Mon cher Romeo
DESTINATAIRE : ROMEO LINCOLN MCGREGOR

You and me against the universe. Cette phrase te dit-elle quelque chose ? Bien sûr que oui. En plus d'être le titre de la chanson la plus affreuse que le monde ai vu naître, ce sont aussi les mots que tu m'as répété maintes fois. Ceux que tu as prononcé lorsque Maman est morte, quand Papa s'est remarié, à chaque fois que tout s'écroulait, ils me remontaient le moral. Ces paroles, c'était notre hymne, le chant national du monde de Romeo et Leon. Je suis certain que, malgré la force que tu exerce à tenter d'oublier, et malgré tes affirmations prétendant que le passé est le passé, ces souvenirs sont gravés en toi, et jamais tu ne pourras les effacer, no matter how hard you try. On ne comptait plus le nombre de fois que nos pauvres corps se faisaient massacrer par des brutes, parce qu'il faut l'avouer, toi et moi, nous n'avons jamais été costauds. Toujours les maigrichons. On nous qualifiait de mignon, chou, craquant, mais pas une seule fois as-t-on fait référence à la maigreur et au manque de biceps dont nous disposions de manière méliorative. Pourquoi ? Si j'étais aujourd'hui devant toi, et que tu lisais ces mots sous mes yeux, tu m'aurais posé cette question, j'en suis persuadé. C'est pourtant bien évident, ce ne sont pas des qualités, mais tu as toujours eu cette manie de demander sans vouloir vraiment connaître la réponse. Il faut dire que ton sens de déduction n'a jamais été à son apogée. Je n'ai cependant jamais cessé de croire que tu étais, est et resteras l'homme le plus intelligent que j'ai eu la chance de rencontrer. Je parlerai bien de ta beauté, mais nos visages étant identiques, certains pourraient croire que je me complimente moi même. Et alors ? Je suis handsome, personne ne pourrait dire le contraire. Mais toi, tu as toujours eu cette lueur dans ton regard, celle que Maman avait. Les gens n'ont jamais compris pourquoi tu ressemblais à Maman, et pourquoi je ressemblais à Papa, alors qu'il n'y avait absolument aucune différence physique entre nous deux. Peut-être parce que tu as la démarche d'une femme ? J'entends d'ici ton ricanement, et je peux sentir ce sourire se former sur tes lèvres. Mais tu comprendras que ces mots ne sont qu'une préface, une manière de te ménager quant à la suite de cette lettre, pourtant je suis persuadé que tu ne te plaindras pas si cette préface s'allonge légèrement.

Je pense que tu es d'accord avec moi sur un point : je suis la personne qui te connais le mieux, indéniablement. Bien que tes agissements actuels m'échappent, je ne cesserai jamais de croire il te sera impossible d'accomplir la mission que tu t'es accordé. Je ne pense pas que ton envie de vivre soit aussi forte que cela, je te rappelles tout de même que tu as essayé de te suicider deux fois durant notre adolescence. Évidemment, ceci ne fait que montrer ton égoïsme profond : tu allais me laisser seul. Mais je t'ai pardonné, parce que je t'aime. Maintenant que nous sommes deux adultes de 24 ans, tes agissements ne font que prouver ma thèse quant à ton égocentrisme.