions toujours fui.

Accueille nous chaleureusement, mom.
Truly Yours.

Mickey.

प्रिय माँ, है । दूल्हे मोम

J'ai longtemps appréhendé mon arrivée dans mon pays natal. Tout s'est bien passé, ou du moins, je pense. J'ai quitté Agathe pendant un instant puis je ne l'ai pas retrouvé, je ne te raconte pas ma peur. J'ai hurlé dans toutes les rues de New Delhi, j'ai longuement erré. Les battements de mon cœur étaient si forts que j'avais le sentiment qu'ils résonnaient dans toute la ville, et j'avais l'impression que les autres les entendaient aussi. À chaque palpitation, je revoyais les scènes que j'avais vu quand j'étais petit. Puis je me suis souvenu des jours où j'ai erré dans Bombay en recherche d'âme charitable alors que tous étaient déjà ensevelis dans la misère. À chaque vibration de mon cœur, les images se confondaient, se brouillaient puis réapparaissaient clairement pendant une demie seconde, et ça reprenait. J'ai vécu un véritable cauchemar. J'ai cru que je n'allais jamais m'en sortir. Que je n'allais jamais la retrouver. Que j'allais être seul au monde.

J'étais désespéré, comme un homme qui aurait [i]tout[i] perdu, quand je l'ai vu, seule, assise devant une boutique de chaussures. Elle pleurait, la pauvre. Je me suis avancé vers elle, la poussière collée sur mon visage, la sueur coulant doucement sur mes joues. Je l'ai pris par la main, et nous sommes rentrés, à Hogwarts, sans un mot.

Tu sais, maman, j'ai vraiment cru ne jamais plus la revoir ce jour-là. J'ai vraiment cru l'avoir perdue. Plus tard, je me suis rendue compte qu'elle s'était trouvée juste à côté de moi, mais que, emporté par la foule, dense, je ne l'avais pas vu. J'avais fait un tour entier du quartier en la cherchant comme un fou, en criant, en appelant par Agathe – car Saya était trop commun, il valait mieux que je ne l'appelle pas ainsi – mais les marchands, qui hurlaient qu'ils baissaient les prix si on achetait leurs produits avaient masqué ma voix, encore trop fluette pour dépasser celle des hommes, des vrais. Elle était ma seule famille, plus un seul cousin, ni oncle, ni rien. Le malheur d'être fils ou fille unique, hein ? Alors que les indiens ont la réputation d'être fécond, mes grands-parents maternels et paternels sembleraient être des exceptions à la règle. Mais peut-être était-ce mieux ainsi ?

Je me suis réellement senti isolé, au centre de cette foule dense qui avançait sans faire attention à qui faisait quoi ou qui disait quoi. À moins que cela concerne l'argent. Si j'aurais hurlé « Retrouvez ma sœur et je vous donne dix milles roupies » je parie qu'ils se seraient tous mobilisés. Mais je n'avais pas la tête à ça. Et je voulais la retrouver par moi-même, sans aide, même si j'étais extrêmement inquiet. Un excès d'égoïsme, certainement, tu m'en excuseras.

Cependant, New Delhi ne m'a pas réservé que des cauchemars. Était-ce toi qui a fait que mon séjour soit plus agréable ? Tu te souviens, je t'avais écris une liste de ce que je voulais faire ou avoir, ou être et tout et tout. Et bien, dans cette énumération, le second désir était de reconquérir l'amitié de Gemma. Tu te souviens, n'est-ce pas ? Tu te souviens même, je l'avais écris en tremblant, tellement j'en avais envie. Je ne comprends toujours pas ce qui a pu la mettre en froid avec moi. Mais pendant un instant, je n'ai pas voulu m'approcher d'elle. Elle était si loin, et quand j'avançais d'un pas, elle reculait de deux pour m'éviter. Elle était si précieuse, car malgré nos petits jeux futiles, elle était toujours là pour moi, pour me changer les idées, pour m'amuser, pour plaisanter. Et c'était ce que j'aimais chez elle. Et certainement ce qui me manquait le plus dans ce monde, car malgré l'argent que je possédais, le lien fraternel de la part de Agathe, les amis que je ne reverrais peut-être jamais et qui étaient si ennuyants, il n'y avait aucun sourire qui ressemblât à celui de Gemma. Brillant, vivant et surtout, envoûtant.

