arrogant ; prétentieux ; froid ; charmant ; volage ; calme ; indépendant ; solitaire ; intelligent ; réfléchi ; impatient ; maniaque ; compétitif ; brave ; téméraire ; rancunier ; fier ; sévère ; sérieux ; avare

Une fois de plus, je passais la porte et sortais de cet endroit, qui m'était désormais le plus haï dans l'enceinte de l'école. Tous les mois, je venais dans cette pièce, pour me faire poser des chaines, me faire mettre une muselière, laisser de vulgaires sorciers enfermer ma vraie nature. Tout ce qui faisait de moi ce que j'étais n'était que retenu par un futile traitement, qui me rendait semblable à une éponge vidée de son eau. Inutilisable. Inutile. Mon âme résidait dans ma condition, et le goût du sang humain me paraissait tellement lointain à présent. Le meilleur était celui qui circulait rapidement dans les veines, lorsque le cœur s'emballait après une folle course poursuite. Lorsque la victime se sentait désespérée, mourante, et continuait toujours à se battre. Je n'avais jamais compris les humains. Je n'avais jamais souhaité vivre avec eux. Ceux qui me paraissaient dignes de s'élever à un rang supérieur avaient été transformés, les autres tués. Il y eut une époque où rien ne survivait à mon passage. J'avais l'impression de parler comme un ancien, vidé de tout son pouvoir et qui ne pouvait que se rappeler avec nostalgie les doux moments de sa vie. Je faisais pourtant partie de ceux là, il fallait que je me fasse une raison. Échapper une fois à ce traitement ? De nombreux élèves de l'école le paieraient de leur vie. Retrouver ma force, ma vitesse, tout ce qui m'avait fait comme je l'étais aujourd'hui. Avant de devenir créature sublime, je n'étais qu'une épave. Rien. Qui seulement s'était préoccupé de moi après ma mort ? Personne. « Regarde .. Oui .. C'est Aidan .. » Je jetai un regard sur le côté, admirant ces idiotes qui jacassaient, surement comme à leur habitude. Leur comportement était acerbe. Il me donnait envie de me jeter sur elles, et de sucer leur sang jusqu'à la dernière goutte. J'avais laissé mon impulsivité de côté depuis quelques temps, et me complaisait dans l'attente. Et bien malheureusement, l'ennui. Rien ne se passait, ici. Au lieu de bals, ils devraient enfermer quelques petits humains dans une pièce, une grande pièce, noire, les laissant seuls, la peur prenant contrôle de leur corps. Et lâcher nos êtres surpuissants, jouant avec leurs sentiments futiles, avec leur infériorité. Les grands massacres me manquaient. M'allonger dans le sang rouge qui avait malencontreusement tâché le sol, et admirer les couleurs brillantes dans le miroir.

