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| (end) Turn your face to the sun and the shadows will fall behind you | |
| Auteur | Message |
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| Sujet: (end) Turn your face to the sun and the shadows will fall behind you Lun 11 Mai - 21:16 | |
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Un léger sourire étirait les lèvres fines de Satine Blackhart. Les rares étudiants qui passaient par là, à cette heure tardive de l’après-midi, croyaient halluciner. En effet, il était rare de voir Satine sourire (du moins, pour des raisons innocentes, elle était plutôt amatrice du sourire conquérant ou moqueur). Mais ce qui devait étonner encore plus, c’était qu’elle était parfaitement seule, dans un endroit public, à laisser libre cours au délice évident qu’elle ressentait à dorer ainsi au soleil. Il était bien rare que sa ville natale bénéficie d’un temps aussi clément (ce n’était même quasiment jamais arrivé qu’un tel soleil brille sur Poudlard, à son ancienne localisation). La jeune sorcière était d’emblée tombée amoureuse de l’endroit. La fontaine était idéalement située et il lui était plusieurs fois venu à l’esprit qu’il ferait bon de venir s’y poser quelques heures pour offrir à sa peau trop pâle une petite séance de bronzage. Aucune fille, qu’elle soit Sorcière ou non, ne pouvait prétendre ne pas aimer voir sa peau glisser doucement du blanc cadavérique au miel doré. Satine, du moins, n’irait pas oser affirmer le contraire et c’est avec cette idée persistante en tête qu’elle avait poursuivi son quotidien indien, tentant bien malgré elle de se faire à ce nouveau train de vie bien différent de celui qu’elle avait connu jusque-là. D’ailleurs, si on lui avait annoncé il y a quelques semaines qu’elle se retrouverait d’ici peu embarquée dans une aventure incroyable pour sauver le monde d’un être malfaisant, qu’elle parcourrait des centaines de milliers de kilomètres pour intégrer un style de vie antagoniste au sien, elle aurait ri au nez du malheureux. Elle, quitter la terre chère aux Blackhart ? Mais vous l’aviez bien regardée ? Les Blackhart étaient faits pour régner sur la contrée, ils n’avaient d’autres buts que celui-là. De plus, à voir la grimace qui avait écorché le visage de son jumeau, il était certain que jamais elle ne quitterait leur précieuse île. Et pourtant… Voilà qu’elle avait intégré les rangs d’une centaine de jeunes sorciers prêts à risquer leur vie pour sauver celles de milliers d’autres, qu’ils soient Sorciers ou Moldus. Elle suivait toujours les cours, mais ils n’étaient plus donnés au sein d’un château glacial à toute époque de l’année, dans des salles perdues dans des dédales de couloirs tous aussi inquiétants les uns que les autres pour toute personne étrangère au monde Sorcier. Un monde que les Blackhart connaissaient depuis leur plus tendre enfance pour être les descendants d’une des dernières familles de Sang Pur de la région. Il ne fallait pas se leurrer, elle n’était pas venue dans le but de prêter main forte aux autres, bien qu’elle agisse comme si depuis son arrivée sur le territoire indien. Ce qui l’avait poussé à apprendre des sortilèges complexes et secrets, c’était la volonté de suivre Eethaniel, évidemment. Où qu’il aille, Satine serait derrière lui, telle une ombre et elle serait donc restée dans leur pays natal si, comme elle l’avait prévu, il avait laissé les autres aller sur faire tuer pour une cause en laquelle il ne croyait pas. Mais, comme toujours, les réactions d’Eethaniel étaient imprévisibles et c’est assez soudainement qu’il lui avait fait part de son intention de partir pour l’Inde, avec les autres. Sceptique, la jeune femme avait bien tenté de lire en lui la véritable raison de ce revirement de choix mais il avait été impénétrable et elle avait simplement répondu que si c’était comme ça, on pouvait compter une Blackhart supplémentaire dans les Sorciers-Soldats, comme elle les surnommait sournoisement auparavant. Sa mère avait été catégorique : elle ne voulait pas que Satine suive son jumeau. Celui-ci pouvait bien faire ce qui lui plaisait de sa vie, elle n’en avait pas grand-chose à faire. Mais que sa fille risque son existence pour une poignée d’ingrats ? C’était inimaginable, au-dessus de ses forces. Satine avait simplement attendu qu’elle termine sa litanie avant d’affirmer à nouveau, sur un ton qui n’admettait aucune réplique que quoi qu’elle pense, elle irait, alors il valait mieux pour Madame Blackhart qu’elle aide Satine a fermer sa valise plutôt qu’à tenter quoi que ce soit pour l’empêcher d’accompagner Eethaniel. Madame Blackhart devait probablement s’en douter mais plus rien ne séparerait les jumeaux si tant est que quelque chose les ait séparé un jour… Peut-être était-ce cette liberté quasi totale qu’elle savourait à l’instant même, alors qu’elle était allongée sur le dos sur le bord de la fontaine, écoutant le clapotis idyllique de celle-ci. Les conversations se faisaient lointaines tandis qu’elle se laissait bercer par le chant aquatique, les mains reposant délicatement sur son ventre plat, sa longue chevelure sombre glissant en cascade jusqu’à frôler le sol doré qui auréolait la fontaine paradisiaque. Ses paupières étaient closes et sa respiration paisible. Il y avait longtemps que Satine Blackhart ne s’était sentie aussi… posée.
Dernière édition par Satine Blackhart le Jeu 18 Juin - 20:11, édité 1 fois |
| | | Eethaniel Blackhart
♦ Lettres Envoyées : 832 ♦ Crédit : Barda.
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| Sujet: Re: (end) Turn your face to the sun and the shadows will fall behind you Mar 19 Mai - 21:02 | |
| Eethaniel s'était égaré dans les petites ruelles de la ville, n'inspirant guère confiance. Les pavés étaient parfois inondés d'eaux usagées qui circulaient mal le long des caniveaux. L'ambiance qui régnait était encore sereine, et celle-ci se voyait sur les visages des passants qu'il avait croisé sur son chemin, certains voisins discutant de balcon en balcon ou en bas des immeubles menaçant de s'écrouler. Il était au seuil des bidonvilles mais finalement, il ne s'aventurerait pas plus loin. Alors, il avait fait demi-tour, tentant en vain de traverser la rue principale, bruyante et bondée de vendeurs à l'arrachée mais aussi de quelques mendiants qui ne lui inspiraient aucune compassion. La misère était tout autant présente en Angleterre qu'ici. Et lui-même se sentait dans un état de pauvreté depuis bien longtemps. Il avait beau avoir eu un toit et une " chambre " à lui, il n'avait jamais connu le luxe, et sa façon de vivre, qui lui était bien sûr imposée par ses parents, était sans doute bien pire que les conditions de vie d'une personne dans la rue. Mais il avait beau détesté ce train de vie là, le Royaume-Uni lui manquait énormément. Le climat était bien plus agréable qu'ici, où Eethaniel avait l'impression de ne pas pouvoir respirer très longtemps lorsqu'il osait mettre son nez au dehors des murs de l'école temporaire installée, souvent sous un soleil éclatant. Aujourd'hui n'avait pas échappé à cette règle. Inutile de préciser à quel point il fut dévisagé par les habitants locaux quand il passait devant eux, le teint grisâtre, quelques gouttes de sueur perlant sur son front. Et il se sentait très mal, suffoquant presque. Il détestait la chaleur, surtout à une échelle aussi haute. Il déteste le soleil, préférant de loin la brume et la pluie de son pays natal. Car lorsqu'il était enfermé dans la pièce qu'il habitait dans le manoir familial, elle brisait le silence qui régnait d'un rythme incessant mais qui lui permettait de s'évader dans des songes le plus souvent tournés vers sa soeur. Il n'osait pas se découvrir pour alléger son martyr, cachant les cicatrices et rares bleus qui couvraient ses bras, son dos et ses jambes. Ce n'était pas par peur d'être jugé, loin de là. Il ne voulait pas non plus s'attirer la pitié de certains et l'inquiétude des autres. Il avait toujours vécu avec et il avait fini par s'y habituer, la douleur des coups et des sorts perdant chaque fois un peu plus de son impact sur lui. Comme en voie d'être totalement immunisé. Non, il avait honte. Honte d'être aussi faible et de se laisser frapper par un moins que rien, qui n'avait fait que de bien dans sa vie de participer à sa création, mais surtout à celle de Satine, ne sachant pas d'où la perfection qu'il voyait en elle pouvait bien découler. Sa mère ne valait pas mieux. Alors comment une personne aussi divine avait pu naître de deux monstres aussi minables soient ils ?
