Mickey adorait se promener quand la nuit était noire. Mais il aimait bien le jour aussi, quand il faisait beau, que le soleil brillait, que quelques moutons volaient dans le ciel et quelques oiseaux tentaient de les suivre, avec un air curieux. Il appréciait aller sur le seuil de la forêt interdite, pour s'asseoir devant, alors que les autres passaient en le regardant de travers, comme si c'était un gros mongol qui ne savait pas quoi faire de la vie. Il appréciait observer les rayons de soleil traverser les rares trous qui se trouvaient entre les feuilles des arbres géants. Il appréciait voir quelques sortes d'animaux, qui ressemblaient à des cerfs mais qui n'étaient pas des cerfs, se faufiler derrière un gigantesque buisson, où se trouvait certainement quelque chose de bon à manger. Cependant, il aimait aussi s'installer tranquillement devant le lac, ses fesses confortablement posées sur un rocher placé devant le gigantesque étang, comme par hasard d'ailleurs, pour observer l'eau limpide, sans penser à rien d'autre. Il aimait réfléchir ainsi, ou plutôt, vider son cerveau de toutes ses pensées, toutes ces paroles, toutes ces musiques du monde entier, qui revenaient sans cesse pour lui remplir la tête et l'embêter. Parfois, le vent venait lui ébouriffer les cheveux, par simple caprice. Parfois, il entendait quelques moqueries, mais c'était lui qui s'en moquait surtout.

D'ailleurs, ce jour-là, le mousse (quel jeu de mot recherché) se trouvait assis sur cette pierre, qui égalait presque une montagne. Il n'avait aucun problème pour l'escalader, mais pour descendre, ça serait une autre affaire, le topaze ayant quelques problèmes avec le vide – en court, il avait légèrement le vertige, ce qu'il reniait totalement. Mickey trouvait que Hogwarts n'était pas réellement décevant. Il avait d'abord refusé d'y allé, trouvant que c'était un endroit pour bourgeois avec des manières pas possible, tous coincés jusqu'à la moelle. Agathe, elle, avait plutôt imaginé l'école accueillante avec toute sorte de gens, de classe moyenne à son avis, surtout après sa réouverture. Mais ce qui l'avait poussé à venir au château, c'était surtout pour ne pas perdre sa sœur, pour ne pas s'éloigner d'elle. Agathe était tellement fascinée par les vampires, qui peuplaient l'école naturellement, qu'elle les avait sortit pour première excuse. Mike avait été frustré quand il avait entendu ce motif à deux sous à peine. Ensuite, elle lui avait reproché de ne pas avoir un toit, de toujours devoir bouger. Elle voulait des amis à plein temps, elle voulait un toit à plein temps, elle voulait une vie à plein temps. Si aller à Hogwarts lui faisait autant plaisir, Mickaël n'avait pas d'autre choix que de se courber, pour chasser l'égoïsme. Car si il avait écouté la mauvaise voix, ils seraient encore à Paris, à s'ennuyer, à aller dans des fêtes où ils ne connaissaient personne et où ils passeraient des jours semblables au précédent.

Mickey rêvassait depuis des heures peut-être, ou seulement quelques secondes. Une foule de petite filles, qui n'étaient pas si petites en faite, passaient, comme si elles étaient un groupe de petites poules. Leurs rires stridents et leurs cris hystériques sortit le topaze de ses pensées. Il remarqua, en baissant les yeux vers le sol, qu'il se trouvait à une hauteur élevée du sol. Il paniqua légèrement. Il souffla. Il descendit, avec beaucoup de mal à vrai dire. Il ne devait regarder que le ciel, donc impossible pour lui de savoir si il était loin du niveau zéro ou ses pieds étaient à trois millimètre du sol. Il ignorait tellement que quand il tenta de poser son pied droit sur une fente, qui devait certainement être à un endroit de la roche qu'il chercherait à taton, il se trouvait qu'il n'y avait plus rien et qu'il tomba à terre. Ouch.

Le topaze remarqua alors une silhouette, pas très loin, de dos. La personne était blond, et ce blond de cheveux, il aurait pu le reconnaître entre mille, tout comme sa silhouette, qui ne lui était pas du tout méconnue. Ce jour-là, il l'avait reconnu, il s'approcha donc silencieusement puis posa délicatement sa main sur l'épaule de la jeune femme.

Electra ?

Wah. Comment expliquer les impressions de Mickey à ce moment-là ? Il était très surpris qu'elle lui saute ainsi dans les bras, mais aussi rassuré qu'Electra ne l'ai pas oublié. Et pourtant, le soleil brillait toujours, les oiseaux volaient encore, et les nuages vagabondaient continuellement dans le ciel. Il ne comprenait pas l'impulsion soudaine de la jeune femme, pas du tout même. Le topaze n'avait jamais réussi à comprendre les lancées des autres, si imprévoyantes, et pourtant, qui faisaient plaisir, vraiment, généralement. Et à ce moment-là, il se contenta seulement de sourire et de la serrer. Mike ferma les yeux, et se souvint, de tous ces beaux moments qu'il avait passé avec Electra, lors de cette colonie de vacance. Il avait réussi à y aller car lui et Agathe vivaient chez les Hamilton à ce moment-là, famille anglaise qui avait bien voulu les recueillir, jusqu'à que les Rajiv en eussent marre – ce qui fut quelques temps après qu'il eut ses dix-huit ans. Mais avant, ils avaient été envoyé, en colonie. Peut-être pour donner un peu de paix aux Hamilton, ou peut-être pour s'amuser un peu, car en pleine campagne, y'a pas grand moyen de s'amuser...

Ils étaient sortis ensemble vers le cinquième jour, car généralement, Mickey ne se retient pas pour dire « je t'aime » même si des centaines de personnes lui avaient dit de faire attention à ce mot, qui semblait tout beau et tout chaud, mais qui ne l'était pas autant que chacun l'espérait. Il s'en était toujours moqué, puisque c'était un beau mot et un point c'est tout. Fin de la discussion. Bref, il avait passé de merveilleux moments avec Electra, et si on devait raconter, la liste serait trop longue, et elle prendrait bien une bonne journée au moins pour tout citer. Et pourtant, le topaze se souvenait de tout, même du petit gendarme qu'il avait écrasé. Pauvre insecte.

Ça fait du bien de te revoir Mickey, si tu savais.
Tu m'avais manqué, toi aussi.

Il l'embrassa sur la tête. Et ça s'arrêta là. Mickey ne l'aimait plus, enfin, pas comme avant. L'amour, ça vient et ça repars, comme le soleil, qui éclaire le jour et qui disparaît la nuit. Il ressentait beaucoup d'affection pour Electra, même si il ne l'avait plus revu depuis cette colonie, mais rien de plus. Le topaze s'installa à côté de la jeune femme puis regarda le ciel. L'époque de leur amour remontait à loin, tellement loin que parfois, Mike avait l'impression que ça n'avait été qu'un merveilleux rêve. Et à présent, il trouvait la preuve que ça n'avait pas été une chimère devant lui. Avec une surprise qui n'était – évidemment – pas cachée.

Ça fait bizarre de te voir ici... Tu serais la dernière personne à qui j'aurais pensé si on me disait qu'une muggle viendrait à hogwarts. Ça fait tellement longtemps...

Il la sonda, de la tête au pied. Oui, c'était bien elle, au visage fragile et naïf de poupée, au regard qui lisait en lui comme elle lisait un livre. Et pourtant, il avait encore du mal à croire que ce soit bien elle, à ce moment-là.

Alors, comment tu te sens, au milieu de tous ces sorciers prétentieux ?