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La faim justifie les moyens |R. Charlotte|

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La faim justifie les moyens |R. Charlotte| Vide
MessageSujet: La faim justifie les moyens |R. Charlotte| La faim justifie les moyens |R. Charlotte| EmptySam 8 Aoû - 17:14


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    Attentive à mon reflet dans le miroir, j’observe ma peau plus blanche que le lait, mes yeux anormalement sombres et mes lèvres plus rouges que le sang. Je suis épuisée, je meurs de faim et mon teint s'en ressent. J’ai l’air plus cadavérique encore que je ne le suis. Dès lors, d’un geste las, je referme le couvercle d’une boîte à musique en abrégeant les souffrances de la petite danseuse de bois réduite à exécuter inlassablement les mêmes pirouettes. Elle n’est qu’un pantin, mais en réalité, elle et moi, ne sommes pas réellement très différentes. Toutes deux vieilles de plus d’un siècle, écrouée à répéter inlassablement les mêmes rituels, l’une n’est qu’une poupée guidée par tout un engrenage de petites pièces mécaniques et moi, rien de plus qu’un pantin agité par des ficelles invisibles, tirées de main habile par un marionnettiste nommé « vengeance ».

    « Charlotte. Charlotte….. quand passerons-nous donc à table ? J’ai faim.»

    ____

      Je n’ai pas combattu auprès des miens mais je ne suis pas lâche pour autant. Prisonnière de la cupidité des sorciers craignant le spirit, l’essence de ma vie me fut arrachée sans relâche quand une camisole chimique anesthésiait mes instincts vampiriques. J’étais à leur merci et pourtant, un homme beau, ténébreux et aux allures un peu décalées me libéra avant ma mort. J'ai fui, fui ma cage sans savoir où me rendre. Dans les premiers instants de ma libération, je me cachai dans les égouts, me nourrissant du sang infâme des rats quand, à demi-morte, je parvins enfin à traîner ma carcasse à Londres, dans cette maison que je devinai dans mes songes habitées par Charlotte. J’étais pathétique, j’avais faim et j’avais si peur. Incapable de tenir debout, je m'écroulai au sol, entraînant dans ma chute un vase de fleur fanée. Tout comme lui, je m'écrase dans un assomant fracas au seuil de la porte. Au diable ma noblesse d'antan, mon indifférence feinte de jadis et ma force brute du temps de ma splendeur. Aujourd'hui, je supplie dans mon dernier souffle, d’une voix fébrile qu'elle m'ouvre quand je cogne sa porte du peu de force qu’il me reste.

    _____

    Cette magnifique jeune femme m’inspirant respect et reconnaissance se préparerait pour une petite chasse comme je les aime, une chasse quotidienne où je répète à mes victimes qu’ils auraient dû préférer mon sang pour remède et non ma mort soudaine. Ces imbéciles sont si faibles. Pourtant, je n'entends pas le corps frêle de Charlotte s'animer beaucoup. Assoiffée, j’ai rejoint le haut fauteuil abandonné quand, assise calmement, le cliquetis sans fin de l’horloge résonne à mon oreille malgré le crépitement du feu dans l’âtre. Il me rendra folle.

    « Charlotte» serinais-je en poussant à la hâte, la porte du perron. Je respire à plein poumon les bouquets exquis et distincts de la population humaine grouillant à bon nombres de mètres de mes canines et je suis de plus en plus impatiente. L’’Homme ne se différencie pas simplement par sa personnalité mais également par l’odeur de sa peau ou de son sang.

    Soudain, au milieu de tous ces arômes sanguins, l’un d’entre eux me chatouille les sens avec plus d’insistance. Cette odeur, elle réveiller en moi un désir intense et puissant se traduisant par un frisson courant de mon échine au bas de mon dos. C’était elle ! Cette fille tantôt étrange et lumineuse, cette fille dont l’odeur est si enivrante qu’il m’arrive, quand je suis seule, de rêver à sa mort pour m’avoir torturée sans honte. Intriguée, je flaire un peu plus fort l’odeur de mon ennemi comme pour me détromper. Pourtant, aucun doute possible. C'est bien elle et je jubile.

    «Aucun tour de chien ne me revient ma chère. Il ne manquait que toi au bonheur de cette journée. Je vais bien m'amuser ce soir. ».

