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| Pourquoi m'as-tu fais ça ? [Jason R. Lockaway] | |
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Auteur | Message |
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Elisabeth Latiolais
♦ Lettres Envoyées : 157 ♦ Crédit : Elo' ♦ Citation : Elo'
A NEW BEGINNING ♦ Age du personnage: ♦ Nouvelle vie:
| Sujet: Pourquoi m'as-tu fais ça ? [Jason R. Lockaway] Sam 13 Mar - 16:43 | |
| Ca faisait longtemps que je n'étais pas venue dans ce bar. Des souvenirs. Trop de souvenirs qui remontaient à la surface. Dont un tout particulièrement.
Avant, je venais régulièrement. Je buvais un peu, fumais pas mal. Et puis je chantais. Le patron me donnait un peu d'argent en échange. Plusieurs fois par semaine, je montais sur la scène de la petite salle, chantais quelques chansons, récoltais quelques pièces de monnaie de la part des clients, retournais au bar.
Puis il y eut Jason. Cet homme que j'aimai tant l'espace d'une soirée. Je ne savais pas comment, je ne savais pas pourquoi, mais nous parlâmes beaucoup. Je lui parlai beaucoup, surtout. De moi, de ma vie. Des raisons qui m'avait poussées à quitter la France avec deux de mes frères et ma soeur jumelle. De la naissance de ma nièce. Du départ de mon grand frère, en mission humanitaire à travers le monde. Et puis surtout, mon autre grand frère, Luc, celui avec qui je m'étais toujours si bien entendue, qui avait été emprisonné pour trafic de drogue. J'en parlai beaucoup avec Jason. Je pleurai dans ses bras. Nous bûmes plus d'un verre. Fumâmes plus d'une cigarette. Je finis par monter sur scène, pour ne chanter qu'une chanson ce soir, mais une chanson d'amour, en regardant Jason droit dans les yeux. Je l'aimais déjà. Un homme exceptionnel. Différent des autres. Différent de tous ceux que j'avais connus jusque là.
Nous passâmes la nuit ensemble. Chez lui. Nous nous aimâmes. Passionément. A la folie. Le lendemain matin, quand je me réveillai, il n'était plus là. Une enveloppe avec quelques billets et un petit mot. C'était tout ce qu'il m'avait laissé. En faisant le tour de son appartement, je découvris une photographie. Une terrible photographie. Jason était marié. Me rhabillant rapidement, je quittai en hâte l'appartement, en larmes. Je passai toute la journée à pleurer à la maison. Pendant plusieurs jours je n'allais pas bien. J'aimais Jason. Non, c'était absurde, je le connaissais à peine, je ne l'avais vu qu'une fois, pendant quelques heures ! Si ma raison me disait qu'il était impossible que je l'aime, ce n'était pourtant pas ce que me disait mon coeur.
Des hommes, j'en connus d'autres. Très bien, très gentils, très corrects. D'autres moins. Mais aucun ne me fit tant d'effet que Jason. Je ne pouvais pas l'oublier. Je me souvenais de son adresse. J'aurais très bien pu aller chez lui. J'avais tellement envie de le revoir. Mais je lui en voulais terriblement de ne pas m'avoir dit qu'il était marié. Je sortais de temps en temps, le soir. Mais je ne retournais que rarement dans ce bar, c'était trop douloureux. Quand j'y allais, je le cherchais du regard. Il n'était jamais là.
Puis ma soeur partit de la maison. Ma soeur jumelle. Celle pour qui j'avais abandonné toute ma vie en France. Celle que je suivis à Londres quand nos parents la chassèrent pour être tombée enceinte à quinze ans. Celle que je soutins tellement. Cela faisait dix ans maintenant que nous avions quitté notre petit village français pour venir nous installer dans la capitale anglaise. Jamais je n'avais pensé qu'elle partirait ainsi. Et pourtant. Elle n'est plus là, à présent. Un simple mot posé sur la table. Jamais elle ne reviendra. Elle nous demandait de ne pas la chercher.
Depuis, plus rien n'allait. J'étais désormais seule pour m'occuper de ma nièce et filleule, Thalie. Un de mes grands frères faisait le tour du monde, l'autre était en prison. Aucune nouvelle de ma soeur jumelle. Mon petit frère et mes deux petites soeurs étaient restés en France, je ne les voyais que deux fois par an. Aucun contact avec le reste de ma famille. Je me sentais terriblement seule, incapable d'élever ma nièce correctement. Et pourtant, je donnerais tout pour elle. Je l'aimais tant. Et j'aimerais tellement voir Jason... J'avais besoin de lui. Mais cette idée continuait de me sembler parfaitement absurde. Jamais je ne m'étais autant attachée à un homme, encore moins en n'ayant passé qu'une seule nuit avec lui !
Mon frère était rentré à la maison en apprenant ce qui s'était passé. Cela faisait près de trois mois qu'Ève était partie de la maison, cela ne faisait que deux semaines que je lui en avais parlé. Il revint aussitôt. Il ne voulait pas me laisser seule avec ma nièce, ma maniaco-dépression et ma boulimie, et comptais rester quelques semaines, trois ou quatre peut-être, le temps de s'assurer que j'allais bien.
Alors que depuis le départ de ma soeur, je ne sortais plus le soir pour ne pas laisser ma nièce seule, ce soir, Jean m'avait forcée à le faire. Je n'avait pourtant pas le coeur à ça. Où aller ? Il ne me fallut pourtant pas beaucoup de temps pour réfléchir. Le bar. Ce fameux bar dans lequel j'avais rencontré Jason. Qui sait ce que me réservait le destin, peut-être serait-il là ? Non... Bien sûr que non. Il était marié. Il avait sans doute autre chose à faire que de traîner avec la jeune fille dépressive que j'étais. Qui sait, peut-être qu'au jour d'aujourd'hui, il est devenu père, ou le deviendra bientôt ?
De toutes façons, je ne voulais pas aller ailleurs. J'avais envie de chanter. Redevenir celle que j'étais avant que ma vie ne parte en lambeaux avec l'emprisonnement de Luc et le départ d'Ève.
Revêtant une robe noire, j'avais enfilé des collants rouges et des chaussures noires également, à talons hauts. Par dessus, je mis mon manteau le plus chaud, une écharpe et un bonnet. Dans mon sac à main, trois fois rien. Mon portable, mes clés, un peu d'argent, mes cigarettes. Cheveux lissés, maquillage soigné, je sortis de chez moi après avoir embrassé ma nièce et mon frère.
Rapidement, j'arrivai dans le bar. Le patron était heureux de me revoir. J'avais toujours ma place, bien sûr. Je remonterai sur scène le soir-même. Mais pas tout de suite. M'installant au bar, je sortis de mon sac une cigarette, l'allumai, demandai un cendrier et un whisky. Une serveuse m'apporta le tout. Je commençai à discuter avec elle, parlant de choses joyeuses. Je n'avais pas envie de me mettre à déprimer dès le début de la soirée, c'était au contraire pour me changer les idées que j'étais venue et comptais bien profiter de la soirée.
Dernière édition par Elisabeth Latiolais le Mar 27 Avr - 15:31, édité 2 fois |
| | | Jason R. Lockaway
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| Sujet: Re: Pourquoi m'as-tu fais ça ? [Jason R. Lockaway] Sam 13 Mar - 22:56 | |
| De la paperasse. Encore et toujours de la paperasse. Une nouvelle enveloppe, de teinte marron, de grande dimension, était arrivée par la poste. Des dossiers, des papiers à signer... Une somme à payer. C'est étrange à quel point le mariage peut ne pas nous faire penser aux futures contraintes qui pourraient se passer par la suite. Emportés par la magie du moment, nous ne pensons à rien d'autre qu'à l'instant présent, et quoiqu'il arrive, vous vous sentez fort, nouveau, libre, et surtout terriblement amoureux. Une certaine angoisse vous prend soudainement au cœur quant à l'engagement que vous venez de prendre en prononçant ce simple et si court " oui ", qui semble perforer cruellement le silence de l'église dans laquelle vous vous teniez. Mais un regard sur cet être si cher à votre cœur vous apaise, vous affirme que vous n'avez jamais été aussi sûr de votre choix qu'aujourd'hui. Jusqu'à ce que vous receviez de cette même personne des photocopies de procédures de divorce par la poste, cette personne étant partie chez ses parents définitivement, vous affirmant qu'elle avait rencontré quelqu'un, qu'elle ne vous aimait plus malgré tous les bons moments que vous avez passé ensemble, et que vous ne la reverrez sûrement plus... Ou du moins, pas comme avant. Pas de la même façon, vous le savez, et votre coeur semble se déchirer sous ces mots.
La journée n'avait pas été très remplie. Posé devant l'écran, je n'en avais pas décollé, à la recherche de preuves de liens de parenté pour un certain jugement qui devait se dérouler dans quelques semaines. L'avocat d'une supposée héritière était venue me voir, et avait demandé à ce que certains liens soient éclairés. Je n'avais pas le droit d'en savoir plus. Cela tombait bien, je n'en avais pas besoin. Les rideaux orangés tirés dans l'appartement, ce qui rendait une atmosphère tamisée, de faibles rayons de soleil traversaient le tissu ou passaient dans les fentes pour venir se poser sur les meubles, dépoussiérés la veille. Mais quelques particules étaient cependant de retour. Je ne pouvais rien faire contre cette poussière qui descendant lentement du plafond et des murs, malheureusement. Ce n'était pas de ma faute. J'étais pourtant plus ou moins soigné, cela dépendait du point de vue de certains... Beaucoup pensaient qu'un homme seul dans un appartement était équivalent à un enfant en bas âge dans sa chambre. Tout semble traîner, mais pourtant, tout est à sa place. Ranger ne ferait que perturber l'ordre de l'habitant de la pièce.
Mais non, dans ces pièces remplies de souvenirs que je repoussais à chaque fois qu'il venait me chatouiller les narines, ou me caresser la peau, je passais le plus clair de mon temps, abaissant cadres photos et refermant tiroir et placards amplis de certaines affaires qui n'étaient à moi. Elle viendrait peut être les récupérer, qui savait. Je ne souhaitais pas le savoir, je crois. En même temps, que pouvais je faire de plus qu'attendre ?
21h tapantes, m'annoncent Big Ben. J'avais mal à la tête. J'avais besoin de respirer, de sortir... Ouvrant les rideaux, je finis par faire de même avec les fenêtres, laissant l'air frais me caresser le visage. My God, que cela faisait du bien... Au fond, je parvenais à entendre une musique lancée de l'appartement voisin. La nouvelle locataire était une jeune femme, qui semblait assez férue de Rn'B. Mais cela ne me gênait pas pour l'instant. De toute manière, j'avais besoin de sortir.
Optant pour un pull avec col en V, et ma veste marron que j'enfile rapidement, une paire de chaussures de ville datant de plusieurs mois mais toujours aussi résistantes, je retire mes lunettes de repos, et quitte l'appartement après m'être recoiffé. Une journée entière dans l'appartement me faisait négliger mon apparence. Il fallait dire que ces derniers temps, ce n'était pas non plus ce qui me préoccupait le plus. Fermant l'appartement derrière moi et rangeant mes clés d'un geste machinal dans ma poche gauche, je descends ensuite les escaliers pour me rendre dans les rues londoniennes.
Elles étaient animées, à leur façon. Je croisais des jeunes, des groupes, de simples couples, ou des solitaires, à la recherche de quelques heures de silence et de réflexion, où tout curieux n'est pas forcément le bienvenu. Je percevais le bar au loin. Y retourner ? Pourquoi pas. Ce ne serait pas la première fois. De plus, je connaissais à connaître un petit peu le gérant. Pas énormément; mais disons qu'il avait l'habitude de me voir débarquer à son comptoir. C'était ce que je faisais à nouveau ce soir.
