Hurt Me Badly | Lokhyky

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Il était dommage que plus rien ne puisse lui faire mal, rien de vivant ou de naturel en tout cas. Car elle avait beau frapper le mur de son point de marbre poli, rien ne pouvait plus lui faire mal. La pierre souffrirait bien avant elle. Et en un sens, elle regrettait cela. Elle avait honte d’elle-même. Comment avait-elle pu faire cela ? C’était contre toutes les règles. Elle ne comprenait pas comment elle en était venue là. Comment une simple odeur avait pu lui faire perdre la tête de cette façon ? Comme ce simple mortel avait pu lui faire perdre toute trace d’humanité par sa simple présence. Tout compte fait, elle aurait peut être du le tuer. Elle aurait du s’abreuver a son cou tendre, elle aurait du sentir son sang couler lentement le long de son œsophage pour venir éteindre le feu qui la consumait de l’intérieur. Il n’aurait pu rien dire, rien pu ajouter. Elle aurait doucement vu la vie quitter son regard d’acier, entendu son dernier souffle s’échapper par ses lèvres exsangues.
Les paumes posées contre la paroi, elle y déposa doucement son front, fermant les yeux. Comme elle aurait souhaité oublier tout ce qui venait de se passer, cette soif qui la taraudait depuis. Elle devait aller prendre son traitement, et elle était en route pour le faire, mais cette scène ne voulait pas s’échapper de son esprit tourmenté. Elle se revoyait encore et encore le prendre dans ses bras et appuyer ses lèvres glacées sur la carotide d’Eethaniel. Elle avait aimé sentir le sang pulser sous ses lèvres. Elle n’avait qu’à entre-ouvrir les lèvres, pour ensuite percer la chaire tendre et juteuse de sa proie humide.
Un léger soupir s’échappa de ses lèvres, ses doigts se crispant doucement contre la pierre. Si quelqu’un l’avait aperçue, elle en paierait les conséquences, mais elle avait d’autres chats à fouetter pour le moment. Elle devait aller, et ce d’urgence, prendre son traitement, si elle ne voulait pas finir par sauter sur un élève et le vider de son sang dans les heures qui suivraient.
Elle décolla doucement son visage du mur, ses mains restant posées sur ses derniers. Ses yeux s’ouvrirent, et elle avait beau ne pas avoir des yeux derrière la tête, elle se sentait épiée, et elle savait parfaitement de qui il s’agissait. Lokhyan. Sans doute le plus puissant immortel a sa connaissance, et elle l’avait vu faire des choses qui pourraient la faire cauchemarder, même aujourd’hui.

« Bonsoir Lokhyan . »

Un peu de politesse ne faisait pas de mal, et elle s’était toujours plutôt bien entendue avec ce vampire sanguinaire. Ainsi, elle n’allait pas commencer a le bouder aujourd’hui. Elle ne se retourna pas tout de suite pourtant, prenant tout son temps avant de faire face au vampire. Elle finit par s’adosser au mur, ses cheveux dissimulant en partie son visage, bien que son regard se portait sur le visage ciselé de Lokhyan.