Tu dois certainement savoir, que je l'ai revu. Nous nous sommes retrouvés au Jama Masjid, comme si tu nous avais poussé à aller là-bas, tous les deux. Et ça a été comme un conte de fée. Je me suis senti bête, perdu, étonné, timide, euphorique, appréhensif, et encore tout pleins de émotions, tous mélangés en même temps qui a donné un étrange sentiment qui a peut-être fait qu'on s'est réconcilié. Et tu sais, à ce moment-là, quand on s'est tout les deux enfoncé dans les sombres rues de New Delhi, cette nuit, j'étais heureux comme je ne l'avais jamais été auparavant. Les allées ne semblaient pas obscures avec elles, elles étaient même illuminées par une lumière inconnue. Mais rattraper le temps perdu ne se fait pas en quelques heures, toi même tu dois savoir, je pense.

Nous partons pour la Russie à présent. Russie que j'ai déjà visité, avec les milles et un boulevard de Moscou qui scintillent sans même qu'on leur demande quelque chose. J'y avais fait une rencontre atypique là-bas, peut-être te l'ai-je déjà raconté ? Enfin, je finirais plus tard, je dois terminer de préparer les valises ; Georges me booste pour que je me remue un peu, au lieu d'écrire dans mon 'journal intime'. Ce n'est pas un journal intime. C'est un carnet de voyage. Et tu es ma seule lectrice, c'est tout.

A bientôt.
Truly Yours.

Ton fils.

Уважаемые мама

La guerre a été terrible. Je t'écris rapidement avant de quitter le pays qui est assiégé par le Spirit à présent. J'ai vécu quelque chose d'horrible, et pas seulement une mais deux. Cependant, tu dois déjà le savoir, toi qui connaît tout. Tu me protégeais certainement mais pourquoi n'as-tu pas protégé Agathe ? J'aurais préféré mourir. Mais il n'y avait personne à côté d'elle. Personne qui puisse la parer de tous ces maudits sorts. Elle était seule, encore jeune, faible et inexpérimentée. Mais débrouillarde. Elle était tellement bornée qu'elle ne voulait pas d'aide peut-être.

Si tu savais ma peine, maman. Si tu la ressentais ! Je me sens comme déchiré, et ma brûlure à la tempe n'est rien face à cette catastrophe. J'ai l'impression d'avoir été séparé brutalement de ma moitié, d'être un fantôme errant. J'ai le sentiment de ne plus vivre, de ne plus exister. Mon cœur est serré, tellement pressé qu'on dirait que tout le sang dont regorge mon corps est sortit par le biais de mon cœur. J'ai maigri, je ne mange plus. Je ne dors plus. Si tu me voyais ! Je suis seul maintenant. Je suis seul... Je suis seul.

J'ai mal ! J'ai tellement mal ! Je suis désespéré ! J'avais eu un avant-goût en Inde, en réalité, n'est-ce pas ? Ma réconciliation avec Gemma n'a été qu'un court instant de bonheur, n'est-ce pas ? Juste pour me changer les idées pendant quelques secondes, hein ? Je souffre maman, je souffre comme personne n'a jamais souffert. Mes veines et mes artères sont transpercées par le chagrin, la seule chose qui les traverse à présent est la douleur. Je déborde de mélancolie, je suis tellement sec que je ne suis qu'une âme dans un corps flasque, faible et malade. Je suis incontrôlable. Je suis tellement affecté que personne ne pourra expliquer mon tourment, moi en premier. Je n'arrive pas à digérer.

Elle est morte, à cause de moi. Je n'étais pas là, c'est pour ça qu'elle est morte. J'étais trop occupé à sauver ma peau. Elle est partie, elle est à tes côtés maintenant. Elle s'est envolée. Elle a disparu. Mais elle n'est pas la seule. Gemma aussi a disparu. Cependant, on n'a pas retrouvé son corps, son si délicieux corps, avec ces formes agréablement bien taillées, plus belles que celles de n'importe quelle éternelle. Elle s'est évanouie dans la nature. La reverrais-je un jour pour m'apporter son soutient ? Je l'attendrais. Jusqu'à la fin.

Je vengerais Agathe. Ce maudit Spirit n'apporte que le malheur, que la peine et rien de plus. Pas même de l'espoir. Cependant, moi, j'en ai. Je vengerais la mort d'Agathe. Elle n'aurait pas du mourir. Je... Je... Je ne peux rien ! Maman, tu sais aussi ! JE NE PEUX RIEN ! Je HURLE au fond de moi, tu sais ? Je CRIE, je PLEURE, je SAIGNE ! Je suis tellement impuissant. Les larmes tombent, malgré moi.

Je me meurs maman. Je me meurs.

Sauve-moi.

Mickaël.

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