La nuit semblait finalement là. Prête à résider pour une douzaine d'heures. Pour Loexlë, seize ans, le ciel d'encre et la pluie d'étoile était synonymes de liberté. Personne n'osait trop s'aventurer dans le château à des heures tardives, on avait trop peur des vampires, trop peur des professeurs. Tellement de choses insignifiantes aux yeux de la jeune fille. Après tout, son prénom n'était-il pas un hommage à Robin des Bois, Robin de Loxley, le plus courageux des anglais ? Il fallait bien qu'elle assume. Et puis, qu'importe la peur qu'elle taisait au fond d'elle depuis l'enfance, il fallait qu'elle sorte, il fallait qu'elle court dans l'herbe encore verte du parc de l'école. Cette école qu'elle détestait, remplie de gens qu'elle portait en horreur. Des vampires, des idiots qui bavaient sur leur chemins, et des profs qui se plaisaient à mettre un point d'honneur à envoyer Loexlë en heure de retenue. Elle les détestait. Tous, ou presque. La seule chose qu'elle attendait encore de cette école était l'occasion de venger son défunt frère. Et c'est ce même espoir qui la poussait hors du dortoir paisible de sa maison chaque soir, qui mouvait ses jambes dans une direction toujours nouvelle à la tombée de la nuit.
L'aisance de Loexlë à se déplacer dans le noir était surprenante, seul le glissement de sa robe sur le sol aurait pu la démasquer mais elle arriva finalement à son but du soir : la forêt interdite. Son souffle n'était pas saccadé, ses doigts ne tremblaient pas autour de sa baguette en bois de lierre. La peur était son amie, et la témérité l'accompagnait et veillait sur elle, comme l'aurait fait son frère. C'était pour lui qu'elle était là. Elle ne lâcherait pas l'affaire, elle voulait la vengeance, et qu'importe les blessures et les larmes qui pourraient l'affaiblir, Loexlë ne reviendrait pas en arrière. Jamais. Les suceurs de sang eux, n'étaient pas revenus en arrière lorsqu'ils avaient tuer Ivahn.
Un craquement menaçant retint l'attention de la jeune fille, et l'instant d'après un immense tigre jaillit de la baguette de Loexlë afin de la protéger des éventuels ennemis, mais le danger n'en était finalement pas un : un sombral solitaire passait simplement par là. Déçue, la jeune fille abaissa sa baguette et continua son chemin en s'enfonçant d'avantage entre les arbres centenaires. Que cherchait-elle ? Elle savait parfaitement que les vampires de Poudlard n'étaient pas ceux qu'elle cherchait.
- Faux, murmura-t-elle entre ses dents et son habituelle colère fit taire cet instant furtif où sa raison reprenait le dessus.
Soudainement énervée, Loexlë se laissa aller à courir hors des sentiers battus. Elle eut l'impression d'avoir parcouru des kilomètres lorsque sa colère fut définitivement éteinte. Maintenant, elle était définitivement perdue. Elle s'interrogea sur le nombre de jour qui s'écoulerait avant qu'on se lance à sa recherche. Elle compta trois, car il lui était fréquent se sécher les cours, puis elle en rajouta deux car on pourrait penser qu'elle est en fuite après avoir enfin tuer un vampire, et enfin lorsqu'on aurait fait l'appel de tous ses sauvages, on rajouterait une journée de préparation car personne n'aurait véritablement envie de la retrouvée. Finalement, Loexlë se demanda ce qu'elle pourrait bien faire pour survivre une semaine ici, lorsqu'une voix sonore, rauque et menaçante s'éleva des ténèbres :
- Ce que tu cherches n'est pas ici.
- C'est faux, déclara-t-elle instinctivement avant de réagir comme une personne censée, Spero Patronum !
- Ton tigre ne te servira à rien.
- Laissez moi tranquille, murmura Loexlë soudainement énervée par ce centaure stupide qui se tenait à environ trois mètre d'elle.
- Ce que tu cherches n'est pas ici.
- Vous radotez mon vieux, peut être que vous devriez prendre votre retraite ?
