Halentante, Soleha Mcburry ouvrit grand les yeux dans la noirceur de la nuit. Ses draps entremêlés pendaient mollement au fond du lit, s’approchant de plus en plus du sol. La jeune femme était couverte d’une mince couche de sueur, ses longues jambes étaient repliées sous elle, de sorte qu’elle prenait la forme d’un fœtus dans le ventre maternel. Ses cheveux foncés entremêlés sur l’oreiller humide. Les mains tremblantes, la peur au ventre la jeune femme soupira cassant le silence que Morphée avait jeté dans la chambre. Cela faisait des mois que la jeune femme revivait les mêmes cauchemars, ils étaient aléatoires mais ombreux étaient ceux qui revenaient et se répétaient dans un mélodrame effrayant. La jeune rouge et or tentait d’effacer de ses yeux ahuris les images violentes qui l’avaient hanté pendant cette nuit, son esprit se rétractait quelque chose ne collait réellement pas : car elle sentait physiquement la douleur onirique qu’elle avait ressenti au niveau de son crâne.
Les images étaient floues, l’amalgame d’informations étaient bien trop nombreux pour que la demoiselle de dix neuf années puisse les retracer dans l’ordre sur un bout de parchemin. Cependant des détails étaient frappants, comme la présence de sa satanée mère dont elle ne voulait qu’une chose : en oublier l’existence. Sa génétrice, la tarée, la violente, celle qui lui faisait honte, venait jusques à troubler ses rêves, le seul moment où la jeune femme pouvait faire abstraction de ses problèmes. Sa mère, les yeux révulsés criait, la maudissant et brandissant un sorte de … arme ? Sa propre mère, quelle honte !
Et pourtant cette femme ravissante n’avait pas toujours été la brute en laquelle elle s’était transformée au fur et à mesure que le temps s’écoulait, en réalité, elle avait été douce, gentille gâtant même parfois trop son enfant qu’elle élevait avec un mari qui l’aimait, tout cela c’était à l’époque où sa mère avait été « normale » où elle laissait les rayons du soleil pénétrer dans la maison en pleine journée et ne se cachait pas derrière de grosses lunettes noires. Au commencement Soleha avait cru que son père la battait, puis ce dernier les avaient quittées en réclamant la garde de l’enfant, cependant Soleha était déjà « majeure » et avait préféré rester avec sa mère mais puis le temps est passé et la jeune femme s’était rendue compte d’une toute autre réalité. Les images s’étaient ensuite enchaînées et cette fois So’ était allongée par terre, les mains trempant dans une substance étrange qu’elle reconnut être du sang, quelque chose dans son être martelait faisant un échos dans sa tête, sa blessure brûlait tel un feu ardant, elle ne voyait plus que le regard argenté dans le noir et pour la première fois de son existence elle craint sa propre mère et eut l’envie folle de la tuer sur place d’avoir commis un tel impair.
« Sale timbrée : crève en enfer ! » avait-elle beuglé en se remettant sur ses jambes faibles qui la portèrent hors de la maison. Puis les ténèbres s’étaient refermées autour d’elle et son esprit s’était éteint.

Etait-ce une mise en garde d’un futur événement ? Car ce n’était sûrement pas un passé, la jeune femme n’en avait aucun souvenir de cette grossière scène et pourtant elle semblait si réaliste. Le cuisant souvenir d’avoir l’impression que son âme se rétractait tandis que son corps tremblait de froid alors qu’elle était en pleine prise de mains avec sa mère, elle était encore troublée par cette présence glacée qui avait laissé son épiderme à fleur de peau.. tout cela était trop réaliste dans un monde onirique…et pour la première fois de son existence, Soleha, jeune sorcière talentueuse qui avait échappé à la présence de sa cinglée de mère doutait de ses capacités mentales et se demandait si la folie n’était pas héréditaire…