    Le souvenir de ses longs cheveux foncés m’éveille un étrange sentiment de bien-être et de paix. Une paix nouvelle pour moi, une paix intérieure qui m’aidera peut-être à mieux accepter mes traumas et mon abandon. La vengeance accomplie, on se sent si bien. J'ai tellement hâte d'arracher de mes mains chaque mèche de ses cheveux, de vider de substance ses veines bleus et surtout, d'arracher chaque battements de son coeur de mes dents acérées.

    « CHARLOTTEEEEE, tu veux bien te dépêcher avant qu’elle ne m’échappe. S'il te plait.» ajoutais-je d'une voix transie à ma salvatrice toujours cachée à mes pupilles. Je sais qu'elle m'entend.

    Je sautille comme une enfant capricieuse geignant pour un nouveau jouet au supermarché, je tape du pied et n’offre aucune autre explication à ma partenaire sans émotion depuis trop longtemps à présent.


Dernière édition par Irina A. Andropov le Mar 15 Déc - 21:30, édité 1 fois
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Charlotte Leonhart
BLOODY GIRL † Would you Die for me ?

Charlotte Leonhart


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♦ Age du personnage: 432 ans - 18 d'apparence
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MessageSujet: Re: La faim justifie les moyens |R. Charlotte| La faim justifie les moyens |R. Charlotte| EmptyDim 9 Aoû - 0:22

~† Allongée sur son lit, Charlotte ne faisait rien. Ce lit, elle l'avait fait sien, tout comme cette maison, après avoir débarqué à Londres il y a de cela plus de deux ans. C'était une petite maison coquette en plein centre de Londres. Au centre du danger direz-vous mais non. Jamais elle n'avait été embêtée par qui que ce soit. Jamais le Spirit n'était venu sonner à sa porte, jamais on n'avait pénétré par effraction pour tout retourner... Non rien du tout. Peut-être était-ce dû au fait qu'elle était l'une des vampires les plus sanguinaires et les plus craintes. Il fut un temps où Lokhyan, Alexey et elle régnaient sur le monde. Ce temps était aujourd'hui révolu... Mais si personne n'avait jamais approché la maison qu'elle avait décrété sienne après avoir assassinée la famille de sorciers qui y vivaient, c'était certainement parce qu'elle avait protégé les murs de sortilèges plus anciens les uns que les autres. En plus de quatre cent ans, elle avait eu le temps d'en apprendre, des sorts, et même de les maîtriser... Quoiqu'il en soit, elle était pour l'heure allongée sur ce lit froid et ses pupilles rougeâtres fixaient le mur au-dessus d'elle. Un étage plus bas, la voix d'Irina s'élevait, annonçant l'heure de la chasse. Jamais Charlotte n'aurait imaginé que cette jeune vampire russe aurait été la personne qu'elle considérait comme étant la plus proche d'elle. C'était dire... †~

______________________________


~† Un vase cassé. Puis un bruit de coup. Un seul, unique. Le son avait été terriblement faible. Elle était presque certaine qu'elle ne l'aurait pas entendu si elle avait toujours été sous l'emprise de ce poison, du traitement d'Edyard. Mais ce n'était plus le cas, ça non. Même alors qu'elle était encore élève, elle songeait déjà qu'elle ne tiendrait jamais jusqu'à la septième année. Elle arrêterait le traitement avant et s'en irait, elle en était certaine. Mais l'attaque des sorciers en Russie menée par le Ministère avait quelque peu changé ses plans. Même si cela revenait à la même chose : aujourd'hui elle ne prenait plus ce maudit traitement. A vrai dire, elle n'y avait plus retouché depuis ce combat. Après tout, les sorciers et humains voulaient la vie des vampires. Soit. Mais s'ils pensaient que Charlotte allait se laisser exterminer sans se battre... Certainement pas. Mieux même, elle se battrait avec tous ses atouts vampiriques. Exit le traitement donc. De toute façon, elle ne l'avait jamais aimé. Bref, son ouïe à nouveau intacte avait entendu ce bruit sourd, celui d'une main qui frappe à sa porte. Personne n'était jamais venu la voir ici. Personne ne savait même qu'elle y vivait. Prudente, elle s'était rendue jusque devant la cloison et avait humé. C'était l'odeur d'un vampire derrière cette porte. Sans vouloir en savoir plus, elle l'ouvrit d'un geste vif. Elle ne vit d'abord rien. Et puis une masse à ses pieds. Alors seulement elle la reconnut. Irina Andropov, vampire, à présent dans un piteux état... †~