Il avait fini par rejoindre l'enceinte de Poudlard. Une canular monumental, selon lui. Poudlard, en Inde ? Quelle supercherie. Il n'y en avait qu'un et c'était dans ce château anciennement caché de tous sauf des sorciers en Écosse. Les cours avaient perdu de leur intêret. Il ne se sentait pas chez lui mais pas pour autant déstabilisé. Il voyait là un moyen de partir en reconnaissance, pour se familiariser une première fois avec les lieux étrangers à l'île britannique, qu'il reviendrait sans doute voir d'ici quelques années, lorsque son plan sera en marche. Il ne s'était pas pour autant mêlé à la population locale. Et il était donc évident qu'il ne venait pas là pour jouer aux héros comme tous les autres étudiants l'avaient souhaité. Ils étaient sans doute en quête de gloire, cherchant à rentrer dans les livres d'Histoire ou à avoir une statue à leur effigie en mémoire de leur courage. Pour sa sécurité et celle de sa jumelle, il avait jugé que partir serait la meilleure des choses. Et ils avaient atterri ici. Il traversa les jardins, les mains dans les poches, marchant à l'ombre des arbres, tentant de récupérer une respiration normale malgré la lourdeur de l'air. Il avait en tête l'idée de se rafraichir ne serait-ce que le visage à la fontaine. Mais avant de retrouver l'oasis qu'il apercevait déjà, il s'arrêta quelques secondes, ses yeux fixant quelques fleurs inconnues mais aux couleurs chatoyantes. Il s'accroupit le temps d'en cueillir une, comptant bien l'offrir à Satine, lorsqu'il la croiserait et si par chance, elle était seule. Il reprit sa route, ses pas écrasant l'herbe verte. Le son de l'eau qui coule lui parvenait déjà aux oreilles. Il s'approcha du petit édifice, trempa sa main libre dans l'eau scintillante et plaqua sa paume dégoulinante sur ses joues, à tour de rôle. Sa peau n'avait pas rougi malgré la chaleur mais la fraîcheur qu'il venait d'appliquer lui fit un bien fou. Il fit le tour de la fontaine, pensant errer dans les couloirs frais de l'école afin de trouver celle qu'il cherchait, avant de s'apercevoir qu'elle était juste là. Il plissa les yeux, n'en revenant pas. Elle esquissait un sourire comme il en avait rarement vu et surtout..elle profitait du temps. Comment pouvait-elle supporter une telle température ? Et une lumière aussi brûlante ? Il baissa son regard sur la fleur qu'il tenait dans les mains, puis regarda autour de lui, si aucun autre élève ne passait par là. Il s'approcha alors en silence de sa sœur, s'assit sur le bord de la fontaine. Il glissa délicatement sa main sur son front, retirant les quelques mèches qui cachaient les dernières parcelles de sa peau. De quoi avait-il l'air à côté d'elle ? Sa peau avait déjà changé de couleur au fil des jours, et lui, restait aussi blanc qu'une licorne. Il en avait profité pour poser délicatement la fleur près des mains fines de Satine, sur son ventre. Il sourit en voyant une telle image, son visage se détendant totalement lorsqu'elle était dans les parages. Mais alors qu'elle rouvrait les yeux, il avait déjà détourné le regard, surveillant une fois de plus une potentielle présence en ces lieux, craignant que la mascarade soit finalement découverte à cause de quelqu'un de trop curieux ou d'un manque de vigilance de sa part. Il n'avait cependant prononcé aucun mot, comme à son habitude.
Dernière édition par Eethaniel Blackhart le Jeu 4 Juin - 20:29, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: (end) Turn your face to the sun and the shadows will fall behind you Sam 23 Mai - 21:51 | |
| Un tel bien être n’avait pas frappé la jeune Blackhart depuis bien longtemps et, en sentant la présence fraternelle, si proche, le bonheur qu’elle ressentait et qui se manifestait par le demi-sourire qu’elle affichait, augmenta à vitesse exponentielle, tandis qu’un frisson de délice parcourait sa peau dorée. Il suffisait d’un frôlement de la part d’Eethaniel pour que le corps entier de Satine réponde. Une caresse et le feu la brûlait littéralement, un regard et son cœur s’effilochait, un baiser et elle ne répondait plus aux commandes de son cerveau, comme si elle était captive de l’attraction qui sévissait entre eux, immorale, irrationnelle. Elle ne bougea pas d’un millimètre lorsqu’il déposa le cadeau à la fois sans valeur et tellement précieux sur son ventre, à proximité de ses mains jointes et elle ne tarda pas à ouvrir les yeux pour le contempler, espérant croiser la flamme dans son regard si souvent éteint. Force était de constater qu’il avait déjà reporté son attention ailleurs, et une pointe de déception vrilla le cœur de la jeune Blackhart. Son sourire s’effaça lentement et son visage revint à la normale, son regard noisette braqué sur la peau presque translucide de son frère. Ses paupières trop maquillées battirent deux fois, puis une troisième fois, et elle se décida à se redresser avec une souplesse quasiment féline. Ses pieds retrouvèrent le sol de gravillons, et elle passa ses paumes sur ses cuisses pour défroisser son uniforme d’Emeraude. Il avait gardé le silence, ce qui, en soit, n’était pas bien dramatique, Eethaniel n’ayant jamais été très loquace. Il montrait encore moins ce qu’il ressentait. Avec le temps, elle s’y était faite, même si, suite à leur première caresse, elle s’était attendue à autre chose. Il avait été plus lucide, évidemment. Elle était bien trop entière, elle aurait bravé les préjugés s’il ne l’avait arrêtée, lui expliquant calmement – presque froidement – combien il était primordial que leur relation reste secrète. Si elle avait été d’abord choquée et blessée de devoir cacher une telle joie, elle avait rapidement dû admettre qu’il avait raison sur toute la ligne et elle s’était évertuée à se plier aux règles tacites de cet engagement. Aussi longtemps qu’il serait sien, elle tiendrait le coup, elle ferait tout ce qui était nécessaire pour que leur amour soit sauf. Ils étaient si jeunes lorsque ça leur était tombé dessus, pourtant, il n’était jamais venu à l’esprit de Satine de se détourner d’Eethaniel, de regarder ne fût-ce qu’une demi-seconde, les autres Sorciers sous un autre angle. C’était comme s’ils étaient tous soudainement devenus asexués. Ce n’était plus des « garçons » qu’elle avait face à elle mais juste des Sorciers. Aucun d’entre eux ne sortirait jamais du lot, aucun d’entre eux ne représenterait plus qu’un autre. Quant à savoir si une autre fille avait déjà intéressé Eethaniel – en écartant sa soudaine passion pour les vampires, évidemment – Satine chassait tout simplement cette interrogation de son esprit dès que celle-ci avait le malheur de pointer le bout de son nez. Elle savait son propre tempérament trop incontrôlable pour laisser une telle inconnue venir assombrir sa vision du futur. Tournant son attention vers les traits sérieux d’Eethaniel, elle se laissa aller légèrement en arrière pour appuyer ses paumes sur la pierre lisse de la fontaine.
« Tu t’es fait bien rare, ces temps-ci » commenta-t-elle au bout d’un moment silencieux. « Tu fuyais le soleil ? »
Elle savait combien Eethaniel avait du mal à supporter le climat indien. Il était né pour régner dans un monde pluvieux et grisâtre, là où le soleil pouvait mal de brûler sa peau fragile, là où la température ne forçait pas les gens à devoir constamment s’hydrater sous peine de tomber dans les vapes, là où l’air n’était pas sec au point d’assommer, là où on n’avait pas cette envie constante d’abandonner la partie face à la nature et de s’allonger pour faire la sieste. Parce qu’il était bien question de ça. Depuis leur arrivée en Inde, c’était comme s’ils étouffaient à petit feu. Ce n’était pas seulement Hogwarts qui leur manquait, c’était tout le reste, tout l’environnement qui auréolait le château et donnait à celui-ci sa majesté. |
| | | Eethaniel Blackhart
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| Sujet: Re: (end) Turn your face to the sun and the shadows will fall behind you Mar 26 Mai - 19:38 | |
| Fuir le soleil ? C'était plutôt ça, oui. Il ne comprenait pas cet attrait éternel pour la chaleur et la lumière. Il n'était pas né vampire, et pourtant, il avait au moins cette caractéristique en commun avec eux. Il n'aimait plus son corps de sorcier depuis qu'il avait découvert les cordes sensibles de certains de ces êtres éternels et quand un éclair de génie traversa son esprit quant à l'utilité que leurs capacités pouvaient avoir de positif pour lui. Mais aussi pour elle, surtout pour eux, en réalité. Il préférait de loin la brume et la fraîcheur de son pays natal, beaucoup plus vivable que la fournaise indienne. Mais naître sous cette espèce aurait inclus le fait que ses parents en soient également, et l'éternité de sa famille n'aurait que tourmenter un peu plus son esprit de vengeance. Il n'attendait qu'une chose : leur mort, dans les pires souffrances qui soient si le destin était favorable avec lui. Lâchant un soupir, il ferma les yeux avant de répondre.