Poussant le battant de sa porte, je pénètre dans la grande salle, la chaleur me prenant au visage. Une ambiance agréable et animée m'emporta aussitôt, sans que je ne demande quoique ce soit. Mais je demeurais cependant silencieux, dans mon monde. Aussi neutre que... Que rien. Quotidiennement, j'étais devenu ainsi. il ne fallait pas me demander pourquoi. J'arrive donc, et m'assois au comptoir. Les places étaient presque toutes occupées. Certains tabourets demeuraient désespérément vides, à la recherche d'un client assoiffé. Je commande une bière, et sors mon paquet de cigarettes. Je le regarde un instant, hésitant. Puis le range, le reposant dans ma poche droite. La dernière fois que j'avais fumé ici, je m'en souvenais. Et quelque part... Je ne souhaitais pas recommencer.
La serveuse me sert alors, et je la remercie, la payant juste après son service. Je commence alors à boire, regardant le monde autour, sentant alors de la fumée de cigarette. Pas que cela ne me dérange, mais je ne souhaitais pas fumer ce soir... Je me tourne doucement vers le propriétaire de l'objet de tant de convoitises, désireux de lui demander de s'écarter. La personne se trouvait à un tabouret de moi. Je la regarde un instant, ne prêtant pas attention à sa chevelure qui aurait dût m'être si familière. Il y avait tellement longtemps que je n'en avais pas vu de telle.
" Excusez moi, si vous pouviez éteindre, votre cigarette, ou fumez ailleurs..."
Je pouvais paraître impoli. Mais je ne souhaitais pas faire de courtoisie envers qui que ce soit, ce soir. Comme les heures qui le précédaient, ou qui suivraient. |
| | | Elisabeth Latiolais
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| Sujet: Re: Pourquoi m'as-tu fais ça ? [Jason R. Lockaway] Dim 14 Mar - 12:38 | |
| Cela ne faisait pas longtemps que j'étais arrivée dans ce bar. Un petit quart d'heure, tout au plus. Je continuais de discuter avec la serveuse. De tout, de rien, de la pluie et du beau temps. De temps en temps, elle allait s'occuper d'un autre client avant de revenir vers moi et nous reprenions alors notre conversation là où nous l'avions laissée. Le patron s'approcha.
« Alors Elie, qu'est-c'tu vas nous chanter ce soir ? T'sais, les clients te réclamaient ! »
« Vraiment ? »
« Oh oui ! « Et la p'tite rousse super mignonne, elle est où ? Ca fait des lustres qu'on la voit p'us ! » Je savais p'us quoi dire à la fin moi !»
« Désolée John. Quelques soucis à la maison, je pouvais pas venir. »
« T'en fais pas, s'pas grave. Rien de grave, au moins, hein ? »
« Tout est relatif... On parle d'autre chose, s'il te plaît ? »
Ne pas penser au départ d'Ève. Je ne voulais pas me mettre à pleurer. Pas ce soir. Mon frère m'avait ordonné de m'amuser, alors j'allais m'amuser.
« Ouais, s'tu veux. Alors, t'as pas répondu, tu chantes quoi ce soir ? »
« On verra... J'improviserai. Je verrai ce que mon public me réclame. »
D'un signe de tête, je désignai les autres clients dans la salle, certains assis au bar, d'autres réunis autour de petites tables, verres d'alcool à côté d'eux, en pleine partie de poker, riant, s'énervant parfois un peu.
« Ca marche. T'fais comme tu veux d'toute façon, tant qu'tu l'fais bien ! »
« Fais-moi confiance. »
« Bien pour ça que j't'ai gardé ta place ma belle. »
« Oui... Merci John. »
« D'rien. Allez, j'vais m'occuper des autres clients, j'reviens. »
Lui adressant un sourire, je bus une petite gorgée de mon whisky avant d'allumer ma deuxième cigarette de la soirée. Il faudrait vraiment que j'envisage d'arrêter, mes poumons étaient déjà bien assez abîmés par mon asthme et je les foutais encore plus en l'air. Enfin bon, je verrai quand ça ira mieux, car je savais pertinemment que si j'essayais d'arrêter maintenant, mes nerfs seraient encore plus à fleur de peau et je n'avais pas besoin de cela en ce moment. Les choses étaient déjà bien assez compliquées à gérer.
Alors que j'écoutais la conversation de mes voisins de droite -une histoire de cœur à dormir debout, une voix masculine, se fit entendre à ma gauche. Une voix qui ne m'était pas étrangère mais que je fus pourtant bien incapable de reconnaître sur le moment. Je tournai la tête.
Jason. Comment avais-je pu ne pas le reconnaître ? Immobile, silencieuse pendant un instant, je plongeai mon regard dans le sien, presque étonnée de le voir ici alors qu'au fond, c'était ce que j'avais tellement souhaité. Qu'il soit là, ce soir, même si je lui en voulais terriblement pour tout le mal qu'il m'avait fait sans le savoir sans doute. Je me sentais bien incapable de prendre la parole. Je restais comme figée, il m'était impossible de bouger, d'esquisser le moindre mouvement. Je sentais mon cœur battre plus fort dans ma poitrine. Que dire, que faire ? Me trouvant particulièrement ridicule d'un coup, je finis par faire tomber quelques cendres dans le cendrier avant de tirer une nouvelle bouffée de ma cigarette, prenant garde à ne pas recracher la fumée droit sur Jason.
« Je ne savais pas que la fumée te dérangeait maintenant. »
C'était tout ce que j'avais trouvé à dire. Pas bonsoir, pas de « comment vas-tu ? », pas de reproches. Juste une remarque parfaitement inutile mais qu'est-ce que j'aurais bien pu dire d'autre de toute façon ? Je ne savais finalement plus ce que je voulais. Repensant à cette nuit que nous avions passée ensemble, je me disais que mes sentiments pour lui n'avaient pas changé. Malheureusement, pensais-je. Il était marié, bon sang ! Marié ! Et je ne voulais pas être la maîtresse. Je l'avais été bien trop souvent, avec d'autres hommes, pour supporter encore ce rôle. A présent, j'avais besoin d'un homme à moi, un homme qui m'aimerait, qui me soutiendrait, qui serait toujours présent à mes côtés, quoi qu'il arrive, qui supporterait ma dépression et ma boulimie, qui me supporterait tout simplement.
Le regardant de nouveau dans les yeux, j'attendais une quelconque réaction de sa part. Je ne savais pas s'il m'avait reconnue... J'espérais tant que oui. Mais je ne voulais pas l'entendre me dire qu'on ne pouvait pas se fréquenter, que c'était impossible. Pourquoi étais-je alors venue ici avec le terrible espoir de le revoir ? L'espace d'un instant, j'eus l'idée d'enfiler mon manteau et de partir, de m'éloigner rapidement de ce bar et de Jason, et de rentrer à la maison. Non. Il fallait que je reste. J'avais besoin de lui, de le voir, de lui parler, de comprendre, de savoir. |
| | | Jason R. Lockaway
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| Sujet: Re: Pourquoi m'as-tu fais ça ? [Jason R. Lockaway] Dim 14 Mar - 22:26 | |
| Alors que j'avais tranquillement - ou du moins, du mieux que je pouvais faire à cet instant - demandé à la jeune personne à mes côtés de diriger la fumée de sa cigarette ailleurs, je vois la chevelure rousse se tourner, pour révéler le visage blanc d'une femme que je connaissais très bien... Mais que je n'avais pas vu depuis tellement de temps. Cette vision me fige sur place, alors que mes yeux percent ceux qui se trouvent à présent en face de moi.
J'ai le sentiment que toute chose autour de nous n'existe plus. Que les paroles ont cessés. Qu'il n'y a plus personne, hormis ce tabouret, et cette silhouette face à moi. Le barman à disparu. La serveuse aussi. Je ne m'appuie plus sur un comptoir, mais sur du vide. Total. La faible musique s'élevant dans l'atmosphère ne résonne plus entre les murs de l'établissement. Je suis revenue à cette fameuse nuit, il y a de cela de nombreux mois, à présent. Je ne les comptais plus. Nous avions tellement parlé... ou du moins, je l'avais tellement écouté... Je crois que jamais, il n'avait fait aussi chaud dans cette chambre de l'appartement que j'occupais à Londres. Ou du moins, pas depuis très longtemps. Sa peau douce, ses yeux, ses lèvres... Tout semble me revenir. Son prénom. Elisabeth.
Je me retrouve alors dans le bar, silencieux, bête et méchant. Si seulement j'avais su à qui je m'adressais... Quel homme stupide je faisais ! Je m rends compte qu'elle ne dévie pas non plus de mon regard. Puis elle le fait la première, prenant cependant soin de ne pas transporter la fumée dans ma direction. Subtile attention. Les premiers mots qu'elle sort me font l'effet d'un coup de jus. En un bref instant, je me réveillai, me tournant à mon tour vers le comptoir. Puis d'une voix grave, je lui répondis.
" J'essaie de moins consommer."
Mon paquet de cigarettes me sembla brusquement plus lourd, dans ma poche. Mais je décidais de ne pas le toucher. Machinalement, je saisis le verre de bière qui se trouvait devant moi, sans rien dire de plus. De toute manière, que pouvais je répondre ? M'excuser ? Lui expliquer ? Tout lui raconter ? Je ne vois pas à quoi cela nous mènerait. Je devais être un salaud parmi d'autres à ses yeux. Quelqu'un qui avait profité d'elle. Qui ne lui avait accordé de l'attention qu'une seule nuit. Qui ne voulait que profiter de sa chaleureuse confiance et tendresse.
Alors que cette soirée là... Elle avait tellement comptée, pour moi. Elle avait rempli le manque d'amour qui m'envahissait depuis des semaines. Et à présent... Je gardais le silence. Une fois de plus. Lui parler à nouveau ne lui attirerait que des ennuis. A moi aussi. Sûrement avait-elle un ami. Alors autant me taire. Ne plus interférer avec sa vie et la laisser tranquille, ne plus paraître pour ce que je n'étais pas. J'aurai tellement aimé lui dire la vérité, cependant. Mais ma lâcheté me prenait parfois là où elle ne devrait pas. Je suis ridicule, et incapable.
[ Pardon, manque d'inspi ] |
| | | Elisabeth Latiolais
♦ Lettres Envoyées : 157 ♦ Crédit : Elo' ♦ Citation : Elo'
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| Sujet: Re: Pourquoi m'as-tu fais ça ? [Jason R. Lockaway] Mar 16 Mar - 21:27 | |
| Dès lors que le regard de Jason croisa le mien, il me sembla que le temps s'était arrêté. Plus rien ne comptait. Cette conversation à ma droite que je suivais pourtant attentivement, riant intérieurement de la situation qu'exposait la jeune femme à son amie. La musique de fond qui résonnait dans la pièce, une de ces musiques à laquelle peu de personnes prête attention mais qui pourtant, quand elle cesse, révèle sa présence désormais révolue. Les autres clients du bar, que j'observais habituellement avec tant d'attention. La serveuse, avec qui j'avais pas mal discuté depuis mon arrivée, et le patron qui avec le temps était devenu un ami. Je ne regardais plus que Jason. Les traits de son visage parfait, son front, ses yeux surtout, ses pommettes, son nez, sa bouche, son menton. Je m'en souvenais parfaitement. Si j'avais été aussi douée que ma sœur en dessin, j'aurais pu sans mal faire son portrait après cette nuit que nous avions passée ensemble. Et pourtant, je le trouvais changé. Son regard ne brillait plus de la même façon. Il semblait fatigué. Ses traits étaient tirés. Mais il restait pourtant si beau. Je me noyais de nouveau dans ce regard dans lequel je pourrais rester des heures. Mon cœur ne cessait de battre fort dans ma poitrine. J'aurais pu le prendre dans mes bras, l'embrasser, caresser sa peau. J'en avais envie. J'avais envie de sentir sa présence réconfortante, le goût de ses lèvres sur les miennes, la douceur de sa peau sous mes mains. Mais je ne pouvais pas. Le souvenir du mal qu'il m'avait fait en me cachant son union avec une autre femme me revenait en mémoire et je ne pourrai pas oublier ce fait facilement. J'avais déjà souffert par amour dans ma vie d'adolescente et de jeune femme. Mais jamais autant.