- Je ne plaisante pas, Loexlë. Ou peut-être devrais-je t'appeler Eddie ?
Loexlë ne sourit pas lorsque le centaure utilisa son surnom. Il n'était qu'un de ces stupides centaures qui prônait la paix entre vampire et humain. De plus, il connaissait Loexlë, il savait pourquoi elle détestait ses sales sangsues, mais il s'entêtait à ne pas comprendre. La seule raison pour laquelle la jeune fille ne l'attaquait pas, était qu'il tenait sa langue auprès des profs, et lui évitait ainsi un renvoi définitif.
- Vous ne me connaissez pas.
- Au contraire. Les étoiles et les constellations parlent beaucoup de toi tu sais ?
- Ah oui ? Maintenant je comprends pourquoi les cours de divination sont si ennuyant.
- Les étoiles ne parlent pas de simples guerres entre sorciers et vampires. Elles parlent de courant entier de personne.
- Vous perdez la raison mon vieux. Il y a trente secondes vous me disiez qu'elle parlait de moi.
- Tu fais simplement parti d'un courant de vengeance, qui prône la mort des sangs froids. Les étoiles ne mentent pas, et elles disent que ce mouvement échouera.
- Allez viens, je te ramène.
Loexlë ne broncha pas et se mit en route avec le vieux centaure. Elle traînait des pieds, déçues de n'avoir croisé aucuns loups. Les loups étaient ses amis. Les seuls à comprendre, à accepter sans poser de questions. Malheureusement, ils se méfiaient encore de la petite brunette, sous peine qu'elle était dangereuse et en colère après le monde entier. C'était faux. Loexlë n'était pas en colère, du moins, elle se tuait à s'en convaincre. Elle avait appris depuis longtemps que les sourires et les mensonges ravissaient le monde entier, alors que la vérité faisait fuir les gens. Elle les rendait nerveux. Loexlë avait vu sa famille entière baisser les yeux devant sa douleur. Elle en avait tirer une bonne leçon de l'honnêteté et était devenue une professionnelle du masque. Peut-être devrait-elle s'orienter vers une carrière d'actrice ?
- C'est finit Loexlë
Ce murmure la tira de sa rêverie. Elle se doutait qu'il ne parlait pas du chemin qui les avaient ramenés au château, mais se borna à faire semblant de ne pas avoir entendu. Encore deux pas et elle fut baignée de cette lumière lunaire qu'elle aimait tant. Puis, avec agilité et rapidité, elle remonta vers son dortoir sans un regard pour le centaure resté dans la pénombre. Loexlë erra un moment dans les couloirs. Elle montait des plans impossibles, se berçait de pensées haineuse envers ces meurtriers et se demandait combien de temps encore elle devrait attendre avant un combat concret. Les petites bagarres lors des diners n'étaient plus amusant, et même ses amis commençaient à se lasser d'entendre « vampire » et « abrutis » dans la même phrase. Il fallait qu'elle en finissent. Elle-même ne se supportait plus d'être hantée à ce point par le fantôme inexistant de son frère. Elle se haïssait d'être si méchante et ne supportait plus ses propres pensées de violences. Elle cherchait simplement la paix. Sa propre paix intérieure et celle de son frère, qui, selon-elle, ne pouvait reposer en paix tant que ses assassins étaient encore dans la nature.
En silence, elle se glissa devant la porte de son dortoir et marmonna « Felix Felicis » au portrait endormi qui s'ouvrit avec un ronflement sonore. Loexlë remonta d'un pas trainant dans son lit, et se coucha en chien de fusil sous les couettes. Elle savait parfaitement qu'une nouvelle nuit de cauchemars l'attendait dès que sa vue commencerait à se brouiller.
Un vampire mort, deux vampires morts, trois vampires morts...
Et sa vue se troubla. Le fantôme d'Ivahn apparut, fidèle à lui même, plus en colère que jamais. Loexlë se laissa balloter par ces ombres menaçante sans broncher. Elle se débattait en silence, pendant que la nuit défilait avec une lenteur exaspérante.
- Pourquoi ? Murmura-t-elle dans son sommeil.