J'ai l'impression de vivre en plein désert. Ce pays est totalement invivable.
Malgré tout, ce voyage avait au moins un côté positif. Sa soeur et lui gagnaient un peu plus en liberté. Quand bien même il avait auto-affirmer la sienne depuis des années, n'acceptant plus d'être aussi malmené qu'un elfe de maison, si ce n'est pire, Satine était loin d'être dans ce cas. Elle était la fierté de leur mère, la prunelle de ses yeux. Lui n'avait même pas eu besoin de parler de son départ, n'en voyant pas l'intérêt, puisqu'au final, il aurait du faire face à l'ignorance totale ou bien d'un Bon débarras dédaigneux. Aucune des deux options ne l'aurait touché, mais autant ne pas perdre son temps avec des choses inutiles, ce dernier étant précieux, surtout dans la conjoncture actuelle du monde. Il n'était pas là lorsque sa soeur avait annoncé qu'elle partirait, elle aussi. Il s'était imaginé différentes scènes, à plusieurs reprises. Mais chacune faisait souffrir sa mère, et lui donnait quant à lui un sourire immense. Il s'était même pris à l'imaginer à genoux, retenant sa fille par les jambes, sanglotant, prête à tout pour qu'elle reste. Mais qu'aurait été le sort de Satine si elle était bien restée au Royaume-Uni ? Et lui ? Comment aurait-il réagi ? L'option du non-départ était inconcevable. Il n'avait jamais essayé d'abuser de sa relation avec Satine pour faire souffrir qui que ce soit, mais dans le cas présent, il était fier et très satisfait de ce qu'elle avait pu faire. Il savait pertinemment qu'elle n'en avait que faire de l'avis maternel, mais des preuves comme celles-ci ne pouvaient que le faire sourire face à la tristesse profonde qu'elle éprouvait en voyant sa fille s'en aller, pour suivre la honte de la famille et le bon à rien qu'elle avait eu le malheur de mettre au monde par la même occasion.
Disons que je m'habitue à ce qui m'attend.
Mystérieusement, il jeta un oeil à sa soeur, attendant sa réaction, persuadé qu'elle avait parfaitement compris ce qu'il insinuait là. Il voulait voir l'expression de son visage qui accompagnerait alors son sermon habituel. Il n'aimait pas spécialement la contrarier ou la mettre dans des états pareils. Il la connaissait mieux qu'il ne se connaissait lui-même, et la dégénérescence de la famille ne l'avait pas épargné. Elle avait ce gêne semblable à ce géniteur qu'il haïssait tant. Il ne se faisait pas de soucis pour elle, sachant qu'elle saurait très bien se défendre, d'autant plus si sa colère prenait contrôle de son esprit et de son corps. Il n'avait pas le souvenir d'avoir été directement le sujet d'une de ses humeurs massacrantes, sans doute par son statut privilégié auprès d'elle. Il lui causait sans doute bien des soucis mais elle se contenait toujours. Était-ce par amour ou par crainte ? Eethaniel n'en savait trop rien, ayant toujours dans l'idée que Satine soit effrayée par ses sombres idées. Lui était sur et certain de ses motivations quant à tout ça. Et la principale se tenait juste à ses côtés. Trop loin. Et pour combler la distance qui en réalité n'était pas si grande, il laissa voguer sa main le long de son bras, glissant le bout de ses doigts sur sa peau brûlante à cause de l'exposition au soleil. Il se sentit d'autant plus mal à l'aise par le contraste de couleurs évident. Dans quelques temps, lui garderait cette peau presque translucide à vie, et bien que le hâle recouvrant celle de Satine s'effacerait au fil des jours, la différence serait à jamais visible. Lui ferait-il honte ? Probablement. Elle était rayonnante et lui comme dépourvu d'une quelconque vie interne. Ce sourire qu'il avait vu en arrivant lui avait pris le coeur, l'embaumant d'une chaleur qu'il ne connaissait qu'en la voyant. Mais elle était plus forte, comme décuplée par la beauté, chaque jour de plus en plus évidente, de sa jumelle. Ses pensées envahissaient son esprit, l'envie de la serrer contre lui s'intensifiant. Il était bien trop faible quand il était face à elle, quand il s'agissait d'elle. L'endroit était loin d'être idéal, l'heure également. Ses iris glissèrent de son visage à sa nuque, sur laquelle il aurait accepté sans hésiter de déposer quelques baisers. Cette attirance consumait son coeur, sur le point de craquer face à une telle vision. A contre-coeur, il retira délicatement sa main et détourna de nouveau le regard, afin de rompre le charme qui venait de l'envouter, comme à chaque fois. Et il avait beau la trouver atrocement cruelle de le pousser à souffrir ainsi, il ne pouvait pas lui en vouloir la moindre seconde. Tentant de reprendre ses esprits, il posa son front entre ses deux paumes de main, les perles de sueur et d'eau encore présentes s'écrasant contre sa peau, ses yeux vissés sur le sol.
Dernière édition par Eethaniel Blackhart le Jeu 4 Juin - 20:29, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: (end) Turn your face to the sun and the shadows will fall behind you Jeu 28 Mai - 9:06 | |
| Les pupilles de Satine restèrent figées sur le visage ténébreux de son jumeau. Il l’avait très bien entendue et visiblement, son esprit était parti vagabonder vers des contrées sombres, auxquelles elle n’avait pas accès, même avec toute la meilleure volonté du monde. Finalement, ses traits se détendirent et il lâcha un profond soupir en fermant les yeux. Satine eut l’envie soudaine de caresser sa joue, de passer ses doigts dans la chevelure de son frère et de le serrer contre elle afin de sentir son cœur battre contre le sien. Mais, évidemment, comme bien souvent, elle dut réprimer ce désir ardent de le sentir proche d’elle pour préférer l’attente indifférente. On ne savait jamais quelle paire d’yeux pouvait traîner dans les parages et s’il était certain que tout le monde ne leur portait pas un intérêt particulier, elle savait parfaitement que certains guettaient le moindre signe qui trahirait les Blackhart. Elle pensait en particulier à cette conversation qu’elle avait eue, contre son gré, en se retrouvant coincée avec Charlotte dans les Serres de Hogwarts, quand l’école siégeait encore de toute sa hauteur dans le nord de l’Ecosse. La menace avait été clairement formulée par l’Eternelle. Depuis, la cadette des Sang Pur restait vigilante, méfiante, sur ses gardes. C’en était à un tel point qu’elle se serait presque éloignée d’Eethaniel, mais ce comportement aurait peut-être eu le même effet que si elle s’était rapprochée, on y aurait vu un signe d’une relation innommable. Eethaniel se confia ; il avait l’impression de vivre en plein désert, le pays était totalement invivable. Satine détourna le regard, se mordillant l’intérieur de la joue. Au départ, quand elle l’avait suivi, elle s’était dit la même chose : comment survivraient-ils dans un tel climat ? Elle avait maudit les jeunes Sorciers qui voulaient jouer les héros en allant sauver des territoires lointains, les traitant de tous les noms d’oiseaux qu’elle avait dans son répertoire. Puis, étrangement, elle s’était faite à la température ambiante, sa peau s’était légèrement dorée et elle avait finalement pris du plaisir à sentir les rayons du soleil caresser sa peau. Elle qui détestait rester à l’extérieur, préférant les espaces confinés et secrets où elle pouvait retrouver son amant, devait avouer commencer à apprécier de rester étendue, comme une offrande à l’astre qui les surplombait. Mais ça, elle n’irait pas l’avouer à Eethaniel, il devait probablement en avoir déjà conscience, vu que rien ne lui échappait, il remarquait le moindre détail changeant et son esprit vif l’analysait à une telle vitesse qu’il était difficile de surpasser l’intelligence d’Eethaniel. Mais l’état dubitatif dans lequel elle était tombé alors qu’il lui confessait son impression fut rapidement chamboulé par une autre remarque, bien moins anodine qu’il n’y paraissait et un frisson d’horreur parcourut la peau de Satine. Un étranger aurait pu penser que c’était là une plaisanterie qui n’avait pour seul but que de la faire enrager, l’inquiéter inutilement afin de lui assurer que ce n’était qu’une blague, lorsqu’elle serait montée sur ses grands chevaux. Nul sourire taquin ne viendrait se dessiner sur les lèvres d’Eethaniel puisqu’il était parfaitement sérieux. Et si Satine détestait cette idée, elle avait encore plus de mal à garder son calme lorsqu’il abordait le sujet. Telle une autruche, elle préférait, et de loin, que ce sujet reste dans la case non-dits. Qu’il n’en parle plus, afin que cela ne semble plus qu’être un effet de la paranoïa qu’elle pouvait ressentir lorsqu’elle le voyait approcher une autre fille. Mais ce n’était pas dans le style d’Eethaniel et elle ignora le coup d’œil qu’il lui lança, probablement pour tester la température de l’eau. Ses poings se serrèrent et elle tenta vainement de réprimer le cri de colère qui oppressait sa poitrine. Contrôlant bien mal son tempérament de feu, elle dut inspirer et expirer à plusieurs reprises pour éviter qu’elle ne laisse éclater au grand jour le tourment qui menaçait de la faire exploser. Elle ferma les paupières et détourna la tête, boudeuse et furieuse, lorsqu’il frôla sa peau du bout des doigts et il lui sembla qu’ils étaient devenus plus glacés, avec le temps, mais ce devait être probablement dû au fait qu’il recherchait l’ombre et la fraîcheur plutôt que le soleil et la température indienne. Lorsqu’il cessa ses faibles caresses, elle rouvrit les yeux et un long frisson parcourut toute sa colonne vertébrale, la nausée la rendant malade à l’idée qu’il devienne, lui aussi, une créature assoiffée de sang, mais surtout un Eternel. Qu’arriverait-il lorsqu’elle mourrait ? Il la pleurerait quelques temps puis il trouverait une nouvelle maîtresse ? C’était ça le destin qui les attendait ? Elle se refusait à l’envisager. Il serait à jamais son seul amant et elle voulait qu’il en soit de même avec lui. Elle ne survivrait pas à une telle trahison. Lorsqu’elle reporta son attention sur lui, les mâchoires serrées, ce fut pour le découvrir comme affaibli, les mains soutenant sa tête tandis qu’il fixait le sol d’un air grave.