Les secondes passaient, inexorablement mais pourtant tellement lentement. Plus elles s'écoulaient, plus je me sentais ridicule, assise là devant Jason. Les paroles que je prononçai me parurent bien dures après coup. Pourtant, il me répondit. Ainsi, il tentait de réduire sa consommation ? Sage décision. Il faudrait vraiment que je m'y mette. Un jour. C'était ce que disaient tous les fumeurs.
« OK. »
Je ne pus soutenir son regard plus longtemps. Regardant un instant ma cigarette, je la portai à ma bouche pour me donner contenance.
J'étais prise entre deux feux. Lui parler, lui demander comment il allait, l'écouter. Ou alors, partir et l'oublier. J'étais étrangement attirée par la deuxième option mais pourtant, mon cœur préférait la première et je restais là, perchée sur mon tabouret, fascinée par les cendres qui se formaient au bout de ma cigarette. Je ne disais plus rien, mais ce silence entre nous m'était insupportable. Si le mouvement et le bruit environnants m'interpelèrent de nouveau, je ne pouvais oublier la présence de Jason à quelques dizaines de centimètres de moi. Faire comme s'il n'était pas là m'était impossible. Alors, je le regardai de nouveau. J'aurais tellement aimé qu'il dise quelque chose... mais quoi ? Que pouvait-il dire ? Et moi ? Que pouvais-je dire ? A part lui dire qu'il m'avait atrocement fait souffrir en ne me considérant que comme une fille de passage, je n'avais rien à lui dire. Mais ce ne furent pourtant pas ces paroles qui s'échappèrent de ma bouche. Je n'avais pas envie de repenser à cette douleur enfouie au fond de moi, je déprimais déjà assez ces derniers mois et si ça continuait, que je devienne folle ne m'étonnerait guère.
« Tu... tu vas bien ? »
Dernière édition par Elisabeth Latiolais le Sam 17 Avr - 9:06, édité 1 fois |
| | | Jason R. Lockaway
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| Sujet: Re: Pourquoi m'as-tu fais ça ? [Jason R. Lockaway] Mer 17 Mar - 21:06 | |
| Je ne savais plus quoi dire, ni quoi faire. J'étais à présent aux côtés de la jeune femme avec qui j'avais certainement passé l'un des meilleurs instants de ma vie, faisant comme si elle s'était véritablement effacée de ma mémoire. Mon verre de bière lui-même semblait compter plus en apparence. Je buvais, sans prêter attention à ce qui m'entourait, seule victime de mes pensées et de mes réflexions. Suite au départ de Mary, de ma rencontre avec Elisabeth, tout s'était enchaîné : le divorce, le désir de vouloir lui reparler, un certain renfermement sur moi-même que je n'avais pas contrôlé. Auquel je n'avais pas fait attention. Je me trouvais pitoyable. Injuste, et terriblement lâche. Elle ne semble pas continuer sur sa lancée, et j'entends son bref " Ok " s'élever à ma droite. Je ne dévie pas mon regard, abordant une nouvelle gorgée de ma bière. Elle était tellement captivante, tout à coup.
J'avais l'impression que le regard des serveurs et du patron étaient figés sur nos deux personnes. Ne pouvait-il pas se mêler de leurs affaires ? Si j'avais eu la volonté de lever les yeux, au risque de croiser à nouveau ceux de mon interlocutrice, je me serais aperçu que leur attention était plutôt portée sur les clients et sur leur travail que sur nos égaux. Dans ma poche, le paquet continuait de prendre du poids, sans que je ne fasse le moindre geste. Je n'y toucherai pas, je me l'étais assuré. Du moins... Pour la soirée.
Que dire. Que faire. Je n'en savais rien. M'éloigner et faire comme si elle n'avait jamais compté pour moi. Faire comme si j'étais quelqu'un qui ne l'avait rencontré que comme quelqu'un de passage, quelqu'un qui n'était que pour une soirée, afin d'assouvir quelques plaisirs personnels. Pour qui passais-je donc à ses yeux ? Je n'en savais rien. Des miens, je ne me voyais même plus comme un homme de volonté et de bonnes résolutions, rempli de raison, et débrouillard. Il y avait un moment que j'avais perdu cette image.
Mais alors que le silence semble retomber à nouveau, j'entends la voix de la jeune femme reprendre un sujet de discussion. Je ferme les yeux un instant, inconsciemment. Puis je les rouvre, et peine un peu à les reposer sur elle. J'avais comme peur... De refaire une bêtise, peut être. Ou surtout de sentir la honte monter en moi, l'incapable que j'avais été.
" Je vais bien... "
Je me tais un instant, me demandant si je me devais de continuer cette discussion avec elle. Mais de toute manière, parler n'engageait à rien, n'est ce pas ? Quoique à présent, je n'en étais même plus sûr.
" ... Et toi ? " |
| | | Elisabeth Latiolais
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| Sujet: Re: Pourquoi m'as-tu fais ça ? [Jason R. Lockaway] Jeu 18 Mar - 8:56 | |
| Il allait bien, disait-il. Et pourtant, sa voix, son visage, son allure, montraient le contraire. Que pouvais-je dire ? « Ne me mens pas, je vois bien que ça ne va pas. » ? Je savais que je n'avais guère l'air d'aller mieux. Et puis je m'en moquais, de sa vie ! Je m'en moquais parfaitement du fait qu'il aille bien ou mal. Qu'il soit heureux ou malheureux. Qu'il ait envie de rire ou de pleurer. Je ne connaissais pas cet homme. Je n'avais passé qu'une nuit avec lui. Oui... mais quelle nuit !, ne pouvais-je m'empêcher de penser. Et c'était bien pour cela qu'en réalité, je ne pouvais pas rester insensible en voyant qu'il n'allait pas si bien que cela. Mais je ne voulais pas le montrer. Je ne voulais pas qu'il profite de moi une fois de plus -car c'était ce que je pensais, qu'il avait profité de moi cette nuit que nous avons passée ensemble. Alors, je me contentai de répondre simplement, ayant l'air sincère et crédible.
« Bien, bien... Merci. »
En fait non. Ca n'allait pas. Rien n'allait. Depuis que mon frère avait été emprisonné, j'avais l'impression de tomber dans un puits sans fond. Une chute lente et infinie, mais pourtant tellement douloureuse. Et puis cette rencontre avec Jason, et cette entaille qu'elle m'avait laissée en plein cœur. Et surtout, le départ d'Ève. C'était comme si mon cœur déjà cruellement abîmé s'était déchiré en mille petits morceaux. Il me faudra du temps pour résoudre ce puzzle, pour me reconstruire. Mais tout ça, je ne pouvais pas l'avouer à Jason. Je n'avais pas envie d'en parler. Et je ne voulais pas lui accorder une nouvelle fois cette infinie confiance qui avait fini par me détruire le cœur. Il était là, près de moi, et je restais là, comme une idiote, sans savoir quoi dire ni quoi faire. Presque malgré moi, sans que je ne la contrôle, ma main saisit mon verre et le porta à mes lèvres. Un infime volume de whisky traversa ma gorge, provoquant en moi cette étrange sensation de soulagement. Sensation trop brève. La difficile réalité revenait presque instantanément. Et ce nouveau silence qui était insupportable. C'était de pire en pire. Le bruit de fond qui régnait dans le café me parut soudain assourdissant. La musique, les voix, les rires, les cris. J'avais l'impression que tout résonnait dans ma tête. Mon cœur ne voulait pas se calmer. J'avais envie de boire, de fumer. Mais ce n'était pas une solution, je le savais. Je ne voulais pas rentrer une fois de plus ivre à la maison. Même si Thalie serait sans doute couchée, je ne voulais pas non plus que mon frère me voie dans un piteux état. Il m'avait dit de m'amuser, pas de boire comme un trou à m'en rendre malade !
Il fallait que je sorte. L'air devenait étouffant dans la pièce. Respirer m'était de plus en plus difficile.
Sans prévenir, je me levai subitement, mon manteau et mon sac à main dans mes bras. Courant à travers la salle, je poussai la porte avec mon dos avant de continuer ma course dehors. Pas longtemps, cependant. Je finis par m'échouer sur un banc, à quelques mètres du bistrot. Il faisait nuit, j'avais froid. Mais je restais pourtant parfaitement immobile, mon dos appuyé contre le dossier glacé du banc. Il fallait que je me calme. Mon attitude était absurde. Chaque fois que j'y allais, j'espérais retrouver Jason, dans ce bistrot. Et maintenant qu'il était là, je prenais la fuite. C'était ridicule de se mettre dans des états pareils pour un homme, un homme qui de plus m'avait fait souffrir.
Calme-toi Elie... Tu vas sagement retourner dans ce bar, oublier la présence de Jason et essayer de passer une bonne soirée.
Non. Je ne pouvais pas. Je ne pouvais pas faire comme s'il n'était pas là, comme si je ne l'avais pas vu. C'était tout simplement impossible. Je savais que je n'avais même pas payé ma consommation mais qu'importe. Le patron me connaissait, savait que je la lui payerai et au pire, il savait où me trouver, Je ne me rendais pas compte que je commençais à grelotter. Dans ma hâte, je n'avais pas enfilé mon manteau, me contentant à présent de le garder serré contre moi, comme pour me protéger. Me protéger de quoi ? Je n'en savais rien. Je ne savais même pas ce que je faisais là, à vrai dire. C'était à peine si je savais encore qui j'étais. Je ne me reconnaissais plus.
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| | | Jason R. Lockaway
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| Sujet: Re: Pourquoi m'as-tu fais ça ? [Jason R. Lockaway] Jeu 18 Mar - 18:49 | |
| Lui répondre que j'allais bien... Ce n'était pas tout à fait faux quelque part. Étant donné que j'étais constamment dans cet état, ces derniers mois. Mais ça, elle n'était pas sensé le savoir. Je n'étais plus le jeune homme plein d'espoir sur le fait que sa femme revienne de la campagne, avec la certitude qu'il était la personne qui comptait le plus pour elle. Ce temps était résolu, et j'avais comme du mal à m'y faire. Tous les souvenirs de mon passé m'avaient lentement grignoté, emmenant une bonne partie de ma joie naturelle avec eux. Je demeurais ainsi, une expression neutre collée au visage, comme s'il s'agissait d'un masque qu'on ne pourrait plus jamais enlevé. Ce qui brillait autrefois au fond de mes yeux s'était éteint. Mon travail restait l'une de mes raisons de vivre, sans que je ne m'en rende vraiment compte. J'errais dans mon appartement à longueur de journée, une tasse de café posée aux côtés de mon ordinateur, devant lequel je passais une bonne partie de mon temps. Car après tout, il s'agissait d'une bonne source de renseignements. Autrement, je me rendais moi même chez les personnes que je souhaitais rencontrer pour un domaine professionnel.