    « Par Merlin... »

~† Elle jeta un rapide coup d'oeil aux environs mais ils étaient déserts. Alors, sans lui demander son avis, Charlotte se pencha et souleva le corps frêle de la petite russe. Dans quel état l'avaient-ils mis ? Elle avait l'air desséchée. D'immenses cernes étaient présentes sous ses yeux. Ses joues étaient creuses, ses lèvres blêmes, ses cheveux emmêlés. Charlotte pouvait presque sentir la mort qui rôdait, être fantomatique prêt à faire son travail. D'un mouvement du pied elle referma la porte et alla installer la jeune fille sur le fauteuil le plus proche. Elle n'avait jamais trouvé aucun intérêt à Irina et ne la saluait que rarement. Mais ce n'était pas une raison pour la laisser mourir, pas en cette période où les vampires étaient plus que jamais affaiblis. Une question s'imposa alors à son esprit. Pourquoi elle ? Pourquoi ici ? Comment, dans l'état pitoyable dans lequel elle se trouvait, Irina avait pu la retrouver ? Mais plus tard les questions. La jolie anglaise s'agenouilla devant le fauteuil, écarta son haut noir et dégagea sa nuque des quelques mèches qui y restaient avant de venir placer son cou sous la mâchoire de la petite russe. †~

    « Tu devrais boire si tu veux vivre. »
______________________________


~† Son regard mort se perdrait dans la blancheur des ornements du plafond. Il n'y avait pas que son regard qui était mort. Tout était mort. Charlotte Leonhart n'était plus que l'ombre d'elle-même. Une pâle copie à laquelle il manquerait l'essentiel. Elle avait perdu toute envie. Son espièglerie avait fondu sous ce soleil morbide le jour où elle avait appris la mort de Lokhyan. Elle ne jouait plus, ne s'amusait plus. Elle qui voyait autrefois la vie comme un immense tapis de jeu ne la considérait plus aujourd'hui que comme un écoulement du temps. Triste, mais vrai. Ne restaient que son sadisme et sa soif de sang. Les chasses étaient encore les seules choses qui éveillaient un tant soit peu son intérêt. Peut-être parce qu'elle se disait qu'à chaque mortel tué, elle vengeait un peu plus Lokhyan. Peut-être pas... Peut-être parce qu'elle voulait leur faire payer, à tous, la situation dans laquelle elle se trouvait aujourd'hui. C'était à cause d'eux tout cela. C'était à cause d'eux si Lokhyan s'en était allé. A cause d'eux qu'Alexey avait été tellement occupé qu'il avait jugé négligeable de la consoler. Foutaises... Lokhyan était parti parce qu'elle l'avait fait fuir à refuser tout sentiment et à avoir parler de son humaine décédée. Alexey avait voulu plus que partager son lit, qu'elle le soutienne face à ses nouvelles responsabilités et elle avait refusé. Au fond elle n'avait que ce qu'elle méritait. Elle détestait ces sensations contradictoires. D'un côté cette apathie, cette indifférence pour tout. De l'autre cette douleur qui la rongeait un peu plus chaque jour. Et jamais ces deux sentiments ne la quittaient. Mais elle les acceptait...

Un nouvel appel d'Irina retentit du rez-de-chaussée, la rappelant à l'ordre. Elle avait vaguement entendu le deuxième mais n'avait pas bougé pour autant. Celui-là était le troisième et se faisait plus pressant. Avant qu'elle ne lui échappe ? Qui donc ? Ce fut cette phrase qui décida la vampire à sortir de sa paresse et à se lever. Elle parcourut sur la pointe des pieds les quelques mètres qui la séparaient de la sortie de cette pièce dans laquelle elle passait le plus clair de son temps. Son regard accrocha son reflet dans le miroir. Une âme vide dans un corps de rêve au visage inexpressif. Elle détourna rapidement son regard et descendit silencieusement les quelques marches de l'escalier. Elle ne s'était même pas préparée pour la chasse. Elle portait juste cette robe noire assez simple et ses cheveux étaient en liberté. Pourquoi se faire belle ? Pour qui ? Un regard circulaire lui apprit qu'Irina se trouvait déjà à moitié dehors, à humer les senteurs alléchantes de tous ces mortels. Mais son attention semblait s'être portée sur une personne particulière.
†~

    « Avant que qui ne t'échappe ? »