« Je ne te trouve pas drôle » se contenta-t-elle de déclarer, finalement, pensant pouvoir maîtriser suffisamment sa voix pour qu’il ne ressente pas la pression qui opérait sur le cœur vide de la jeune femme. « Il serait temps que tu arrêtes avec ça. » |
| | | Eethaniel Blackhart
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| Sujet: Re: (end) Turn your face to the sun and the shadows will fall behind you Dim 31 Mai - 22:26 | |
| Ce n'était pas mon but.. fit-il remarquer sur un ton monocorde.
Il releva la tête, posant son regard sur sa soeur. Elle pouvait faire tous les efforts du monde pour cacher ce qu'elle ressentait, Eethaniel ne la connaissait que trop bien. Il avait tout partager depuis leur conception. Il commença alors à se torturer les doigts, les tordant les uns avec les autres sans pour autant se faire mal. Un tas de choses brûlaient ses lèvres presque dépourvues de couleurs. Le désir qu'il avait éprouvé quelques secondes plutôt était toujours là, mais enfoui dans un coin où la menace n'était plus un danger. Pourtant, il se pouvait s'empêcher de remarquer à quel point il pouvait avoir une influence négative. Elle semblait épanouie au soleil avec qu'il n'arrive, et tel une ombre funeste, il était arrivé, lui gâchant le moment qu'elle savourait. Il l'aimait sans doute autant qu'elle ne l'aimait lui. Jamais il n'aurait voulu la voir avec quelqu'un d'autre, personne n'étant assez bien pour elle, pas même lui. Mais justement, avait-il raison de vivre une telle histoire ? Ne voulant pas s'emporter, ni même la blesser, il prit son temps pour répondre à ce qui semblait être un conseil, peut-être même un ordre afin qu'elle puisse ne plus se tourmenter l'esprit quant à lui et sa sécurité.
Pourquoi ne cherches-tu pas à comprendre ? Ne me dis pas que tu as peur pour moi... souffla t-il. Tu sais aussi bien que moi que je sais ce que je fais.. Mes fréquentations actuelles ne dérogent pas à la règle.
Il n'osait pas encore lui parler de tout ce qu'il manigançait. Elle était bien trop fermée pour comprendre. Elle ne lui laissait aucune chance de se justifier, de s'expliquer sur la folie qui semblait avoir pris possession de son esprit. Eethaniel était loin de voir ça comme un acte irréfléchi. C'était sans doute sur l'un desquels il avait passé le plus de temps à cogiter. Il n'était pas si fasciné par les vampires que les gens avaient l'air de le penser. Non, il s'intéressait juste à ce qu'ils étaient capables de faire lorsqu'ils n'étaient pas sous ce traitement spécifique. Si la vie éternelle était un débat interminable chez les humains et même chez les sorciers, lui avait finalement pris son parti. Il se voyait déjà des centaines d'années plus tard. Le monde n'aura cessé d'évoluer, et il y aurait assisté. Peut-être même aurait-il réussi à exercer ce pouvoir dont il rêve depuis son plus jeune âge. Des sombres pensées qui n'auraient pas du émerger dans un esprit aussi innocent. Aussi peu stable. Par sa maturité s'étant déjà manifestée. Par sa haine grandissante à chaque seconde qui s'écoulait, entrainant la brindille qu'il était à s'imaginer des scénarios sordides sur son avenir comme celui qu'il réserverait à ses parents, la vengeance coulant déjà dans son sang qualifié comme pur mais souillé comme aucun autre par la consanguinité s'accumulant chaque génération. Les Blackhart avaient déjà leur réputation, lui comptait la changer. En mieux, beaucoup mieux. Plus personne n'oserait prononcer le mot "dégénérescence" à son sujet. Son enfance de simple sorcier serait loin, très loin derrière lui. Il n'y aurait plus aucune trace de celle-ci. Sauf une. Celle qui se tenait à ses côtés à ce moment même. Il avait pensé maintes fois à leur futur, pendant les longues nuits blanches et les heures passées, enfermé pour éviter de croiser quelqu'un qu'il voulait éviter dans le petit manoir.
Quelques mois auparavant, avant de partir pour ce nouveau Poudlard qui ouvrait ses portes. Il faisait grand soleil dehors, pour une fois. L'astre n'était pas aussi traître que celui qu'il voyait en Inde. Non, il était pâle et timide, se cachant derrière quelques nuages qu'il croisait sur sa route. Sa fenêtre était grande ouverte, laissant de l'air frais remplacé celui presque dépourvu d'oxygène. Il s'était assis sur le petit balcon, les barreaux de protection parfois rouillés dessinaient des bandes noires sur lui, laissant la lumière se poser sur le reste de son corps détendu. Les genoux légèrement repliés, prenant appui sur la paumée posée derrière son dos, l'autre main jouant avec un bijou. Une semaine plus tôt, alors qu'il était allé annoncer à sa grand-mère qu'il ne la reverrait sans doute plus avant un moment, puisqu'il partait faire ses études au célèbre château, elle avait tenu à lui confier le seul objet précieux qu'elle possédait encore. Elle ignorait tout de ce qui se tramait entre lui et Satine, n'y voyant là qu'une paire d'enfants fusionnels. Mais elle avait prétendu savoir qu'il la donnerait à la bonne personne, elle même la léguant à celui qui avait toujours été désigné comme le prochain à la posséder par le coeur bienveillant de l'aïeule. Quelques rayons venaient faire scintiller l'anneau. Sa porte grinça faiblement. Il ne prit pas la peine de se retourner pour vérifier qui était là. Si il s'agissait d'un de ses parents ou même d'un de ses ainés, l'entrée aurait été bien plus fracassante. D'un geste calme, il rangea la bague dans sa poche, tournant légèrement la tête pour voir Satine qui venait le rejoindre. Ils s'observèrent un moment sans rien dire, avant qu'elle ne s'asseye sur ses cuisses, passant l'un de ses bras derrière la nuque d'Eeth. Elle pencha son visage près du sien, l'entourant de sa chevelure brune détachée. Son bras libre vint enrouler sa taille pour briser les quelques centimètres qui séparaient leurs lèvres. La maison familial était le pire des endroits quant à sa santé physique et mentale, mais il ne pouvait nier qu'elle avait cet avantage de leur permettre de ce que chacun voulait sans vérifier s'ils étaient épiés. Cette sensation de liberté était régénératrice. Et les moments comme celui-ci l'étaient d'autant plus. Il se sentait ailleurs, quelque part où il pouvait totalement être celui-ci qu'il était avec le plus beau et unique cadeau que ses parents lui ai offert. Il recula son visage, la sensation d'être sous l'emprise d'un sort s'emparant de son esprit. La magie n'avait rien à voir là-dedans, pourtant. Il s'allongea doucement sur le dos, entrainant sa soeur avec lui, profitant d'avoir libérer son autre bras pour l'enlacer et resserrer son étreinte. Sa tête se cala en dessous de son menton. Il ferma les yeux, profitant de l'instant. Ses doigts glissaient dans son dos. Il aurait tout donner pour vivre ainsi toute sa vie. Et même plus longtemps s'il le pouvait. Le silence fut brisé, alors qu'il se mit à murmurer quelques paroles.