A ses paroles, je la regardai un bref instant, avant de reposer mon attention sur la bière qui ne bougeait décidément pas devant moi. Peut être aurais-je aimé être comme elle. Dans un endroit sûr, calme et tranquille, avec s'il le fallait un petit peu de mousse au dessus. Passant de bouteille à verre, de verre en bouche, suivant un destin qui m'était forcé... Que je n'avais pas choisi. Dans lequel on ne me donnait aucune opportunité... Ni aucune erreur. L'alcool descendait à présent doucement le long de ma gorge, silencieux, me réchauffant un peu au passage. Les vertus de cette boisson était très intrigante, quelque part. D'où l'attachement que bien des hommes lui portait. Parfois même, la compagnie d'une telle boisson était préférable à celle d'une femme. Mais je n'irai pas jusqu'à dire que c'était le cas ce soir. De plus, la musique était plutôt plaisante, il fallait voir le bon côté des choses.
Brusquement, la présence à ma droite se lève, et s'écarte vers l'extérieur. Je lève les yeux devant moi, et ne bouge pas. Que devais-je faire ? Je n'en savais rien. Devant moi, deux serveuses et le patron avaient posés leur attention sur la jeune femme qui venait de quitter le bar. Ce dernier regarda un instant le siège sur lequel elle s'était précédemment assise, sa voisine de droite, puis moi, qui ne bougeait pas, fixant les bouteilles rangées soigneusement face à ma personne. Comme si je souhaitais en lire les étiquettes. Le propriétaire du domaine s'avança alors dans la salle, afin de quitter le comptoir un instant. Probablement pour la rejoindre. Ma main se posa doucement sur son bras, le retenant au moment où il passait à côté de moi.
" Laissez, s'il vous plaît."
Il me dévisagea un instant, et voyant que je me levai lentement à mon tour, il retira doucement son bras de ma main, m'observant toujours. Puis je replaçais convenablement ma veste, et lui tournai le dos. Quelques secondes après, je me stoppai, faisant volte face pour revenir vers le directeur qui n'avait pas bougé. Je fourrai ma main dans ma poche gauche, pour en sortir un bâton de papier blanc, orné d'une auréole orange à son extrémité.
" Au fait, vous auriez du feu ? "
Cinq minutes plus tard, je sortais du local. La rue était animée par les couples et les gens de passage, les clients sortant et rentrant. Mais elle demeurait désespérément silencieuse. Portant la cigarette à mes lèvres, je regardais autour de moi : les lampadaires éclairaient faiblement les allées, laissant quelques coins de pénombre où il n'était pas forcément bon d'aller.
Quand enfin, je la vis.
Elle était assise sur un banc, silencieuse. Et surtout grelottant. L'observant de loin, je ne bougeais pas. Même dans l'obscurité, elle était... Je secouai légèrement la tête, avant de m'avancer lentement dans sa direction. Elle grelottait. Elle ressemblait à une enfant perdue... Ou à un ange égaré. Je retirai ma veste, et la posais sur elle, apparaissant de derrière le banc. Elle serrait pourtant son manteau contre elle.
" Le principe d'une veste est de réchauffer... Vous feriez peut-être bien de mettre la vôtre. "
Je m'approchais d'elle, et après un instant d'hésitation, finissais par prendre place sur le banc, silencieuse, tirant une nouvelle bouffée de ma cigarette. Je regardai instant le sol, silencieux. Puis je jetais ma cigarette au sol, avant de lever mes yeux sur elle, parlant d'une voix douce et posée.
" Ça ne va pas si bien que ça, n'est-ce pas ? " |
| | | Elisabeth Latiolais
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| Sujet: Re: Pourquoi m'as-tu fais ça ? [Jason R. Lockaway] Dim 21 Mar - 18:07 | |
| Apparemment, mon départ soudain de la salle n'était pas passé inaperçu. Les serveuses, le patron... et surtout, Jason. D'un côté, j'aurais dû me douter qu'en partant aussi vite, on me remarquerait. Mais ça m'était égal, après tout. Tout ce que je voulais, c'était me retrouver un peu seule pour me reprendre. Assise sur ce banc, je ne me souciais pas de ce qui se passait autour de moi. Les quelques passants, les voitures qui passaient derrière moi. Je ne voyais rien. Je n'entendais rien. La tête baissée, j'étais absorbée par mes méditations peu joyeuses.
Puis j'entendis sa voix, juste derrière moi. Je sentis quelque chose sur mes épaules. Sa veste... Je ne bougeai pas pour autant, ne parlai pas. Je devinai qu'il s'assit près de moi. Bon sang, que ce silence était pesant... Puis il parla de nouveau. La douceur, la chaleur de sa voix me fit frissonner. Silencieusement, je hochai doucement les épaules. Il avait raison. Je n'allais pas aussi bien que je le faisais croire. Mais je ne voulais pas l'admettre.
« Qu'importe, de toutes façons ? »
C'était vrai. Qui se souciait de moi ? Mes frères et ma nièce. Personne de plus. Quelques amis, sans doute. Mais aucun n'était présent à ce moment-là. Il n'y avait que Jason. Pourquoi était-il venu me rejoindre ? Qu'en avait-il à faire de moi ? Il était marié. Pourquoi n'était-il pas chez lui avec sa femme ? J'eus envie de lui crier de partir. De me laisser seule et tranquille. Je n'avais envie de voir personne. Le voir arriver avec une cigarette à la main m'avait donné envie d'en rallumer une. J'avais abandonné la précédente dans le cendrier du bar, l'écrasant pendant de longues secondes jusqu'à ce qu'elle ne ressemble plus à rien. Mais non, je ne le fis pas. Je n'avais pas envie de bouger... et j'avais envie qu'il reste là, près de moi. La douce chaleur de sa veste m'envahissait doucement. Je me sentais tellement mieux, d'un coup, touchée par cette délicate attention. Je restai immobile pendant longtemps. De longues minutes, sûrement. J'avais perdu toute notion du temps. Je n'étais pas si mal que ça, assise sur ce banc, dans un coin un peu lugubre de la ville. Mais avec Jason à mes côtés, il ne pourrait rien m'arriver de toutes façons. Je le sentais, cet étrange sentiment de sécurité qui vous prend, comme ça, lorsque la personne que vous aimez se trouve à vos côtés. Mais mille pensées affluaient dans mon esprit. Si la présence de Jason me rassurait, au fond... avais-je vraiment envie qu'il soit là ? Oui, bien sûr. Mais... Non. Ce n'était pas raisonnable. Il m'avait fait souffrir, je ne voulais pas que cela recommence. Je ne voulais pas rester encore des jours à pleurer dans mon appartement, allongée dans mon lit, ne me levant que pour fumer et manger une quantité impressionnante d'aliments qui ne resteraient pas longtemps dans mon estomac. C'était un enfer de vivre comme ça. Mais je ne me contrôlais pas. Je ne me rendais pas compte de ce qui m'arrivait. J'attendais que ça passe. Puis ça allait mieux. Et tout s'effondrait de nouveau. Le bonheur était si fugace. Le bonheur ? … Quel bonheur ? Ça faisait des années que je ne l'avais pas connu. Il s'était montré par moments. Mais depuis quelques temps, je n'avais pas vu ne serait-ce que son ombre. Il fallait que ça change... Je n'en pouvais plus. Mais comment faire ? Perdue dans mes sombres pensées, j'avais presque oublié que Jason était à côté de moi. Puis je me souvins. Sa veste était toujours posée sur mes épaules. Il était assis juste à côté de moi, découvert alors qu'il faisait si froid. Doucement, je fis glisser le vêtement avant de le tendre à Jason, sans le regarder cependant. Plonger mon regard dans ses magnifiques yeux me serait terriblement douloureux, au fond.
« Tiens... Je... Je ne voudrais pas que tu prennes froid par ma faute. »
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| | | Jason R. Lockaway
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| Sujet: Re: Pourquoi m'as-tu fais ça ? [Jason R. Lockaway] Lun 29 Mar - 21:50 | |
| Passer inaperçue. Il aurait fallut être aveugle pour ne pas voir cette jeune personne s'éloigner du comptoir de ce bar, et partir en direction de la sortie, pour la prendre ensuite. Aveugle pour ne pas s'apercevoir du malêtre qui l'habitait. Aveugle pour admettre l'absence de sourire sur son si joli visage... A présent aux côtés d'elle, je ne bougeais plus. Après tout, qu'aurais-je put faire de plus que d'attendre la réponse à la question que je venais de lui poser ? Telle était mon interrogation. Je n'en savais rien. Fumant doucement, à mon rythme, et demeurant silencieux, je patientais. Une réponse viendrait probablement, quitte à ce qu'elle me rende ma veste et me demande de m'en aller. Après tout, je le méritais. Je le savais bien. Une telle réaction de sa part ne m'aurait guère étonnée.
Mais finalement, ce n'est pas quelque chose de tel qui parvient à mes oreilles. Au contraire. Qu'importe... Avait-elle si peu d'importance à ses yeux ? La vie est quelque chose de terrible, d'unique, et de magnifique à la fois. Ne lui conviait-elle donc si peu d'importance ? Je ne bougeais pas, ne disant rien, ne répondant même pas. Que dire ? Je finis par souffler une nouvelle bouffée de fumée, avant de lâcher ma cigarette au sol, et de l'écraser d'un geste machinal, presque mécanique. La cendre s'étala sur le bitume du trottoir, éclairée par les lampadaires environnants. Je regardai alors en face de moi, une boutique de location de dvd était fermée, gardant cependant fièrement son enseigne éclairée. Puis je tournai enfin la tête, accordant un regard aux yeux de la jeune demoiselle à mes côtés. Elle semblait si abattu. Sur ce banc, je me redressais un peu, avant de la voir retirer ma veste, et me la tendre. Je l'observais, silencieux à ses paroles. Elle ne voulait pas que je prennes froid... C'était pareil pour moi, dans son cas. Je la regardai donc dans les yeux à présent, posant doucement ma main sur ma veste, refusant de la reprendre tout de suite, un faible sourire aux lèvres.
" Je ne la reprendrai uniquement que si tu te décides à mettre la tienne sur tes épaules. Elle sera bien plus utile que dans tes bras."
Voilà que je faisais de l'humour... Avec ce qu'il s'était passé, j'étais bien mal placé pour ça. J'étais ridicule. |
| | | Elisabeth Latiolais
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| Sujet: Re: Pourquoi m'as-tu fais ça ? [Jason R. Lockaway] Dim 4 Avr - 21:22 | |
| Une petite note d'humour, cela ne faisait de mal à personne. Au contraire. Ca me fit un peu de bien. Un petit sourire passa sur mon visage. Jason avait raison. Dans mes bras, mon manteau ne me serait pas très utile. Je me sentais un peu ridicule, quand même. Soupirant doucement, je posai sa veste sur ses genoux, avant de mettre mon sac à main à côté de moi et d'enfiler mon manteau. Puis je repris mon sac, le gardant précieusement contre moi, comme s'il s'agissait d'un trésor. Il n'y avait pourtant rien de valeur dedans, à part mon téléphone portable peut-être. Sinon, je ne prenais rien de précieux, surtout vu le quartier dans lequel j'allais. Je préférais ne pas prendre de risques.
« Monsieur est-il satisfait ? »
J'essayais de faire un peu d'humour moi aussi. Je ne savais pas si on pouvait vraiment parler de réussite en la matière, mais au moins, j'essayais. Je ne voulais pas faire fuir Jason avec ma dépression que les hommes avaient souvent bien du mal à supporter.