Je marchais avec une grâce et une prestance sans comparaison, comme je me l'étais appris durant toutes ces années. Plus de 700 années. Les sorciers et les humains de cette école ne comprenaient pas, l'expérience, je l'avais. Eux, non. Ils ne l'auraient probablement jamais, et je continuerai à marcher dans ce monde ignoble quand leurs os seront blanchis. Les temps changent, et j'espérais que cela arriverait vite. Au lieu de se préoccuper de la condition de toutes les petites créatures insignifiantes, ils devraient peut-être commencer à se demander ce que les vampires veulent vraiment. Le sang humain n'était-il pas la plus exquise des nourritures au monde ? Le sang est la vie. Certains idiots en ont peur, s'évanouissent, blanchissent en sa présence. Mon visage prend des couleurs, et un sourire grandit sur mon visage, lorsque je peux même juste apercevoir cette magnificence. Qu'étais-je venu faire dans cette école, qui ne faisait que frustrer de plus en plus, les jours passants ? Bonne question. Au fil des années, on finit par se lasser du monde. Une impression de déjà vu pratiquement constante. L'envie de nouvelles expériences, aussi atroces soit elle, arrive souvent. Cela amène à des actes inconsidérés. Comme celui de vouloir se retrouver entouré de centaines d'élèves sans un grain d'intelligence et de devoir évoluer, même un nombre ridicule d'années, entre eux. Les regarder avec un air méprisant semblait les attirer comme si j'étais un aimant, et de nombreuses filles se cachaient derrières les arbres, hésitant pour seulement aller m'aborder. Elles croyaient que je ne le remarquais pas, je le remarquais toujours. Même si mes sens n'étaient pas aussi exacerbés qu'ils devraient l'être, ils l'étaient suffisamment pour être surhumains. Une fille me suivait à cet instant depuis bien deux minutes, ses pas s'accélérant ou ralentissant au rythme que je prenais. Cela m'amusait. Et je ne gâchais pas jamais ces occasions de m'amuser. Seulement, ce jour là, mes plans étaient déjà tous faits. J'arrivais aux escaliers, et montais marches après marches, gardant la tête haute et les épaules droites, le regard perdu dans le vide. Les rares chanceuses qui le croisaient gloussaient et partaient bien vite, d'autres prenaient peur et changeaient de direction. Les réactions étaient variées, mais toujours à certains extrêmes. « Aidan. » Je me retournais. N'étant pas le seul immortel de l'école, je pouvais quand même partager mes frustrations et mes silences avec d'autres soumis, même s'ils ne me semblaient jamais assez bien. « Plus tard. J'ai un lien où me rendre, et une demoiselle à combler. Si tu veux bien m'excuser. » Un léger sourire et un plissement de yeux, et je continuais à gravir les marches.

Je devais gravir pratiquement chaque jour ces marches, pour retrouver à chaque fois un spécimen féminin différent. Sur ce point là, il était rare que je sois difficile. Vampire, sorcière, même humaine ! Tout était à propos du plaisir charnel. Cette réputation me suivait, et j'avais de plus en plus de femmes à mes arrières, attendant que je leur propose un tour. Si je ne pouvais plus avoir le pouvoir par mes capacités, je le pouvais grâce à l'emprise que je semblais exercer sur le sexe faible. Elles me semblaient toutes aussi idiotes, prêtes à tout pour passer ne serait-ce qu'une nuit avec un garçon aux apparences charmeuses. Il suffisait de leur réciter un joli poème, et elle tombaient dans les bras de n'importe quel inconnu. Une rose, un baiser, elles fondaient déjà entre mes bras et me laissaient faire absolument tout ce que je voulais d'elle. Des poupées de chiffon. Je prenais toujours garde à ne choisir que des dominées au lieu de dominantes, statut que je ne réservais qu'à une poignée de personnes qui m'étaient chères. Celles qui pouvaient obtenir un tant soi peu d'attention de ma part, et à qui je reparlerais après l'acte. Pour les autres, les appellations, les prénoms étaient inutiles. Nous n'étions que deux corps qui s'unissaient. C'était peut-être la seule chose qui m'était presque aussi agréable que le sang. « Je t'attendais » Un sourire me vint au visage, et doucement ma main caressa sa douce joue. « J'ai été retenu. » Je posais mes lèvres sur son cou, passais une main dans ses cheveux et de celle libre, ouvrait la porte qui se trouvait à côté. Une salle vide, abandonnée, n'importe. Elle murmurait des mots doux, caressait mon visage et mon corps autant qu'elle le pouvait, sachant très bien que cet honneur ne lui serait pas accordé plusieurs fois. Pas à elle. Les autres avaient besoin de se raccrocher à leurs sens pour se souvenir. Ils restaient dans le passé, alors que l'avenir s'étalait devant eux. Pas infiniment, comme notre espèce, mais assez pour consumer une partie du plaisir d'une vie. Ils naissaient, connaissaient l'amour, souffraient, connaissaient la mort. Ils étaient poussière, et poussière ils redevenaient. Cela m'amusait. Horriblement. « Dis moi que tu m'aimes ! » Mes lèvres rencontrèrent les siennes, et me retirant un bref moment, je lâchais dans un souffle. « Je t'aime »

Car ces créatures futiles ne semblaient que courir après celui-ci. L'amour.