Rien de tout ça ne s'arrêtera, pas vrai ?
Ces mots résonnèrent dans son esprit. Il avait trouvé la solution à ce problème. Mais il prenait le risque d'essuyer un refus de sa part. Comment ferait-il si, une fois transformé, elle n'accepterait pas de subir le même sort ? Malgré tous les points positifs impliqués ? Ils avaient là une chance de vivre ensemble, tandis que des vies insignifiantes commenceraient et se termineraient. Eux, seraient toujours là, la vieillesse serait vaincue. Il était persuadé qu'en parler avec de la mettre le fait accompli serait une erreur. Mais il ne pourrait pas la forcer. Un vrai dilemme s'emparait de son esprit quand au même moment le sujet des vampires et de Satine se croisaient. Il se sentit finalement obligé de rajouter quelques paroles pour lancer le sujet qu'il n'osait pas aborder.
Malgré tout, tu sais très bien que je ne fais pas ça pour te faire du mal.
Il accompagna ses paroles d'un geste, n'hésitant pas à prendre la main de Satine, entremêlant ses doigts aux siens. Si quelqu'un passait par là, et bien tant pis. Ce geste passerait pour anodin. Après tout, un frère pouvait être tendre avec sa soeur. D'autant plus quand il s'agissait de jumeaux. Sa propre main était presque froide, ou peut-être était-ce du à la chaleur qui brûlait celle de la jeune fille.
Dernière édition par Eethaniel Blackhart le Jeu 4 Juin - 20:28, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: (end) Turn your face to the sun and the shadows will fall behind you Lun 1 Juin - 18:40 | |
| Que cela soit son but ou non, le résultat était le même, Satine se sentait oppressée. Le cœur glacial qui ne battait que pour lui se renfrognait indubitablement lorsqu’il abordait de front ou non, la question qui l’obsédait. Elle aurait probablement tout donné pour parvenir à marcher avec lui, le soutenir dans sa quête d’immortalité mais c’était tout simplement au-dessus des forces de la jeune Blackhart. Peut-être que leur amour, qu’elle pensait sans limites, avait finalement trouvé son adversaire, les opposant sur un sujet des plus sérieux. Il ne s’agissait pas simplement d’une erreur que n’importe quel être vivant peut faire, même lui. Il s’agissait d’une question de vie ou de mort, c’était aussi simple que cela. Et le fait qu’il la regarde droit dans les yeux, parfaitement conscient de l’effet que pouvaient avoir ses mots sur elle n’arrangeait pas les choses. Cela ne faisait qu’empirer d’ailleurs. Elle aurait voulu le frapper, le ramener à la raison, le secouer, le griffer, pleurer, laisser l’hystérie totale qu’elle parvenait à peine à maîtriser éclater au grand jour. Mais quel bien cela leur ferait-il ? Ils souffriraient, elle serait prise pour la folle des Blackhart, comme il y avait des décennies de cela, avec Bellatrix Lestrange qui représentait la folie des Black. Elle expira avec difficultés et détourna le regard pour ne plus voir la compréhension hanter les traits sérieux de son frère jumeau. La fureur roulait sur la peau dorée de la jeune Emeraude et elle doutait pouvoir retrouver ne serait-ce qu’un semblant d’attitude digne, cela avait été bien trop loin. Serrant les mâchoires et les poings, elle fixa un point, au loin, guettant une image qui ramènerait la sérénité dans son esprit tourmenté mais elle était bien trop habituée aux signes, aux symptômes qui apparaissaient pour savoir que plus rien ne parviendrait à lui faire retrouver le calme salvateur qui l’avait envahie alors qu’elle reposait paisiblement sous le soleil indien. Il garda le silence durant ce qui sembla une éternité à Satine. Peut-être était-ce mieux ainsi. Car s’il osait poursuivre sur cette voie, Dieu seul savait comment se terminerait cette dispute. Une chose était certaine, quelle qu’en soit l’issue, la jeune femme partait vaincue, elle serait anéantie s’il s’énervait, elle serait engloutie si elle laissait sa rancœur prendre le dessus et éclater au grand jour, là où n’importe quel passant assisterait à une scène bien étrange. Elle devait se garder de se donner en spectacle, même si cela relevait de l’impossible, au vu de la réaction qu’Eethaniel provoquait sur les nerfs de sa sœur.
« Pourquoi ne cherches-tu pas à comprendre ? Ne me dis pas que tu as peur pour moi. Tu sais aussi bien que moi que je sais ce que je fais… Mes fréquentations actuelles ne dérogent pas à la règle. »
Elle allait se briser les doigts tellement elle les serrait en deux poings haineux. Une haine qu’elle ne vouait pas à Eethaniel, ni même à ce qu’il tentait de mettre en place, mais bien aux créatures responsables de l’intérêt qu’il leur portait. Charlotte avait peut-être raison, peut-être qu’il se détournerait d’elle pour arriver au but ultime de ce qui semblait être devenu sa quête spirituelle. Irait-il jusqu’au bout, malgré la réticence de Satine à le laisser entreprendre ce voyage qui serait probablement le dernier ? En était-il arrivé à un tel point que seul cet objectif accaparait son esprit, ne laissant aucune place à sa jumelle ? Si la jeune Blackhart avait parfaitement conscience qu’elle se montait l’esprit toute seule, Eethaniel n’ayant jamais trahi leur amour jusque-là, elle ne parvenait pas à apprivoiser cette crainte irrépressible qui lui martelait le cerveau et lui écrasait les boyaux. Incapable de maîtriser son tempérament bipolaire, elle sentit lentement l’ennemi de son euphorie pénétrer ses veines et le désespoir se fraya un chemin vers son cœur. D’ici peu, elle verrait tout en noir, elle croiserait un regard innocent et verrait en celui-ci une menace pour Eethaniel. Elle rencontrerait un Immortel et le chagrin à l’idée de perdre son amant prendrait le pas sur tout le reste, annihilant la demoiselle jusqu’à ce qu’elle ne soit plus que l’ombre d’elle-même, qu’elle perde pied en attendant que son pôle positif ne revienne stabiliser son état. Réprimant les larmes, premier symptôme de la faiblesse de Satine, elle serra les dents et tenta vainement de se remémorer un souvenir plaisant, un moyen comme un autre d’échapper à son destin dégénérescent, de contrer le mal qui cherchait à la tirer vers les profondeurs de son âme perturbée. Mais en vain, chaque étreinte, chaque baiser, était noirci par son instinct défaitiste. Vaincue par son patrimoine familial, elle ferma les yeux, aveuglant sa vue à la beauté terrestre et elle écouta la voix affaiblie d’Eethaniel. Elle aurait voulu le sommer de se taire, de revenir sur ses idées folles, de lui revenir, la prendre dans ses bras, lui assurer que tout ça n’était qu’un mauvais rêve, une plaisanterie de mauvais goût qui n’avait plus lieu d’être puisqu’ils vivraient leur vie côte à côte et qu’ils s’éteindraient simultanément, comme leur conception, comme leur découverte de leur amour, comme tout ce qu’ils entreprenaient dans leur vie. Peine perdue.
« Malgré tout, tu sais très bien que je ne fais pas ça pour te faire du mal. »
Qu’il se taise ou… elle ne rejeta pas immédiatement son geste, alors qu’il glissait ses doigts glacés entre les siens mais elle était tellement à bout que son contact la fit basculer dans les ténèbres et elle se redressa brusquement, rompant leur courte étreinte, et elle s’écarta de la fontaine, le cœur battant. Elle ne s’extrayait que très rarement d’une pareille situation. Au contraire, elle recherchait ses gestes d’affection, la plupart du temps, mais à cet instant précis, elle était bien trop bouleversée pour s’en tenir au calme olympien dont elle aurait dû faire preuve.
