Oui, on était samedi. Aucun cours aujourd’hui. Et, bien que tous les élèves sautent de joie au début d’un weekend, il y en avait un qui n’avait encore pas dormi. Mais cette fois-ci était un peu différente des autres. Cette nuit-là, il y avait un garçon, recroquevillé dans son lit de Poufsouffle, qui avait pleuré tout ce qu’il savait. Parce que la semaine sans la personne aimée avait été dure. Il ne l’avait presque pas vu, sauf le soir au dîner où cette personne se frayait un chemin vers la table des Poufsouffles en ignorant les regards des Serpentards. Il avait toujours su que son cousin était quelqu’un de très courageux. Il n’aurait jamais osé s’asseoir à la table des Serpentards, mais Gabriel l’avait fait. Il avait quitté sa table pour s’asseoir avec Päassion. La première fois qu’il avait fait ça, le jeune Poufsouffle avait perçu les regards à la fois étonnés, moqueurs et haineux des Serpentards. Mais Gabriel s’était assis à côté de lui. Alors, il avait eu l’impression d’être chez eux, comme lorsque leurs parents ne voulaient pas qu’ils s’assoient côte-à-côte mais qu’ils trouvaient quand même le moyen de les duper. Cependant, à Poudlard, ils ne se voyaient que très peu car chacun avait ses cours, ses devoirs, ses… Amis ? Päassion avait peur que Gabriel ne l’oublie. Il y avait beaucoup de très belles filles à Serpentards et il avait peur que Gabriel ne tombe dans les bras de l’une d’elles. Alors, même sans connaître ni leur nom ni leur visage pour certaines, il les détestait.
Il savait néanmoins que cette jalousie était maladive et qu’elle le rongeait de l’intérieur. De toute façon, ils ne pourraient pas vivre comme ça pour toujours. Ils devraient bien se trouver quelqu’un d’autre à aimer. On lui avait bien souvent répéter que leur amour était anormal, interdit, qu’on appelait ça de l’inceste. On lui avait répété ces choses si souvent qu’il avait fini par avoir peur du regard des autres. Et, bien qu’il ne puisse pas retenir son amour, il avait peur qu’on les voit. Et, en cette nuit de vendredi à samedi, il n’avait pas pu s’enlever ça de la tête et il avait pleuré, mordant sa main et priant pour qu’on ne l’entende pas. Et ça avait réussi. Le matin il était allé à l’infirmerie, où la gentille infirmière lui avait fait un bandage. Il lui mentit en disant qu’il s’était fait mordre par un chien à Pré-Au-Lard… Mais il était tout juste huit heures. Elle ne sembla pas le croire mais ne fit aucune remarque. La mine déconfite, il remonta jusqu’au dortoir, tenant sa main dans l’autre, contre sa poitrine. Comme dans un état second, il passa le reste de la matinée assis dans son lit, fixant un point indéfini. Les heures s’étaient écoulées avec une rapidité effarante et, en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, l’heure du déjeuné était arrivée.

Mais Päassion n’avait pas faim. Il ne bougea pas quand la porte du dortoir s’ouvrit, ni quand un élève l’appela par son nom, d’un ton de dédain. « Blackwell !! » Ce fut uniquement lorsqu’une lettre atterrit sur son ventre, qu’il réagit. Il leva un regard hagard à la personne qui se tenait devant son lit. « Une lettre pour toi. » Et ce fut tout. L’élève quitta le dortoir. Le jeune Blackwell, comme il venait d’être nommé, prit le pli dans ses mains. Un délicieux parfum s’en élevait. C’était celui de sa mère. Elle lui avait écrit ! Elle lui avait écrit ! Avec une excitation et une fébrilité nouvelle, il ouvrit l’enveloppe. Elle allait bien et s’inquiétait beaucoup pour lui. Elle lui demandait des nouvelles de Gabriel qui n’avait pas répondu à la lettre de ses parents. Et elle lui envoyait un cadeau. En effet, il y avait quelque chose au fond. C’était une bague. Une jolie bague toute simple avec une pierre rouge fixée sur le chaton de la bague. Un petit papier était attaché au bout d’une corde à la bague. « Je l’ai trouvé dans un paquet de céréales ce matin. Je crois qu’elle te plaira ^3^ N’oublie pas de regarder bien s’il n’y a rien d’autre » Il fronça les sourcils et plongea de nouveau la main dans l’enveloppe. Il y avait une autre bague. Similaire. Il sourit doucement et se leva. Un quart d’heure après, il avait écrit trois pages en guise de réponse, et se dirigeait vers la volière. Il n’avait pas de hibou, mais une petite chatte Elizabeth. Mais ce ne serait pas difficile d’en trouver un appartenant à Poudlard.
Alors qu’il ouvrait la porte de la tour, il vit une forme blanche voler vers lui. Avec un bref cri strident, il se baissa tandis que la chouette passait au-dessus de sa tête, pour se poser sur la rampe d’escalier. Päassion se tourna. La chouette l’observait de ses grands yeux jaunes. Elle ressemblait étrangement à… « Salut ! » Le Poufsouffle sursauta et fit demi-tour. Devant lui, la petite – mais néanmoins plus grande que lui, décidemment, il se sentait maudit – Yume. Sa cousine éloignée. Son petit rayon de soleil. Avec un grand sourire, il se jeta dans ses bras. Il la serra fort contre lui, se tenant sur la pointe des pieds.

- Yume-chan ! Yume-chan est là !!