Depuis combien de temps errait-il dans les couleurs, séduit par l’odeur du sang humain ? Depuis combien de temps se levait-il la nuit, pour sentir ces milliers de flagrance s’infiltrer dans son corps ?
Depuis quelques temps, l’odeur d’Apolheen Macwylde ne lui suffisait pas, et Lokhyan ne pouvait s’empêcher de se rendre dans les chambres des élèves, sentir leur odeur, renifler leurs cous graciles, et disparaître dans la nuit. Sa soif devenait de plus en plus difficile à contrôler, et en plus du régime humain, il devait se rendre dans les contrées lointaines pour chasser le buffle, ou encore le tigre. Et oui, s’était lui le tueur qui traquait ces animaux au pelage roux, connu par les trafiquants pour leur piquer leur jouet préféré. Mais ça, personne ne le savait, ni le Ministère, ni Apolheen. Il n’en avait pas honte, non, il était bien trop intelligent pour avoir pitié de lui. Non, Lokhyan était juste lucide sur son futur et sur celui du monde. Le monstre qu’il avait réussi a enfermer il y des dizaines d’années ressurgissait, et il était conscient du danger qui entourait ses proches. Apolheen. Sa belle humaine dont il était fou amoureux. Il avait réussi a se contrôler en sa présence, à ne jamais la mordre, à ne jamais s’abreuver de son sang. Mais serait-ce pareil dans quelques semaines ou quelques mois ? Lokhyan savait très bien qu’il ne pourrait se contrôler plus longtemps. L’odeur de la belle brune était plus enivrante que tout celles qu’il avait déjà connu, et en milles ans, il en avait rencontré des hommes.
Le monde dormait. L’inde surtout. Le château était plus silencieux qu’en Angleterre, sûrement la peur du spirit qui empêchait les élèves de sortir. Etat-il le seul à ne craindre cet être immonde ? Il en avait eu peur pendant quelques mois, après sa transformation, mais le temps avait eut raison de sa crainte, et très vite, l’immortel avait oublié son ennemi juré. Puis le spirit était réapparu, et la haine avait remplacé la peur.
Un bruit. Un souffle presque inaudible. Quelqu’un se trouvait a une centaine de mètres de lui, Lokhyan l’entendait, le savait depuis quelques minutes déjà, mais avait fait abstraction de cette personne. Il n’avait pas envie de parler cette nuit. Mais l’odeur de ce vampire avait réveillé en lui des connaissances. Une jeune immortelle, qu’il avait rencontrée quelques fois. S’approchant à pas de loup, elle le salua poliment, sachant très bien qui il était.

En quelques secondes à peine, la jolie Olympes se retrouvait plaquée au mur, emprisonnée par les mains puissantes de l’immortel le plus connu au monde. L’animal se réveillait doucement, et attaquait toujours quand il ne le fallait pas. Laissant sa bouche descendre le long de la chevelure brune de la belle russe, et passant par son cou gracile, l’éternel huma la flagrance délicate de sa congénère.

-Si tu n’avais pas été vampire, je t’aurais déjà croqué, belle Olympes…

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Opposa-t-elle une quelconque résistance ? Non. Tout simplement parce qu’elle savait très bien que cela n’aurait tout simplement servit a rien. Il était tellement plus vieux qu’elle, avait accumulé tellement de pouvoir. Elle n’était qu’au début de son immortalité. Elle était prisonnière de sa poigne d’acier, plaquée contre le mur. Deux bêtes s’étaient éveillées la même soirée, cela ne présageait rien de bon. Pour les mortels de cette école tout du moins.
Il huma son odeur, elle ne broncha pas, si ce n’est qu’un léger sourire en coin se dessina sur les lèvres de la petite russe. Elle-même n’avait pas besoin de faire cela pour sentir son odeur. Flagrance qui lui rappelait tant de souvenirs. Tant de sang, tant de morts, partagés avec Lokhyan, avec Samael. L’évocation de ce simple prénom suffit à lui mettre l’eau à la bouche. Ce dernier avait bu son sang, et Olympes avait bu le sien par la suite, tellement de fois. Le sang, ils avaient tous cela en commun.

« Si tu n’avais pas été vampire, je t’aurais déjà croqué, belle Olympes… »

Un son cristallin, léger se fit entendre. Son rire. Tout d’un coup, il lui semblait si étranger. Ca recommençait, et elle subirait cela jusqu'à ce qu’elle prenne le traitement. C’était désagréable, c’était comme être étrangère dans son propre corps, alors que celui-ci se réveillait à ses pulsions, pulsions qui furent si longtemps assoupies.

« En effet...Tu arrives un peu tard pour cela Lokhyan. »

Les cheveux bruns de Lokhyan lui effleurèrent le nez. Et alors que la brulure de la soif s’intensifiait, ses poings se crispèrent, tout comme sa mâchoire. Elle aurait du faire d’Eethaniel son repas, tout aurait été tellement plus simple, et elle n’aurait pas envie de sauter sur tout ce qui contenait du sang, immortel ou non. Mais peut être était-ce là la chose la plus grisante, savoir qu’elle ne pourrait jamais atteindre le sang qui était là, a portée d’elle.
Elle le laissait donc faire, ne bougeant guère que la tête pour ne pas le quitter du regard. Et en cet instant, elle se demanda comme il avait fait pour ne pas vider son humaine. Après tout, il passait tellement de temps avec elle, et il avait tellement soif. Peut être que l’idée de la transformer l’avait effleurer, peut être étaient-ils en train d’organiser la chose.