« Mais tu me fais du mal ! » lâcha-t-elle, au bord du gouffre. « Comment peux-tu envisager de m’abandonner derrière toi ! »
Elle préféra se taire plutôt qu’exposer ses sentiments et le fond de sa pensée. Tournant le dos à son amant, elle s’éloigna encore de quelques pas, comme si l’aura d’Eethaniel l’emprisonnait encore si elle se trouvait trop près de lui. Puis sa terreur d’être seule fit place à la colère noire et elle fut complètement dépourvue de sa maîtrise d’elle-même. Ce n’était plus que les émotions les plus basiques qui laissaient libre cours à leurs envies et ceci n’était pas forcément la meilleure des nouvelles. Faisant volte-face, elle toisa son frère d’un air rageur et elle revint vers lui, comme un rapace fondant sur sa proie :
« Tu as déjà fait ton choix, n’est-ce pas ?! Je parie même que tu sais déjà comment tu vas opérer pour arriver à tes fins mais sache une chose, si tu m’abandonne, si tu les préfères à moi, je choisirai la mort plutôt que d’assister à ça, tu m’entends ? Je ne vivrai pas pour te voir séparé de moi, je ne survivrai pas à une rupture. »
C’était déjà bien trop mais son cœur emballé n’en faisait plus qu’à sa tête et elle retint de justesse sa main de s’abattre sur la joue d’Eethaniel. Il avait été bien assez malmené enfant pour qu’elle ne devienne une source de violence, elle aussi, bien que l’envie soit mordante à cet instant précis. Au lieu de cela, elle glissa les mains de part et d’autre du visage fermé de son amant et approcha, désespérée, ses lèvres de celles d’Eethaniel. Elle était dans un tel état de désarroi qu’elle aurait pu commettre des erreurs qu’ils tentaient généralement d’éviter. Si elle n’avait su qu’il réagirait en conséquence, il était certain qu’elle aurait cherché l’amour charnel, tellement son corps tourmenté perdait le contrôle de la raison pour la folie. |
| | | Eethaniel Blackhart
♦ Lettres Envoyées : 832 ♦ Crédit : Barda.
A NEW BEGINNING ♦ Age du personnage: 31 ans, d'apparence la vingtaine. ♦ Nouvelle vie:
| Sujet: Re: (end) Turn your face to the sun and the shadows will fall behind you Jeu 4 Juin - 20:07 | |
| Sa colère montait et Eethaniel le sentait bien malgré les efforts inutiles de sa soeur pour la masquer. Il était allé trop loin. Il avait osé. Osé parler de ce sujet qui lui brûlait sans arrêt les lèvres, tant son esprit était omnibulé par ceci. Non pas les vampires, qu'ils n'estimaient que pour leur statut privilégié face aux lois de la nature. Bien qu'ils soient de vulgaires bêtes assoiffés de sang s'il ne prenait pas le traitement en vigueur, ne vivant donc que pour vider les veines des animaux, humains, et sorciers qui leur passaient sous la main, ils avaient au moins ce mérite, cette chance qui en avait fait rêvé déjà plus d'un avant lui. L'immortalité. Rien n'était blanc, rien n'était noir. Cette habilité aussi. Et pourtant, lui, ne voyait le côté positif, et ce qui pourrait être bon dans son intêret. Il avait d'abord essayer de faire craquer Sunday, et alors que le trouble avait été semé dans son esprit, elle avait disparu, ne suivant pas le cortège de héros en devenir (plutôt d'idiots inconscients) en Inde et dans leurs prochaines destinations. Il avait attiré l'attention d'autres êtres éternels, son nez le plus souvent fourré dans des ouvrages les concernant dans la bibliothèque de l'école mais aussi de la ville quand il en avait l'occasion. Et puis, il y avait cette rumeur qui circulait sur lui, comme sur sa soeur. Les vampires les plus faibles et les plus rebelles, ne prenant plus assez souvent voir plus du tout le traitement avaient juré qu'un sang délicieux coulait dans le corps des jumeaux. Il s'était renseigné mais n'avait rien trouvé quant à une particularité des sangs purs, sans doute parce que ceux-ci étaient bien plus rares que des gens envoutés par le Spirit à l'heure actuelle. Pourtant, lui, savait qu'il aurait été impropre à la consommation.. Ces gênes destructeurs qui circulaient étaient sans doute transmissibles. Une simple petite morsure ou une soif démesurée.. Le vampire deviendrait fou, sans doute ? Ces derniers jours, il avait donc pris l'habitude de se méfier des canines acérées qui passaient de près ou de loin. Il avait déjà choisi sa nouvelle cible, remplaçant Sunday et les espoirs qu'il avait fondé en sa faiblesse. Peut-être voyait-il trop grand et pourtant, il était persuadé qu'il allait réussir cette fois-ci. L'éternel désigné était célèbre pour ses anciens carnages et pour sa puissance croissante au fil des siècles. Il avait déjà sans doute du transformer d'autres personnes avant, mais probablement bien moins que le nombre de morts.
Malheureusement, il était loin de s'imaginer ce qui traversait réellement la tête de sa soeur à ce moment. Il pouvait comprendre sa jalousie, bien qu'elle ai toujours été sa priorité absolue. Il savait qu'elle détestait l'idée qu'il se désintéresse d'elle quelques minutes à peine mais il ne pouvait pas rester constamment avec elle. Malheureusement. Tout ceci n'était qu'une épreuve à traverser, bientôt, tout changerait. Il faisait tout pour. Cette vie éternelle aurait pu aider à arranger les choses. S'il avait déjà presque vendu son âme au diable, il aurait vendu son coeur et peut-être même le reste de ce qu'il possédait pour ne plus vivre dans un mensonge difficile à cacher, tant l'attachement était important, tant l'envie de ne pas la laisser seule quelques secondes, étaient présents, combattant avec rage cette sagesse improvisée pour mieux se protéger d'un triste sort qui les attendrait sûrement. II réfléchissait toujours à tout, et il avait fini par décider que de ne se comporter comme de simples jumeaux proches était la meilleure des options, bien que la plus difficile à supporter. L'un d'eux aurait pu masquer son identité, mais l'usurpation aurait été découverte et les soucis d'autant plus importants. Elle avait beau souffrir de cette distance imposée et de ses entrevues privées rares, la douleur s'emparait elle aussi de lui. Elle en doutait, c'était certain. Elle avait toujours été ainsi, lui en demandant peut-être plus que ce qu'il pouvait lui donner alors qu'il lui offrait alors tout ce qu'il avait déjà, ce qu'il n'avait jamais confié à quelqu'un d'autre. Il en avait toujours été ainsi. S'il ne savait pas encore ce qu'était l'amour, il le ressentait déjà, haut comme trois pommes. Il n'aurait pu mettre de mots là-dessus à l'époque, peut-être à cause de son vocabulaire d'enfant malgré tout peu développé. Il avait toujours eu cette boule, près de son organe vital, grossissant à chaque regard, chaque jour passant. Puis elle finissait par exploser, déservant un plasma imaginaire dans tout son corps, lui donnant des sensations qu'il ne connaissait pas en temps normal. Bien évidemment, les choses avaient changé. Si l'attirance avait toujours été là, les années filèrent, chacun grandissant au même rythme que l'autre. Et cette sensation s'intensifiait, au fur et à mesure, se transformant en amour sans limite, pas même celles imposées par la mort. Lui avait eu la chance de ne pas être spécialement touché par ce sang familial maladif. Pourtant, il se considérait fou, à sa façon. Comment pouvait-il dépendre autant d'elle ? Il ne demandait parfois s'il ne s'était pas attaché à une chimère, une illusion, mais chaque moment partagé, aussi bien en tant que frère qu'amant, lui confirmait alors qu'il ne rêvait pas. Mais il l'aimait, bien plus que n'importe qui capable de s'épandre aussi d'elle. Quoi qu'elle puisse penser. Presque outré par ce qu'elle osait dire, remettant en cause tout ce qu'il éprouvait depuis toujours comme à cet instant, il resta figé, la main suspendue dans les airs après qu'elle se soit levée. Statufié pendant une poignée de secondes, malgré le frisson d'horreur qui trahissait son habituelle impassibilité, il reprit vie, une froideur s'emparant de lui. Lui faisait-il vraiment du mal ? Était-il capable de ça ? Lui qui d'habitude était si confiant, toute forme d'humilité à son propre égard disparue en un éclair. Le monde s'était presque arrêté autour de lui. Il n'aurait jamais voulu entendre ces mots. Surtout pas quand ils lui étaient adressé. Déboussolé par de tels propos, il ne fut pas attentif à ce qui suivait. Ramenant sa main contre lui, il leva la tête vers elle, tel un automate, le regard dans la vide, ne la fixant pas réellement. Il entrouvrit les lèvres, prêt à tenter de répliquer à des mots si durs, mais aucun son ne sortit, comme paralysé, réalisant alors qu'elle parlait d'abandon. Son front se déforma, les sourcils levés, incrédule. Comment osait-elle ? Se rendait-elle compte de l'absurdité dont elle faisait preuve ? Toujours sous le choc d'avoir été accusé de la blesser, alors qu'il cherchait le moyen de vivre avec plus longtemps que le temps initialement prévu par leur destin. Alors qu'elle s'éloignait, lui se sentir partir à son tour à des kilomètres de là, sans pour autant bouger d'un pouce. Il ferma ses paupières le temps de remettre ses idées en place, la colère s'emparant à son tour de son être. Il n'avait jamais cru pouvoir ressentir ça envers elle. Il avait déjà perdu son sang froid à cause d'elle, mais c'était différent. Elle revint sur ses pas, s'approchant bien trop près de lui. Cette fois-ci ses iris la fixèrent précisément. Il pouvait ressentir de la détresse dans ses gestes. Il resta muet, n'en croyant décidément plus ses oreilles. Mourir ? A cause de lui ? Voulait-elle faire de lui un monstre ? Lentement, il attrapa l'un des poignets de Satine, cette rancœur encore présente. Il faisait tout pour elle et voilà ce qu'elle pensait de ce qu'il construisait. Il le serra, peut-être un peu trop fort, sans pour autant venir à le tordre ou le casser. Il ne quittait plus son regard, les mâchoires serrées.