Mais il fallait que je lui parle. Je n'en pouvais plus. J'avais besoin de savoir... Savoir quoi, au juste ? Ce qu'il ressentait pour moi. Ce qu'il avait ressenti quand nous étions chez lui. Ce qu'il avait pensé après. J'avais besoin de savoir s'il avait pensé à moi pendant tous ces mois. Si je lui avais manqué. S'il avait eu envie de me revoir. S'il avait cherché à me recontacter. J'avais besoin de savoir pourquoi, alors qu'il était marié, pourquoi il m'avait donné tant d'amour. Tant d'espoir. Et j'avais besoin de lui dire le mal qu'il m'avait fait. Je ne voulais pas qu'il recommence. Je ne voulais pas souffrir de nouveau. S'il était marié et comptait rester avec sa femme, je ne voulais pas le revoir. Être la maîtresse d'un homme m'était insupportable. On dit pourtant qu'un homme aime plus sa maîtresse que sa femme... Mais moi, j'avais besoin d'un homme à moi, rien qu'à moi. Peut-être était-ce de l'égoïsme. Je n'en sais rien. J'aimais Jason, même si je ne croyais pas tellement au coup de foudre. Adolescente, j'en avais eu plusieurs. A chaque fois, ça s'était mal terminé. Je grandis, la même chose m'arriva plusieurs fois. Que des déceptions. Des amants d'une nuit, que j'étais pourtant persuadée d'aimer. Bien sûr, avec certains, ça avait duré plus longtemps... Mais une chose était sûre : jamais un homme ne m'avait fait autant d'effet que Jason. Jamais je n'avais aimé un homme au point de penser presque sans cesse à lui, de me sentir terriblement vide sans sa présence à mes côtés, tellement inutile sans mes lèvres sur les siennes.
Il fallait que je le lui dise.
Mais pas comme ça. Pas directement. Y aller petit à petit, pas à pas... Un long silence troublant envahit la ruelle. Une mobylette qui passait de temps à autre. Parfois une voiture. Quelques passants. Tout semblait étrangement calme. Moi aussi je parassais calme. Mais ce n'était qu'une apparence. En moi, une foule de sentiments et de pensées tourbillonaient. J'avais du mal à savoir où j'en étais. Mais petit à petit, j'arrivais à organiser mes idées, du mieux que je le pouvais.
Ce fut d'une voix légèrement tremblante et pas très assurée que je pris la parole. Cependant, j'étais incapable de regarder Jason dans les yeux. Je regardai cette boutique, juste devant nous, fermée mais pourtant si majestueuse, son enseigne lumineuse apportant un peu de couleur dans cette allée sombre.
« Je suis heureuse que tu sois là, Jason... »
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| | | Jason R. Lockaway
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| Sujet: Re: Pourquoi m'as-tu fais ça ? [Jason R. Lockaway] Lun 12 Avr - 20:26 | |
| Une petite note d'humour. C'est toujours ce qu'il faut pour détendre un peu l'atmosphère... Et c'était tout ce que j'avais put sortir pour parler à la jeune femme qui se trouvait à présent à mes côtés. Pourtant, je n'aurai jamais pensé la revoir un jour. Surtout ainsi, assise sur le même banc que moi, alors que je l'avais rattrapé après - je le supposais bien - l'avoir fait fuir du bar où nous nous trouvions précédemment. Je la regarde donc poser ma veste sur mes genoux, et enfiler la sienne. Elle reprend ensuite son sac contre elle, et je l'observe, souriant doucement en coin ensuite à sa remarque, vêtissant à nouveau mon manteau à mon tour.
" Satisfait. Très satisfait."
Je souris un peu et me courbe alors, me penchant en avant pour poser mes coudes sur mes genoux. Fumer à nouveau, sortir une cigarette... La nervosité me gagnait, à présent. Silencieux, je ne bougeais plus, posant mes yeux sur cette enseigne qui brillait dans le noir, chancelante, s'imposant dans cette obscurité à la fois pleine de tendresse et terriblement mystérieuse, élevant un voile de frayeur dans cette petite ruelle, exécutée par quelques lampadaires.
Je tentais de détourner mon attention, mes idées de cette jeune femme à ma gauche. Une faible lueur nous éclairait, et quelques passants continuaient leur route, silencieux, rieurs, ayant un peu trop bu ou de nature tout simplement joyeuse. Quelques véhicules passèrent, des voitures, quelques mobylettes, rien de très important. Malgré tout cela, je ne parvenais pas à chasser l'objet principal de tout mon esprit : Elisabeth. Un frisson me parcourait lorsque je réfléchissais à ce prénom. A sa voix, à ses yeux, ses cheveux, sa chaleur, la douceur de sa peau... Je secouais un instant la tête, prétextant une poussière dans l'oeil.
Le silence demeurait. Quand une douce voix brisa, sans que je ne m'y attendre, tous les murmures de cette douce nuit qui s'abattait sur la capitale anglaise. Elle était contente de me voir... Comment pouvait-elle sortir quelque chose de tel ? Après ce que je lui avais fait. Je souris un peu, ironique. Je n'osais pas non plus la regarder dans les yeux.
" Tu n'es pas obligée d'être polie, tu sais. "
Je le savais, je ne méritais aucune retenue de la part de cette jeune femme. |
| | | Elisabeth Latiolais
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| Sujet: Re: Pourquoi m'as-tu fais ça ? [Jason R. Lockaway] Mar 13 Avr - 8:39 | |
| Chaque fois que j'étais revenue dans ce bar, j'avais espéré qu'il soit là, sagement assis au comptoir. J'espérais... et pourtant, j'avais terriblement peur. Ce soir, il était là. Sur le coup, la peur, l'angoisse avaient pris le dessus. C'était pour cela que je m'étais enfuie du bar. Je n'avais pas su comment réagir en le voyant si près de moi. Les souvenirs de cette nuit passée ensemble et de toute la souffrance que j'avais ressentie les semaines suivantes m'étaient revenus en mémoire, alors que je ne souffrais que trop ces derniers temps. Partir en courant, m'échoir sur le banc et entendre le silence de la nuit m'avaient calmée. Jason était venu me rejoindre, mais sa présence, loin de m'angoisser, avait plutôt pour effet de me rassurer. Je me sentais en sécurité. Rien ne pourrait m'arriver tant qu'il serait là. J'en étais persuadée. J'étais prête à tout lui pardonner. A oublier la souffrance que j'avais endurée en son absence, en apprenant son union avec une autre femme. S'il le voulait, je pourrais m'offrir entièrement à lui. Plus rien ne m'importait tant qu'il était là. Bon, d'accord, ce n'était pas l'exacte vérité. Ma nièce et mes frères et soeurs comptaient beaucoup pour moi également et sans eux, je n'étais rien. Il suffisait de voir ma réaction face à l'emprisonnement de Luc et le départ d'Ève. Mais même avec eux, depuis cette fabuleuse nuit avec Jason, je me sentais seule. J'avais l'impression d'être une coquille vide. Que la vie n'avait plus de sens. Je ne vivais plus que pour ma nièce. Elle était devenue ma seule et unique raison de vivre. Mais il manquait un homme dans ma vie. Un homme qui serait à moi, qui prendrait soin de moi, me protègerait, me consolerait, et m'aimerait, quoi qu'il advienne. Qui m'aimerait. Jason serait parfait dans ce rôle.
Pourquoi ne me répondait-il pas que lui aussi était heureux ? Sa femme. Il pensait à sa femme. Il culpabilisait sans doute de revoir celle avec qui il avait trompé son épouse. La petite rouquine de vingt-cinq ans qui passait son temps à déprimer, chanter, boire et fumer. Il ne pouvait pas m'aimer. Je n'étais pas son genre de fille. Sur sa photo de mariage, sa femme était resplendissante. Souriante, magnifique. Bien différente de moi. J'aurais tellement aimé qu'il me réponde autre chose que ces terribles mots qu'il avait prononcés. A ses yeux, je cherchais simplement à paraître polie ? … Loin de là. Au diable la politesse. Ce que je voulais, c'était que Jason me dise que lui aussi était heureux, qu'il me rassure. Au lieu de ça... ses paroles me firent l'effet d'une douche froide. Je tentai cependant de ne rien montrer de mon trouble. Chercher à être polie ? A quoi bon ? Ces mots, je ne les avais pas prononcés dans cette intention, ni même pour combler le silence pesant qui s'était installé entre nous. J'étais vraiment heureuse qu'il soit là, et je tenais à le lui faire savoir.
« Je ne cherche pas à être polie. »
Détachant mon regard de la captivante boutique face à nous, je tournai légèrement la tête vers Jason pour le regarder. Lui ne pouvait détacher son regard de la vitrine. Il n'en avait rien à faire, de moi. J'eus envie de pleurer. Mais je n'étais pas une gamine. J'étais une femme.
« Juste sincère. »
Et j'étais sincère en disant cela. J'espérais que cette fois, il me croirait. Comment pouvait-il douter de mes sentiments après tout l'amour que je lui avais donné ? S'il y avait un don que j'aimerais avoir en cet instant, c'était celui de pouvoir lire dans les pensées. Je ne pouvais ni croiser son regard, ni, au vu du faible éclairage de la ruelle, deviner l'expression de son visage. Mais je n'avais pas ce don. Je ne pouvais qu'attendre une réponse de sa part. Une réponse qui serait peut-être tout aussi douloureuse que la précédente, qui sait. Cela ne tenait qu'à lui.
Dernière édition par Elisabeth Latiolais le Sam 17 Avr - 9:03, édité 1 fois |
| | | Jason R. Lockaway
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| Sujet: Re: Pourquoi m'as-tu fais ça ? [Jason R. Lockaway] Sam 17 Avr - 8:51 | |
| De mon côté, j'étais de temps en temps revenu dans ce bar, sans pour autant avoir l'espoir de la revoir. Je me disais qu'elle devait m haïr, me détester, ne plus vouloir me croiser, ni même m'apercevoir... J'étais ainsi, ces derniers temps, de nature pessimiste, et de façon terriblement exagérée. Mais que voulez vous, quand la vie ne vous fait pas de cadeau, vous n'avez pas forcément envie de vous en faire non plus, à vous même. Pourtant, je l'avais bel et bien rejoint, à présent. En la voyant partir de ce bar, ma culpabilité n'avait fait que doubler de volume : je l'avais déjà laissé partir une fois. Recommencer sans rien dire, ni rien faire ne me disait rien qui vaille. Surtout, je m'en étais tellement voulu lorsque j'étais parti, ce jour là, alors qu'elle était encore assoupie dans mon propre lit. Ou seule une unique femme s'était allongée nue. Elle était la seconde.
Mes sentiments m'avaient donc conduits à elle. Mais alors que je me trouvais à ses côtés, je ne savais plus quoi dire. Et j'avais trahi la parole que je m'étais faite pour cette soirée : ne pas fumer, ne pas allumer une seule cigarette. Les cendres encore un peu fumantes à mes pieds me le montraient bien. Pourquoi ne pas dire que j'étais moi aussi heureux de la revoir ? Parce que je n'en étais même pas certain. J'avais le sentiment qu'elle m'en voulait, ou plutôt qu'elle tentait de reconstruire la nuit qui avait été si éphémère, entre nous deux. Le soucis là dedans... Était que je m'en voulais. Je m'en voulais terriblement. D'avoir fait une chose pareille, de l'avoir laissé tomber, d'avoir trompé ma femme alors qu'elle avait fait apparemment de même, qu'elle m'ait quitté ensuite. Je me trouvais moi même insupportable.
Mais soudainement, la voix de la jeune femme à côté de moi traverse à nouveau l'obscurité de la nuit dans laquelle nous nous étions retrouvé. Un silence s'installe avant qu'elle ne m'annonce qu'elle était sincère. Du coin de l'œil, je devine qu'elle a tourné les yeux vers moi. Je ne bougeais pas, silencieux. Puis, je me décide à quitter cette boutique face à moi des yeux, pour les poser enfin sur Elisabeth. Dans la faible lueur que nous offrait les lampadaires de la ruelle, elle demeurait pourtant comme je m'en souvenais, tout aussi mystérieuse et élégante à la fois. Endolorie ? Peut être. Même sûrement, j'avais envie de dire. Mes yeux dans les siens, je la dévisageais un instant, la découvrant à nouveau. Cette petit lueur dans ses yeux, qui brillait faiblement, dans ses pupilles, était toujours présente.