~† Mais déjà Charlotte n'écoutait plus que d'une oreille. Il arrivait parfois qu'Irina, par ses attitudes et ses mimiques, parvienne à la faire sourire mais c'était chose rare. Irina était excessive. Irina était pleine de vie. Irina avait soif de vengeance et soif tout court. Et malgré ce côté sombre en elle, Irina gardait un côté insouciant et innocent. Si pendant longtemps Charlotte n'avait pas compris ce qu'Alexey pouvait bien trouvé d'intéressant à cette vampire trop jeune, ce n'était aujourd'hui plus le cas. A présent à l'opposé de la pièce, la vampire enfilait ses chaussures. Baskets. Pas de coquetterie aujourd'hui, l'endroit où elles allaient n'en avait pas besoin. Dernière chose avant de partir, sa baguette, qu'elle enfouit dans la seule poche que sa robe possédait, et elle rejoignit la petite russe à l'entrée. Peut-être avait-elle répondu à sa question, peut-être pas, elle n'avait pas vraiment écouté... †~

    « Tu la retrouveras un autre jour.
    Nous ne chassons pas en pleine ville aujourd'hui, nous irons en forêt. Des envoûtés sont apparemment envoyés par le Ministre pour tuer, dans un quartier assez proche... Nous allons ailleurs, ce n'est pas le moment de jouer les héroïnes.
    Si tu es prête, nous pouvons y aller. »
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MessageSujet: Re: La faim justifie les moyens |R. Charlotte| La faim justifie les moyens |R. Charlotte| EmptyMar 15 Déc - 21:29

    Seule entre le porche et le hall d’entrée, je trépigne d’envie et d’impatience. Au dehors, ma vengeance m’attend tandis que Charlotte se repose ou se lamente encore sur la disparition de Lokhyan. Quelle égoïste. Croit-elle être la seule à avoir perdu des proches dans cette guerre ? J’avais une famille…j’avais des repères…et que sont-ils devenus après cette guerre à Moscou ? J’ai été arrachée à ma famille par cupidité et je dois accepter son flegme pour ses amours perdues ? Et sous quel prétexte ? Cette mort douloureuse qu’elle m’épargna sans doute plus par pitié que par bonté ? A moins qu’elle n’agisse que par égard pour Alexey ? Ce chef ad interim qui n’a pour moi plus un regard mais qui me manque un peu plus chaque jour ? Parfois, lorsque je pose mes yeux froids et impassibles sur la silhouette parfaite de Charlotte Leonhart, je songe à ces nuits roses où elle poussa la lourde porte de la chambre de mon mentor. Un étau se resserre dans ma poitrine et s’anime à mon cœur des sentiments innommables et dérangeant. Alors, je les fuis, les repousse d’un geste invisible de la main et je me concentre sur ma rancœur et sur cet autre soirée où Charlotte devint ma salvatrice. Qui aurait cru que seul son visage m’apparaîtrait dans mes désespérés rêves prémonitoires ?

    ____


      Le voyage fut long et fastidieux. A chaque pas, mes ressources s’amenuisaient et si j’arrivai à rejoindre le perron de cette coquette petite maison londonienne, je le dois à l’imprudence des quelques rongeurs qui passaient à mes pieds. Faiblement nourrie, je gisais au sol telle une nature morte tandis que la vie quittait mon corps chétif. Pourtant, dans un effort sur-vampire, je rassemblais le peu de force qui me restait pour attirer l’attention du vampire qui, je l’espérais, vivait cette maison. Que m’arriverait-il si d’aventures, Charlotte était en chasse ? Qu’adviendrait-il de moi ?

      Je joue ma vie au poker, refusant de supplier quelconque vampire de la sauver dans l’espoir qu’Alexey est en compagnie de Charlotte. Certes, je ne hume pas son rassurant parfum mais, puis-je faire me confiance compte tenu des circonstances ? Je prie un Dieu qui m’a damné et, alors que je crois mourir, que je crois être libérée de cette atroce souffrance qu’est partir à petit feu, le grincement de la porte d’entrée m’offre ce brin d’espoir me manquant pour me battre. Quelqu’un vient ! Alexey ? Charlotte ? Qui est-ce ? Ma vue est troublé et au loin, je ne distingue que l’ombre d’une femme jurant comme une sorcière. Et si c’était un piège ? Si mes rêves ont eux-aussi été manipulés ?