Est-ce que tu te rends compte de ce que tu dis ? Tu es totalement à côté de la plaque...à des années lumières de la réalité.
Relâchant sa pression, ne voulant pas lui faire plus de mal qu'il ne lui en faisait déjà, il fit glisser ses doigts pour venir poser sa paume sur le dos de la main de sa soeur posée sur sa joue. Quelques secondes filèrent puis il reprit la parole, murmurant alors.
Comment peux-tu penser ça ? Jamais je te laisserais... Tu m'entends ? Jamais.. Je fais ça pour toi, pour nous. Ce que tu n'as pas l'air de saisir, c'est que si je deviens immortel comme ces vampires, tu le deviendras aussi.. Je ne laisserais rien nous séparer..
Elle était si proche, alors qu'il dévoilait son coeur à nu, comme ses intentions. L'atmosphère pesait. En temps normal, il lui aurait dit de se reculer, n'étant pas à l'abri de regards curieux. Mais la situation était différente. Il resta assis sur le bord de la fontaine, enroulant ses bras autour d'elle, la ramenant doucement contre lui. Son visage se perdit dans sa chevelure brune, sa joue plaquée contre celle de sa jumelle. Il ne la laisserait plus partir tant qu'il l'aurait décidé. Il voulait qu'elle comprenne qu'elle se trompait. Il voulait croire que cette crise n'était due qu'à son trouble bipolaire. Pourtant ce doute s'installait alors dans son esprit, persuadé de s'y être mal pris. Terriblement mal. Était-il en train de la perdre ? Ça, non, il ne la laisserait pas, car si elle ne supporterait pas une rupture, il en était de même pour lui. Il respira son parfum, le rassurant avec difficulté, son coeur battant à tout rompre.
Satine, je t'en prie, fais-moi confiance.. glissa t-il dans un souffle, rempli d'une tristesse qui ne lui ressemblait pas.
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| Sujet: Re: (end) Turn your face to the sun and the shadows will fall behind you Dim 14 Juin - 11:24 | |
| Oh comme elle aurait voulu pouvoir trouver les mots pour le ramener à la raison, pour le ramener entièrement à elle. Mais la bataille était perdue d’avance, elle le savait. Il était tellement solitaire, malheureux depuis sa plus tendre enfance, qu’il était tout à fait normal qu’il veuille changer sa condition de mortel. Il avait perdu dix-huit années de sa vie dans un Manoir dépourvu de l’amour et du respect qu’il méritait. Même elle, qui l’aimait pour cent, ne suffisait plus à sa vie. La douleur se peignit sur son visage alors qu’il l’avait attirée à lui pour la serrer contre son grand corps. Si cela lui permettait de ne pas voir ce qui se tramait sur les traits de son jumeau, cela donnait aussi le sentiment à Satine d’être impuissance face à la force qu’il avait sur elle, une attraction telle qu’elle ressemblait à un petit insecte pris dans les filaments d’une toile d’arachnide. Elle se maudissait d’être aussi faible à son contact, elle aurait voulu bénéficier de sa force tranquille, de son tempérament manipulateur et déterminé. Elle n’était qu’une pauvre fille en constante admiration devant l’être qui lui était le plus cher. Elle aurait méprisé un tel comportement chez une autre. Elle aurait dû essayer ne fût-ce que de comprendre, elle le savait, auquel cas elle risquait de le perdre. Il se lasserait tôt ou tard de sa répugnance à accepter une transformation qui non seulement lui donnerait la vie éternelle, mais lui permettrait de vivre cette éternité aux côtés d’Eethaniel. N’était-ce pas ce qu’elle recherchait le plus ardemment ? Voir s’éteindre chaque vie qui avait été à un moment ou un autre, une menace pour son frère et, par la même occasion, une menace pour la santé mentale de Satine? Chaque fois qu’une fille osait s’approcher de son jumeau avec des intentions mal dissimulées, la cadette Blackhart voyait rouge. Elle bouillonnait intérieurement d’une rage mal contenue. Généralement, son regard suffisait à dissuader n’importe quelle imprudente de s’approcher, mais elle n’était pas dupe ; elle n’était pas constamment en présence de son frère et les jeunes Sorcières amourachées n’avaient plus qu’à attendre qu’elle soit en cours de potions pour se jeter sur Eethaniel et espérer des faveurs qu’il ne devrait prodiguer qu’à elle ! Ses poings serrés étaient la plupart du temps cachés par les larges manches mais c’est son cœur qui la trahissait. Il vomissait sa hargne sur les joues pâles de Satine, les teintant d’un rouge sanguinaire qui ne demandait qu’à exploser sur les petites pestes. Avoir la vie éternelle lui garantirait Eethaniel pour l’éternité. Ils garderaient cette jeunesse éternelle, qui ne s’étiolerait pas au bout de quelques années pour friper leur peau ou ternir la lueur vengeresse qui brillait dans leurs prunelles dignes des Blackhart. Même dans leur famille, qui présentait pourtant déjà bien des bizarreries, un amour charnel entre des frères et sœurs était une abomination et ils avaient dû vivre avec cette idée que ce qu’ils partageaient était sale. Pourtant, pas un seul instant ça n’avait dissuadé Satine de s’adonner à des caresses et des baisers enfiévrés. Il n’y avait rien de tel que parcourir du bout des doigts, le large torse de son jumeau, de se presser contre lui, d’entremêler ses jambes douces à celles, rugueuses, du jeune homme. Il n’y avait pas plus belle situation que celles de leurs lèvres entrouvertes qui se scellaient et de leur langue qui jouaient l’une avec l’autre. Passer ses mains dans ses cheveux, sentir le cœur d’Eethaniel battre contre le sien. Bien que ça soit la chose la plus faible à admettre, Satine ne pouvait vivre sans cet amour secret quotidien. Elle se sentait vide à chaque fois qu’il avait le malheur de se détourner d’elle, ne fût-ce qu’une demi –journée. Alors qu’est-ce qui pouvait tant la rebuter à la solution unique qu’il avait trouvée pour qu’ils vivent ensemble à travers les âges ? Satine l’ignorait. Chaque fois qu’elle s’imaginait les crocs perçant sa chair tendre, un frisson d’horreur la parcourait. A vrai dire, elle savait. Déjà humaine, elle était incapable de se contenir lorsqu’il s’agissait d’Eethaniel. Il suffisait de voir la tournure que prenait cette pourtant simple discussion. Elle perdait son sang froid, devenait complètement folle, visitant toute la palette d’émotions qu’elle contenait. Terreur, amour, désespoir, détresse, colère. Si elle avait pu exaucer un souhait, ç’aurait été celui d’échapper à la bipolarité, son fardeau, son boulet, à vie. Et même la vie éternelle ne lui permettrait pas de s’en débarrasser. Pire, Satine était persuadée que son état vampirique aggraverait le tout. Elle serait incapable de se maîtriser et leur rendrait la vie impossible. Tôt ou tard, ils seraient bannis pour quelque chose qui aurait dû être béni de tous. Mais ils ne comprendraient pas, il n’y aurait de place que pour le dégoût dans leur esprit étriqué et elle trinquerait forcément, à cause de son tempérament, elle ne parviendrait pas à le contrôler et ferait payer tous ceux qui leur voulait, consciemment ou non, du mal. Un regard de travers et elle sortirait les crocs. Une attitude ambiguë et l’infortuné serait littéralement en pièces. La seule chose qui la retenait en temps normal, c’était son impuissance face à ses adversaires. Son corps était trop fragile pour pouvoir s’attaquer à qui que ce soit et comme elle ne pouvait pas utiliser les sortilèges interdits, c’était comme se retrouver avec un revolver chargé qu’on ne peut pas employer.