Au bout de quelques minutes, soupirant un peu et me redressant, je la regarde, lui adressant un faible sourire.
" C'est gentil de ta part, dans ce cas... "
Je continue de la dévisager, mon sourire s'effaçant lentement, alors que je continuais de l'observer. J'avais le sentiment, pendant un instant, de ne jamais l'avoir quitté.
" ... Mais avec ce que je t'ai fait, je ne pense pas que tu sois vraiment capable de penser ça, si je peux me permettre." |
| | | Elisabeth Latiolais
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| Sujet: Re: Pourquoi m'as-tu fais ça ? [Jason R. Lockaway] Lun 19 Avr - 10:38 | |
| Il n'avait pas changé. Lorsqu'il me regarda dans les yeux, je réalisai que je n'avais oublié aucun trait de son visage. Si j'avais été douée pour le dessin, j'aurais sans problème pu faire son portrait sans qu'il soit devant moi. Attentivement, je scrutai les moindres détails de sa figure : son front, ses sourcils, ses yeux, son nez, ses lèvres, son menton. Tout était si parfait.
Une fois de plus, il semblait ne pas me croire. En quelle langue fallait-il que je lui dise que j'étais sincère ? L'anglais n'était peut-être pas ma langue maternelle, mais il me semblait que je n'avais pas un si mauvais accent que ça pour qu'il ait tant de mal à me comprendre. Au fond, il était persuadé que je lui mentais. Pourquoi … ? Pourquoi lui mentirais-je ? Je n'avais rien à y gagner. Faire semblant de le haïr, ce serait me mentir à moi-même. Et c'était quelque chose que j'avais toujours été incapable de faire.
« Et pourtant... »
Un faible sourire dessiné sur mon visage, je soutins pendant un instant son regard, son regard si profond, si enivrant. La faible clarté de la ruelle ne le rendait que plus mystérieux. Plus captivant. J'avais envie de me rapprocher encore plus de lui, de passer ma main sur sa joue, de venir poser mes lèvres sur les siennes... Mais je ne pouvais pas. Sa femme... Il était marié, bon sang. Marié. Les liens du mariage représentaient quelque chose de précieux pour moi qui avais grandi dans une famille très catholique et pratiquante. J'avais toujours refusé d'être la maîtresse d'un homme. Alors je ne serai pas celle de Jason. Je baissai les yeux, pour résister à la tentation de le caresser et de l'embrasser.
« Et pourtant, c'est le cas. »
Une fois de plus... j'étais sincère. J'aurais pu lui en vouloir terriblement et avoir envie de ne plus jamais le revoir, mais ce n'était pas le cas. Ma raison me disait de l'oublier. Mon cœur, lui, ne m'empêchait pas de l'aimer.
« Jason... »
J'aurais voulu lui dire que pendant tous ces mois, je ne l'avais pas oublié. Que depuis que nos chemins s'étaient croisés, j'avais été incapable de donner autant d'amour à un autre homme. Mais je ne pouvais pas lui balancer ces mots comme cela, d'un coup. C'était insensé. Il me rendait folle. Complètement folle. Folle d'amour.
« Non... rien. »
Je me ridiculais. Bon sang, que j'étais ridicule. Je me sentais si nulle, parfois. J'avais envie de partir une nouvelle fois en courant, de rentrer chez moi, cette fois. Là, je savais que Jason ne viendrait pas me retrouver. Mais au fond, je ne voulais pas partir. Je voulais rester là, près de lui... ou plutôt, j'avais envie qu'il reste là, près de moi. Si près de moi que je sentais l'odeur de son parfum. Une odeur masculine. Son odeur. Je l'aurais reconnue entre mille. L'odeur de cette peau que j'avais tant caressée et embrassée, mais si peu à la fois. |
| | | Jason R. Lockaway
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| Sujet: Re: Pourquoi m'as-tu fais ça ? [Jason R. Lockaway] Mar 20 Avr - 16:06 | |
| Non, à vrai dire, je n'avais pas changé. J'étais toujours le même homme, avec les mêmes cheveux en bataille, le plus souvent enfermé dans son appartement, à rester silencieux, pieds nus, m'occupant l'esprit comme je le pouvais, travaillant ou me penchant sur d'autres activité. L'étincelle de vie qui m'avait maintenu si joyeux enfant s'était à présent effacé, et je n'y pouvais rien, malheureusement. Qu'est ce que j'aurai donné pour retrouver mon innocence, ma joie, ma bonne humeur...
Alors que j'avais levé les yeux vers elle, je ne la quittais à présent plus du regard. En effet, elle me parlait, c'était déjà la moindre des politesses, et je n'allais tout de même pas passer ma soirée à l'ignorer, ou à la laisser de côté alors que j'étais moi même venu la rejoindre ici, pensant aussi que j'y étais pour quelque chose dans le fait qu'elle soit partie du bar si prestement, sans rien dire, ni faire, ni même laisser deviner. Elle avait quitté l'endroit dans lequel elle s'était rendu peu de temps après mon arrivé, peu après deux trois mots échangés avec moi. Autant dire que je ne pensais pas que le hasard y était pour quelque chose.
A ses paroles, je continuais de l'observer, silencieux, l'écoutant aussi avec la plus grande attention. Et pourtant, c'était le cas. Elle était donc bel et bien sincère quand elle disait être heureuse de me voir ici, ce soir là. J'avais un peu de mal à le croire, mais à son faible sourire, je ne peux qu'accepter le fait que tout cela soit bel et bien vrai. C'était étrange.. Au moment où le coin de ses lèvres s'était doucement élevé, son teint s'était comme subitement éclairé, ses yeux brillant un petit peu plus. Quelque chose me donnait presque envie de sourire à mon tour, lui dire que j'étais heureux moi aussi ? Et pourquoi pas la remercier, aussi.
Cependant, elle continue sur sa lancée, m'appelant par mon prénom à nouveau. Sa voix... Un frisson me parcourut un instant, que je stoppai au plus vite. De quoi avais-je l'air ? J'abaisse un instant mon regard, avant de le reposer sur elle.
"... Oui ? "
Je la dévisageai de nouveau un instant, mais rien de particulier ne sortit de ses lèvres. Si douces. Si parfumées. Je quittai alors ses yeux pour les poser à nouveau sur la boutique, me sentant un peu bizarre. Il y avait un moment que je n'avais pas entendu cette voix, sentit ce parfum, perçu ces cheveux roux, et ces yeux, cette peau. Je baisse un instant la tête, et la regarde ensuite, souriant un peu, faiblement, répondant un peu tardivement à son premier sourire. Mon coeur me donnait l'impression de crépiter, quelque part. Et me traîtait aussi silencieusement de lâche, d'arnaqueur de première, de profiteur. Ce que je pensais être. Mais profiter de la faiblesse de cette jeune femme, à mes côtés... Jamais, je ne me le serai permis. La pensée ne m'aurait jamais traversé l'esprit. Lui dire... Lui expliquer. L'envie m'en prenait... Mais elle devait cependant m'en vouloir. Comment faire.
Une poussée me faire alors me pencher vers la jeune femme, afin d'atteindre son oreille, afin de lui murmurer quelques mots, comme un secret. Passant à côté de sa peau, mes lèvres ne purent s'empêcher de déposer un bref baiser au coin des siennes.
" J'étais sincère... Je voulais que tu le saches. Tu peux me traiter de tous les noms que tu voudras, je le comprendrai parfaitement, et je ne pense pas répliquer. Mais je veux être sûr que tu en sois consciente... J'étais sincère."
Je me retire alors, osant la regarder un instant dans les yeux, avant de les baisser de nouveau. J'avais envie de fuir. De me lever. De partir. Je me levai alors, resserrant un peu ma veste contre moi. |
| | | Elisabeth Latiolais
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| Sujet: Re: Pourquoi m'as-tu fais ça ? [Jason R. Lockaway] Mer 21 Avr - 8:18 | |
| Alors que Jason regardait de nouveau la boutique, je posai à mon tour mon regard sur les néons de l'enseigne lumineuse. Nouveau silence. A cause de moi. J'étais parfaitement ridicule. Il me regarda de nouveau. Pas moi. Pourtant, du coin de l'œil, je remarquai qu'il s'approchait de moi. Mon rythme cardiaque s'accéléra subitement. Je baissai le regard. Ses lèvres vinrent se poser au coin des miennes. J'aurais eu envie de les capturer pour échanger un long baiser... mais trop tard. Je sentis mes joues rougir, une douce chaleur m'envahit et mes lèvres se redressèrent en un petit sourire. Il murmura quelques mots à mon oreille. Mon sourire ne dura pas.
Un coup de poignard en plein cœur. L'effet que me firent ses paroles. Il était sincère. Je voulais bien le croire, mais... et sa femme ? Il devait lui dire qu'il l'aimait. Qu'il voulait passer sa vie auprès d'elle. Qu'il voulait fonder une famille, qui sait. Et qu'il était sincère, en disant tout cela. Je lui reprochais de ne pas me croire quand je disais que j'étais sincère... A vrai dire, maintenant, c'était moi qui peinais à le croire. J'aimerais vraiment, pourtant. Et ce baiser furtif, déposé au coin de mes lèvres... Il ne l'aurait pas fait s'il n'était pas sincère... Une fois de plus, j'étais perdue dans mes pensées. Devais-je le croire... ou non ?
Il s'écarta de moi. Le regardant dans les yeux, j'étais bien incapable, une nouvelle fois, de prendre la parole. Je sentais toujours mon cœur battre à cent à l'heure dans ma poitrine. Le voyant se lever, je me levai à mon tour, rapidement, manquant de faire tomber mon sac à main au sol. Je le rattrapai de justesse, mais honnêtement, peu m'importait qu'il tombât ou non. Je voulais empêcher Jason de partir. Je posai ma main sur son bras, pour le retenir. A nouveau, je plongeai mon regard dans le sien. Cette fois, il pourrait y lire de la douleur, une douleur que je ne parvenais plus à cacher.
« Tu es sincère avec ta femme aussi, c'est ça ? Je ne veux pas être la maîtresse, Jason. J'ai besoin d'autre chose. »
Était-ce de l'égoïsme que de ne pas vouloir partager un homme ? … Je ne pensais pas. J'arrivais à un point où j'avais besoin d'un homme à mes côtés, toujours présent pour m'aimer, couvrir ma peau de ses tendres baisers, me soutenir quand ça n'irait pas. Le principal problème était justement que je faisais fuir les hommes avec mes sérieux penchants cyclothymiques. Je ferai sans doute fuir Jason de la même façon. Au fond... Qu'est-ce qui était le mieux ? Que nous nous séparions maintenant et que nous nous revoyions jamais ? … Ce n'était pas ce que je voulais. J'avais besoin de lui. C'était bien la seule chose dont j'étais sûre, malgré tout le mal qu'il m'avait fait sans le savoir. |
| | | Jason R. Lockaway
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| Sujet: Re: Pourquoi m'as-tu fais ça ? [Jason R. Lockaway] Dim 25 Avr - 20:32 | |
| Rester debout. Sans rien dire. Partir ? Je ne savais pas trop. Je me trouvais à présent à nouveau lâche, comme je l'avais été une première fois avec cette jeune femme qui se trouvait à présent à mes côtés. Ayant remis ma veste, les souvenirs de cette soirée me revenaient à l'esprit : j'avais passé une soirée merveilleuse avec elle, une nuit magique, et ça, rien ni personne ne pourrait l'effacer de mon esprit, de ma mémoire. Ce qui est fait est fait, et je n'y pouvais plus rien à présent. Mais comme la première fois, je me sauvais, refusant d'affronter une vie qui, je l'estimais, n'était pas la mienne. Une vie à laquelle je n'avais pas droit. Une vie de bonheur, d'amour, et de tant d'autre chose, encore.