-Sais tu que mon sang est plus vivifiant que n'importe quel aphrodisiaque?

-Je t'offre mon sang Olympes, ne refuse pas ça a ton chef...

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Lokhyan flirtait avec elle, et c’était bien une première. Il la tenait à présent par les hanches, lui souriant, les canines bien en vue. Le fait qu’il lui montre ses canines la fit sourire. Un léger sourire en coin, presque imperceptible. Car oui, elle trouvait cela risible. Après tout, elle avait exactement les même, et les siennes faisaient également bien des dégâts plantées dans n’importe quelle chaire. Mais il réussit tout de même à la surprendre. Portant son propre poignet a ses lèvres, y déchirant la chaire de ses propres crocs. Oh, elle savait que cela ne faisait pas mal, mais tout de même, elle fut surprise qu’il lui offre son sang.

-Sais tu que mon sang est plus vivifiant que n'importe quel aphrodisiaque ?

Cette odeur. Le sang coulait doucement de la plaie que lui offrait son interlocuteur. Sa bouche s’entre-ouvrit doucement. Elle ne rêvait que d’une chose, se jeter dessus et d’y aspirer le liquide vermillon d’une façon effrénée. Mais elle resta ainsi, placide, en proie à une lutte intérieure. Une partie d’elle voulait boire, encore et encore. Mais l’autre ne voulait pas redevenir le monstre sanguinaire qu’elle fut pendant bien des années. Figée telle une statue de marbre, son regard passait doucement du visage de Lokhyan à son poignet sanguinolent.
Il l’avait doucement poussée d’avantage dans l’ombre, tous deux plaqués l’un contre l’autre. C’était intime, trop peut être, pour deux personnes qui n’avaient jamais partagé que le gout du sang.

-Je t'offre mon sang Olympes, ne refuse pas ça a ton chef...

Décidément, elle allait de surprise en surprise. Il lécha lui-même son propre sang avant de forcer la barrière de ses lèvres. Les siennes étaient dures, froides, conquérantes. Et elle sentit bien assez vite le liquide épais et chaud sur sa langue. Et bien malgré elle, elle avala. Son sang avait un petit quelque chose qu’elle ne connaissait pas, un gout boisé. Elle avait l’impression d’avaler le pouvoir que Lokhyan avait accumulé depuis des siècles. Et c’était bon, si bon...
Quand Lokhyan se détacha enfin de ses lèvres, elle ne put s’empêcher de passer sa langue sur les siennes, récoltant ainsi les dernières gouttes du précieux nectar. Une étrange lueur faisait briller son regard, et l’épisode de la salle de bain recommença.
Alors que la plaie du vampire était en train de se refermer, elle saisit fermement le dit poignet, le portant a ses lèvres. Elle rouvrit la blessure avec une facilité déconcertante, aspirant avec vivacité le sang qui recommençait à couler. Une gorgée, puis une autre...Elle aimait sentir la sensation du sang qui coule le long de votre gorge, elle n’avait pas fait cela depuis si longtemps, et c’était comme si la soif accumulée depuis des années se réveillait enfin. Mais étant sous traitement, elle reprit ses esprits, comme avec Eethaniel. Elle se redressa, lâchant le poignet de marbre de Lokhyan. Elle s’essuya les lèvres d’un revers de main avant de s’éloigner. Son pas était rapide, très rapide, et si elle n’avait pas prit le traitement, elle se serait tout bonnement éclipsée. Satané traitement...Elle entendit le rire de Lokhyan s’élever dans les airs et se répercuter contre la paroi, mais ne revînt pas en arrière, elle le reverrait bien assez vite.

*END*

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