« Est-ce que tu te rends compte de ce que tu dis ? »
Et si elle lui répondait que oui ? Était-ce pire que de ne pas réaliser la portée de ses paroles ? Elle aurait voulu fuir la scène. Elle le décevait forcément, il n’y avait pas d’autres issues. Elle ne réalisait pas l’ampleur de ce qu’il voulait entreprendre. C’était un voyage qui la terrorisait tout simplement. Un voyage qui, elle en était convaincue, les séparerait forcément. Il prendrait le train pour l’éternité et elle, elle resterait sur le quai, le cœur en miettes, agitée de convulsions, avec une seule idée en tête ; mourir. La vie sans lui n’était plus la vie et elle préférait de loin rejoindre les enfers plutôt que de regarder les minutes passer à se voir flétrir tandis qu’il garderait éternellement son extraordinaire beauté, cette force que seule la jeunesse procurait, ces ténèbres dans ses yeux noisette. Tout ce qui la rendait toujours plus raide dingue de lui. Il aurait dû vieillir avec elle. Elle l’aurait aimé davantage chaque jour, elle aurait dessiné les fines rides qui se dessinaient au fil du temps aux coins de ses yeux et sur son front. Elle aurait embrassé ses paupières closes de fatigue après une journée au Ministère de la Magie ; parce qu’il aurait régné sur tous ces vauriens, évidemment. Il n’aurait pas pu en être autrement. Il leur aurait montré une autre face du monde et la vie aurait été merveilleuse. Elle aurait porté ses enfants, défiant la nature de les rendre encore plus malades que leur mère et leurs oncles ne l’étaient. Mais le sang parfait d’Eethaniel les aurait probablement sauvés et ils seraient devenus de jeunes sorciers pleins de force et d’avenir, une lignée digne des Blackhart. Si Eethaniel arrivait à ses fins, quel avenir serait réservé à l’avenir des Blackhart ? Plus aucun descendant ne serait digne de porter ce nom et ils s’éteindraient pitoyablement, comme bon nombre d’autres familles de Pur Sang qui avaient vu leur progéniture épouser des Cracmols ou des Moldus. Qu’avait-elle fait pour mériter qu’un tel malheur s’abatte sur la chose qui régissait sa vie ?
« Ce que tu n’as pas l’air de saisir, c’est que si je deviens immortel comme ces vampires, tu le deviendras aussi… Je ne laisserai rien nous séparer. »
Le cœur ratatiné, elle se laissa aller à inspirer longuement, ramenant la main dans la nuque d’Eethaniel pour caresser la peau douce, à la base de ses cheveux. Puis elle remonta ses doigts dans la chevelure épaisse et les y logea. Ses paupières se fermèrent lentement, comme une douce torpeur s’emparait d’elle comme à chaque fois qu’elle se trouvait si proche de lui, à profiter de chaque parcelle du grand corps masculin pressé contre le sien. Il la suppliait de lui faire confiance mais ce qu’il ne comprenait pas, c’était qu’elle avait entièrement confiance en lui, elle aurait toujours confiance en lui. Jamais, pas une seconde, elle n’avait eu cette audace de croire qu’il pouvait se tromper. C’était d’elle dont elle se méfiait, c’était sa terreur qui gangrenait son esprit, son incapacité à faire face à une difficulté, même si elle se manifestait sous la forme d’une simple conversation qui, finalement, n’engageait encore à rien. Cette idée de vie éternelle restait abstraite et Satine aurait aimé qu’elle le reste, qu’elle reste un cauchemar qu’elle avait imaginé. Illusoire… Elle se détacha à grand peine de son étreinte rassurante, sans un mot et s’installa à sa place initiale, aux côtés d’Eethaniel. Elle évita de le regarder, s’apprêtant à faire preuve d’une audace peu commune tandis qu’elle le confrontait à une question qui resterait probablement sans réponse :
« Et si je ne veux pas devenir un monstre, Eethaniel ? Qu’est-ce que tu vas faire ? Tu n’abandonnerais pas cette idée folle pour moi ? »
Elle prenait un gros risque parce que s’il lui répondait qu’il subirait cette transformation, quoi qu’elle décide, il était certain qu’elle perdrait un bout d’elle-même au terme de cette confrontation. |
| | | Eethaniel Blackhart
♦ Lettres Envoyées : 832 ♦ Crédit : Barda.
A NEW BEGINNING ♦ Age du personnage: 31 ans, d'apparence la vingtaine. ♦ Nouvelle vie:
| Sujet: Re: (end) Turn your face to the sun and the shadows will fall behind you Jeu 18 Juin - 18:07 | |
| Il resta immobile pendant toute la durée de leur étreinte. Il ne pouvait pas se montrer trop entreprenant. Il fallait l'avouer, il lui arrivait parfois d'user de son influence sur elle pour mettre un terme à une conversation qui le gênait. Il n'y voyait pas là de la manipulation mais il préférait que certaines discussions n'aillent pas plus loin, car comme aujourd'hui, elles pouvaient mal se terminer, et à chaque fois, une déchirure se faisait. Mais celle qui se déroulait là, resterait sans doute dans leur mémoire respective. Eethaniel avait déjà parlé de ses projets, très vaguement, cherchant peut-être à susciter la curiosité de sa soeur et qu'elle fasse la démarche par elle-même, pour en savoir plus. Mais apparemment, moins elle en savait et mieux c'était. Alors il s'était senti obligé d'en parler une bonne fois pour toutes. Les choses seraient mises au clair, mais il doutait qu'un débat serein puisse s'installer. Il n'avait pas eu tord. Elle était silencieuse et il n'avait pas des dons de télépathie pour explorer les méandres et les moindres recoins de son esprit, pour savoir ce qu'elle pensait. Il n'avait cependant pas besoin de ça pour se douter qu'un véritable conflit intérieur était né. Il lui en fallait peu, à cause de ce mauvais gêne qui trainait dans leur lignée et dont elle avait hérité. Un monstre ? Pourquoi fallait-il qu'elle décrive les vampires ainsi ? Certains en étaient, mais beaucoup d'autres non. Ils prenaient docilement le traitement et appréciaient cette vie presque normale.
Ça ferait donc de moi un monstre ? Je te l'accorde, ils n'ont pas une vie idéale mais ça, c'est parce qu'ils n'ont pas de but.
Il soupira. Cesserait-elle de l'aimer s'il se transformait vraiment ? Ne tenait-elle pas suffisamment à lui ? Et lui avait une motivation, une raison de vivre. C'était elle. Mais qu'allait-il faire si elle campait indéfiniment sur ses positions. Elle était si obstinée. Mais lui n'abandonnerait pas non plus. Il laissa un silence planer après sa question. Bien sur qu'il pouvait refuser à son idée. Mais ça serait refuser un tas d'autres choses. Comme une vie idyllique et éternelle à ses côtés. Et maintenant que cette idée avait traversait son esprit, bien trop souvent d'ailleurs, il ne pouvait plus la renier. C'était devenu une évidence. Quelque chose qu'il regretterait toute sa vie de simple sorcier s'il arrêtait tout ce qu'il mettait en place.
Je pourrais mais ce n'est pas dans mes intentions. dit-il catégoriquement, ne laissant place à aucune réplique remettant en doute ce qu'il venait de dire. Essayes de méditer la chose. Dis-toi que nous n'aurons plus à nous cacher. On a là la chance de vivre plus que nous le devrions. Je suis sur que tu changeras d'avis.
Car oui, il en était sur, elle finirait bien par craquer. Même si ça prendrait du temps, il ne la connaissait que trop bien. Elle serait trop fière pour l'admettre ou céder vite. Mais elle se laisserait tenter elle aussi par l'immortalité, même si quelques sacrifices seront à faire. En contre-partie, ils allaient vivre ensemble pendant des siècles, sans avoir à se cacher plus longtemps. Ils garderaient la même apparence mais ne se plaisaient-ils pas l'un l'autre comme ça ? La vieillesse n'aurait rien changer à leurs sentiments mais c'était sans doute le moment idéal pour subir une morsure. Ils garderaient la force de leur âge.
Il se pencha vers elle et déposa un baiser furtif au coin de ses lèvres avant de se lever. Les cours allaient bientôt se terminer pour certains et il était sur que l'endroit désert allait se peupler très vite. Il se leva, mettant fin à la conversation, jetant un oeil à la fleur qui était par terre, près des pieds de Satine. Il mourrait vraiment de chaud, la sueur perlant de nouveau sur le haut de son front, près de la racine de ses cheveux négligés. Il fit quelques pas pour retrouver l'ombre des couloirs ouverts sur la fontaine, avant de disparaître du champ de vision de sa soeur qui n'avait pas bougé d'un cil.
ENDED. |
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| Sujet: Re: (end) Turn your face to the sun and the shadows will fall behind you | |
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| | | | (end) Turn your face to the sun and the shadows will fall behind you | |
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