Alors que j'étais debout, le banc placé derrière moi, je finis par faire un pas sur le côté, silencieux, quand un bras me stoppa net dans mon élan, me ramenant vers lui. Je me laissais faire, un peu surpris, et me retrouvais alors face à la jeune fille avec qui je parlais depuis tout à l'heure. Elisabeth. Son regard avait brusquement changé. Je ne retrouvais pas les yeux que j'avais vu il y a quelques secondes encore à peine. Je ne voyais plus que de la peine, plongée dans ces pupilles noires de tristesse, fatiguées ce soir là. Une douleur qui me saisissait brusquement.
A ses paroles, tout ce qui nous entourait se réduit alors à un néant total. Je n'entendais plus rien. Ni les pas, ni les rires, ni les murmures des passants. Je ne voyais plus ce néon à côté de nous, de cette boutique si attirante il y a quelques minutes. Je sentais plus les odeurs de boissons et de cigarettes, l'air frais de la nuit. Ma femme... Je baissais les yeux un instant. Brusquement, un faible sourire s'éleva sur mes lèvres. Un faible rire s'en échappa, que je ne put retenir très longtemps. Cette obscurité, cette bulle, cessa alors. Ma femme... Oui, enfin plutôt mon ex-femme. Elle avait rencontré quelqu'un d'autre, m'avait alors quitté. J'élève alors doucement la voix, une lueur d'ironie dans les yeux.
" On a pas de maîtresse lorsque l'on a pas de femme."
Je la regarde un instant. Elle n'avait pas besoin de tout savoir de ma vie. Mais l'absence, le départ de ma femme m'avait bel et bien blessé, bien que j'avais deviné que tout s'était dégradé. Je regarde un instant dans le vide, avant de reporter mon regard sur la jeune femme, dégageant doucement mon bras du sien, qu'il n'avait toujours pas quitté.
" Mais je suis d'accord... Tu as besoin d'autre chose. Et j'espère que tu le trouveras." |
| | | Elisabeth Latiolais
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| Sujet: Re: Pourquoi m'as-tu fais ça ? [Jason R. Lockaway] Mar 27 Avr - 16:26 | |
| Je le regardais toujours droit dans les yeux. C'était vrai que mon regard avait changé par rapport à tout à l'heure. Il s'était soudainement assombri, lorsqu'il m'avait dit qu'il avait été sincère. Ce n'était pas le sentiment que j'avais eu, le lendemain, en me réveillant dans un grand lit vide, une enveloppe posée près de moi, et, le pompon, la photo de son mariage. J'avais toujours eu le regard expressif. Même si je faisais semblant d'aller bien, mes yeux me trahissait toujours. Alors j'avais arrêté d'essayer de cacher mes sentiments. Et je n'en avais de toutes façons pas l'intention, je voulais que Jason sache tout le mal qu'il m'avait fait. Pas pour le faire culpabiliser, loin de là. Juste pour qu'il comprenne ce que je ressentais pour lui, qu'il prenne conscience de l'effet qu'il m'avait fait.
Un vague sentiment de colère monta en moi. Comment ça, « lorsqu'on n'a pas de femme » ? J'avais vu la photo de son mariage, bon sang !
« Et cette photo que j'ai vue dans ton salon ? Ce n'était pas ta femme, peut-être ? »
Je ne pensais pas un seul instant qu'il pouvait avoir divorcé. Pour moi, c'était tout simplement qu'il me mentait, or le mensonge était une chose que je ne supportais pas. Qu'allait-il m'inventer encore ? Qu'il s'agissait de son frère jumeau ? Que c'était une photo de sa sœur lors de son mariage à elle ? Que sais-je encore. Il était marié, j'en étais sûre. Un simple tour dans la salle de bains avait suffi à me confirmer qu'une femme vivait chez lui. Un seul lit double. Une présence féminine omniprésente dans l'appartement. La photo. Il ne fallait pas être Sherlock Holmes ou Hercule Poirot pour comprendre qu'il était marié.
Je ne répondis rien à ses dernières paroles. Que dire ? Que c'était lui que je voulais ? Je le ferais fuir si je disais cela. Et puis, il devait s'en douter, vu la discussion que nous avions actuellement. En tous cas, son geste pour retirer son bras que je tenais toujours me fit de la peine, au fond. Il ne voulait même pas que je le touche. Pourtant, c'était lui qui avait déposé un baiser au coin de mes lèvres. Je restai parfaitement immobile, mon regard plongé dans le sien. Plus rien n'avait d'importance autour de moi. Il fallait que nous ayons cette discussion. Cela faisait des mois que je l'attendais, même si j'avais, jusque là, tendance à la fuir en ne cherchant pas à revoir Jason. Mais à présent que nous étions là, tous les deux, dans cette ruelle presque déserte... et je comptais bien réussir à lui dire tout ce que j'avais sur le cœur. Tout ce que je gardais enfoui au fond de moi, sans en parler à ma psychologue, à mes frères ou à ma sœur. |
| | | Jason R. Lockaway
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| Sujet: Re: Pourquoi m'as-tu fais ça ? [Jason R. Lockaway] Ven 30 Avr - 10:43 | |
| Ce soir là, j'avais été tout ce qu'il y avait de plus sincère. Je n'aurai pas put faire autrement, de tout façon. Je ne pouvais me comporter comme j'avais été avec cette jeune femme rousse face à moi en jouant la comédie. C'était impossible. Embrasser, caresser, éprouver tant d'amour en autant de temps que j'avais été avec elle. Ce genre de chose, je ne pouvais pas l'inventer, puisque ça venait du coeur, et de nulle part ailleurs. Ce genre de choses ne pouvait s'inventer. Du moins pas par moi. Mais le lendemain matin de cette fameuse nuit, le souvenir de ma femme m'était revenue : bien qu'elle soit partie plusieurs jours avant, et qu'elle ne me donnait plus de signe de vie, du moins pas beaucoup, et pas très descriptif, j'avais pensé à elle. Et je m'étais donc éclipsé, laissant comme tout explication à Elisabeth une photo de mon mariage. Je ne déviais pas mon regard de celle qui me regardait. Je l'observe, et souris très faiblement à ses paroles. C'était ironique. Terriblement ironique.
" Si, c'était ma femme. Tu fais bien d'utiliser l'imparfait... Elle m'a quitté il y a un moment maintenant."
Certes à cette période, j'avais entretenu l'appartement en son souvenir. Et elle n'était parti que depuis quelques temps au moment de cette nuit. Ainsi la présence de ma femme s'était imposée, et était restée, pendant un moment. Puis les papiers de divorce était arrivés. Et si Elisabeth faisait un tour dans mon appartement, elle verrait que les choses avaient bien changées.
A mes prochaines paroles, aucune réponse. En effet, je me doutais aussi de ce qu'elle pouvait me répondre. Mais je ne voulais pas l'entendre. Je ne pouvait être avec elle après tout ce que je lui avais fait. Ce n'était pas possible. Je savais ce qu'elle était pour moi, mais ne voulais pas l'admettre. De plus, je l'avais rencontré alors que ma femme était partie chez ses parents. Et qu'elle n'était jamais revenue. De mon côté, c'était un peu ce que j'avais fait avec Elisabeth : je m'étais éclipsé. |
| | | Elisabeth Latiolais
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| Sujet: Re: Pourquoi m'as-tu fais ça ? [Jason R. Lockaway] Mar 11 Mai - 20:50 | |
| Sa femme. Elle l'avait quitté. Sous le choc de la nouvelle, je restai un instant coite, bouche bée, le regardant dans les yeux. Elle l'avait quitté. Je n'en revenais pas. J'étais persuadée qu'ils étaient encore terriblement amoureux. Pendant tous ces mois, je n'avais pu m'empêcher de les imaginer tous les deux ensemble. Je pensais aux doux moments qu'ils devaient partager encore, alors que je restais à déprimer chez moi. Peut-être me mentait-il ? … Non. Je lisais de la sincérité dans son regard. Et il ne me mentirait pas à ce sujet. Pourquoi le ferait-il ? Pour pouvoir m'avoir dans son lit une fois de plus, peut-être. Et je ne voulais pas me laisser faire. Mais non ! C'était impossible qu'il me mente. Il ne m'aurait pas fait cela. Malgré le tumulte de mes sentiments, je décidai de le croire. Ou plutôt, mon esprit décida de le croire. Il ne voulait pas douter. Il voulait avoir confiance.
Je baissai le regard. Il me fallut plusieurs secondes encore avant de parvenir à prendre la parole.
« Je... Je suis désolée. »
Ah oui ? Vraiment ? Pourquoi serais-je désolée ? Sans doute parce que j'avais dû réveiller une douleur en lui en parlant ainsi de sa femme alors qu'elle l'avait quitté. Mais au fond... je me surprenais moi-même, à penser ainsi. Je devrais plutôt me réjouir, la voie était libre ! … ou pas. Peut-être qu'il avait trouvé une nouvelle compagne, mille fois mieux que moi. J'espérais sincèrement que non... mais une homme comme Jason ne peut pas rester longtemps célibataire. Je ne m'en doutais que trop bien. Comment, l'espace de quelques secondes, avais-je pu penser qu'il était encore célibataire ? Qu'il voudrait de moi ?
Je songeai, une nouvelle fois, à m'enfuir en courant, à rentrer chez moi, à m'enfermer dans ma chambre, seule comme toujours. Je ferai croire à mon frère que tout allait bien, que j'avais passé une bonne soirée, écourtée à cause d'une migraine, et que j'avais besoin de dormir. Tout était si simple. Et pourtant, je restais là, debout, incapable de soutenir le regard de Jason mais pourtant près de lui. Doucement, après une longue hésitation, je saisis doucement sa main dans la mienne, cette main qu'en fait, je regardais depuis tout à l'heure. Je la serrai légèrement, fixant de nouveau son regard, avant de murmurer doucement :
« Si tu as besoin de quoi que ce soit.... je suis là. »
Malgré tout... j'avais envie d'être là pour lui, comme il l'avait été pour moi ce jour où nous nous étions rencontrés. Il avait tant fait pour moi ce jour-là, même si au final, j'avais énormément souffert. Et si aujourd'hui, je pouvais faire quoi que ce soit pour lui, alors je le ferai. |
| | | Jason R. Lockaway
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| Sujet: Re: Pourquoi m'as-tu fais ça ? [Jason R. Lockaway] Lun 31 Mai - 12:39 | |
| En effet, il était facile d'imaginer que j'étais encore avec ma femme, vivant heureux dans notre appartement, où tant de traces d'elle étaient encore restées. Mais auxquelles j'essayais de ne pas prêter attention. C'était cependant si compliqué. Je comprenais très bien que Elisabeth ait put croire que j'étais encore avec elle. Après tout, je ne lui avais rien dit, rien raconté du tout. Pourquoi l'aurais-je jointe, après tout ? Je ne voulais pas qu'elle s'imagine quoi que ce soit me concernant, je ne voulais pas non plus qu'elle se fasse de faux espoirs. Du moins, tout cela concernait la période précédente. A présent, mes pensées allaient plus vers cette période qui avait suivi ma rencontre avec la jeune fille rousse face à moi. Je n'avais cessé de penser à elle, ce souvenir me suivant même dans mon sommeil certaines nuits. Mais je n'en disais rien, ma vie privée n'étant révélée à personne. J'étais quelqu'un de plutôt solitaire, ainsi mes véritables amis se comptaient sur les doigts de la main.
La regardant, je demeurais silencieux. Ce silence fut d'ailleurs brisé par ses paroles. Elle s'excusait. Pourquoi ? Je le méritais bien, quelque part. Je lui souris faiblement. 'était tout de même gentil de sa part.