      Alors, j’ouvre la bouche, cherchant à prononcer une supplication mais ma voix me fait défaut. On me soulève et tandis qu’on m’installe à l’intérieur, je soupire de soulagement. Qui se soucierait de mon confort s’il souhaitait ma mort ? Quelques mots me suffirent pour identifier cette voix envieusement familière et comme Charlotte me le conseillait, je m’abreuvai à cette jugulaire qu’elle m’offre sans hésitation. Une vague de chaleur parcoure alors mon corps, traversant mes rêves à mesure que l’hémoglobine de Charlotte parcoure mon tube digestif….Ainsi, sans doute m’a-t-elle esquissé un mouvement de recul et enfin, je chuchotai doucement, encore trop faible pour une conversation :


      « Merci ».

      J’ai les veines pleines de ce traitement et je crois qu’il me faut dormir un peu. Un jour peut-être, je ne ressentirai plus les effets de ce poison.


    _____________

    Enfin sur le parquet à l’étage résonne le pas de mon hôte. Notre partie de chasse pourra bientôt commencé et Dieu seul sait comme cette proie repérée à des kilomètres par mes dons vampiriques m’inspire bien plus que les autres. Je tremble de ce mélange subtil d’agacement et de hâte devant la lenteur presque maladive de ma compagne de chasse. N’ai-je pourtant laissé sous-entendre qu’il est une petite chose à détruire de mes quenottes ?

    « Cette petite peste dont le nom m’échappe qui m’injectait leur horrible traitement tous les jours » expliquais-je les lèvres retroussées à ma colère. « Elle doit me rendre tout ce qu’elle m’a volé….tout…même si ce n’est pas récupérable ».

    Certes, ce qu’elle me prit ne pouvait m’être rendu mais d’au moins, puis-je me satisfaire de l’illusion. Impossible. Charlotte a d’autres plans. Il faut nous éloigner des villes pour ne tenter le diable et je dois renoncer à accomplir ma rancœur. Ce fut plus fort que moi, c’est impétueuse que je protestai :

    « Non. Non. Tu ne peux pas me faire ça. Charlotte, j’attends de croiser un de mes ravisseurs depuis des mois et tu veux m’en empêcher ? Non. Tu ne peux pas me faire ça…. »

    Elle enfile ses baskets et j’ai le sentiment étrange qu’elle ne m’entend guère. Donc j’insiste, répétant comme il est important pour moi de poursuivre ce sorcier.

    « Charlotte….au moins, rappelle-toi son odeur au cas où mes sens me feraient défauts… »

    J’avais l’étrange sensation qu’elle ne cèderait pas.
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MessageSujet: Re: La faim justifie les moyens |R. Charlotte| La faim justifie les moyens |R. Charlotte| EmptyMar 29 Déc - 4:18

~† Lasse. Irina trépignait à ses côtés et Charlotte l'écoutait d'une oreille sourde. Aujourd'hui était un jour sans. Aujourd'hui était un jour où elle aurait préféré rester cloîtrée dans sa chambre désespérément froide. Aujourd'hui était un jour où elle n'allait pas chasser pour peut-être retrouver un semblant de vie, mais uniquement pour se nourrir. Si elle avait été seule, sans Irina qui l'attendait déjà, elle ne serait certainement pas allée chasser en cette fin de journée d'août. Aujourd'hui était un jour où seules les pensées sombres envahissaient son esprit. Il était des jours un peu plus gais au cours desquels elle essayait d'avoir au moins un peu d'entrain pour aller chasser, ces jours où elle se disait que même si sa vie était terminée, elle ne laisserait pas la précieuse éternité que Lokhyan lui avait offerte lui filer entre les doigts. Mais ces jours bénis étaient bien rares et, la plupart du temps, ils se ressemblaient et se suivaient, identiques à cette pâle journée d'août. Ces journées durant lesquelles elle ne pouvait que contempler son échec et en subir la douleur sourde. C'était de sa faute à elle s'il était mort. C'était de sa faute à elle s'il avait voulu plus. De sa faute à elle si elle était seule. Seule ? Non pas seule, Irina était là, petite bougie scintillante allumée dans son quotidien ténébreux. †~

