EVERETT ; « Il ne devrait plus y avoir d'animosité ainsi. »
MARIUS ; « L'être humain est stupide. Moldu, sorcier, vampire, quelqu'il soit, il aura toujours peur de l'inconnu et s'en défend en sortant les griffes. »
EVERETT ; « Malheureusement. Quoiqu'il en soit, tu es le bienvenu ici Marius. La porte t'es toujours ouverte, tu le sais bien. »
MARIUS ; « Merci Everett. Des amis comme toi, on en fait plus... Bonjour, Lina. »

Le vampire s'était tourné dans un sourire tendre vers la silhouette gracile à moitié dissimulée derrière le pan de la porte. La fillette âgée de huit ans avait bu les paroles des deux interlocuteurs, subjuguée par le charme du vampire, ami de toujours de son père tant aimé. Son regard satiné et brodé d'étoiles croisa alors les prunelles plus sombres du vampire dont la beauté avait figé ses vingt ans dans le marbre, alors même qu'il avait déjà vécu soixante-dix ans dans les géhennes de ce monde parfois trop brusque. La jeune fille, certes surprise, n'esquissa néanmoins aucun signe d'étonnement, ni même de gêne alors même qu'on l'avait prise à son propre jeu, celui d'écouter les conversations des grandes personnes. Son visage d'ange se leva vers Marius, doux et insondable, voilé d'une beauté millénaire qui ne la quittait pas. Elle aura les traits les plus doux, les courbes silhouettes et vaporeuses, ainsi que la grâce de sa mère au sang pur. Marius se retourna vers Everett, et ce dernier tourna les talons non sans sourire à sa fille unique, invitant dès lors le vampire à le suivre dans sa chambre d'hôte. La Suède avait accueillit en ses contrées froides la venue de Marius rendant alors visite à ses amis de toujours, les Drewberry. Aussi cette nuit là, il la passerait sous le toit de la petite famille de sorciers, et sous le regard déjà charmé de la fillette taciturne. Angelina avait tout d'une enfant calme, et en grandissant elle ne perdit ni les traits posés de sa personnalité, ni ce charme envoûtant qu'elle avait alors pour elle. Les années passèrent donc, et la fine fleur fragile s'épanouissait peu à peu, devenant jeune femme au regard envoûtant, au sourire divin et aux courbes encores frêles mais déjà délicieuses. La jeune Angelina était demeurée la même ; espiègle mais calme et studieuse, c'était dans les livres qu'elle se construisait d'autres vies. Princesse un jour, enchanteresse le lendemain, Lina puisait dans les ouvrages une soif intarrissable de rêves et de songes faisant battre doucement son palpitant d'aventures qu'elle n'aurait jamais. Sa passion pour la littérature se mua peu à peu en une quête de connaissances, toujours murée dans la bibliothèque de ses parents, la petite sorcière n'avait de cesse que de nourrir son âme d'un savoir qu'elle cherchait absolumment. La douce enfant commençait à captiver les regards, frêle poupée semblant sortir d'un songe, elle demeurait néanmoins tant innocente qu'elle ignorait encore ce que les effluves de son charisme pouvait avoir sur les autres. Jusqu'à ce jour où elle ne put que décrypter les prunelles envieuses de Marius, ce vampire à la beauté renversante, et dont le regard commençait à s'emplir d'appétence pour la douce demoiselle. Ce dernier continuait de rendre visite aux Drewberry, et chaque année la beauté rayonnante de la fillette devenue jeune fille semblait attiser un peu plus dans son regard éteint, quelques flammes coupables qu'il tentait pourtant d'atténuer. Et l'innocente, brebis blanche aux moeurs encore prudes, n'y voyait alors rien.