" Ce n'est rien ne t'en fais pas. Tu ne savais pas. "
J'avais le sentiment que notre discussion se terminait à présent. Je ne savais plus quoi dire, et le gène que je ressentais s'agrandissait de plus en plus. En me balladant ce soir là, jamais je n'aurai cru la revoir. Pourtant, c'était bel et bien dans ce bar que je l'avais rencontré. Inconsciemment, j'aurai certainement dût m'en douter. Mais ce n'était pas le cas. Au début, je m'étais senti comme un imbécile. A présent, je ne me sentais pas différent, en fait. Soupirant un peu, je sens soudainement sa main saisir la mienne. Intrigué, je lève mon regard sur elle. Que faisait-elle ? Que voulait-elle me dire ?
Ses paroles transpercent alors à nouveau le silence, et je l'observe, immobile. Puis mes lèvres esquissent à nouveau un petit sourire. Je ne voulais pas la déranger avec mes histoires. Surtout pas elle.
" Merci Elisabeth... C'est gentil. Mais ne t'en fais pas, je vais bien. Je ne veux pas t'ennuyer avec ça, c'est du passé à présent. "
C'était chose dite. Ma femme était à présent une histoire du passé, ou disons mon ex-femme. Il fallait que j'apprenne à aller au delà de mes souvenirs pour avancer dans l'avenir. |
| | | Elisabeth Latiolais
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| Sujet: Re: Pourquoi m'as-tu fais ça ? [Jason R. Lockaway] Mar 1 Juin - 9:09 | |
| J'aurais été bien heureuse d'apprendre que le souvenir de cette nuit que nous avions passée tous les deux avait poursuivi Jason jusque dans ses songes. Il y eut une période pendant laquelle il en fut de même pour moi. Je m'endormais le soir en pensant à lui, rêvais que j'étais allongée tout contre lui, me réveillais en sursaut et constatait que j'étais désespérément seule dans ce grand lit double. Si le souvenir de cette soirée avait petit à petit cessé de me hanter, il n'en restait pas moins que je ne souhaitais pas qu'elle restât un simple souvenir. Des nuits pareilles, je voulais en connaître d'autres. Avec lui, pas un autre. D'autres nuits, brûlantes de passion, durant lesquelles nos deux corps s'uniraient dans la flamme d'un même amour. Des heures pendant lesquelles mes lèvres ne cesseraient de frôler chaque parcelle de sa peau. Je voulais l'aimer, tout simplement.
Si Jason avait l'impression que notre conversation touchait à sa fin... ce n'était pas mon cas. J'avais encore des milliers de choses à lui dire, même si je savais que j'en dirais à peine la moitié, bloquée par ma timidité et ma crainte de l'effrayer.
En voyant son regard intrigué, j'eus peur qu'il retire sa main de la mienne. Peur qu'il m'annonce que ce n'était pas possible que les choses évoluent ainsi, qu'il valait mieux en rester là. Et pourtant, il n'en était rien. Ses lèvres se redressèrent en ce petit sourire qui me faisait fondre. Et la façon qu'il avait de prononcer mon prénom entier, Élisabeth, alors qu'en général, on m'appelait Elie... Ne pas me faire de soucis ? Je ne le pouvais pas. Je ne connaissais que trop bien la douleur que cela provoquait de se faire abandonner par un proche, même si dans mon cas, c'était différent. Je ne pouvais croire Jason lorsqu'il me disait qu'il allait bien alors que sa femme l'avait quitté. Il avait malgré tout raison, c'est du passé, à présent... Il fallait tourner la page et continuer d'avancer. C'est ce que je devrais faire, moi aussi. Accepter enfin le départ de ma sœur, me faire à l'idée qu'elle ne reviendrait sans doute jamais, et continuer de vivre malgré tout. J'étais jeune, j'avais encore tellement de choses à connaître, bon sang ! Et pourtant, je ne pouvais me résoudre à vivre sans ma jumelle. Je n'y arriverai jamais.
Voyant Jason face à moi, son regard toujours plongé dans le mien, je chassai bien vite ces pensées de mon esprit. Je lui souris légèrement. Ainsi... il avait peur de m'ennuyer ?
Non, Jason... Jamais tu ne m'ennuieras... Je serai capable de tout pour t'avoir à mes côtés...
Ce furent pourtant des paroles différentes qui s'échappèrent de mes lèvres. Je ne pouvais pas lui dire ainsi, de but en blanc, que je n'abandonnerai pas de si tôt l'idée de l'avoir enfin pour moi.
« Je ne peux pas ne pas m'en faire. J'insiste. N'hésite pas à me joindre si tu en ressens le besoin. »
C'était bien mignon de dire ça... alors qu'il n'avait pas mon numéro de téléphone, ni mon adresse, et peut-être même pas mon nom de famille. Cette idée m'effleura l'esprit alors que je venais de prononcer ces mots. Pourtant, je préférai de rien dire, attendant de voir sa réaction. Allait-il me demander mes coordonnées... ou s'entêterait-il à dire que ça irait, qu'il n'avait pas besoin d'aide.... pas besoin de moi ? |
| | | Jason R. Lockaway
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| Sujet: Re: Pourquoi m'as-tu fais ça ? [Jason R. Lockaway] Mer 2 Juin - 20:39 | |
| Que cette nuit envahissait mes songes... Ce n'était pas faux. Bien que mes pensées avaient peu à peu mis de côté de souvenir, le gardant comme confortablement dans une boîte dont j'étais le seul à avoir la clé, rangé profondément dans mon âme. Car étrangement, même si j'avais eu le sentiment intense et certain de tromper une femme qui m'était resté cher en couchant avec Elisabeth, j'avais tout de même pensé que cette nuit était sûrement l'une des meilleures de toute mon existence. Tant de chose qui ne sortiraient sûrement jamais de mes lèvres. C'était comme un jardin secret : nul ne pouvait y entrer sans craindre d'enfreindre mon intimité. Je pouvais paraître sensible comme cela.
J'aurai put partir. M'évader, échapper à toutes les questions qu'elle pourrait éventuellement me poser sur ce que je ressentais, sur ce que je voulais faire à présent, si je voulais rentrer, sur ce que j'avais ressenti quant à elle... Tellement de choses que je ne voulais certainement pas révéler. Jusqu'à présent, toux ceux qui m'avaient été chers avaient perdu la vie, avaient disparus ou étaient tout simplement partis, me laissant derrière eux. J'avais alors échafaudé une barrière autour de ce qui me servait de coeur, de réserve sentimentale. Je ne voulais pas que Elisabeth fasse partie de ceux là. Tous ceux que j'avais perdu. Je voulais pouvoir la voir à nouveau. Ou alors... Éviter de trop m'y attacher avant qu'elle ne m'échappe. C'était probablement cela qui clochait.
Je la vois alors sourire. Je lui rends doucement, cette vision adoucissant brusquement tout ce qui pouvait me constituer. J'avais le sentiment de fondre. Je lui souris doucement à mon tour, écoutant ses paroles. La joindre... En effet, je n'avais ni téléphone ni adresse pour cela, ma chère Elisabeth. Je la regarde, amusé par ses mots puis par la réponse qui allait sortir de ma bouche, d'un ton calme.
" C'est gentil à toi. Mais je te demande de ne pas t'en faire. Et de toute manière, si vraiment j'ai besoin de toi, je saurai où te trouver."
Je lui indique le bar d'un air amusé. J'avais put paraitre sec, comme si jamais je n'allais la recontacter. Je ne voulais pas être rustre à nouveau, comme je l'avais été le premier jour. Silencieux, la culpabilité remonte alors en moi. Je soupire un peu, et me tourne alors vers le bar.
" Excuse moi. Tiens, tu as soif ? "
Je l'observe alors, lui indiquant le bar d'un signe de tête, où l'ambiance semblait rester la même. Festive et dynamique, d'où la musique sortait encore et encore, envoûtant les âmes des personnes passant dans la rue habituellement silencieuse.
" Je t'offre un verre."
Faire comme si de rien n'était ? Vous croyez. Non. Je ne voulais pas revivre la même nuit qu'autrefois, et la faire souffrir à nouveau. Me lever en la laissant seule, nue dans les draps, quittant cette peau si parfumée et si douce. La remercier pour ses paroles, pour sa présence... C'était tout ce que je voulais faire. Rien d'autre, rien de plus. |
| | | Elisabeth Latiolais
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| Sujet: Re: Pourquoi m'as-tu fais ça ? [Jason R. Lockaway] Jeu 3 Juin - 8:49 | |
| C'était tout ? Il ne comptait me voir qu'ici, dans ce bar ? Une nouvelle fois, sa réponse me fit l'effet d'un coup de couteau en plein cœur. Je tentai cependant de ne rien montrer de mon trouble. Je soutins son regard. En revanche, mon sourire s'évanouit instantanément. Il était têtu ce garçon. Et moi aussi, je l'étais. Alors, je n'hésitai pas à me répéter.
« Puisque je ne dis que je ne peux pas ne pas m'en faire Jason. Enfin. C'est comme tu voudras. »
Prononcer ces mots me faisait souffrir, mais que pouvais-je lui répondre d'autre ? Insister ? Je risquais de le faire fuir à agir ainsi. Je ne voulais pas paraître collante et envahissante. D'ailleurs, je n'allais pas tous les jours dans ce bar. Depuis que ma sœur était partie, je n'y allais même jamais. Ma nièce avait dix ans, je ne pouvais me résoudre à la laisser seule toute la soirée et une partie de la nuit. Elle avait beau être mature, responsable et débrouillarde, c'était quelque chose que je ne pouvais pas faire. Elle était tout ce qui me restait, depuis que mes frères et ma sœur avaient quitté la maison. Jamais je ne me le pardonnerai s'il lui arrivait quelque chose. Jamais.
Alors qu'il désignait le bar, son ambiance joyeuse me parvint soudain. Je l'avais oubliée, celle-là. Tout comme tout ce qui nous entourait, ou presque. J'avais soif, c'était vrai, mais avais-je vraiment envie d'y retourner, avec lui, tout en sachant que bientôt, dans quelques heures tout au plus, nous rentrerions chacun chez nous ? Bien sûr que oui. Je ne pouvais pas partir maintenant. Surtout, je ne le voulais pas. Mon visage retrouva un petit sourire.
« C'est gentil... Merci. »
Si, jusque là, je n'avais pas lâché sa main, je finis par le faire, mais c'était pour finalement attraper son bras et nous diriger vers ce bar.
Je le laissai m'ouvrir la porte, le précédai dans la salle, adressai un petit geste dans la main accompagné d'un petit sourire d'excuse au patron, conduisis Jason dans un coin de la salle où nous serions plus au calme qu'assis au bar. Je pris place sur la chaise en bois, après avoir accroché mon sac au dossier et y avoir également posé mon manteau. Le patron s'approcha de nous, posant un verre devant moi. Le fond de whisky que j'avais laissé au bar, tout à l'heure. Je souris.
« Ca t'prend souvent de partir comme ça ma belle ? »
« Désolée John... »
« T'oublies pas, tu chantes, ce soir, hein ? »
« Bien sûr. Une promesse est une promesse. »
« Super. J'vous sers quoi, en attendant ? »
Je saisis mon verre et le lui tendis. Tant pis s'il n'était pas vide. Disons que ça fera de la vaisselle en moins... ou plutôt, que ça me fera moins boire.
« La même chose pour moi. Et rapporte-nous un cendrier aussi, s'il te plaît. »
« OK. Et vous, m'sieur ? » |
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| Sujet: Re: Pourquoi m'as-tu fais ça ? [Jason R. Lockaway] | |
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| | | | Pourquoi m'as-tu fais ça ? [Jason R. Lockaway] | |
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