Une nuit sans lune; pas une seule lueur pour éclairer mes pas, mais cela n'avait pas d'importance. Je me mouvais avec aisance à travers les nombreux couloirs de Poudlard; errant sans but précis, je souhaitais juste fuir, juste quelques heures. Retourner à la nature, je n'étais définitivement pas un animal que l'on pouvait enfermer. Je m'apprêtais à sortir du château lorsque je remarquais une silhouette un peu plus loin, semblant voler au dessus de l'herbe verdoyante, et qui se dirigeais tout droit vers la forêt interdite. Jamais un moldu, aussi idiot soit-il, ne se serait aventuré seul en pleine nuit en sachant pertinemment qu'il courrait un grave danger en mettant un pied en dehors de Poudlard. Je misais sur un vampire; nous ne craignions pas le Spirit; jamais il ne s'était attaqué à nos semblables. Et puis cette démarche légère, presque dansante, ce ne pouvait être que l'un des miens.

Je pressais le pas, cherchant tout de même à rester à bonne distance. Le traitement d'Edyard anihilait peut-être nos capacités, l'odorat de certains vampires pouvait rester puissant malgré tout, et je ne souhaitais pas me faire repérer tant que je ne saurais pas à qui j'avais à faire. Nous passâmes la limite de la forêt interdite et une légère brise vint amener à mes narines la délicieuse odeur que j'aurais pû reconnaitre parmis des milliers. Je m'arrêtais, humant l'hypnotique effluve. Rae, celle que je considérais comme ma mère. La femme exemplaire que j'idôlatrais autant que je désirais. Malgré moi, je m'approchais de plus près, irrémédiablement attiré vers elle. Son rire cristallin s'éteignit et tout son corps se raidit lorsqu'elle stoppa sa course à travers les bois.

RAE : On ne m’a pas à ce jeu, Raziel.

Sa mélodieuse vois s'éleva, brisant le silence. Je ne fus pas surpris qu'elle m'ai reconnu si rapidement. Chacun de nous connaissait parfaitement l'autre. Elle m'avait élevé, enseigné tout ce que je devais savoir pour survivre dans ce monde de fous, tenté de m'apprendre à m'accepter en tant que vampire, "monstre" comme je le disais souvent, et modelé ma personnalité à l'image de la sienne. Nous étions semblables par bien des points; elle était, à mes yeux, la perfection incarnée dans le corps de celle que je considérais comme une mère. Je n'étais pas vraiment un adepte d'Oedipe; dégoûtant. Mais tellement tentant.

Je m'approchais d'elle, avec précaution, comme si je craignais qu'elle ne s'échappe. Elle me tournait le dos, je posais mes mains sur ses épaules, excerçant une légère pression sur ses clavicules. Je sentis son tiède venir caresser le bout de mes doigts; je penchais la tête vers son cou, désirant y déposer un baiser, mais me ravisait et vint poser mes lèvres sur sa joue tendre. Je me reculais et vint lui faire face.

RAZIEL : Je m'en doute Rae. L'élève n'a pas encore dépassé le maitre apparement. répondis-je dans un sourire. Poudlard Rae ? Je n'aurais jamais cru t'y croiser ici, toi si libre et indépendante .. mais les gens changent de siècles en siècles. ajoutais-je, légèrement sarcastique.