______________________________

~† Ce cou tendu, cette peau tirée, ce sang offert, peu y avaient eu droit. C'était elle qui décidait qui pouvait la mordre et non l'inverse. Jamais quelqu'un n'était parvenu à approcher ses canines de son cou sans qu'elle ne se soit laissée faire, sauf par jeu. En temps normal elle n'aurait pas donné ainsi son sang à Irina, peut-être même ne lui aurait-elle pas ouvert la porte. Mais les temps étaient tout sauf normaux et la petite russe mourait. Les vampires devenaient les cibles. Rien n'était normal alors pourquoi ne pas ajouter à ce tableau une Andropov pendue à sa jugulaire ? Charlotte la laissa faire, immobile, sentant le liquide vital qui s'échappait de son corps pour soigner celui de la jeune vampire. Il faudrait qu'elle aille chasser après, pour se remettre en pleine forme. Elle laissa encore quelques instants Irina s'abreuver puis se recula, jugeant qu'elle en avait eu assez pour le moment. Un murmure de remerciement et déjà, la petite immortelle rejoignait Morphée. Charlotte se redressa et quitta la maison sans crainte, sûre de sa magie.

Elle revint quelques heures plus tard, accompagnée d'une jolie jeune femme apeurée. Pas de cris pourtant, l'éternelle l'avait rendue muette. Charlotte avait été chasser et avait trouvé sur son chemin cette chasseuse qui pensait pouvoir faire le poids. Sottises... Refermant la porte derrière elle, elle posa le couteau d'argent et la baguette de la mortelle sur une petite table située à l'entrée de la maison, et força l'humaine à avancer vers le salon. D'un geste de la main, elle la poussa sans délicatesse vers le fauteuil dans lequel se trouvait Irina. Qu'elle ait eu suffisamment de repos ou qu'elle ait été alertée par l'odeur du sang, Irina était réveillée.
†~

    « Cadeau. Il te faut te réhabituer au sang humain. Je te donnerais encore du mien de temps à autres pour guérir plus vite mais pour l'heure, bon appétit.
    Et quand tu seras un peu plus en forme, tu m'expliqueras comment tu as fait pour te retrouver sur le pas de ma porte. »

______________________________
    « Nous verrons cela plus tard Irina... »

~† Sa voix fatiguée s'était élevée, assez autoritaire pour ne plus être discutée, telle une mère mettant fin aux réclamations qu'énonçait son enfant souhaitant toujours plus. Pourtant Irina n'était pas sa fille, ni même sa progéniture. Elle était juste là, simplement. Et même si Charlotte pouvait paraître ennuyée, ce n'était pas le cas car la présence de la petite Russe lui donnait au moins l'impression de n'être pas tout à fait morte. Elle ne se souvenait déjà plus de ce que lui avait raconté la petite vampire. Quelque chose à propos d'une personne qu'elle ne voulait pas voir s'échapper. Mais Charlotte ne se rappelait pas pourquoi. Peu importe, elles verraient cela plus tard... Chaussures aux pieds, baguette en place, elle fit signe à Irina de sortir de la maison. Claquant la porte derrière elle, elle se tourna pour faire face à la rue. Irina souhaitait qu'elle se souvienne d'une odeur. Même si elle n'en avait pas particulièrement envie, elle restait une vampire et son odorat et sa mémoire firent le reste.

D'un bond, elle se retrouva sur le toit de sa coquette maison. Elle attendit qu'Irina la rejoigne avant de se mettre en route. Marchant de tuiles en tuiles, bondissant de toits en toits. Sa maison était située au beau milieu de Londres et il leur faudrait traverser la moitié de la ville pour atteindre la forêt. Charlotte ne se déplaçait pour ainsi dire plus par les rues. Soit elle empruntait les sommets londoniens, soit les sous-terrains. Les deux vampires avaient déjà parcouru de nombreux mètres lorsque la plus âgée se pétrifia. Elle agrippa une manche d'Irina et la força à se baisser en même temps qu'elle, avant de se statufier pour avoir l'air aussi mobile qu'une gargouille de pierres. En contrebas, à quelques rues, des envoûtés patrouillaient. Ils étaient nombreux. Par groupe de cinq, ils couvraient plusieurs rues pour se retrouver finalement au carrefour suivant, de manière à ce que personne ne leur échappe. Silencieuse, Charlotte observait d'un œil désintéressé ces humains qui marchaient, baguettes ou pistolets à balle d'argents levés. Si elle avait été avec Eden, elle était certaine que sa progéniture se serait déjà ruée sur les malheureux. Mais elle n'avait pas envie de se battre. Alors elle espérait qu'Irina ferait comme elle, attendre qu'ils se soient éloignés pour continuer leur chemin vers la forêt...
†~
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