Cerné [sujet libre]

Comme à son habitude, Valentin Shepard n'était au courant de rien. Il avait appris après tout le monde que les vampires étaient redevenus humains et, maintenant, il ignorait qu'ils étaient redevenus immortels. La seule chose qui l'intéressait, c'était de retrouver sa sœur - et de se terrer régulièrement au fond de sa tanière, dépité par ses échecs à répétition. C'était donc pas du tout en connaissance de cause qu'il avait prévu un raid chez ses ennemis afin d'en apprendre davantage, persuadé qu'il avait encore affaire à de pauvres ex-vampires dépassés.

Bien entendu, rien ne se passa comme prévu et l'accueil qui lui fut réservé, soutien officiel de Lokhyan ou pas, lui valu quelques bleus et écorchures. Pris de court, trahi par l'odeur appétissante de son sang - c'était Lokhyan qui le disait - il avait fini par se terrer dans une bâtisse d'apparence abandonnée, cerné par quelques vampires mal intentionnés. Evidemment, il était facile à trouver, blessé comme il l'était. Cette vilaine entaille à l'épaule n'était pas belle à voir ; il devait sentir le sang à des kilomètres à la ronde.

Bon, il était mal - mal barré et mal en point. Il venait de découvrir à ses dépends que les vampires avaient retrouvé leurs forces, et il ne fallait pas attendre d'eux la moindre compassion. Il avait honte de se l'avouer mais, cette fois, sans l'aide de Lokhyan, il n'avait pas grand espoir de trouver une solution pour s'en sortir. Une aide providentielle ? Il ne fallait pas y compter. Il s'était foutu dans la merde tout seul.

S'il survirait à cette nuit, il se jurait de se tenir mieux informé de ce qui se passait dans ce monde ; il arrivait de drôles de choses, ces derniers temps, et les événements se bousculaient à une vitesse folle.

Il n'en tirait rien concernant sa sœur, cela dit.

Prostré dans une pièce décrépie de l'étage, il s'approcha d'une fenêtre aux carreaux cassés, restant accroupi pour ne pas être vu. Il risqua un rapide coup d'œil à l'extérieur et se rebaissa aussitôt, se plaquant contre le mur sous l'ouverture, le souffle court, gardant la main plaquée sur son épaule blessée. Il y avait trop de monde, là en bas, il ne pouvait pas tenter de percée. Il n'y avait jamais compté. Il avait pénétré dans l'antre des chauves-souris et il n'en ressortirait pas indemne - s'il en sortait.

-J'veux négocier ! brailla-t-il.

A tous les coups, les créatures en bas se mettraient à rire, se moquant de sa piètre tentative de survie. Au mieux, ça pouvait lui faire gagner du temps - quelques minutes. Pas assez jusqu'à l'aube.