Lina. Quelques lettres gravées alors sur sa baguette faite d'un bois teinté d'un noir vif. C'était ce surnom là qu'elle avait adopté, moins courant que le banal Angelina, il portait pour lui les parfums sucrés de ces princesses d'Orient, celles qu'elle aurait voulu devenir. Ce fut cette année là que la jeune fille commença à changer son regard sur les vampires, êtres immortels qui auparavant attiraient son regard sans vraiment le captiver. Depuis lors, Lina ne voyait plus qu'en eux que beauté et mystère, sans jamais oser les approcher de trop près, laissant parler son innocence encore enfantine face à ces êtres qui sans doute, murés dans leur immortalité, avaient dû voir tant d'atrocités sur Terre. Jusqu'à cette nuit fatidique où, portée par quelques notes cristallines de piano, la jeune brune aux cheveux épars se leva de son lit pour suivre la mélodie divine jusqu'au salon. Marius demeurait penché sur le piano, laissant s'échapper des notes pures et harmonieuses, sous le regard innocent et apaisé de la douce dont la silhouette demeura sur le seuil de la porte. Les notes cessèrent alors, et ce fut dans un mutisme tendre que le vampire se tourna vers la jeune fille, l'invitant à s'approcher dans un sourire.

MARIUS ; « As-tu un morceau préféré Lina ? »
LINA ; « Moonlight sonata. » répondit-elle d'une voix douce et songeuse.
MARIUS ; « Moonlight... Quelle coïncidence. » renchérit le vampire qui s'était alors levé, s'approchant de l'innocente tout en plongeant son regard tendre et avide dans le sien.
LINA ; « Pourquoi donc ? »
MARIUS ; « Parce qu'à mes yeux, tu ne devrais être que la fille de la lune. »

Et l'être éternel de s'approcher de la jeune fille de seize ans. Son coeur battait à tout rompre contre sa poitrine, dans une cadence incessante qui se voulait sauvage, ses yeux azurés se posant sur le visage du vampire dans une innocence voilée d'un étonnement qui s'attisa alors lorsqu'elle sentit ses lèvres contre celles de Marius. Un sursaut, comme une décharge inattendue, une peur, un rêve, une crainte... Trop farouche pour se laisser avoir, trop subjuguée pour ne pas demeurer craintive, Lina ne bougea pas cependant, foudroyée par le baiser volé. La main glacée du vampire glissa le long de sa nuque, parcourant les courbes de son épaule dans une caresse frissonnante. Alors sa voix, toujours aussi bienveillante, s'éleva dans un murmure tendre qui ne fit qu'accélérer son rythme cardiaque.

MARIUS ; « N'aimerais-tu pas devenir immortelle, Lina ? » Et alors que la jeune fille taciturne et légèrement appeurée par la question hocha négativement de la tête, le vampire rajouta alors dans des paroles pleines de tendresse, repoussant alors une mèche de cheveu brune de cette dernière. « Non ? Lina... L'on pourrait faire tant de choses. Tu pourrais parcourir le monde sans jamais craindre le temps. Ce n'est pas ce que tu souhaites ? »

Il n'attendit guère de réponse, car déjà ses lèvres se posèrent de nouveau contre celles de la jeune fille, certes subjuguée mais toujours trop farouche pour ce vampire entreprenant, bercé par un élan de tendresse et par ses pulsions. Il avait toujours fait office de figure protectrice pour Lina qui cette nuit là prit cependant peur. La peur de se laisser mordre pour le bon vouloir de Marius pourtant si envoûtant, la peur de ne plus pouvoir penser correctement, la peur de se laisser porter par son coeur. La belle enfant, pourtant loin d'être amoureuse, se laissait subjuguée par le charisme de son assaillant autant qu'elle ne se laisserait pas dompter, même par autant de tendresse. Et alors que le baiser devint plus passionné, la jeune fille lui mordit alors la lèvre avec force, le poussant à lâcher prise. Marius se redressa, d'abord surpris il demeura vite confus face au regard troublé et perdu de Lina, se rendant compte de l'absurdité de son geste irréfléchi. Se répendant d'abord en excuses, la voix vacillante et trouble, il vint vite à scander le nom de la jeune fille qui avait tourné les talons d'un pas vif et léger, sortant alors du salon. Lina revit son protecteur comme tous les étés, et bien que ce dernier l'évitait, il ne pouvait ôter son regard tendre de la jeune fille. Ne comprenant pas ce coeur battant alors la chamade cette nuit là, Lina se pose encore des questions. Est- elle encore subjuguée par Marius seulement, ou demeure-t-elle à partir d'aujourd'hui, envoûtée par le mystère entourant les vampires ?