La ruelle était déserte. A partir de minuit, plus personne ne n'osait s'aventurer dehors, du moins en ce qui concernait les braves gens. Les réverbères diffusaient une lumière orange qui se reflétaient sur le goudron humide. Seuls les miaulements des chats de gouttière osaient rompre le silence de plomb qui s'était installé dans la Bedford Street. Soudain, un « pop ! » sonore retentit et un homme apparu juste devant le numéro 10, un pavillon d'une trentaines d'années. L'inconnu portait un capuchon qui couvrait ses cheveux et la partie supérieure de son visage, ne laissant visible que sa barbe hirsue. L'homme poussa le portillon en fer qui le séparait du paillasson et frappa trois coups distincts sur la porte d'entrée. Après quelques secondes, celle-ci s'ouvrit dans un grincement. Un petit elfe de maison à barbe l'invita à rentrer et le débarrassa de son manteau. Il lui grommela un merci et s'essuya les pieds sur le paillasson prévu à cet effet.

Il pénétra dans le hall d'entrée, un long couloir aux murs tapissés, encombré par toutes sortes de meubles. Ce désordre ne sembla pas déranger l'invité, qui continua son chemin jusqu'à la porte qui menait au salon. Il poussa celle-ci et s'engouffra dans la pièce. Comme le hall, elle donnait l'impression d'être minuscule tant elle était encombrée. Une forte odeur de renfermé flottait dans l'air. Posé sur un gros fauteuil en cuir miteux, l'air fatigué, un vieillard observait l'invité. Il lui désigna un siège juste en face de lui : « Huck ! Je ne m'attendais pas à te voir de si tôt. On m'a dit que tu t'étais installé à Londres, que tu vivais à Kensington. » L'invité hocha la tête. « On m'a aussi dit que tu étais rentré parmi les chasseurs. Ça ne m'étonnes pas de toi. Tel père tel fils, dit-on ! D'ailleurs comment va ce bougre d'Henry? » Juste à ce moment là, l'elfe de maison réapparu dans l'encadrement de la porte, les bras chargés d'un plateau contenant une vielle théière et deux mugs. Il les posa sur la table basse et s'éclipsa à nouveau. Le dénommé Huck se servit une tasse en premier, tasse qu'il laissa refroidir dans le plateau. « Mon père est mort il y a sept mois, tué par des envoûtés. En fait, c'est pour ça que j'ai décidé de m'installer ici. Pour changer d'air. York, ça me prennait vraiment la tête. Je vais me trouver une bonne couverture et continuer à chasser "peinard".» Un silence gêné s'installa dans la pièce. L'hôte se servit à son tour du thé, un air désolé sur le visage. Il porta le mug à ses lèvres et but une longue gorgée du breuvage. Lorsqu'il eu terminé, il se lécha les lèvres. « Comme on dit, ce sont les meilleurs qui partent les premiers. J'appréciais pas mal Henry, c'était un type bien, je ne suis pas surpris que t'ai décidé de suivre sa voie. Enfin bref, il se fait tard...tu rentres chez toi ce soir? Reste dormir ici, on a une chambre de libre ! » Il semblait être triste de sa solitude. Huck avait pitié mais en réalité, il n'avait pas tellement envie de rester dans cet endroit, où il se sentait mal à l'aise. « Non ça ira, merci. Je vais rentrer, j'ai deux trois trucs à faire. Mais merci quand même pour l'accueil.. Prends soin de toi ! On se voit bientôt ! » Il se leva de son fauteuil, sera amicalement la main de son ami et attendit que l'elfe lui rende ses affaires. La créature se pressa de les lui ramener, et le raccompagna jusqu'au couloir. Une fois prêt, Huck pris la direction de la sortie, en saluant une dernière fois le vieillard. Puis, le visiteur disparut dans un "pop !" sonore.